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Hello, je suis Campanita. Juste un petit blog pour partager mes petites créations ainsi que mes impressions sur le monde...

***

Vous pouvez emprunter les images de mes peintures et dessins, mais veuillez me créditer si vous le faites.


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...ou par-là!

Voyons ce qui se raconte dans la jouebosphère...

Doctor Who : Twonnant Era
--> What ? What ?! WHAT !!!


Ça y est, le Treizième Docteur s’est regénéré en Quatorzième à la fin de Power of the Doctor, et à la grande suprise générale y compris du premier concerné, ce nouveau visage est identique à celui du Dixième…
(Bon, techniquement, si on tient compte du Docteur de la Guerre, le Dixième est en fait le Onzième, et en ajoutant celui de la méta-crise, le Quatorzième est en réalité le Seizième…mais on va pas se compliquer la vie encore plus !).

Après les adieux à Jodie Whittaker, Chris Chibnall, Segun Akinola et au concept de New Who (nous avons désormais affaire à un troisième chapitre de la série, avec la numérotation des saisons qui repart à zéro) on entame une nouvelle ère, mais avec quasi la même équipe que celle qui avait réscucité la série en 2005 : Russel T Davies est à nouveau showrunner, David Tennant reprend le rôle principal, Murray Gold rempile pour composer la musique, et même Catherine Tate revient pour endosser Donna Noble.

Mais, fan service mis à part, il y a-t-il une explication in universe à pourquoi le Docteur se retrouve avec un ancien visage ? Pas que l’idée soit saugrenue : on sait que les Seigneurs du Temps peuvent choisir leur nouvelle apparence physique lors de la régénération (du moins si celle-ci est spontanée), prendre les traits d’une précédente incarnation ou ceux de quelqu’un d’autre (Romana l’avait fait en devenant un sosie de la princesse Astra ; l’épisode des cinquante ans suggérait sans le confirmer que ce vieux gardien de musée incarné par Tom Baker était le Docteur dans un lointain futur ; on a même eu droit à Thirteen qui devient le Maître il n’y a pas longtemps de ça même si c’était un chouia différent). Mais là, très clairement, Fourteen ne sait pas pourquoi il ressemble à Ten et est complètement largué.

C’est sur cette interrogation que s’était conclue la New Who, et bien qu’on sache que la prochaine étape dans les aventures de notre Seigneur du Temps préféré sera portée par Cnuti Gatwa, avant de confier à celui-ci les clefs du TARDIS, il faudra d’abord traverser l’arc enclavé concocté pour célébrer les soixante ans de la série. L’ère de Fourteen, l’incarnation la plus courte (je parle en terme de temps réel, pas de temps d’écran), n’ayant duré qu’une journée à tout casser (quel éphémère !). Et comme Tennant est dans le rôle pour une seconde fois, on appelle ça l’ère Twonnant (jeu de mot de qualité). Pour cela, on nous a mitonné un trio d’épisodes, ainsi qu’un minisode Children in Need. Évacuons directement mon plus gros grief avec ces célébrations, bien que ça soit loin d’être un élément susceptible de rendre cette trilogie mauvaise au final : c’est qu’on n’a pas du tout le sentiment de visionner un special d’anniversaire. Au contraire, on aurait bien vu ces épisodes intégrés dans une saison (et comme on aurait eu moins d’attentes, on aurait été sans doute plus cléments quant à leurs vrais défauts). Je l’ai déjà évoqué dans mon article sur l’ère Whittaker, mais je trouve que le dernier épisode de cette dernière (qui célébrait un anniversaire de la BBC mais pas de Doctor Who) fonctionnait mieux en tant que jubilaire (en tous cas, il réussissait mieux cet aspect-là). Au point que j’ai envie de considérer que c’est lui, l’épisode « lettre d’amour de la série à elle-même » pour les soixante ans, alors qu’il date d’un an trop tôt pour cela. L’ère Twonnant, en comparaison, me fait plutôt l’effet d’une mini-saison de transition entre deux blocs plus conséquents, en peu comme pour la saison 4bis entre les ères RTD1 et Moffat.

Cela étant posé, passons au détail de ces épisodes.

0) Destination : Skaro

Davros, scientifique à la masse, est en train de finaliser les créatures sur lesquelles il travaille pour assurer le futur de sa race, les Kaled. Il discutaille avec un subalterne nommé Castavillian (prononcez « cast a villain », jeu de mot de qualité) qui suggère de nommer cette nouvelle espèce par un annagramme du mot « Kaled ». Davros rejette chaque proposition et est interrompu par Nyder qui requiert sa présence. Comme dans un vaudeville, il suffit qu’il sorte de la pièce pour qu’entre en scène le Docteur, fraîchement régénéré, dans un TARDIS faisant moult fracas devant un Castavillian troublé. Émergeant de son vaisseau, le Seigneur du Temps réalise qu’il a percuté l’armure prototype prévue pour la créature et lui a cassé son bras mécanique. Il s’exclame : « Mais, c’est un Dalek ! », donnant sans le vouloir son véritable nom à l’abomination. Réalisant qu’il vient (encore) de créer un paradoxe temporel, il s’en va dans son TARDIS chercher un débouche-WC pour remplacer le bras endommagé, puis repart sans demander son reste. Davros revient, il voit le débouche-WC sur le Dalek et tombe amoureux de ce nouveau design.

Outre le fait qu’il est saisissant de voir le visage non grimmé de Julian Bleach (en même temps, un méchant en fauteuil roulant dans un Children in Need…), c’est trois minutes de comédie absurde mais qui ne mange pas de pain. Quoi que, avec tous les messages politiques distillés avec plus ou moins de subtilité, qui selon certains seraient trop lourdingues et ruineraient la série, ce pour quoi les épisodes suivants ont été vivement critiqués, y’a que moi qui pense que c’est ici l’ultime pied-de-nez que de faire que les Daleks (qui je le rappelle sont supposés symboliser des nazis, donc l’ultime cliché de droite) soient armés d’un truc qui sert à triffouiller dans les chiottes ?

1) The Star Beast (La Créature Stellaire)

Après cet interlude, le Docteur aimerait se poser un peu pour réfléchir à pourquoi son ancien visage est revenu, et peut-être, pourquoi pas, tenter de prendre ses marques avec cette nouvelle existence. Le TARDIS atterrit à Londres et, bim ! quel hasard, voilà qu’il tombe sur Donna Noble. Le Docteur et Donna avaient autrefois voyagé ensemble et vécu mille et une aventures, jusqu’à ce qu’ils durent se séparer après que Donna ait acquis le pouvoir d’un Seigneur du Temps durant le fameux épisode de la méta-crise, ce qui mettait sa vie en danger car les humains ne sont pas faits pour supporter cela. Afin d’éviter que la tête de son amie n’explose, le Docteur avait dû, la mort dans l’âme, lui effacer la mémoire pour que le pouvoir soit en sommeil. Donna était dès lors condamnée à ignorer les formidables voyages qu’elle avait partagés avec le Docteur, ainsi que le fait qu’elle avait tout bonnement sauvé l’univers, si elle se rappelait cela lui coûterait la vie.

Depuis, l’eau a coulé sous les ponts. Le Docteur s’est mis à porter des nœuds pap et des fez, puis il est devenu un Écossais acariâtre mais quand même attachant, puis une gentille blonde qui affichait sans arrêt un grand sourire pour mieux masquer les tourments qui la rongent et était donc incapable de lâcher prise (on y reviendra). Des millénaires se sont écoulés, durant lesquels le Docteur a voyagé, a rencontré des tas de gens sympas et vécu de passionnantes et excitantes aventures en explorant les merveilles du cosmos, mais aussi a été torturé·e, emprisonné·e, accusé·e d’être le plus gros problème de l’univers, a manqué de voir celui-ci détruit, a perdu des êtres chers, a servi de cobaye à des expérimentations cheloues, et a appris des choses troublantes à propos de ses origines. Et en plus, le Maître s’est mis à danser sur du Boney M (en vrai ça c’était fun !).

De son côté, Donna (pour qui seulement quinze ans se sont écoulés) s’est mariée avec Shaun Temple et a eu avec lui une adorable fille, Rose, qui confectionne des peluches très chouettes et qui joue (mal aux dires de sa mère) au théâtre, mais curieusement tout tournera autour du fait qu’elle est transgenre (alors que son interprète, Yasmin Finney, avait pourtant bien souligné en interview l’importance d’avoir des personnages trans qui ne sont pas définis que par ça). Donna, malgré son amnésie, ne peut s’empêcher de se comporter comme le Docteur, vestige qu’elle a gardé de la méta-crise dans son subconscient. Ainsi elle a donné toute la fortune gagnée grâce au billet de loterie à des œuvres de charité alors que la famille ne roule pas sur l’or. Par contre, sa mère Sylvia fait de gros efforts pour ne plus être la vieille odieuse qui nous cassait les gonades en saison 4 et ça ça fait plaisir. Quant à Papy Wilfred, il est toujours là mais vit dans une seigneurie (on ne le verra cependant pas beaucoup, le regretté Bernard Cribbins n’ayant eu le temps de tourner qu’une seule scène avant de nous quitter).

Et donc, le Docteur et Donna se retrouvent alors que celui-ci voulait juste aider une passante dont il ne voyait pas le visage derrière sa pile de cartons. Donna interpelle sa fille et le Docteur a à peine le temps de réaliser qu’il ne s’agit pas de Rose Tyler (qui aux dernières nouvelles coule des jours heureux dans un monde parallèle avec son double humain), qu’un vaisseau se crashe non loin de là. Le Docteur se retrouve dans le taxi piloté par Shaun pour se rendre sur les lieux de l’accident, tout en discutant de cette bonne vieille Nerys.

Pendant ce temps, Donna et Rose rentrent chez elles, cette dernière se fait deadnamer par une poignée de crétins à qui Donna se retient de filer une rouste. Elles sont accueillies par Sylvia qui est soulagée que Donna n’ait pas vu le vaisseau spatial, mais celle-ci parle des étranges rêves qu’elle fait dernièrement… Rose va sortir les poubelles et tombe sur un pote du voisinage venu la prévenir qu’il a vu une capsule se faire éjecter du vaisseau. Ils s’en vont checker ça mais trouvent la capsule vide. Quelque chose s’en est échappé et s’est faufilé entre les poubelles près de la maison des Noble-Temple. Rose découvre donc Beep le Meep, une sorte de mogwai albinos à yeux jaunes. Qui dit être pourchassé par de méchants aliens qui veulent lui faire du mal et se retrouve avec une papatte blessée. L’adolescente sympathise de suite avec la boule de poils avec qui elle se sent en connivence dans le fait qu’elle aussi ne sent toujours pas à sa place car différente.

On lui donnerait le bon Dieu sans confession...

De son côté, le Docteur poursuit son inspection du vaisseau avec son nouveau tournevis sonique qui projette des images, et tombe sur UNIT, notamment sur Shirley Anne Bingham, la nouvelle conseillère scientifique (un poste que le Docteur a été le premier à occuper). En fauteuil roulant, elle ne peut accéder au vaisseau qui n’a pas de rampe (même pas aux normes, ces vilains aliens !), mais c’est plutôt une bonne chose, vu que les soldats envoyés à l’intérieur en ressortent mentalement contrôlés par une onde psychique déclenchée en ouvrant la porte…

Chez les Noble, Rose planque le Meep dans la cabane (de couleur bleu TARDIS !) où elle stocke son commerce online de peluches (dont certaines ressemblent étrangement à des créatures vues dans la série : Dalek, Ood, Lupari,…), mais Donna entend du bruit et remarque qu’une des créations de sa fille a l’air vraiment très réaliste, décide de lui mettre le doigt dans l’œil pour vérifier et découvre que c’est un être vivant. Difficile de lui cacher la vérité. Tout s’enchaîne, le Docteur débarque et tout le monde marche sur des œufs pour que la mémoire de Donna ne se réveille pas, tout en tentant de régler le problème du Meep. Le Meep apprend à la maisonnée que le Meep n’utilise pas de pronoms particuliers, que le Meep est juste « le Meep », que le Meep a deux cœurs comme les Seigneurs du Temps, et que les méchants qui poursuivent le Meep (des humanoïdes avec de gros yeux de mouche) ont quasi éteint son espèce à force de l’exploiter pour sa fourrure. C’est alors que les soldats UNIT possédés attaquent à l’avant de la maison, puis les méchants à yeux de mouches par l’arrière, ça tire de tous les côtés et le Docteur parvient à sauver tout le monde grâce à son tournevis sonique décidément de plus en plus polyvalent et à faire évacuer la famille… En examinant un soldat s’étant fait tirer dessus, il constate que celui-ci n’est pas mort mais simplement stunt, il y a quelque chose de pas net dans cette histoire…

Bon, autant, le dire, cet épisode est adapté d’un comic que je n’ai pas lu, je ne peux pas juger du degré de fidélité. Mais je peux dire que même si je n’étais pas au courant du twist qui va suivre, je l’ai plus ou moins senti venir.

Tout le monde se retrouve dans un parking, le Docteur met une perruque de juge (vue dans l’épisode classique Stone of Blood), convoque deux des « méchants » (Zogroth et Zreeg) et entame le procès du Meep. Qui est en réalité une petite saloperie. Un criminel leader d’une espèce qui massacre (et apparement mange) les autres au travers des galaxies. Le prévenu plaide coupable, révèle dans une grimace cassant sa mignonitude ses horribles dents pointues, tire sur Zogroth et Zreeg (en réalité des gentils) et se met à insulter Donna et Rose. Le Docteur essaie comme à son habitude de jouer les médiateurs, mais se fait assomer par derrière par un soldat UNIT toujours sous le contrôle du Meep.

jakuz

La petite bande maintenant captive de l’abominable greemlin de l’espace arrive au vaisseau, remarquant qu'encore plus de personnes sont sous le contrôle mental et travaillent pour remettre la navette en marche tout en chantant les louanges du Meep qui ricane de façon machiavélique. Et en plus, Londres va exploser en tas de fumée et de cendres au décollage à cause du système de lancement du vaisseau… Heureusement, Shirley arrive pour les libérer grâce à des armes dont son fauteuil roulant est équipé (ils ont les moyens chez UNIT). Le Docteur convainc la famille Noble de filer se mettre en sûreté pendant qu’il va jouer les héros, Donna accepte mais repart avec lui à la dernière seconde, réalisant qu’elle doit l’aider et l’appelle « Docteur »… mince, elle se souvient !

Alors que le Docteur fait de son mieux pour stopper l’apocalypse imminente en essayant d’arrêter les machines à mains nues, le sas du vaisseau est scellé... Le Docteur et Donna sont désormais séparés par une paroi de verre. Tiens, tiens, seems familiar. Des fissures commencent à se propager dans tout Londres, avec des incendies se déclenchant de bas en haut. La seule solution est de ramener les souvenirs de Donna d'il y a toutes ces années. Alors que le Docteur crie avec colère à quel point le destin est injuste, Donna le urge de continuer. Avec les mots clés prononcés il y a quinze ans tels que « binaire binaire binaire », le Docteur-Donna est de retour, souvenirs compris. Et que fait-elle ? Eh bien, d’abord, elle engueule le Docteur un bon coup à propos de l’argent donné à la charité, puis les deux collaborent pour sauver le monde. Les failles qui zébraient Londres se réparent comme si on avait fait un Ctrl Z cosmique (comme le dit Pauline de Pepperpot, on se croirait dans Miraculous Ladybug… J’ai jamais regardé Miraculous Ladybug mais je veux bien croire qu’on y voit ce genre de résolution facile).

Hélas, Donna a été exposée trop longtemps au pouvoir d’un Seigneur du Temps, et apparemment meurt dans les bras du Docteur. Docteur qui devient suicidaire et demande à l’un des soldats au cerveau lavé de lui tirer une balle dans chaque cœur. Le soldat est stoppé et libéré du joug mental par nulle autre que Rose. Rose qui a hérité d’une partie de la conscience du Docteur-Donna (j’imagine que c’est un peu le même genre de délire que River qui peut se régénérer et vivre très longtemps tout ça parce qu’Amy et Rory ont fait crac-crac dans le TARDIS). Donna n’est pas morte, car le fait d’avoir transmis à sa fille et donc de partager ce pouvoir avec elle lui permet d’y survivre. Maman et Fifille décident de lâcher prise sur ce pouvoir afin de pouvoir rester elles-mêmes, sans rien oublier. Et expliquent au Docteur que c’est un truc qu’il ne peut pas faire car seulement les meufs le peuvent, et que Thirteen aurait compris, elle !

Quant au Meep, ce satané mogwai est renvoyé par le Docteur vers les étoiles mais promet dans un nouveau rictus de revenir se venger et avertit notre héros qu’il aura bientôt affaire au Boss. Quel Boss ? Celui de la fin du niveau, ou celui de la Team Rocket ? J’anticipe, mais il semblerait qu’il ne s’agisse pas du Fabricant de Jouets. Quoi qu’il en soit, Beep le Meep décolle vers d’autres cieux.

Eh bien, des deus ex machina et des messages progressistes assenés avec la subtilité d’un Sontarien ? Pas de doute, RTD est de retour ! Je ne vais pas râler à ce propos. Je me doutais bien qu’on ne ferait pas revenir Donna pour ne pas trouver une solution à son problème, je m’attendais à ce qu’elle retrouve la mémoire mais ne soit pas tuée. Et je m’attendais à ce que cette solution ait l’air sortie du fondement, on ne balaie pas un dénouement tragique vieux de quinze ans sans que cela sonne un peu artificiel. Quant à Londres qui se répare tout seul… c’est pas pire que le Maître vaincu par la foi de tous les humains envers le Docteur qui rajeunit et lévite comme un sayian. Je ne suis pas dérangée le moins du monde par le message progressiste non plus, parce que n’en déplaise à ceux qui chouinent que « Doctor Who c’est devenu woke » (ou SJW ou je-ne-sais quel terme on va encore inventer pour cracher là-dessus), cette série ne l’est pas devenue, elle l’a toujours été, et son intention d’inclusivité, de diversité, de tolérance et d’acception de soi est l’un des ingrédients qui font qu’elle est en si bonne résonance avec une partie de son public depuis soixante ans. Mais il faut reconnaître que l’exécution est parfois maladroite et c’est le cas ici. C’est un peu trop martelé avec un gros burin, et ça plombe ce qui sans ça n’aurait été qu’un sympathique épisode selon la formule « monstre de la semaine ». Pas au point de le gâcher, cela dit, on passe tout de même un bon moment. Là où je suis franchement dubitative, c’est l’idée comme quoi il faut être une femme pour lâcher prise (c’est essentialiste), et que le Treizième Docteur (qui était encore d’actualité quelques heures auparavant) aurait mieux compris que celui qui lui a succédé. Parce que franchement, quand on regarde l’ère de Jodie Whittaker, on a un peu beaucoup l’impression que lâcher prise est quelque chose avec lequel elle a du mal et qu’elle ne parvient à faire qu’à la toute fin quand elle surmonte enfin son problème. Demandez à Yaz que cette attitude a bien soûlée durant trois saisons. C’était gentil de ta part, Russel, de vouloir faire de la féminité une force, mais ça tombe un peu à plat quand on a mal étudié ses leçons !

Si cet épisode est clairement le maillon faible du jubilaire pour moi, je le trouve loin d’être mauvais pour autant. Sans oublier que l’humour est très plaisant et qu’on retrouve les répliques vitaminées qui fusent de toutes parts à la RTD.

Mais voilà qu’alors que Donna découvre le nouvel intérieur du TARDIS, tout spacieux, blanc et aseptisé (normal, un hôpital pour un Docteur) avec de grands escaliers, qu’elle renverse du café sur la console, entraînant des complications qui mèneront à…

2) Wild Blue Yonder (Aux Confins de l’Univers)

1666. Isaac Newton chill avec un bon bouquin sous un pommier. On sent que la fameuse scène va avoir lieu. En effet, une pomme lui tombe sur la tête… Puis le TARDIS s'écrase violemment sur l'arbre au-dessus de lui. Le Docteur et Donna en émergent et, réalisant qui il est, quitte à se retrouver impliqués malgré eux dans l’Histoire, en profitent pour faire la blague obligatoire : demander au futur Sir s'il comprend la « gravité » de la situation, et s'en vont rapidement, parce que le TARDIS est toujours en panique à cause du café que Donna a renversé. Newton, relativement peu secoué par ce à quoi il vient d’assister, essaye de se souvenir de ce délicieux mot qu'ils ont utilisé. « Savité « ? « Havité » ? Ah, oui : « Mavité » ! Depuis, il y a un nouveau running gag dans la série (qui était du moins toujours d’actualité dans le special de Noël suivant) consistant à remplacer « gravité » par « mavité » dans toutes les phrases quelque soit le contexte. Ah, quels gaffeurs irresponsables, ces voyageurs temporels !

Après cette intro aussi inutile que drôle, le TARDIS s’arrête on-ne-sait-où et on-ne-sait-quand dans un vaisseau spatial abandonné. Étant donné qu’il est encore en pleine explosion (et se met à jouer Wild Blue Yonder pour une raison obscure), le Docteur configure le vaisseau pour qu'il commence à s’auto-réparer. Alors qu’il s’affaire, Donna raconte que lorsqu’elle était enfant, sa cheffe de chorale Miss Bean leur avait fait chanter Wild Blue Yonder dont elle aimait l’air pimpant et enjoué. Papy Wilf n’était pas vraiment d’accord, en revanche, de voir du positif dans un chant militaire. Le Docteur laisse son tournevis dans la serrure du TARDIS et propose à sa compagne de partir explorer comme au bon vieux temps en attendant que la réparation soit complète. Les voilà dans le très très long couloir du vaisseau. Ils n’ont guère le temps de s’aventurer bien loin avant que le TARDIS ne se dématérialise sous leurs yeux. Et ça c’est pas bon.
Donna flippe comme de juste, et le Docteur tente de l’apaiser, mais comme d’habitude quand il se met à expliquer rationnellement un truc il réalise trop tard que c’était pas la chose à dire à quelqu’un qui panique : le TARDIS est équipé d’un système supposé le téléporter en sûreté s’il est en terrain hostile quand il se soigne, système que son impétueux pilote avait désactivé depuis belle lurette car sinon on loupe les meilleures aventures, mais avec le coup du café, il s’est réactivé. Ce qui signifie que le Docteur et Donna sont dans une situation de danger si extrême que cela a effrayé le vaisseau qui a préféré se barrer (avec le tournevis toujours dans sa serrure, pour couronner le tout). Pour que le TARDIS revienne, il va falloir supprimer le danger avec des moyens limités. Oui, on peut paniquer. Mais c’est quand même un peu excitant, non ?

De retour dans le long long couloir, le duo remarque que celui-ci semble bouger et changer autour d'eux, chronométré avec un haut-parleur prononçant ponctuellement d’étranges vocables impossibles à décrypter en l’absence du TARDIS et de sa matrice de traduction. Ils tombent plus loin sur un vieux robot rouillé qui marche très très lentement dans le très très long couloir, au rythme des mots zarbis semble-t-il. Arrivés sur le pont, ils comprennent que ce vaisseau est tombé dans un trou de ver aux confins de l'univers. Aucune lumière stellaire ne l’atteint et un voyage vers la Terre prendrait plus d’un milliard d’années. Plus inquiétant encore, le navire n'enregistre aucun signe de vie, la dernière activité connue remonte à l'ouverture et à la fermeture de la porte du sas il y a trois ans, et il y a un étrange claquement dont ils n’identifient pas la source…

Le Docteur et Donna se séparent pour réparer des composants individuels du navire. De là débute une succession de scènes au fil desquelles le spectateur comprend lentement que quelque chose cloche. Le Docteur et Donna sont supposés travailler chacun de leur côté, mais on réalise que chaque personnage rejoint l’autre dans sa pièce et entame la conversation. Donna note que la température baisse alors qu’il y a un filtre bleu devant la caméra. Ils parlent de sa famille : Donna se demande combien de temps Rose et les autres les attendront dans la ruelle et quand exactement ils baisseront les bras, mais note que Wilf n’abandonnera jamais. Le Docteur répond qu'il a hâte de le revoir, avant de déclarer énigmatiquement que ses bras sont trop longs. En même temps, le Docteur travaille de son côté et est rejoint par Donna qui vient papoter, il y a un filtre orange et l’air se refroidit. Ils discutent de Gallifrey. Le Docteur aimerait lui expliquer la situation de sa planète, mais reconnaît que le sujet est vaste et compliqué. Il demande à Donna si elle a fini son travail dans l'autre pièce et cette dernière se contente de répondre que ses bras sont trop longs. Et effectivement son bras gauche donne l’impression d’une image générée par une IA.

Le Docteur appelle Donna, réalisant que l’être devant lui est un imposteur. Donna qui à son tour prend conscience que c’est un faux Docteur avec qui elle parlait, surtout quand celui-ci révèle des bras également surdimensionnés. Elle se précipite à la recherche du vrai Docteur. Tous deux sont acculés par ces doubles menaçants, des êtres venus d’au-delà la raison et cherchant à les copier. Quelles sont leurs motivations ? Mystère. Et c’est évidement la partie la plus flippante du truc.

La ressemblance avec Midnight, un des (si ce n’est le) meilleurs épisodes écrits par RTD, n’aura échappé à personne. On retrouve la même ambiance oppressante (bien que moins claustrophobique grâce au fait que le vaisseau être très très spacieux), la relative unité de lieu et de temps, et le concept de créature indéfinie qui copie pour apprendre afin de remplacer l’original et dont on ne révèlera ni la nature exacte, ni les objectifs, pour une perspective qui n’en est que plus glaçante. Ils disent bien qu'ils ont été attirés et façonnés par la haine, la colère et la guerre émanant de l'univers « normal » (et qu’ils prévoient d’y faire eux-même la guerre), mais tout cela reste bien nébuleux.

Cette fois, pourtant, le Docteur n’est pas seul et Donna l’accompagne, mais tous deux choisissent de fuir les abominations qui se montrent très vite hostiles. La scène où ils sont coursés dans le long long couloir par Pas-le-Docteur et Pas-Donna qui deviennent progressivement des humanoïdes géants et déformés courrant à quatre pattes m’a fait penser à L’Attaque des Titans, que ce soit voulu ou non.

torawareta kutsujoku wa hangeki no koushi da...

S’en suit un enchaînement de séquences où nos véritables Docteur et Donna sont séparés puis se retrouvent mais doutent de la nature de l’autre. Toutefois, le coup de : « Dis-moi un truc que seul le vrai Machin dirait » n’est pas aussi efficace que ça l’est d’habitude dans ce genre de scénario, car les créatures apprennent très vite, et pour les en empêcher il faut éviter l’action même de penser. On dirait presque une histoire à la Moffat, sauf que se retenir de respirer ou de cligner des yeux reste relativement aisé comparé à tenter de ne penser à rien. Surtout que, la raison pour laquelle ces imposteurs ont décidé de se montrer plutôt que de les observer en scred, c’était pour les terroriser et les amener à réfléchir d’autant plus. Pour ne rien arranger et ajouter de la confusion, on apprend que la méta-crise aurais permis à Donna de se mettre à jour sur les infos personnelles du Docteur sous forme de flashs de leur mémoire partagée, elle sait notamment que le Docteur n’est pas originaire de Gallifrey, découverte pourtant récente pour ce dernier. Enfin, si toutefois la Donna qui déclare cela est la vraie…

On en profite aussi pour au passage lâcher quelques infos à propos de l’Enfant Intemporelle et du Flux, et c’est une excellente nouvelle : ça veut dire que cette ère RTD2 va s’inscrire dans la continuité de celle de Chibnall, et si les showrunners m’ont toujours donné l’impression d’être respectueux du travail les uns des autres, le doute persistait tout de même ici car nombreux sont ceux qui auraient voulu qu’on retconne le Flux et l’Enfant Intemporelle, deux concepts introduits par Chibnall qui sont loin de faire l’unanimité. Et pour ce que j’en sais à l’heure où j’écris ces lignes, RTD semble même parti pour traiter le sujet mieux que son prédécesseur (je n’ai jamais eu de problème avec ces arcs narratifs-là, mais l’absence de conséquences directes chez Thirteen était assez boiteuse). Pour parfaire le tout, la musique est ici discrète et atmosphérique, comme si Murray Gold voulait rappeler les compositions de Segun Akinola.

À un moment, le Docteur décide de verser du sel entre lui et Donna et leurs copieurs (il a toujours une salière sur lui, ça vous surprend ?). Selon une superstition, les démons et les monstres ne peuvent pas franchir une ligne de sel sans en compter chaque grain. Après un moment de tension, Pas-Donna commence à compter le sel. C’est donc un peu vrai…

En ouvrant le toit du vaisseau, ils trouvent la capitaine du navire (une sorte de reptile bipède). Ou plutôt son cadavre pris dans le champ de mavité. Il s’avère qu’elle est responsable de l’ouverture du sas il y a trois ans, après s’être jetée dans le vide. Un comportement que les créatures ne parviennent pas à déchiffrer. Le Docteur commence à comprendre le mystère : si les imposteurs ne peuvent pas décrypter le geste de la capitaine, cela doit signifier qu'ils n'avaient pas encore fini de la copier, qu'ils savaient qu'elle avait un plan pour les arrêter dont ils n’avaient pas connaissance. La seule chose qu’ils ne pouvaient comprendre était la lenteur, alors elle a programmé une destruction lente. Les mots bizarres, le robot rouillé et le vaisseau en lui-même se sont lentement mais sûrement transformés en une bombe très très lente. Le Docteur avait vu juste, c'était un compte à rebours, et le robot n'est qu'à quelques chiffres d’un gros kaboum ! Brillant ! Le Docteur s’empresse de modifier ce compte à rebours pour l’accélérer, avant que le duo ne se lance à la poursuite des imposteurs pour qu’ils n’interfèrent pas avec le robot. Donna se castagne avec Pas-Donna, et le Docteur rattrape presque son double mais se fait distancer. Le compte à rebours atteint zéro (ou plutôt « tacsladia »), avant que Pas-le-Docteur n’arrête le robot, ce qui signifie qu’officiellement le danger est écarté, et donc, le TARDIS tout requinqué réapparaît !

Le Docteur saute à son bord, mais problème : laquelle des deux Donnas est la bonne ? Il leur pose une question en rapport avec Miss Bean, et choisit selon leur réponse. Et il se goure ! C’est peut-être le seul point de l’épisode (que par ailleurs je considère comme très clairement le meilleur de la trilogie) que je n’ai pas compris : pourquoi montrer le Docteur faire une grossière erreur pareille ? Non, parce qu’il ne réalise s’être planté que quand Pas-Donna pointe un truc du doigt sur le scanner et qu’il remarque que son poignet est trop large ou un truc dans le genre, et fait un rapide swap de Donnas de dernière minute, sinon la vraie était bonne pour finir en tartines grillées et plus personne pour les tremper dans le café !

Mais bon, finalement ils parviennent à s’échapper juste à temps, et reviennent sains et saufs sur Terre en 2023… Mais le Docteur s'inquiète du fait que son invocation d'une superstition (le sel versé) aux confins de l'univers ait pu avoir des effets désastreux…

La glorieuse image que beaucoup de téléspectateurs garderont de cet épisode.

De retour dans l'allée un jour ou deux après leur départ (le Docteur est toujours aussi précis), ils sont ravis de trouver Wilf qui les attend et qui s'exclame qu'il avait toujours su qu'ils reviendraient, et ça tombe bien car la Terre a à nouveau besoin d’être sauvée. Hein ? Comment ça ? Le monde devient fou, explique Wilf. Alors qu'un avion s'écrase au-dessus d'eux, un rire diabolique résonne en bruit de fond.

3) The Giggle (Le Fabriquant de Jouets)

L’épisode s’ouvre sur une scène de 1923 à Soho dans un magasin de jouets où le vendeur (joué par Neil Patrick Harris avec un accent teuton au couteau) reçoit un client, Charles Banerjee. Celui-ci travaille pour l'inventeur John Logie Baird et est intéressé par un pantin de ventriloque nommé Stooky Bill. Le vendeur est à moitié chaud, car Banerjee ne veut que Stooky Bill et pas le reste de la famille qui va avec, or il faut pas les séparer parce que sinon c’est trop triste ! Plus tard, on voit Banerjee et Baird tester un prototype de système de télévision en direct. Baird fait tomber la tête de Stooky Bill, la fixe à un engin d'apparence rudimentaire et commence le test. L’expérience est réussie et Stooky Bill devient la première image télévisée au monde. Maintenant, passons aux images animées ! Regardant avec admiration la tête du mannequin en train de fondre (la camera produit tellement de chaleur vers le sujet qu’elle filme, d’où la nécessité de tester sur un non-vivant), Baird et son assistant entendent au loin un rire maniaque.

Retour sur le Docteur et Donna dans le Londres actuel où les choses sont considérablement en train de partir en sucette. Les Londoniens se sont soudainement et inexplicablement retournés les uns contre les autres, se bagarrant avec des inconnus, se plaçant devant des voitures en pleine course et incendiant les kiosques à journaux et les devantures de magasins. Il semblerait que tout le monde croit avoir toujours raison alors qu’ils ont tort (sauf moi, moi je sais bien que je ne me trompe pas et c’est dur d’être, seule de mon espèce, à savoir la vérité !). Alors que le Docteur tente de dissuader un piéton particulièrement con borné de rester planté au milieu de la chaussée (il paie ses taxes donc il a le droit, hein !), l’énigmatique vendeur du début apparaît derrière lui, arborant désormais un costume noir élégant et un haut-de-forme, à l’insu du Docteur.

Les soldats de UNIT arrivent et emmènent nos héros à travers la ville jusqu'à leur quartier général où ils retrouvent Shirley, ainsi que Kate Stewart et un vieille connaissance : Mel Bush. Cette dernière avait été entraperçue lors de la réunion des Compagnons Non Anonymes à la fin de Power of the Doctor, et ici on nous donne une explication à pourquoi elle est là. Enfin, plus ou moins. Pour rappel, la dernière fois qu’on l’avait vue dans la série classique, elle partait de son côté après les aventures de Dragonfire avec ce bon vieux Sabalom Glitz ( qui depuis est mort à 101 ans en trébuchant sur une bouteille de whiskey, faut le faire). Mel est ensuite rentrée sur Terre grâce à un zingo (cherchez pas). Et maintenant, elle fait partie de UNIT. J’ai jamais été sa plus grande fan, mais j’apprécie toujours de revoir les compagnons classiques, c’était agréable de voir enfin quelques unes de ses compétences en informatique (elle est supposée être programmatrice, ce qui n’avait jamais été concrètement montré dans la série classique), elle n’est pas là pour jouer les damoiselles en détresse, et *énorme soupire de soulagement* elle n’a pas hurlé une seule fois à en faire écailler la peinture des murs. Comme beaucoup, je sens qu’on risque de la revoir durant l’ère Gatwa et que cet épisode permettait de la réintroduire en amont.
Kate fait un rapide briefing de la situation : chaque personne sur la planète croit soudainement qu’elle a raison, et toute tentative de convaincre du contraire se heurte à la violence (un tacle très subtile aux gens qui s’écharpent sur les réseaux sociaux et à la cancel culture). Rien de nouveau, j’ai envie de dire, les humains ont toujours été ainsi, quand ça a l’air d’être pire, c’est souvent juste parce que l’une ou l’autre technologie permet au phénomène d’avoir une plus large caisse de résonance. Tout le monde à UNIT porte un brassard en métal appelé Zeedex pour les empêcher également de devenir dingos. Cela a été créé par le Vlinx, un nouveau robot dont on fait comme s’il avait toujours été là (et que j’ai très vite oublié). Un flash télévisé montre la présentatrice Trinity Wells (qu’on voyait régulièrement sous RTD1 et dans Torchwood et Sarah Jane Adventures) faire part de son rejet du Zeedex selon une théorie du complot (un tacle très subtile aux antivax). Personne ne sait exactement ce qui se passe, mais on soupçonne qu’un signal (déclenché quelques jours avant la crise collective) est à l’origine du chaos. Ils ont identifié un satellite spécifique comme étant un maillon de la chaîne, mais le Docteur soupçonne quelque chose de plus profond. Finalement, le Seigneur du Temps découvre que le signal qui enflamme le monde est en fait un enregistrement caché de Stooky Bill en train de rire façon message subliminal. Shirley retrace l'enregistrement jusqu'au 2 octobre 1925. Donna et le Docteur filent à bord du TARDIS pour s'y rendre. Ils trouvent rapidement le vendeur dans son magasin, que le Docteur finit par identifier comme un très vieil ennemi : le Fabriquant de Jouets.

Comme pour le Meep qui a pour origine un comic, le Fabriquant de Jouets est issu d’un épisode classique : The Celestial Toymaker, de l’ère Hartnell. Comme il s’agit d’un épisode à moitié perdu dont il ne subsiste que la bande son et une série de photos de tournage, il fait partie de ceux que je n’ai toujours pas vus malgré le fait que j’ai juré de le faire un jour. Je n’ai pas grande idée de ce qu’il s’y passe, à part que Mad Dog l’avait un jour décrit comme « Fort Boyard dans le noir ». Encore une fois, je ne suis pas bien placée pour déterminer à quel point le personnage est fidèle. Toutefois, d’après des témoignages de connaisseurs entendus de-ci de-là, cette nouvelle version du Fabriquant de Jouets serait quelque peu trop déjantée, alors qu’il serait supposé être plus froid et calculateur. Pour ma part, j’ai grandement apprécié ce méchant déluré pouvant tordre la réalité, qui part du principe qu’au-delà de l’ordre et du chaos il y a le jeu, et la prestation de Neil Patrick Harris était grandiose.

Le Docteur est loin d’être ravi. Si le Fabriquant de Jouets est là, c’est sans doute par sa faute, parce qu’il a versé du sel aux confins de l’univers, permettant à cet adversaire vaincu il y a longtemps de s’évader jusqu’à nous. Il dit à Donna de retourner au TARDIS. Elle proteste, remarquant qu’il ne lui demande jamais ça d’ordinaire, et réalise qu’il a peur du Fabricant de Jouets. L’heure est grave ! Mais avant de pouvoir agir, ils se retrouvent piégés dans un labyrinthe creepy digne de Moffat. Donna et le Docteur sont séparés, la première étant obligée de combattre une bande de poupées parlantes (la famille de Stooky Bill, dont elle fracassera la veuve éplorée en effrayant ses petits orphelins au passage) tandis que le second rencontre ce qui reste de Banerjee transformé en marionnette dont les fils sont manipulés par le Fabriquant de Jouets depuis le plafond. Une fois que nos héros ont surmonté leurs épreuves respectives, ils se retrouvent et ont droit à une petite pièce de théâtre ayant pour but d’informer Donna sur ce que le Docteur a fait depuis qu’ils se sont quittés en 2009. Ou plus particulièrement, de ce qu’il a bousillé à cause de son hubris : les vies bouleversées d’Amy Pond, Clara Oswald et Bill Potts, et le Flux qui a manqué de détruire l’univers. Le tout en musique, s’il vous plait !

Las de se faire mettre le nez dans la merde, le Docteur défie le Fabricant de Jouets à un jeu de cartes. Il perd et s’enfuit avec Donna alors que le magasin se transforme en petite boîte à musique.

De retour dans le présent, UNIT utilise un rayon galvanique pour cibler et détruire le satellite qui amplifie le signal de Stooky Bill. Le Docteur et Donna retournent au quartier général pour faire leur rapport, quand tout à coup retentissent les voix des Spice Girls quelques instants avant que le Fabricant de Jouets n'apparaisse, se mette à danser et à faire du play back sur leur tube Spice Up Your Life en se jouant de ses adversaires. Il enchaîne tangos avec Kate ou Mel avant de les envoyer violement valdinguer à terre ou dans le mur, convertit les tirs qu’on lui envoie en pétales de rose et transforme les soldats UNIT en boules translucides où l’on voit leur visage hurler à l’agonie (ils sont morts, précise le Docteur plus désolé que jamais, dardant sur Kate ses yeux de cocker pris à escamoter une tranche de jambon dans l’assiette). Enfin, le Fabriquant de Jouets tire sa révérence par une trappe imaginaire sur les dernières notes suivies d’un « pouet » de klaxon.

Colors of the world! (Spice up your Life!) Every boy and every girl! (Spice up your life!) Poeple of the world! (Aaaaaaaah!)

J’en connais un qui a trouvé de l’inspiration en voyant le Maître se déhancher sur Raspoutine ! On a presque envie de voir les deux antagonistes se défier sur le dance floor à présent. Sauf que c’est probablement déjà arrivé (enfin, ce n’était peut-être pas un duel de danse), car avant de s’en prendre au Docteur, le Fabriquant de Jouets s’est attaqué à d’autres (y compris des Éternels), notamment au Maître, qui a perdu et en guise de pénalité s’est vu emprisonné dans la rutilante dent en or du Fabriquant.

Tout le monde sort du bâtiment pour voir l’ignoble méchant réapparaître avec le rayon galvanique. Le Docteur tente le tout pour le tout : il a disputé deux parties contre le Fabriquant de Jouets, chacun en a gagné une, ils sont donc à exæquo, un troisième jeu les départagera… Le flamboyant torseur de réalité accepte de jouer l’avenir de la Terre ainsi, mais comme il a affronté One lors de la première partie et Fourteen lors de la deuxième, la troisième devra se dérouler face à une autre incarnation. Le Docteur reçoit un tir de rayon galvanique et tombe à genoux. Dans un miroir inversé à la régénération de Ten, il se dit prêt à partir cette fois, d’autant plus qu’il ne sera pas seul : Mel et Donna se précipitent à ses côtés pour accompagner les derniers instants de cette brève incarnation.

Mais la fin n’arrive pas. Au lieu de cela, le Docteur, arborant toujours le visage de Tennant, fait une demande pour le moins étrange à ses compagnes : lui tirer chacune un bras. Elles s’exécutent et… comment décrire ce qu’il se passe ? Cnuti Gatwa émerge du corps de son prédécesseur ! 

Voilà donc Fourteen et Fifteen en train de coexister devant nos yeux ébahis. Un phénomène curieux jusque là considéré comme un mythe appelé « bi-génération ». On y reviendra, car pour l’instant, on a pas le temps de s’attarder sur la bizarrerie de la chose, ni même sur le sourire de Fifteen qui semble vouloir nous contaminer avec sa bonne humeur, ou sur le fait que les Docteurs partagent un même set de vêtements, notamment, Cnuti Gatwa est en caleçon (et probablement que David Tennant n’en porte pas sous son pantalon)…ouais, faut pas oublier l’autre zinzin avec son rayon de la muerte !

Le seul coup bas que le Fabriquant de Jouets ne fera pas, c’est de tricher lors d’un jeu. Il est même extrêmement vexé qu’on l’en soupçonne. La bi-génération n’enfreint aucune règle, alors voilà Fourteen et Fifteen en tandem pour le mettre à mal dans le plus vieux jeu de l’univers : la baballe ! Une baballe rouge et blanche, désolée, mais moi je vois une pokéball ! Le Docteurx2 parvient enfin à battre le Fabriquant de Jouets à son propre jeu et le bannir de l'existence. La Terre est sauvée, youpie tralalala !

À cela près qu’un détail aura échappé à tous : la dent en or du Fabriquant n’est pas repartie avec lui mais est tombée par terre. Cette prothèse qui contient le Maître. À l’insu de nos héros, une main à la manucure soignée vient ramasser la dent alors que retentit un quadruple rire : Antony Ainley, John Simm, Michelle Gomez et Sacha Dahwan. Et oui, c’est comme à la fin de la saison 3 de la New Who, et oui, RTD a avoué qu’il a mis ça comme ça mais qu’il n’a pas encore décidé ce qu’il allait faire de ça…

Pour l’heure, le monde a retrouvé la paix (enfin, façon de parler, comme le Docteur l’avait fait remarquer, les humains n’ont jamais eu besoin d’aide pour se comporter comme des gros débiles). Donna et Fifteen convainquent Fourteen de prendre une retraite bien méritée, et après avoir utilisé le marteau jouet laissé par leur ennemi pour faire sortir un autre TARDIS du TARDIS, le nouveau Docteur s'en va (rencontrer Ruby).

L’épisode se termine sur une note touchante : Fourteen passe un après-midi tranquille avec Donna et sa famille. Il est désormais un membre honoraire de celle-ci et peut prendre le temps de se poser et de panser ses blessures mentales auprès d’être chers. Il n’utilise plus son TARDIS à tout va pour partir à l’aventure avec une Rose… quoi que…

Nous voici au point polémique culminant de cette trilogie anniversaire. La bi-génération. Faut qu’on cause. Alors, moi, je n’ai rien contre. C’est loin d’être la première fois qu’on nous fait un coup pareil dans Doctor Who : introduire un nouveau concept à première vue complètement schtarbé qui saute le requin et qui chamboule la définition qu’on avait de la série. Mais c’est chaque fois pareil : sur le moment, on est choqué, on a le cerveau qui bugue, « Error 404 file not found ». Mais passé un certain temps, on a digéré et finalement ce n’est pas si difficile d’intégrer ça au canon. Par contre, on peut chicaner sur des détails. Car souvent, là où le bât blesse, ce n’est pas dans l’idée en elle-même mais dans son exécution. En l’occurrence, je trouve que la bi-génération manque d’une explication simple et claire. C’est tellement brouillon qu’il m’a fallu plusieurs visionnages et lire des analyses d’autres fans pour commencer à avoir un début de compréhension. Si j’ai bien saisi (et, sincèrement, je n’en suis pas sûre !), Fourteen va poursuivre son existence avec la famille Noble (et peut-être même leur survivre) et quand il « mourra » après avoir achevé sa thérapie, il va se régénérer et là son corps va disparaître, sa conscience va remonter sa propre ligne temporelle et devenir le Fifteen qui a émergé de son corps ? J’ai bon ? D'autres ont également rappelé le cas du Watcher dans la série classique, où la régénération de Four à Five serait en quelque sorte une bi-génération inversée... Y’a aussi le coup du TARDIS qui se dédouble aussi grâce à un accessoire bien pratique qui justement est resté là, ce ne serait pas un peu trop dans le TGCM ? (En faire pousser un avec un morceau de corail aurait été mieux, et puis comme ça Fourteen y serait allé un peu plus mollo sur les voyages intersidéraux.)

Mon autre grief, c’est que, bah, ça y est, David Tennant a trouvé la combine pour être le Docteur pour toujours. Tant mieux pour lui, d’un côté. Le mec aura vraiment eu la carrière de ses rêves et il le mérite, je suis pas du genre à pester contre les gens qui ont de la chance, je préfère me réjouir pour eux. Mais d’autre part, je trouve ça un peu insultant, à la fois pour les Docteurs précédents (qu’on a souvent accusés à tort d’être responsables de la chute de popularité de la série, en particulier Jodie Whittaker, et heureusement que Tennant le Messie revient pour sauver l’affaire, alors que les vrais coupables seraient plutôt des faiblesses d'écriture et une comm désastreuse) et pour Cnuti Gatwa qui ne peut même pas faire ses débuts sans un chaperon et qui est presque désavoué en tant que « vrai » Docteur. Je me doute bien que ça n’a jamais été l’intention de RTD, mais c’est quand même un sentiment que je ne peux occulter.

Par contre, je ne peux nier que l’idée que la bi-génération soit un moyen de soigner son mental me plait beaucoup. Voir Fifteen étreindre son prédécesseur en le remerciant d’avoir si bien pris soin de lui et que c’est pour ça qu’il peut être heureux malgré les traumas millénaires que le personnage se trimballe, c’est une pensée qui fait chaud au cœur, d’autant plus que je sais ce que c’est que d’être profondément mal sur le plan psychique. Et la vision de Fourteen partageant un repas avec sa famille d’adoption met vraiment de bonne humeur. Donna était déjà sa BFF, maintenant, c’est sa sœur de cœur. Aaw !

Et c’est sur ce sentiment que l’ère Twonnant s’achève. Le plus gros défaut reste qu’on n’a pas eu le sentiment de regarder une célébration, en plus de quelques autres bémols de-ci de-là. Il n’empêche que j’ai passé un excellent moment et que je ressors avec beaucoup d’espoir quant à l’avenir de la série.

Bon, je triche un peu, à l’heure actuelle, j’ai vu le special de Noël qui n’augure que du positif pour l’ère Gatwa. À bientôt pour plus de comédie musicale parlant de manger des bébés !

À ce soir!
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Ecrit par Campanita, le Samedi 11 Mai 2024, 15:02 dans la rubrique "Séries Télé".