Il fallait bien que j’entame ma rubrique «Musique».

Voici donc le nouvel album de Nightwish, et second opus sans la voix classique de Tarja Turunen, remplacée par celle d’Anette Olzon depuis son prédécesseur Dark Passion Play. Je ne vais pas me lancer dans un débat pour savoir laquelle des deux chanteuses est la plus «nightwishienne», certes, les vocalises de soprane de Tarja étaient un peu une marque de fabrique, et Nightwish c’est plus pareil maintenant qu’elle n’y est plus, mais voilà, c’est comme ça, autant ne pas bouder et apprécier les nouveaux albums pour ce qu’ils sont.

Et Imaginaerum est bon. Contrairement à Dark Passion Play, qui avait été écrit pour «n’importe qui sauf Tarja», celui-ci a été écrit pour Anette, la demoiselle y apporte donc naturellement son style au lieu de remplir le rôle la chanteuse qu’on a trouvée pour remplacer l’autre, elle développe une bonne alchimie vocale avec le Marco, et on sent qu’elle est à l’aise dans cet univers qui lui convient, avec son nœud dans les cheveux à la Blanche-Neige qui va à ravir avec son noir à lèvres.

Signalons qu’Imaginaerum est un album-concept, et que j’adore les albums-concepts. L’histoire racontée ici est celle d’un vieil homme se croyant toujours jeune garçon et voyageant dans un monde imaginaire lors de son sommeil. Un film du même nom, écrit par notre cher auteur-compositeur-claviériste de Tuomas, et réalisé par Stobe Harju, sortira vers mars 2012.

L’introduction donne le ton: tintements de boîte à musique et doux palabres en finnois, la couleur est annoncée, c’est celle du conte de fée qui se déglingue. Vient ensuite le déjà bien connu Storytime et là, on met sa ceinture et on part pour un voyage.

Après, ça reste du Nightwish, du symphonic metal avec un univers assez fantasy, des ambiances celtiques et un chant déclamatoire. Mais à la recette de base s’ajoute de nouveaux ingrédients, comme l’étonnant Slow Love Slow et ses accents jazzy ou des chœurs d’enfants de-ci de-là (on est habitués aux chœurs, notamment grégoriens, mais ici, on a un peu plus l’impression d’être dans un film d’Alfonso Cuarón). Il y a quelques jolies ballades (Turn Loose the Mermaids, The Crow, the Owl and the Dove), quelques morceaux bien énergiques (Storytime, Ghost River, I Want My Tears Back, Scaretale, Last Ride of the Day), un instrumental (Arabesque).

L’avant-dernier morceau, Song of Myself, est le plus long, et découpé en quatre parties. La première, intrumentale, se déclare d’une étagère à livres poussiéreuse, lui succède Anette qui susurre et qui s’emballe, un pianon noir, et des témoignages oraux des proches du groupe.

Je reviens sur Scaretale, probablement mon morceau préféré, et qui devrait être énorme en live tant Anette et Marco ont l’air de s’éclater dans leurs personnages. Dans un étrange cirque, au milieu des comptines et des tic-tac (le début me rappelle d’ailleurs la fin de la saison 6 de Doctor Who et ses flippantes poupées entonnant : «tick-tock, goes the clock…»), ce qui m’a l’air d’être Monsieur Loyal et une conteuse un peu sorcière sur les bords prennent un malin plaisir à effrayer (ou émerveiller) les enfants.

Un bon album, je disais donc, où Anette démontre que son répertoire est plutôt varié (tantôt douce et suave, tantôt super excitée), où l’imaginaire vagabonde, et agrémenté d’un joli artwork, dont j’apprécie beaucoup la couverture du livret représentant un vieux gramophone. Imaginaerum se conclut sur un morceau éponyme reprenant tous les thèmes de l’album.