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Hello, je suis Campanita. Juste un petit blog pour partager mes petites créations ainsi que mes impressions sur le monde...

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Voyons ce qui se raconte dans la jouebosphère...

Quand souffle le vent du nord
--> de Daniel Glattauer
 
« Écrire, c'est comme embrasser sans les lèvres. Écrire c'est embrasser avec l'esprit. »

Emmi Rothner envoie un mail pour se désabonner du magazine Like. Une erreur dans l'adresse électronique et c’est Leo Leike, psychologue du langage, qui reçoit accidentellement le courriel. Il lui répond, elle s'excuse, et...ils continuent à converser virtuellement. De fil en aiguille, la discussion des deux internautes évolue, ils en viennent à aborder des sujets aussi bien banals que plus personnels: Emmi et son piano, Emmi et son mari, Leo et sa Marlene, le vent du nord qui souffle, la possibilité d'une rencontre IRL...

Voici un roman où il ne se passe rien. Ou bien, un roman où il se passe énormément de choses, le tout composé uniquement d'e-mails avec leurs dates et heures d'envoi.

Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il y a là révolution du genre épistolaire remis au goût du jour avec le contexte internautique, je pense qu'il y avait déjà quelque chose pour le renouveler depuis  Les liaisons dangereuses. Mais on ne niera pas le caractère original sur la forme du roman, une correspondance tantôt instantanée, tantôt traînante. Leo et Emmi mettent parfois des semaines avant d'oser se répondre comme ils peuvent le faire dans la seconde. Certains mails sont courts, d'autres longs, certains sont de véritables tartines philosophiques, d'autres sont des mots seuls.

Peu à peu, les deux épistoliers entrent dans la sphère privée de l'autre, ils s'imaginent,  se cherchent, s'inventent une représentation de l'autre...On évoque ici le thème bien connu des rencontres virtuelles, de l'addiction qui peut en découler. Au fil du temps, Leo et Emmi ne peuvent vivre sans l'autre, sans ses mots, mais n'osent se rencontrer malgré quelques tentatives. Ils jouent, ils flirtent sans fin.

Le contenu de leurs échanges est pimenté d'humour, parfois d'ironie succulente, de philosophie de comptoir (notamment en ce qui concerne les relations homme/femme), ou parfois même joue sur la fonction phatique en évoquant toute la complexité de leur étrange relation par mail, le fait de se connaître sans se voir, sans se toucher...

Ce roman n'est pas un chef-d'œuvre, mais il est sympathique et se lit agréablement.
On se prend très vite au jeu car les personnages sont attachants. Même si on a parfois envie d'en étrangler un (ou l'autre) vu les bourdes qu'ils font de temps à autres. En outre, l'écran leur permet de se cacher, mais pour mieux se dévoiler. Et en même temps, on n'arrête pas de se demander si oui ou non nos deux protagonistes vont franchir le pas et se rencontrer pour de bon.

Ce roman est très bien construit et traite bien son sujet, on en vient à se poser des questions un peu incongrues, notamment à propos des sentiments (factices?) qu'on peut éprouver envers des personnes jamais rencontrées en vrai. Est-ce normal d'être jaloux dans ces circonstances? L'adultère peut-il être d'une nature autre que physique?

Je lui reprocherais cependant sa longueur, sur la fin, j'ai trouvé que ça trainait, et je ne sais pas si toute l'intrigue avec le personnage de Mia était vraiment nécessaire au fond. Mais la fin rattrape le lecteur par son réalisme. Sans en dévoiler plus, le roman se clot sur un évènement qu'on pouvait prédire, mais dont on espérait qu'il ne se produirait pas. On veut croire au conte de fée, mais quelque part, on sait très bien que ce serait trop idéal. Leo et Emmi auraient bien voulu une idylle, mais finalement, la réalité se rappelle à eux, ils ont une vie réelle en dehors de leur romance informatique.

Ce roman connaît une suite, La septième vague, comme on me l'a prêté, je le lirai sûrement, mais j'avoue avoir peur d'être déçue, une histoire pareille, selon moi, devait s'arrêter là. J'appréhende le fait que l'auteur puisse gâcher ce qu'il avait si bien construit dans le premier. Bien sûr, on reste sur sa faim avec Quand souffle le vent du nord, mais ne vaut-il pas mieux être frustré que déçu?

Ecrit par Campanita, le Dimanche 15 Avril 2012, 14:52 dans la rubrique "Bouquins".