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J'ai joué à Super Mario Odyssey
--> Trois siècles après tout le monde
Non non, il ne s’agit pas d’un test complet comme je le ferais pour un Zelda. Pas que je n’ai pas aimé, simplement je n’en ai ni la motivation ni l’envie (et puis, on va être honnête, les mauvaises expériences sont tout aussi voire plus divertissantes à disséquer en long et en large que les bonnes, les critiquer méchamment a même des vertus cathartiques). À la place, je vais discuter librement de toute structure. Donc, nous (mon fiancé et moi) avions acheté la Switch pour Breath of the Wild. Jeu qui à lui seul justifie l’achat d’une nouvelle console à nos yeux (et il n’avait même pas besoin d’être bon pour ça, être un Zelda étant suffisant). Mais dans les faits, nous nous sentions quand même un peu coupables, d’où la nécessité de nous procurer un/des autre(s) jeu(x) disponibles dans le catalogue de la console. Notre dévolu s’est porté sur l’autre « monstre » de l’année 2017, issu de la franchise la plus emblématique de Nintendo (oui, cela est d'une originalité ébouriffante). Les aventures du plombier moustachu occupent la troisième position dans mes préférences vidéoludiques, après Legend of Zelda (sans déc ?) et Pokémon. Et encore, dans le Marioverse, Mario n’est même pas mon chouchou : déjà, il y a ce lion peureux de Luigi, bien plus attachant que son frangin (d’ailleurs, si la rumeur d’un Luigi’s Mansion 3 sur Switch s’avère vraie, tu parles que je vais l’acheter !) et puis il y a Wario, l’anti-héros moche, crado et tellement jouissif à incarner (Wario Land 2 sur Game Boy est THE jeu de mon enfance). Mon fiancé a testé Super Mario Odyssey dès sa livraison chez nous, mais moi j’ai attendu. Parce que le dernier DLC de BotW était disponible qu’il fallait absolument que j’entame une troisième partie, et puis j’étais aussi sur Pokémon Lune, et puis et puis...puis j’ai une vie à côté aussi, je me suis fiancée, j’ai adopté un adorable chaton, j’ai joué dans une pièce de théâtre, et puis le Docteur est devenu une femme ! Le truc, c’est que ça devait faire environ 20 ans que je n’avais plus joué à un Mario, puisque la dernière fois c’était en 2D et en noir et blanc sur mon Game Boy...et sérieusement, m’y remettre me fit un effet des plus bizarres. Mais elle va parler du jeu en lui-même au lieu de raconter sa vie ? Minute papillon ! J’y viens. Mais j’avais prévenu
que ce serait assez décousu. Si j’ai toujours préféré Zelda à Mario, ça ne sort
pas de nulle part. Il y a d’une part le type de jeu (mais j’en parlerais plus
bas), mais aussi l’univers. Pas que je le trouve trop perché à mon goût (j’aurais
même tendance à apprécier cet aspect). Ce qui me gêne est avant-tout une
question de scénario et de personnages. En gros : tous les clichés
stupides et blagues moisies qu’on fait sur Zelda,
qui sont on ne peut plus faux, sont vérifiés quand on les applique à Mario : c’est en effet toujours la
même histoire qui se répète ad nauseam
avec les mêmes protagonistes, à savoir un ménage à trois où le héros doit
sauver pour la quarante-douzième fois une princesse infichue de se tirer les
doigts du séant et capturée par une caricature de macho n’ayant pour ambition
que de se la farcir avec ou sans son consentement. Parce que dans Zelda c’est une toute autre chanson, on
a des scénarii qui, sous des apparences parfois similaires, sont beaucoup plus
variés, avec des personnages qui ne sont pas les mêmes d’un jeu à l’autre et
avec une personnalité moins simpliste, notamment des antagonistes dont les
motivations sont plus complexes que de juste vouloir serrer une meuf (sauf dans
Four Swords, que j’hésite toujours à
considérer comme un jeu à part entière ou comme une extension de A Link to the Past à l’intérêt limité),
laquelle meuf sait se défendre et représente plus qu’un trophée pour le héros
(même si Spirit Tracks met en place
ces tropes de façon ironique au début pour mieux les prendre à contre-pied
pendant tout le reste du jeu). Alors, oui, je sais que Mario, ça fait exprès d’être léger, que ça ne cherche pas à être
sérieux ou à construire une mythologie solide avec chronologie alambiquée, que
le simple fait d’y chercher du sens et de tout analyser sous un angle
sociologique ou que-sais-je est futile et que c’est normal si Peach n’est rien
de plus qu’un personnage-McGuffin. Mais ce n’est pas ce que j’aime. Rien qu’une
question de goût en somme. Évidemment, je n’ai pas joué à tous les jeux Mario
et ne prétend pas en avoir une connaissance encyclopédique, mais d’après ce que
j’ai pu observer....Et puis parce que j’aime me prendre la tête avec des
futilités. Puis j'exagère un peu quand j'insinue que tous les jeux ont un scénario copié-collé. Et Super Mario Odyssey m’a agréablement surprise sur le sujet, alors même que la scène d’intro m’avait fait soupirer d’agacement, parce que "Here we go again!". Bowser kidnappe Peach parce qu’il veut l’épouser (contre son gré). Et le mariage non consenti, quand on y réfléchit, c’est juste la version « tout public » du viol. Eh oui, la pauvre Peach est victime de misogynie à plus d’un titre, et encore c’est pas fini. La scène se déroule devant les yeux impuissants de Mario, que le Koopa King ne se prive pas d’admonester: « T’es jaloux, hein ? ». Peach la Timballe, que deux mâles se disputent comme des hommes préhistoriques ! Bowser en profite aussi pour piétiner et réduire en lambeaux la casquette iconique de son rival, avant de l’envoyer valdinguer à l’autre bout du monde. Le seul truc qui manque pour parfaire le tableau, ç’aurait été qu’il fasse un commentaire désobligeant sur la taille de sa virilité. Mario se réveille là où il a atterri, à savoir Je ne l’avais pas réalisé de prime abord, mais cette entrée en matière est un pur moment d’auto-caricature. Et J’ADORE! J’adore quand Nintendo se moque de lui-même de façon un peu méta. Oui, Bowser qui kidnappe Peach parce qu’il a un crush sur elle, c’est le cliché de base d’un jeu Mario, et cette fois, ils ont décidé de jouer là-dessus à fond. Le mariage est tellement central dans ce titre qu’on ne peut douter que ça soit fait exprès : les contrées que Mario et Cappy visiteront au cours de leur périple ont été ravagées par Bowser parce que celui-ci y faisait ses courses de mariage (la robe, la bague, la pièce-montée...et le champagne, évidemement!). À ce stade, c’est juste trop énorme. Une métaphore évidente ! Il y a aussi les Broodals, une entreprise familiale de lapins dont tous les membres sont affrontés à un moment ou un autre en tant que boss. Bowser les a engagés pour deux choses : ralentir Mario et organiser le mariage. Leur nom est même un jeu de mots avec le terme anglais « bridal ». Quant au combat final, il a pour contexte la cérémonie en elle-même (dans une église sur la Lune…euh…j’hésite à dire : « Ta gueule, c’est magique ! », mais « Ta gueule, c’est Nintendo ! » est plus approprié.). Bref, ça se voit un chouïa que le jeu se focalise sur le thème du mariage. Mais tout cela aurait été vain s’il n’y avait pas la scène
finale, après le combat (et un passage épique où Mario prend le contrôle de
Bowser pour s’échapper de l’intérieur magmatique de la Lune sur une chanson de
Kate Higgins….Ta gueule, c’est Nintendo !) : voilà Peach sauvée, et
que fait Mario ? Il lui fait sa demande à son tour ! Comme si
effectivement elle n’était qu’un trophée pour lui, et que maintenant qu’il l’a
sauvée, elle avait le devoir d’accepter ses avances. Sur ce, Bowser, qui a
recouvré un peu ses esprits, s’interpose pour tenter de la séduire à son tour,
les deux rivaux se mettent alors à se bousculer et à jouer des coudes tout en
brandissant chacun une fleur contre le visage de la malheureuse princesse (ne
pas essayer d’y voir un sous-entendu graveleux, ne pas essayer d’y voir un
sous-entendu graveleux….). Et là…elle leur fout un vent royal (enfin, princier) avant de se
diriger nonchalamment vers l’Odyssée. Oui, vous avez bien lu : elle les rejette tous les deux ! Pourquoi c’est génial ? Eh bien, parce que, contrairement à certains qui vont sauter sur l’occasion pour faire la même blague pas drôle pour la centième fois (« Rhôôoo la salope ! Comment elle l’a friendzoné ! Comment elle peut le traiter comme ça après avoir été sauvée, quelle pute ingrate ! »), moi j’y vois plutôt que Peach en a ENFIN marre de son statut de demoiselle en détresse et d’être objectifiée par ces deux-là et qu’elle décide ENFIN de les envoyer péter. C’est tout juste si je ne l’ai pas entendue dire : « Fuck ! Y’en a marre de ces conneries, je me casse ! ». Bravo, Peach, je m’en veux d’avoir dit tant de méchancetés sur ton compte, t’es toujours pas au niveau de Zelda, mais tu t’es bien rattrapée ! Bon, oui, pauvre Mario qui si ça se trouve ne pensait pas à mal et était peut-être sincère dans ses sentiments. Mais bon, mon petit père, là elle vient de subir une expérience limite traumatisante, tu pourrais lui laisser un peu de temps, non ? Faut-il rappeler que l’amour n’est pas quelque chose de dû, sauvetage ou pas. Et qu’un héros, un vrai, n’agit pas dans l’espoir d’une récompense mais parce qu’il fait ce qui est juste. Sinon, ce n’est pas un héros, mais un connard. Dans la partie post-game, c’est la panique au Royaume Champignon : Peach a encore disparu, ce qui met les Toads en émoi (pour mon plus grand bonheur…parce que je hais ces machins-là, ils ont une voix insupportable, crient tout le temps, et en plus ils considèrent Luigi comme un lâche alors qu’ironiquement ils sont bien plus couillons que lui ! Les voir souffrir me procure un plaisir sadique). Mais en fait, cette fois, Peach n’a pas été enlevée…non, elle a juste décidé de voyager à travers le monde avec sa nouvelle amie Tiara ! Ça ne pouvait pas être une meilleure conclusion. « Ma che per che ? Tou pars en vacances sans moi ? Tou me brise il cuore ! — J’avais besoin d’espace ! Et maintenant, tu me laisses me dorer la pilule tranquilou ?» Sinon, pour parler de l’aspect du jeu qui consiste à…jouer, je me suis bien amusée mais sans plus. Il faut dire que je ne suis pas très fan des plateformers (quand il y a une séquence de plateformes dans Zelda, je tolère mais c’est loin d’être mon moment préféré). Et comme Mario c’est un peu la référence en la matière, on en bouffe à la pelle, et certains passages ont un niveau de difficulté qui me dépasse… Allez-y, pensez que je suis nulle ! C’est pas comme si je n’assumais pas mon statut de casu. Et encore, c’était je pense la première fois que je jouais à un plateformer en 3D. Et croyez-moi, si les Mario de mon enfance en 2D ne me posaient aucun problème, Odyssey fut pour moi l’occasion de découvrir que j’avais un véritable souci quand il y a une dimension en plus. Ce qu’il y a, c’est que j’ai des difficultés avec : l’orientation, la psychomotricité et la situation dans l’espace (probablement lié à mon autisme même si je n’en suis pas sûre). Je suis d’une maladresse supérieure à la moyenne et n’ai pas assez de compétences pour ce genre de jeu. De plus, s’acharner sur un passage plus délicat est chez moi synonyme, non pas d’énervement et d’envie de ragequit, mais de fatigue intense voire de violents maux de tête…je n’ai donc pas complété ce jeu à 100% (et ai renoncé rapidement à ne fut-ce qu’essayer), histoire de ne pas vider mon stock d’analgésiques. Bref…le premier qui me sort que : « Mario c’est trop un jeu d’autiste parce que c’est bizarre lol ptdr ! », je lui réplique que du coup, en fait, c’est plutôt un jeu pour neurotypiques ! Ce que j’ai plus apprécié, en revanche, c’est le côté exploration pour trouver des lunes de puissance (qui sont en quelque sorte le carburant de l’Odyssée), ainsi que les quelques énigmes (en gros…les aspects les plus zeldaesques…on ne se refait pas). Quant à la direction artistique, elle est vraiment très créative. J’enfonce ici une porte ouverte, mais le mélange de styles, aussi bien visuels que musicaux, allant du très réaliste au très cartoonesque et du jazz à la pop en passant par du classique et du rock, est un véritable plus. Cela a pour résultat un univers très riche et très varié, chaque pays visité à son identité et son charme propre, et quand les habitants de ces contrées se rencontrent post-game, cela donne naissance à des tableaux plutôt bigarrés. La véritable définition de la diversité ethnique, le village d’Euzéro de BotW peut aller se rhabiller^^ La présence de Pauline (la première princesse que
Mario a sauvée dans sa carrière, alors qu’il était encore charpentier et non
plombier) en maire de New Donk City faisait aussi chaud au cœur, alors que je n’ai
jamais joué au jeu concerné. Ce passage est
d’ailleurs juste grandiose. Non. Légendaire. Ah, et oui, bien sûr, les passages en 2D et en 8bit... Enfin, j’ai dit que chaque pays avait son charme, mais il y en a quand même un sur lequel j’aimerais revenir… Le Pays de la Cuisine. Sans doute le plus coloré et mignon, ses habitants sont des fourchettes parlantes (Ta gueule, c’est Nintendo !) trop choupies, leurs habitats sont des monticules de nourriture : les rochers à démolir sont du fromage, on peut escalader des collines de fruits et légumes…et cette musique qui évoque la France (parce que la gastronomie française…). Même qu’avec la taille que fait Mario par rapport à toute cette boustifaille, on a un peu l’impression d’être Rémi le rat de Ratatouille. Le tout flotte sur une mer rose bonbon qui semble être soit de la sauce bouillante soit de la confiture de framboise. Cela agit comme de la lave et on en déduit que c’est parce que c’est très chaud. Jusqu’au combat contre le boss de ce niveau…Déjà, admirez son design pas du tout kitsch… On découvre, lors de la bataille, que cette bouillie rose provient en réalité de l’estomac de cette chose…Ce qui signifie que cette substance dans laquelle Mario nage quand il prend la forme d’une flamme, c’est du vomi ! Avec des morceaux. Et extrêmement acide, ce qui explique son caractère létal. C’est tout de suite moins choupikawaii. YEURK ! Eh ben, finalement, j’aurais quand même couvert un peu près tout ce qu’il y avait à dire sur ce jeu. Mais on va conclure par ma dernière déception : Luigi apparaît grâce au DLC (ce qui devrait me réjouir), et il fait une grosse référence à un personnage de Zelda (idem). Sauf que… Tingle Tingle kooloo Limpah ! Noooooooooooooooon ! Pourquooooooooiiii ? Ecrit par Campanita, le Samedi 7 Avril 2018, 13:06 dans la rubrique "Jeux Vidéo".
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