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La Passe-Miroir, tome 3: La mémoire de Babel
--> par Christelle Dabos
Depuis que j’ai commencé à m’intéresser à cette saga, j’entends dire de toutes parts qu’il s’agit du nouveau Harry Potter mais en français. Bon, il faut reconnaître que dans ce tome 3, Ophélie intègre une école avec une ambiance magique dans laquelle les élèves sont poussés à la compétition et où l’art qui y est enseigné n’est pas à la portée de tout le monde. D’accord, ça rappelle quelque chose. À cela près que, au lieu d’étudier la sorcellerie, on y apprend à devenir Rita Skeeter, que les Cracmols peuvent se révéler être les éléments les plus brillants, que Rogue a une bonne hygiène capillaire et un fils gentil, et que la Divination est un sujet à prendre au sérieux (et surtout que ceux qui la pratiquent sont plus tordus que les Mangemorts). Allez, j’arrête de faire l’andouille (je ne suis pas un chat perché sur un Renard!). Deux ans et demi après son mariage avec Thorn (et leur combat contre Dieu, rien que ça), Ophélie s’ennuie sur Anima où elle a été forcée de retourner. Pas de nouvelle de son époux qu’elle apprécie de plus en plus (tout comme nous), et pas de réponse de la part des Doyennes de l’arche non plus. Décidée à ne pas rester les mains cousues dans les poches et contre l’avis général de son entourage, elle ne peut enquêter sur les mystères qui la rongent qu’en rassemblant une maigre documentation. Jusqu’à ce que la providence la réunisse avec Archibald, Gaëlle et Renard et lui offre l’occasion de s’évader sur une autre arche. Mais alors que l’ex-ambassadeur (qui depuis qu’il a été viré de son hive mind familial s’est découvert un nouveau pouvoir latent) s’acharne à localiser la mystérieuse et intriguante Arc-en-Terre, Ophélie préfère une autre destination: Babel, arche cosmopolite où elle espère trouver des réponses (et éventuellement Thorn). Elle y trouvera surtout une nouvelle aventure qui ne sera pas de tout repos... Je suis toujours autant sous le charme de cette série, et je pense que c’est en partie du au fait que c’est le genre de livres qui me donnent le sentiment que j’aurais pu les écrire moi-même (si j’en avais le talent). Il faut dire que Christelle Dabos est au départ une bibliothécaire, et qu’elle habite en Belgique, et vraiment, cela se voit. J’avais déjà évoqué le patois du grand-oncle qui n’est autre que du wallon, mais Ophélie passe également le début de ce tome à vendre des gaufres (dans le suivant, on nous annoncera qu’Artémis a inventé les boulets à la liégeoise et que son Livre révèle ce qu’on met vraiment dans les fricadelles^^). Pour ce qui est de l’aspect bibliothéconimique, eh bien déjà, ce mot apparaît, ensuite, on est loin du cliché de Mme Pince. Ça parle à tout va de catalographie, de fiches à trous, de traitement de l’information, et ça aborde même le sujet de la censure, notamment dans les ouvrages destinés à la jeunesse. En tous cas, c’est bien le genre d’une bibliothécaire de pondre un scénario dont la clef réside dans un bouquin pour enfants dont tout le monde se fout. Question personnages, je continue à apprécier de plus en plus le couple principal, au point que ça ne me dérange même plus de les shipper (alors que, je le répète, cette tendance à la romance obligatoire dans les œuvres adressées aux jeunes femmes m’agace à plus d’un niveau). Il faut dire qu’à partir du moment où je les aime tous les deux pris séparément, c’était déjà un grand point de gagné. Et au final, je trouve qu’ils vont plutôt bien ensemble, notamment par leur côté « inadaptés » mais néanmoins décidés à triompher d’un monde qui leur est hostile. Les nouveaux personnages sont, une fois de plus, très réussis, même si cette fois je ne peux pas prétendre que tous sont parvenus à s’attirer ma sympathie. Argh, Mediana (à qui j’ai bien envie de dire: « Tu mi rompi le palle ! ») et ses cousins (qui n’ont aucune personnalité propre et semblent reliés par une conscience collective, encore un cas de hive mind, ça fait redondant par rapport aux sœurs d’Archibald). En revanche, j’ai beaucoup d’affection pour Blasius, le « porte-malheur », et pour Elisabeth, dont l’humour pince-sans-rire apportait une dose de légèreté bienvenue. Hélène est également assez fascinante, parmi les esprits de famille rencontrés jusqu’ici, elle sort clairement du lot. Ce qui est un peu le
problème principal, c’est ceci : alors qu’on s’attendait à repartir vers
Arc-en-Terre avec l’ex-ambassadeur and co, voilà qu’à la place on s’en va vers
un nouvel environnement à peine mentionné auparavant, avec des nouveaux
personnages qui, s’ils ne sont pas déplaisants (dans l’ensemble) nous font
quand même ressentir à quel point les anciens nous manquent. Ajoutons à cela
que l’intrigue est une fois de plus très lente, et que bien qu’Ophélie finisse
par atteindre ses objectifs (retrouver Thorn et en apprendre un peu plus sur
cette histoire de Dieu et de l’autre), ça aura bien pris son temps et on en ressort
avec l’impression d’avoir lu un énorme épisode filler. Un filler qui était loin
d’être désagréable et qui explore bien profondément l’univers, mais un filler
tout de même. Heureusement, à l’instar des bribes du tome 2, le récit est entrecoupé de chapitres adoptant le point de vue de Victoire, la fille de Berenilde âgée de deux ans. Incapable de parler et dotée de ce qui semble être une nouvelle déclinaison du pouvoir familial du Pôle, c’est au travers de ses yeux d’enfant que l’on découvre un nouveau pan de l’histoire, avec des retournements de situation ma foi assez glaçants. Bien entendu, la fin à son lot de scènes et révélations palpitantes, et pour une réponse glanée il y a dix nouvelles questions. On reste sur sa faim, on attend la suite. Et en parlant de la suite, j’ai une crainte à exprimer: nous avons eu l’occasion de découvrir trois arches (et un aperçu d’une quatrième) sur un total de vingt durant ces trois premiers tomes. Le quatrième (qui est prévu d’être le dernier, à moins que Christelle Dabos nous la joue G.R.R. Martin) va avoir fort à faire s’il veut aborder de manière satisfaisante ce qui reste. Bien que je sois convaincue que les meilleures œuvres sont celles qui ne répondent pas à toutes les questions, qui donnent l’impression d’être « plus grandes » que ce qu’elles nous laissent entrevoir et laissent suffisamment de place aux lecteurs pour combler avec leur imagination, je trouve quand même que là il y a beaucoup trop. Enfin, nous verrons. Je suis pour ma part assez intriguée par la fameuse arche neutre. Eh bien, il n’y a plus qu’à attendre... Tome 1 : Les fiancés de l'hiver Ecrit par Campanita, le Dimanche 17 Juin 2018, 15:24 dans la rubrique "Bouquins".
Commentaires :
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Qui va là?
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