Campanita - Zelda Manga : Four Swords Adventures

Link est un jeune héros reconnu mais suffisamment arrogant pour croire qu'il peut triompher de tout à lui tout seul. Jusqu'au jour où un Link noir, né de son ombre (enfin, c'est Dark Link quoi), kidnappe notre damoiselle en détresse préférée et ses six prêtresses. Pour sauver Zelda, Link sort de son socle la légendaire Épée de Quatre, bien qu'il sache quelles en sont les conséquences: primo, cela libère le sorcier maléfique Vaati qui était scellé dans l'épée; et secundo, notre héros est désormais divisé en quatre répliques de lui-même...et qui n'ont visiblement pas envie de faire équipe, ayant hérité de l’orgueil de l'individu de départ!

Comme je l'ai déjà évoqué dans mes articles sur les autres mangas Zelda, une des subtilités auxquelles on fait face quand on adapte un jeu vidéo, c'est la personnalité du héros, un personnage volontairement vide pour servir d'avatar au joueur et qui doit dès lors être étoffé quand on passe à un format moins interactif. Et parmi tous les Zelda, Four Swords Adventures, c'est un peu l'occasion ou jamais de traiter le sujet. Après tout, nous avons là quatre (voire cinq) Link!

Avec un système de jeu qui repose sur la collaboration (et un mode multi-joueurs), les différents Link se distinguaient essentiellement par leurs compétences, en rapport avec la manière dont le(s) joueur(s) les équipai(en)t. Ici, leurs tempéraments et leur sensibilités respectives vont servir l'intrigue. Le Link vert, qui semble être le plus légitime puisqu'il est le plus proche de l'original, est courageux et se prend pour le chef (alors que ses capacités de leadership laissent un peu à désirer...), le rouge est émotif et candide, le bleu est impulsif et violent, et le violet est l’intellectuel calme et posé. Et tous représentent une facette de l'original. Même si ces personnalité sont classiques et que je les aurais personnellement distribuées autrement, ça reste efficace. Le Link d'origine est présenté dans le chapitre d'introduction comme aimant se la jouer en solo sans tenir compte de la participation des autres chevaliers d'Hyrule dans ses missions héroïques. Cette aventure lui apprendra l'esprit d'équipe et l'importance de composer avec les forces et les faiblesses de chacun.

D'autant plus que ce volet comprenant deux volumes, les deux mangakas ont cette fois bien pris la peine de développer leur propos, traitant leur dynamique tantôt avec humour tantôt plus gravement, tout en nous accordant quelques bonnes scènes d'action étayées sur plusieurs pages. Certains évènements restent cependant faciles à prévoir, tels que Violet faisant semblant de rejoindre le Côté Obscur pour mieux espionner le camps ennemi de l'intérieur, sérieusement, qui ne s'en était pas douté? A part Link noir.

Pour ce qui est des méchants, Vaati n'est certes pas aussi intéressant que sa version Minish Cap mais remplit son rôle de menace ambulante. Ganon, même si encore une fois il apparaît comme «le méchant encore plus terrible et méchant que le premier méchant», au moins est mentionné assez tôt dans le scénario pour ne pas arriver comme un cheveu sur la soupe, et les Link ne l'envoient pas bouffer les pissenlits par la racine trop vite.

Mais l'antagoniste le plus réussi est bien entendu Dark Link/ Shadow Link/ le Link noir. Comme sa Némésis, il est dans les jeux un personnage relativement vide mais avec lequel on peut imaginer les motivations les plus complexes si on le veut. Dans le manga, il est littéralement l'ombre du héros, et donc fait partie de lui au même titre que les quatre autres. On serait tenté de penser qu'il représente tout simplement ses mauvais côtés, la part de ténèbres qu'il y en chacun de nous, mais il est plus tard révélé qu'il voulait simplement que son propriétaire lui accorde de l'importance. Las de le suivre comme le veut son rôle d'ombre, il se rebelle en s'opposant à lui. Il ira même jusqu'à changer de camps et faire le coup du sacrifice héroïque pour permettre aux quatre de triompher sur Vaati. Une case à la fin montre les quatre Link réunis en un, avec l'ombre qui esquisse un sourire espiègle pour signaler qu'il est avec eux.

Les autres personnages sont moins mémorables, mais notons tout de même: Zelda, qui même si elle ne fait pas grand chose, a un caractère agréable, même envers Dark Link; le père de Link, ce qui est une première dans l'univers de Zelda, et leur relation est bien exploitée; et Tingle, toujours aussi agaçant mais drôle et complètement à l'ouest que d'habitude.

Concernant le dessin, il n'y a rien de bien intéressant à signaler par rapport aux autres mangas, mais félicitons quand même les auteurs pour avoir trouver un moyen de nous faire différencier des Link de couleurs dans des images en noir et blanc (enfin, au début, on est un peu perdu, puis on finit par reconnaître les détails qui indiquent qui est qui).

Autres mangas Legend of Zelda:

The Minish Cap

Ocarina of Time

A Link to the Past

Oracle of Seasons/Ages

Majora's Mask

Phantom Hourglass