En l’an de grâce 1483, Algonde était destinée à être servante au château de Sassenage comme sa mère Gersende avant elle, épouser le fils du panetier, le facétieux Mathieu, et ne connaître aucune autre vie que celle-là. Mais les contrées de Sassenage sont le terrain de créatures mystiques et le baron Jacques est le descendant de Raymondin, l’époux de Mélusine, la fée maléfique qui se transformait en serpent le samedi selon la légende. La fille de Jacques, Philippine, vit au couvent depuis la mort de sa mère, et attend de revenir au château.

Un jour qu’Algonde avait manqué de se noyer dans les eaux du Furon, Mélusine la sauve, et depuis, la vie de la jeune-fille sera complètement transformée et un nouveau destin lui est attribué. Mais Algonde refuse de se plier aux plans que Mélusine semble ourdir depuis le début, les traitant elle et Phillipine comme des pions, ce qui a pour conséquence de provoquer le malheur autour d’elle.

Ce roman de Mireille Calmel est le premier d’une trilogie, trilogie qui est elle-même le premier cycle des Légendes des Hautes Terres. Commençons par signaler que contrairement à ce que le titre pourrait suggérer, ce n’est pas une énième de ces séries de littérature fantasy pour la jeunesse en vogue en ce moment, on est plutôt dans la fresque historique avec intervention d’éléments de merveilleux. Et c’est plutôt destiné à un publique adulte (il y a quelques passages érotiques). Le Chant des Sorcières se base en partie sur la légende de Mélusine, et celle des Hautes-Terres (partie des récits arthuriens).

Malgré l’aspect Mélusine plus qu’alléchant, j’ai eu un peu de mal à entrer dans ce livre, principalement parce que l’héroïne ne me plaisait pas d’emblée: la jeune, jolie et gentille Algonde que tout le monde aime, sauf sa pire ennemie Marthe, la vieille chambrière qui est forcément aussi laide que méchante, et en plus c’est une Harpie. C’est le genre de choses qui ont tendance à me bloquer, mais heureusement, d’autres personnages ont vite retenu mon attention, et j’accrochais plus facilement à leurs dilemmes. Ma préférence va à Sidonie, qui révèle une nouvelle facette de sa personnalité presqu’à chacune de ses apparitions, qui apparaît comme bonne et innocente mais qui possède un passé chargé, qui a une sexualité très active, et qui est l’esclave d’une Harpie, sans parler de ce qu’elle a fait à son premier mari…Philippine/Hélène est aussi un personnage attachant, à la fois malicieuse et naïve, et sa rencontre avec Algonde, alors qu’on suivait leurs aventures séparément, était un moment assez excitant.

Il y a aussi pas mal de longueurs qui m’ont gênée au début, à cause de tous ces personnages qui vivent leur histoire indépendamment des autres (les passages avec Djem sont très intéressants et apportent l’ambiance exotique de l’Orient, mais j’avais du mal à me sentir concernée dans la mesure où je ne voyais pas le rapport), mais au bout d’un moment, magie ! Tout se met en place et on a hâte de les voir confrontés les uns avec les autres. La fin du roman est en revanche très rapide, les vies de Mathieu et Algonde sont véritablement bouleversées, les deux personnages acquièrent enfin la profondeur qui leur faisaient défaut jusque là et on comprend qu’ils sont plus que «le mec» et «la fille» dans un conte de fées. Et en même temps, on sent bien que tout ce qui s’est passé jusqu’ici n’est qu’un avant-goût.

Une chose est sûre: je vais me jeter sur le tome suivant, pour encore pouvoir lire des « ce jourd’hui ».

Le Chant des Sorcières

Tome 2

Tome 3

La Reine de Lumière

Elora

Terra Incognita