Campanita - L'Épée de Vérité, Tome 1 : La première leçon du Sorcier

Richard Cypher est un jeune guide forestier qui vit tranquillement dans la Terre d'Ouest, quand tout à coup, il devient un héros typique de fantasy:

-son père meurt, et il veut le venger
-il rencontre une jolie nana aux pouvoirs mystérieux venue d'un pays étranger
-il découvre que le vieux à cheveux blancs du coin qui veille sur lui depuis l'enfance est en fait un sorcier méga-balèze
-il apprend qu'il va devoir combattre un seigneur maléfique en récupérant un objet sacré avant que le méchant provoque la fin du monde
-il marche dans la forêt (très très souvent) avec le vieux et la fille (dont il est bien sûr amoureux)
-il croise des loups, des dragons, et plein de créatures inventées par l'auteur
-il a une épée magique légendaire, et même s'il n'est pas le premier à la posséder, comme par hasard, il fait des trucs qui dépassent tout ce que ses prédécesseurs ont fait
-...

Enfin, bref, plus cliché tu meurs. Mais ça ne veut pas dire que c'est mauvais. D'abord, commençons par signaler qu'il s'agit du genre de livre qui malgré son volume (630 pages) se laisse lire et capte aisément le lecteur, qui aura envie de se ruer sur le tome suivant. Et il y en a une dizaine...tous aussi épais. Et encore, l'auteur (Terry Goodkind) est en train de pondre un nouveau cycle, des préquelles/séquelles ect.

A vrai dire, ce livre peut réveiller l'intérêt pour la High-Fantasy chez ceux qui n'en ont jamais eu comme il peut les vacciner contre le genre à tout jamais. Et passionner ou lasser les autres. On y retrouve vraiment tous les poncifs, et c'est sans trop de surprise qu'à la fin:

spoiler:

-On découvre que le méchant est en fait le père de Richard.
-Et le vieux sorcier son grand-père.
-Bien que ses sentiments pour Kahlan ( la jolie fille) soient réciproques, c'est un amour impossible. Mais ils trouvent quand même une solution à la fin.
-Le méchant est vaincu dans les dernières pages, alors que tout espoir semblait envolé, grâce au pouvoir de l'amour.

Et le fait est que ça marche. JE VEUX LA SUITE!

Pourquoi? Parce que malgré les clichés, les personnages sont attachants. Et puis, parfois, il y a des libertés prises par rapport à ces clichés (c'est même complètement parachuté au moment où Richard dit à Zedd le vieux sorcier que ce n'est pas normal qu'il n'ait pas de barbe à la Gandalf). D'ailleurs, le Zedd en question est loin de l'archimage omnipotent et omniscient. Il commet un sacré nombre d'erreurs, son jeune protégé parvient à le piéger à plusieurs reprises, quand il ne sait pas quoi faire, il invoque les fantômes de ses parents; il a un langage assez fleuri («fichtre et foutre»), un appétit de morfale, et aime être nu quand il lit dans les nuages sur son rocher magique...

On pourrait croire que le héros et ses compagnons sont des Grands Partisans du Bien au Coeur Pur, eh bien...ils passent en fait une partie de leur temps à se demander s'ils ne feraient pas mieux de tuer (ou abandonner dans un état critique) un des leurs. Parce que le but est de vaincre le big bad, et pour ça, il ne faut pas hésiter à trucider le premier qui a l'air d'un traître. Et le plus vite possible, chaque seconde est précieuse, alors, pas le temps de décider si oui ou non la prédiction d'une folle qui habite au fond des bois est une raison valable de se méfier!

Le roman brille également par ses nombreuses scènes glauques, gores et franchement cruelles. Ça commence de manière gentillette et puis paf! viols, pillages, effusions de sang, rituels démoniaques qui impliquent d'enterrer un gosse vivant en laissant dépasser la tête pour ensuite lui faire avaler du plomb fondu...Nous avons également l'équivalent fantastique de Staline en la personne du big bad Darken Ralh (son nom n'est pas terrible), qui se fait même appeler «Petit Père du Peuple». Et son abruti de bras droit, en gros, c'est Pedobear. A partir de la page 500, les évènements prennent une tournure BDSM (j'imagine que ça reflète les goûts de l'auteur dans une certaine mesure...).

Ce qui me gêne un peu, c'est qu'à côté de cette avalanche d'horreur qu'on réserve à un public adulte, la mentalité des personnages et leurs dialogues donnent parfois l'impression de s'adresser à des préados. C'est un peu troublant, comme si Goodkind n'arrivait pas bien à cibler ce qu'il voulait faire et pour qui. Si les réflexions politiques sous-jascentes ne me dérangent pas (différents niveaux de lecture, tout ça. Un peu comme avec le côté nazi des Mangemorts dans Harry Potter), il y a quelque chose de dissonant à lire «Tu es mon amie, et les amis protègent leurs amis!» à côté de «Pardon maîtresse Denna, merci de m'apprendre ce qu'est la douleur et de faire de moi un petit chien si bien dressé, maîtresse Denna!» La mièvrerie et le malsain alternés, c'est détonnant.

Quoi qu'il en soit, sur onze tomes, on peut espérer que tout cela gagnera en maturité. Et comme je suis prise par l'histoire, je vais m'empresser d'aller le vérifier.

Enfin, d'abord, je vais aller jeter un œil à la série télé adaptée de ce premier tome.

Tome suivants

La pierre des larmes
Le Sang de la Déchirure
Le temple des Vents
L'âme du feu
La foi des réprouvés
Les Piliers de la Création
L'empire des vaincus
La Chaîne de Flammes
Le fantôme du souvenir
L'ombre d'une Inquisitrice
La Machine à présages

La série télévisée Legend of the Seeker

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