Campanita - L'Épée de Vérité, Tome 8 : L'empire des vaincus

Richard vient à peine de rencontrer sa demi-sœur Jennsen, et de découvrir par la même occasion l'existence de personnes comme elle, insensibles à la magie, qu'il se retrouve à nouveau dans les ennuis.

Quittant les Piliers de la Créations avec ses compagnons, le Sourcier s'apprête à rejoindre son armée occupée avec Jagang quand un évènement imprévu le détourne de cet objectif: la rencontre avec un jeune-homme nommé Owen l'implorant de venir délivrer son peuple tombé depuis peu sous le joug de l'Ordre. Les gens de ce peuple, les Bandakars, ont la particularité d'être TOUS des trous dans le monde comme Jennsen.

Autant le dire tout de suite: je n'ai pas aimé ce tome. Le précédent était un rafraîchissement, ici, c'est plutôt la douche froide. On était heureux de retrouver les personnages principaux, et on avait hâte de découvrir les détails de cette histoire d'objet que Cara n'aurait pas dû toucher...un beau pétard mouillé!

Les Bandakars vivent au pays des Bisounours, et je n'ai jamais autant pensé ce que je dis en voulant me moquer de personnages trop gentils. Ils sont tellement pacifiques qu'ils considèrent la lutte pour la vie comme un péché capital. Alors que les soudards (et au passage, je ne compte plus le nombre de fois que ce substantif apparaît dans cette série) de l'Ordre Impérial les tuent, les torturent, pillent, violent les femmes et autres joyeusetés, tout ce que ces oursons en guimauves trouvent à dire, c'est que se défendre contre eux, c'est mal! Si l'un d'eux dit qu'il ne veut pas se laisser faire, il se fait bannir pour «égoïsme». En fait, s'ils demandent à Richard de les délivrer, c'est parce que comme lui c'est un sauvage, un «homme qui ne connaît pas la lumière», ben lui, il a le devoir de faire le sale boulot pour eux, sinon lui aussi il est égoïste...Et comme ils avaient prévus qu'il ne serait pas d'accord, ils l'ont empoisonné en échangeant son aide contre l'antidote. Admirez la logique!

Voici à quoi ressemble le dialogue à ce sujet:

OWEN   Je ne voulais pas vous faire de mal...
RICHARD Tu m'as empoisonné. Avec un poison mortel.
OWEN   Je ne voulais pas vous faire de mal...
RICHARD Je vais mourir à cause de toi.
OWEN   Si vous nous aidez, vous aurez l'antidote, et vous ne mourrez pas. Donc, je ne vous aurais rien fait.
RICHARD Tu me soumets au chantage et tu menaces ma vie.
OWEN Non, je ne veux pas vous faire de mal, je en ferais jamais ça, les Bandakars sont incapables de pensées aussi mauvaises...
RICHARD Tu m'as empoisonné. Je risque de mourir.
OWEN Ben non, puisqu'il suffit que vous nous aidiez et vous serez soigné.
RICHARD Tu m'as empoisonné. Avec un poison mortel.
OWEN   Je ne voulais pas vous faire de mal...

Précisons aussi que l'antidote en question est en trois parties, chacune planquée dans une ville différente, et la dernière, Owen l'a cachée dans la chambre du chef des méchants (sur le moment, ça lui avait paru être une bonne idée...et bien non, ça ne l'était pas). Au moins, ça fournit une excuse pour que la bande visite cette nouvelle contrée, mais bon: WORST PLOT DEVICE EVER!

Mais bon, pas de panique, Richard la Terreur va remettre ce peuple de tanches dans le droit chemin en leur enseignant sa bonne parole, leur expliquant en long et en large que tuer n'est pas forcément une mauvaise chose et que les méchants du camp adverse sont des engeances de Lucifer qui ne méritent que de pourrir six pieds sous terre. Et pour prêcher au mieux les vertus de la violence, rien de tel que les classiques et incontournables longs discours moralisateurs. Je n'en suis pas certaine, mais il me semble que Richard est parvenu à remplir un chapitre entier à lui tout seul uniquement avec son laïus...

Ce qui m'énerve le plus, c'est la critique envers les non-violents. Si je peux comprendre qu'aucun extrême, aucune dérive, n'est bon en soi, caricaturer une chose à ce point pour mieux justifier qu'on la démolisse en faisant l’apologie de son contraire, ça me dérange. Pareillement, pourquoi faut-il que les antagonistes soient si mauvais et au-delà de toute rédemption? Pour donner à Richard raison de les exterminer (ainsi que ceux qui les défendent, ce qui à ses yeux est une preuve de malveillance). Le pire étant que c'est finalement ça qui permet de rester accroché à l'histoire: voir comment notre héros va convaincre les bornés de tous pays à se rallier à sa noble cause.

Essayons quand même de trouver des points positifs, car il y en a bien un: Nicholas le Chapardeur alias le baddy de l'épisode. Encore que je le trouve sous-exploité, car il y avait matière, voyez plutôt: sous ordre de Jagang, ce sorcier a servi de cobaye à une poignée de Sœurs de l'Obscurité pour des expériences de magie maléfique des plus glauques et douloureuses, qui l'ont rendu monstrueux. Il en est ressorti transformé en Chapardeur, c'est à dire qu'il est capable de voler l'âme de ses victimes et de s'en servir pour s'évader ensuite dans une sorte de voyage astral. Bien entendu le processus implique de faire très mal au sujet, qui meurt à la fin sauf si c'est Kahlan. Nicholas a une préférence pour l'empalement. Je trouve ce personnage sous-exploité parce que je pense qu'on aurait pu développer son côté «monstre de Frankenstein». Son envie de doubler Jagang aurait aussi gagné à être un peu plus intense, qu'il y ait une véritable rivalité qui s'installe entre eux.

Si le tome 1 avait eu la teneur de celui-là, je me serais sans doute arrêtée très vite de lire cette série. Mais là, comme il ne m'en reste que trois, je ne vais pas abandonner. D'autant plus que j'ai entendu dire que le suivant remontait le niveau.

Tomes précédents

La première leçon du Sorcier
La pierre des larmes
Le Sang de la Déchirure
Le temple des Vents
L'âme du feu
La foi des réprouvés
Les Piliers de la Création

Tomes suivants

La Chaîne de Flammes
Le fantôme du souvenir
L'ombre d'une Inquisitrice
La Machine à présages

La série télévisée Legend of the Seeker