Campanita - L'Épée de Vérité, Tome 9 : La Chaîne de Flammes

Richard se réveille après un rude combat durant lequel il s'est ramassé un vilain carreau d'arbalète. Il a bien failli y rester, mais heureusement, Nicci le soigne (comme quoi c'était une bonne idée de la recruter dans son camp celle-là). Une fois qu'il a retrouvé ses esprits, sa première pensée est de savoir comment va Kahlan. Et là, l'impensable se produit:

Mais qui est cette Kahlan?

Tout le monde semble avoir oublié l'existence de l'épouse de Richard. Sauf lui. Vous liriez ce tome avant les autres, vous penseriez qu'il est tout bonnement dingue, et qu'il s'est inventé une meuf imaginaire pour se réconforter. Et c'est précisément ce que les autres personnages pensent de lui.

Et histoire de compliquer encore les choses, Jagang a lancé aux trousses de Richard une autre de ses créations magiques. Une abomination d'Eldritch bien pire que Nicholas le Chapardeur, une menace à la nature et au comportement aléatoires qu'on nomme simplement «la bête». Une constante cependant: quand ça passe à l'action, le résultat est pas très joli...

La Chaîne de Flamme est la première partie de la trilogie supposée conclure le cycle de L'Épée de Vérité (oui, supposée, car je viens d'apprendre qu'il y a un douzième tome après ça). Et on peut dire qu'après la déception qu'était L'empire des vaincus, c'est une bonne surprise. Si nous n'échappons pas aux sempiternelles litanies sur la liberté et la vie et autres monologues qui seraient bien ridicules si on les lisait à voix haute, au moins, Richard est suffisamment tombé de son piédestal pour ne plus avoir l'air du mec qui sait tout et qui fait tout mieux que tout le monde, et que nous nous devons tous, pauvres mortels simples d'esprit, d'aduler.

En l'absence de Kahlan, Nicci la remplace. J'entends par là qu'elle fait tout ce que la Mère Inquisitrice ferait si elle était là, comme par exemple causer de sacrés dégâts dans le camp ennemi rien qu'à elle toute seule en distrayant les soudards avec ses attributs féminins. Topless sur un cheval, elle n'a dès lors pas grand effort à faire pour les trancher ou les faire exploser. Remplacez juste la lame de Kahlan par des sortilèges vicieux. Le résultat est le même: sang et viscères éparpillés en mosaïque abstraite. Nicci hérite aussi du rôle de la femme incroyablement belle, intelligente et sage qui sert de repère à Richard. Et même que Cara, elle veut les maquer ensemble et joue les entremetteuses (on aura tout vu).

Moins d'action, mais un peu plus de profondeur psychologique, et pour une fois, pas cousue avec du gros fil (ou alors pas très gros). Les relations entre les personnages sont explorées en évitant les niaiseries et, soulignons-le, car ce ne fut pas le cas pour les autres tomes, on n'attend pas 200 pages avant de se sentir happés par l'histoire, on entre de suite dans le bain. Le roman est très chargé en émotions, et il est difficile de ne pas compatir pour Richard qui fait tout pour que le monde se rappelle l'existence de Kahlan, en vain. Même ses plus proches amis doutent de sa santé mentale. Quand il les confrontent à des souvenirs communs avec Kahlan ou leur expose des faits qui n'auraient pas pu être sans son intervention, ils trouvent toujours quelque chose à répondre pour combler les trous, et par-dessus le marché, sans rendre leur version trop incohérente. Peu à peu, tout le monde perd confiance en Richard, un chef qui semble préférer partir à la chasse au fantôme que de s'occuper de ses responsabilités.

Jagang est très en retrait (en dehors des apparitions sporadiques de la bête qu'il a envoyée), mais sa grande confrontation finale avec Richard approche, on le sent. J'ai eu moins de mal avec Nicci, même si cette façon d'essayer d'en faire une Kahlan 2 m'a un peu gênée. La manière dont elle décide à la fin de soutenir Richard alors qu'elle ne le croit toujours pas, prenant sur elle pour le bien de son ami, la fait remonter dans mon estime. Ça crève les yeux qu'elle est amoureuse de Richard, mais elle accepte néanmoins de laisser à une femme qui selon elle n'est qu'un fantasme, rien que parce qu'au moins comme ça il a l'air heureux. C'est courageux de sa part. Limite si elle ne me fait pas de la peine.

Comme il s'agit d'une première partie de trilogie, l'énigme n'est pas complètement résolue à la fin, et on attend la suite avec impatience. Notons aussi la réapparition des Boîtes d'Orden, les artefacts maléfiques du premier tome, et qui devrait jouer un rôle dans la suite.

Une remarque négative cependant: les dévotions au Seigneur Rahl...est-ce vraiment utile de les répéter trois fois complètement en copiant-collant le texte? On ne pouvait pas se contenter de dire que Machin le récite trois fois? Surtout que c'est comme ça pour chaque foutu personnage qui le fait. Et il y en a beaucoup qui le font.

Tomes précédents

La première leçon du Sorcier
La pierre des larmes
Le Sang de la Déchirure
Le temple des Vents
L'âme du feu
La foi des réprouvés
Les Piliers de la Création
L'empire des vaincus

Tomes suivants

Le fantôme du souvenir
L'ombre d'une Inquisitrice
La Machine à présages

La série télévisée Legend of the Seeker