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Hello, je suis Campanita. Juste un petit blog pour partager mes petites créations ainsi que mes impressions sur le monde...

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Vous pouvez emprunter les images de mes peintures et dessins, mais veuillez me créditer si vous le faites.


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Voyons ce qui se raconte dans la jouebosphère...

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Mardi (16/07/24)
Legend of Zelda : Tears of the Kingdom
--> Un dragon, un dragon, c'est vrai j'ai vu un dragon...


Par la grâce d’Hylia que la vie réserve bien des surprises !

Cela fait maintenant plus d’une décennie que je suis passionnée par la franchise Legend of Zelda, et que j’ai, comme tout fan qui se respecte, mes idées arrêtées et fixettes à propos de la célèbre saga. Comme de défendre bec et ongles les jeux 2D/console portable, que j’estime grandement sous-estimés aussi bien par le public que par leurs créateurs. Ou encore d’avoir la profonde envie de voir une Zelda jouable autre part que dans un spin-off, dans la Triforce de la Honte sur CDi ou même dans Spirit Tracks qui paraît-il ne compte pas… Surtout après le sympathique Princess Peach Showtime, mon coup de cœur vidéoludique du début 2024, mais qui m’avait mise devant le constat amer que Nintendo ne semblait pas vouloir accorder le même traitement à ses deux princesses égéries. Entre autres trucs.

Et voilà-t-y pas que le 18 juin dernier, c’était peut-être l’anniversaire de ma meilleure amie mais c’est moi qui ai eu droit à un formidable cadeau à l’annonce de la sortie en septembre prochain de Echoes of Wisdom qui, pour ce qu’on en voit dans le trailer, semble parti pour exaucer tous mes souhaits. Aurais-je par inadvertance et à mon insu touché la Triforce à un moment où je pensais très fort à mes désidératas ? (Ou alors ce morceau de Toblerone que j’ai mangé le mois dernier n’en était pas vraiment un…). Depuis, j’ai en tête l’insolite vision mentale d’Eiji Aonuma en cosplay de Père Noël.

Mais on ne va pas parler de ça.

Parce que ça fait plus d’un an que Tears of the Kingdom est sorti et que je ne cesse de me surpasser en matière d’articles en retard. Si ça continue, mes fidèles lecteurs (salut, vous deux, vous allez bien ?) vont définitivement acter le décès de mon blog. Ce qu’il y a de perfide avec la procrastination, c’est que plus on laisse le temps passer, moins on a envie de s’y mettre, parce qu’on en vient à se questionner sur l’utilité même de la chose. On finit par se dire « À quoi bon ? ». En gros, plus je reportais le moment d’écrire cet article, plus mon éventuelle contribution me semblait dérisoire. Surtout que comme je suis loin d’être la seule sur le coup, le nombre de personnes qui ont entretemps produit du contenu pertinent sur ce jeu n’a cessé d’augmenter pendant que je bayais aux corbos (notamment les vidéos d’Anarith, une chaîne qualitative que j’ai découverte). Qu’est-ce que je pourrais bien dire d’intéressant alors que j’arrive un siècle après la guerre et que tout le monde a déjà fait le tour du problème ? Au passage, voilà qui explique pourquoi beaucoup d’articles que j’ai un jour promis n’ont jamais vu le jour.

Mais pas cette fois. Allez, faisons un effort, écrivons un article sur Legend of Zelda : Tears of the Kingdom et tant pis s’il n’y a rien de neuf. Après tout, faut-il une raison pour témoigner son amour envers ce que l’on préfère ? (Et comme qui aime bien châtie bien, on ne va pas en dire que du positif).

En résumé, Tears of the Kingdom, kézako ?

C’est la suite de Breath of the Wild, donc on reprend les personnages, le même Link et la même Zelda et quelques autres. Un nombre non précisé d’années s’est écoulé depuis, mais on peut supposer qu’on approche d’une décennie, au vu des nombreux changements et de certains personnages qui ont pris de l’âge (notamment le couple qui se mariait à Euzéro dans le premier jeu a pondu une gamine quand même mignonne malgré le fait qu’elle ait hérité de la tête de gland coupe au bol de son paternel, et une quête annexe implique qu’elle voyage seule à l’autre bout de la map pour suivre une éducation dans la ville natale de sa mère, donc, elle doit avoir atteint l’âge de raison au minimum). En toute logique, Link et Zelda sont majeurs (même sans compter les cent ans passé dans BotW), ils vont même vers la seconde moitié de la vingtaine. Et malgré tout, il y a plein de signes qui montrent qu’on ne les considère pas encore comme des adultes, en témoigne le fait que Zelda, dernière survivante de sa lignée et ayant largement fait ses preuves autant sur le champ de bataille (elle a quand même retenu l’autre gros porc pendant un siècle avant de lui administrer le coup de grâce une fois que son binôme a fait l’essentiel du job) qu’en temps que dirigeante sensée et bienveillante (elle construit des écoles, aide le pays à se reconstruire après la tragédie du Fléau, dirige la recherche scientifique… ) est toujours une princesse. Quand va-t-on la couronner reine ? Et aussi, Link n’a toujours pas le droit de se bourrer la gueule avec autre chose que du lait ou la version virgin du Vaï Meets Voï… Et mon cul c’est de la cocotte de poche ? Par contre, Pru’rah, qui est toujours une centenaire à l’intérieur, n’est plus à l’extérieur une mouflette mais une bombasse à lunettes. Les Sheikahs n’ont d’ailleurs pas chômé, même si leurs technologie a quasi disparu de la surface du pays (plus de Gardiens ni de Créatures Divines), à part de nouvelles Tours de reconnaissance.

Tout allait bien jusqu’à ce qu’un nouveau mystère s’abatte sur le pays : depuis les entrailles du château, loin sous la terre, suintent des Miasmes, une matière viciée étrange (proche de la rancœur de BotW) qui corrode toutes les armes et rend les gens malades. Zelda et Link s’en vont inspecter tout ça dans les souterrains. Ils découvrent tout d’abord des gravures murales racontant la fondation du royaume par les Soneaux (un peuple disparu encore plus ancien que les Sheikahs mais dont le jeu précédent nous pointait déjà l’existence par des vestiges dans la région de Firone et dans les Ruines des Obscurcies) et la Guerre du Sceau, mais la fin de l’histoire est dissimulée par un éboulement de rochers pour ne pas spoiler le scénario. Plus loin, ils tombent sur une momie : Ganondorf tout déshydraté et scellé par un bras sans le reste du corps qui va avec tout lumineux et tout vert. Sur ce bras ainsi que sur le front du zombi : de curieuses pierres en forme de larme gravées de symboles dans une écriture ancienne. La momie se réveille dans un jumpscare. Le bras se relâche, la pierre bizarre s’en détache et ricoche jusqu’aux pieds de Zelda qui s’empresse de la ramasser. Ganondorf se met à parler, il reconnaît Zelda mais pas Link, évoque aussi un certain Rauru… avant d’attaquer. Ses Miasmes sont tellement puissants qu’ils gâtent l’Épée de Légende, réduisant la taille de la lame à celle d’un couteau juste bon à découper le saucisson à l’apéro, et contaminent le bras de Link qui n’a plus qu’à se faire amputer et qui perd tous ses cœurs durement gagnés dans BotW. Puis le sol s’effondre, Zelda choit dans le vide. Link tente de la rattraper, mais alors que sa vie est en péril, un nouveau pouvoir s’éveille chez la princesse grâce à la pierre et elle voyage dans le temps : dix milles ans en arrière ! Link est lui sauvé par le bras lumineux.


Link et Zelda sont séparés et deux histoires parallèles sont proposées. Du côté de Zelda, il y a la rencontre dans ce passé lointain avec ses ancêtres les premiers souverains et fondateurs du royaume, Rauru et Sonia [insérer ici une blague sur les furry rapport au fait que les Soneaux sont des espèces de chèvres… c’est pas comme si on savait depuis au moins Ocarina of Time que la romance interespèces était considérée comme tout à fait normale dans cette franchise, rien de neuf sous le soleil, hein !]. Zelda ne pouvant rejoindre son époque et se résignant à rester où elle est, Rauru et Sonia la font passer pour une parente éloignée (ce qui n’est que la vérité, après tout !), prennent soin d’elle et deviennent plus ou moins ses darons adoptifs. Nous suivons donc sa vie à la cour, son apprentissage auprès d’eux de ses nouveaux pouvoirs, et last but not least la montée en puissance de Ganondorf voulant prendre le pouvoir, ce qui se conclura par une issue tragique où le méchant triomphe, plein de gentils meurent, et Zelda se retrouve seule à devoir faire l’ultime sacrifice pour permettre à Link de sauver tout le monde quelques millénaires plus tard…

Puisqu’on en parle, Link a donc été sauvé par le bras bizarre, qui se greffe à la place du sien et qui appartenait à Rauru, désormais un fantôme dont la dernière mission est de guider notre héros au début de son nouveau périple.

De là, on a une structure extrêmement similaire à Breath of the Wild, avec un premier chapitre qui est un long tuto où le spectre d’un ancien souverain et figure paternelle de Zelda va aider un Link déboussolé et démuni à faire ses premiers pas dans un univers qu’il ne (re)connaît pas et se familiariser avec le gameplay, le tout dans une zone limitée qui s’appelle « [Machin] du Prélude ». Ensuite, un peu de d’exposition pour situer le contexte et donner l’objectif principal au joueur pour enfin lâcher Link dans la nature sauvage. Notre héros peut à présent se promener où il veut, avec la possibilité de foncer droit au but et affronter le Big Bad avec son équipement réduit si ça lui chante, mais il serait dommage de ne pas d’abord fouiller de fond en comble le vaste monde ouvert et compléter les trouze mille quêtes annexes d’intérêt et d’utilité variables que le jeu a à proposer… Et toujours selon le même schéma, il y a quatre destinations principales avec un gros donjon et une collaboration avec un PNJ, des tours à atteindre pour constituer la map, des sanctuaires (ces mini-donjons présentant des épreuves variées pour augmenter la vie et l’endurance), et parmi les ennemis on retrouve des robots (les Gardiens ont été remplacés par des Golems). Il y a aussi une quête liée à la Master Sword, et une autre dont le but est de retrouver des souvenirs sous forme de cinématiques (en l’occurrence, ces scènes nous permettent de reconstituer l’histoire vécue par Zelda et apporter encore plus d’exposition).

Et puis, c’est pareil, soit on est un speedrunner et on va péter la gueule à Ganondorf le plus vite possible, soit on est (comme moi) complétionniste et passionné de lore et on fait un maximum de trucs avant de mettre fin à l’aventure, mais on finit quand même par en avoir ras la frange de ramasser des crottes de korogu et on va péter la gueule à Ganondorf le cœur serré car ça veut dire qu’après le jeu est terminé. Même le combat final est similaire : la première phase présente une vraie difficulté (du moins si on est mal préparé) alors que la seconde est atrocement facile mais compense par son sens du spectacle, avec Ganondorf transformé en gros méchant dragon, et Zelda transformée en joli gentil dragon qui vient aider Link (le plus dur avec le Dragon Noir, c’est de le prendre en photo pour compléter l’album).

 Kermit avait bien changé cet été...

C’est pareil que Breath of the Wild, alors ?

Ben oui, quasiment. Il y a des petites nuances, bien entendu, et déterminer quelle version est la meilleure est une affaire de goût, mais en tous cas, rien n’est vraiment dépaysant pour un vétéran du jeu précédent. Ce qui au fond n’est une mauvaise chose que pour ceux qui désiraient un délire complètement différent, si l’attente reposait sur la surprise alors ce jeu est une déception, oui. Mais si on n’espérait rien de tel, qu’on avait adoré BotW mais qu’à force de le poncer on le connaît par cœur, qu’il n’y a plus aucun mystère et que ses charmes semblent désormais flétris, alors TotK peut être une excellente façon de retrouver la fraîcheur de la première découverte.

Et toi, Campanita, tu te situes où ?

Oh, j’en sais rien.

Déjà, j’ai toujours eu du mal à faire un classement des jeux LOZ. Je peux plus ou moins dire lesquels j’aime le plus et le moins : je ne suis pas fan de tout ce qui est multi-joueurs, mon amour absolu est Majora’s Mask, je suis obsédée par Spirit Tracks que je trouve cruellement sous-coté et Link’s Awakening, qui fut mon tout premier Zelda, aura toujours une place de choix dans mon cœur. J’aimerais aimer Skyward Sword beaucoup plus, mais le motion control est ma kryptonite personnelle et me gâche l’expérience. Je veux défendre à la vie à la mort tout ce qui est sur console portable. En dehors de ça, mes préférences varient en fonction de mon humeur, de la météo, du repas de midi et de la fréquence des ronrons de mon chat. Même si je mets toujours Wind Waker et Twilight Princess à ex æquo rien que pour emmerder les rageux qui bavent sur l’un ou sur l’autre et les mettent en rivalité.

BotW est un de mes préférés, je dirais peut-être mon troisième Zelda favori, après MM et ST. Mais je ne sais pas où situer TotK. Alors que j’ai eu un an pour y réfléchir, je ne sais toujours pas si je dois le considérer comme mieux ou pire que son prédécesseur. Je crois que le meilleur compromis serait de les mettre ensemble sur la troisième marche de mon podium, comme s’ils étaient les deux actes d’un même tout, les faces A et B d’un vinyle.

Mais concrètement, quels éléments trouves-tu mieux réussis dans un jeu ou dans l’autre ?

Donc, c’est ça, la tournure que prend cet article ? Pour analyser TotK, il faut le comparer à BotW ? Voilà qui en dit long… Mais oui, je vais donner mes impressions détaillées.

Alors…
J’ai trouvé l’histoire racontée via les souvenirs beaucoup plus riche et intéressante dans TotK, et que cela donnait au personnage de Zelda plus d’importance que jamais, car cette fois Link est totalement absent, ce ne sont pas des souvenirs qu’il partage avec elle, mais une aventure complète qu’elle a vécue sans lui. En plus, il y a encore plein de zones d’ombre qui ne demandent qu’à être élucidées (les anciens Sages, l’implication des Sheikahs dans le schmilblick…). Au point qu'on regrette que Zelda ne soit pas jouable en parralèle de Link (quitte à avoir un gameplay différent), ce qui aurait permis au joueur, en plus d'enfin contrôler la princesse titulaire, d'explorer une nouvelle version d'Hyrule dans le passé.
Par contre, cette histoire de fausse Zelda créée par Ganondorf est un gros spoiler pour des événements se déroulant dans le jeu-même. Que ça soit pour les enquêtes régionales avec les nouveaux Sages, celles avec la Gazette des Bois, ou encore la Zelda mystérieuse qui se promène au château, on devine très vite de quoi il retourne, et voir les personnages ne rien capter à l’évidence devient lassant. Surtout avec Link qui est vite au courant mais qui n’explique rien à personne alors qu’il le devrait (on sait qu’il n’est pas vraiment muet, juste taciturne, mais qu’il peut utiliser sa langue quand c’est important). Ça donne l’impression qu’ils sont tous un peu lents à la détente, on se croirait dans Hyrule Warriors ! Et puis cette fausse Zelda en fait vraiment trop des caisses pour qu’on ne soupçonne pas qu’il y ait Jabu sous roche. Limite si les imposteurs Yigas ne sont pas plus crédibles.

Puisqu’on parle des Yigas…

J’ai vraiment apprécié leur rôle plus étendu, quoi que sans réelle incidence au final. Nan mais, tu crois quoi, Kogah, que Ganondorf en a quoi que ce soit à faire de ton « arme ultime » ? (Du coup, j’ai la vision absurde de Ganondorf en train de piloter des constructions soneaux plus improbables les unes que les autres, et même de les customiser comme le dernier des Jacky Tuning). Mais TotK propose de chouettes quêtes annexes avec les Yigas, que ça soit de se faire passer pour l’un d’eux et mieux les entourlouper (la satisfaction extrême de tout leur prendre au nez et à la barbe : leurs armes, leurs ressources, leur dignité) ou d’aller piller leurs camps dans les profondeurs et humilier à répétition le suprême guignolito qui leur sert de leader.

 « Pardon ? Qui est un Jacky Tuning ? »

Magnifique transition : les profondeurs. Et le ciel.

Une différence de taille, c’est que si la map est la même que dans BotW, il y a cependant trois fois plus à explorer, car il y a trois couches : ciel, terre et profondeurs. Trois fois plus de raisons de s’extasier sur la beauté des paysages (mais bon, ces jeux sont visuellement à couper le souffle, ce n’est pas un scoop, même le fessard d’un Hinox arrache une larme d’émotion sous le coup du choc esthétique… je vais un peu loin, là, non ?). Les îles du ciel sont baignées d’une lumière dorée et d’une sensation de solitude qui rend l’atmosphère plus contemplative que jamais, quant aux profondeurs, si on passe outre leurs points d’entrée (d’immenses trous dans le sol si infestés de Miasmes rougeoyant qu’ils revêtent un aspect organique et grouillant donnant l’impression lorsqu’on y pénètre de descendre le long d’un œsophage, yikes !), on se retrouve dans un autre monde, aussi dérangeant que beau, étrange, exotique, alien, et qu’il faudra éclairer peu à peu. Une flore insolite, et une géographie qui se révèle l’inverse de celle de la surface. Hélas, un gros bémol concernant le ciel et les profondeurs est qu’ils sont atrocement répétitifs, tant sur les décors (qui restent époustouflants !) que sur leur bestiaire et le contenu des épreuves proposées. On se consolera en découvrant que la couche intermédiaire, celle de la terre, compense en étant toujours aussi diversifiée, et s’est vue elle-même agrandie par l’ajout des grottes, même si là encore elles se ressemblent presque toutes. En outre, un petit bonheur personnel consistait à me rendre dans un endroit bien connu de BotW et de découvrir ce qui avait changé depuis.

Il n’empêche que je suis plutôt contente de l’existence du ciel et des profondeurs quand je veux retrouver cette ambiance profondément solitaire. BotW nous immergeait dans un pays post-apo, où tout était si dangereux que les gens n’osaient pas trop s’aventurer dans ce monde sauvage et impitoyable, et Link se retrouvait bien souvent isolé, et en temps que personne aimant les moments seule avec moi-même, j’adorais cette atmosphère de rêverie et de contemplation. Ici, dans TotK, ces moments ne sont pas totalement absents, et je ne vais pas non plus déplorer le fait que Hyrule se relève et se remette à prospérer, et les quelques passages où l’on combat aidé par une armada de citoyens volontaires avec leur équipement de bric et de broc sont assez fun, mais quelque part, il y a quelque chose qui me manque.

Linéarité Vs Liberté

Bien qu’on jouisse toujours d’une très grande liberté et que le jeu soit tout sauf linéaire, TotK nous oriente tout de même un peu plus que BotW sur un itinéraire prédéfini. Si on prend les quatre quêtes principales, par exemple, dans le premier jeu on était nombreux à commencer par les Zoras lors de notre première partie parce que leur zone est la plus proche géographiquement et la moins exigeante d’un équipement spécifique pour y accéder, mais dans nos playthroughts suivants il n’était pas difficile de tester un autre ordre de progression. Alors qu’ici, on est vraiment poussés à choisir les Piafs en première destination au risque de manquer le lancement de plein d’autres quêtes importantes. (Et aussi parce que Babil est le Sage avec le pouvoir le plus utile à débloquer en priorité). Et tant qu’on est sur les Piafs, les pauvres écopent une fois de plus de l’histoire la plus faible bien qu’un effort ait été fait par rapport à BotW. On notera tout de même l’originalité du Sage qui n’est pas le personnage qui nous aidait à atteindre la Créature Divine mais son fils qui a bien poussé (et est absolument adorable par dessus tout). Ce sont les Gerudos qui héritent encore une fois de l’intrigue la plus longue et la plus intense, bien que celle des Gorons soit étonnement prenante (et la voix de Donald Reygnoux apporte vraiment un plus à Yunobo), par contre les Zoras… c’est un chapitre à la durée tout à fait correcte, et on ne s’ennuie pas un seul instant, mais entre la fiancée de Sidon (qui est très sympathique au demeurant) dont l’existence même et celle de son peuple est complètement sortie de la dix-septième lettre de l’alphabet, et le fait que la vase qui les envahit ressemble à quelque chose issu du même orifice (je vous cite ma fille, trois ans : « Ganondorf il a mis du caca partout sur les pauv’poissoux, méchant Ganondorf, puf ! »)… enfin voilà. Sans oublier qu'on aurait pu faire plus original qu'un second donjon dans le ciel (l'autre étant celui des Piafs, celui des Gerudos est sur la terre et celui des Gorons dans les profondeurs. Pour les Zoras, ce qui aurait été sympa, c'était un temple aquatique avec un gameplay ou Link peut évoluer sous l'eau comme il l'a fait à plusieurs reprises dans des jeux antérieurs, belle occasion manquée!).

 « Il va en falloir des lingettes Pampers pour nettoyer tout ça! »

Parlons des donjons !

On nous avait promis un retour de la formule classique après les polarisantes Créatures Divines qui était certes originales, mais répétitives autant dans leur accès (un combat de boss pour les calmer, en collaboration avec un PNJ sous-exploité), le donjon en lui-même (activer des terminaux dans une architecture mouvante avec pour seuls ennemis des nano-gardiens devenus inintéressants à ce stade) et leur boss (les fameuses Ombres de Ganon). Est-ce que TotK a tenu sa promesse ? Partiellement. On retrouve bien des édifices fixes, des temples, avec un chemin plus ou moins long pour y accéder et des épreuves variées (mini-donjon secondaire, énigmes, mini-boss, Yunobo possédé, défense de la Cité Gerudo et boss qui fait une apparition surprise avant d’entrer dans le donjon), et les boss ne se ressemblent pas (mention spéciale pour Glagayla, le boss des Piafs, qui est certes le plus facile, mais le plus épique et avec une musique banger). Par contre, pour les donjons, on nous refait le coup des terminaux (mais sans l’architecture mouvante cette fois, dommage, j’aimais bien moi) et des barbants golems en guise de seuls adversaires (mais signalons que celui des Gerudos —quand je dis que c’est la meilleure des quatre régions !— se distingue un chouïa en ayant une première partie qui pour le coup ressemble vraiment un à donjon classique de Zelda sur le thème du sable, plus linéaire mais avec des épreuves diverses, des Gibdos, et une ambiance à la Indiana Jones). Enfin, dans BotW, si les cinématiques post-combat suivaient le même schéma elles étaient néanmoins distinctes les unes des autres car les Prodiges étaient des personnages marquants avec chacun leur personnalité et qui mettaient l’accent dans leur discours d’adieu sur des éléments différents. Ici, les Anciens Sages sont des copiés-collés (on ne révèle même pas leurs noms ou leurs visages !) et l’histoire qu’ils racontent est la même à la quasi virgule près, ce qui fait que sur les quatre, il y en a trois de trop. Et pourtant, il y a pas mal de questions qu’on pourrait se poser à leur sujet, comme pourquoi ils portent des masques de Créatures Divines (et du coup, quid des Sheikahs à cette époque, c’est leur technologie, ça ?). Ou encore, on voit au début que les Gerudos suivent toujours Ganondorf, mais à un moment au moins une partie d’entre elles s’est désolidarisée de lui, notamment la Sage de la Foudre. J’aurais aimé savoir comme cela s’est passé.

Mais je ne vais pas oublier d’évoquer le cinquième donjon. Pas qu’on ne l’avait pas deviné, ne fusse que parce que chaque Sage prête serment à Link en lui refilant une bagouze et qu’aux dernières nouvelles il a cinq doigts sur une main (au passage, mettons fin aux shipping wars en pointant que c’est Riju qui lui enfile à l’annulaire… j’espère qu’elle aussi a atteint l’âge légal, sinon… et c’est dommage que ça ne soit pas Babil qui hérite du majeur, quand on sait ce que signifie en anglais l’expression « flipping the bird »).

Ah, Mineru. C’est une bonne surprise et en même temps une déception. J’apprécie tout de même au passage que cette fois on ne nous ait pas fait le coup du DLC pour avoir droit au cinquième donjon, d’ailleurs il n’y aura pas de DLC tout court (même si ça veut aussi dire que pas mal des questions que j’ai formulées resteront en suspend… peut-être qu’on en saura plus dans un futur spin-off dans la veine d’Age of Calamity ?). Mineru, tout d’abord, c’est le genre de personnage que j’aime bien, la grande sœur de Rauru qui a l’air sage et austère mais est en réalité très douce (et une excellente danseuse d’après la quête des stèles anciennes, qui l’eut crû !). En temps que Sage de l’Esprit, son pouvoir ne réside pas dans la maîtrise d’un élément mais dans l’aptitude à séparer son âme de son corps, ce qui fait d’elle le type Spectre de la team (vraiment, il n’y a que moi qui en découvrant qu’elle squattait depuis tout ce temps l’ordi portable de Link la tablette Pru’rah ai pensé à Motisma ?). Son arc narratif est le plus original et donne lieu à des épreuves qui nous changent vraiment des habitudes, avec ce golem spécial à construire soi-même et une bonne utilisation de la mécanique des véhicules. Sans oublier que ce soit le seul Sage qui nous emmène dans chacune des trois couches du jeu. Hélas, je déplore quand même que le donjon en lui-même, le Temple de l’Esprit, ne comporte que le combat de boss (qui a au moins le mérite de vraiment mettre à contribution le pouvoir du Sage concerné, contrairement à trois des quatre autres). Aussi, je ne peux m’empêcher de voir la similitude entre ce Golem de Mineru et la possession des Spectres par Zelda dans Spirit Tracks (une immense machine contrôlée par un esprit qui peut soit combattre de manière autonome, soit transporter Link par-dessus des terrains létaux comme de la lave). S’inspirer de la Tour des Dieux de ce jeu pour le Temple de l’Esprit de TotK aurait pu donner quelque chose d’intéressant. Et cela aurait permis une meilleure prise en main de cette nouvelle mécanique si on avait été forcés à l’utiliser durant des épreuves de donjon plutôt qu’une courte traversée des profondeurs entre l’atelier et le temple (perso, je trouve plus simple de ne pas utiliser Mineru dans cette portion précise alors que clairement c’était l’intention).

Il n’empêche que l’arc Mineru reste un agréable ajout dépaysant par rapport aux quatre premiers Sages, qui eux sont plutôt comparables à Médolie et Dumoria dans Wind Waker, mais en moins exploités (leur contribution se cantonne à activer des terminaux, et à part Yunobo, ils sont totalement dispensables durant le combat de boss, ce que je retiens surtout d’eux ce sont leurs lourds ahanements alors qu’ils peinaient à me suivre d’un coin à l’autre de leur temple).

Sinon… question pouvoirs obtenus qu’on peut utiliser une fois le donjon complété pour faciliter les combats suivants et l’exploration :

Urbosa ou Riju ?

Urbosa.

Revali ou Babil ?

Babil.

Daruk ou Yunobo ?

Yunobo.

Mipha ou Sidon ?

Mipha. (Même si je préfère ne pas avoir à utiliser la Prière de Mipha pour des raisons évidentes, c’est comme les fées en bouteille, c’est rassurant de savoir qu’il y a ça au cas où… le Serment de Sidon par contre, c’est vraiment peu utile).

Les Sages ont l’avantage par rapport aux Prodiges d’être présents en permanence, de combattre de leur propre chef et d’aider lors de combats difficiles (mention spéciale à Babil dont chaque flèche est un coup critique). En contrepartie, cette présence peut vite devenir handicapante. Se retrouver sur le dos de Mineru alors qu’on veut taper un ennemi (certes, son golem peut combattre aussi, mais les boutons ne sont pas les mêmes et il faut avoir pensé à lui avoir préalablement équipé des armes adaptées), voir la tornade de Babil envoyer les objets qu’on voulait ramasser dans le vide tandis que Yunobo les grille façon BBQ (ou pire, avez-vous déjà enclenché accidentellement le pouvoir du Goron alors que vous vouliez cueillir une fleur-bombe ? Oui, c’est du vécu !) est absolument rageant. Par contre, quand on a besoin d’eux, souvent ils ne sont pas au bon endroit (nan mais Riju, ton pouvoir repose sur le fait que je doive attaquer à distance, ne fonce pas sur l’ennemi pour te coller à lui, steuplaît !).

Et les pouvoirs du bras de Rauru, par rapport aux modules de la tablette sheikah, c’est comment ?

J’avoue, les Bombes à distance m’ont manqué. Jouer à la pétanque avec la tête des ennemis en guise de cochonnet c’était pour moi le summum du fun dans BotW (en plus, il y a même la variante carrée, bien connue des pétanqueurs montagnards). Il y a bien des bombes à retardement parmi les artéfacts soneaux, mais je les trouve peu pratiques à l’emploi. Quant aux flèches explosives, elles sont conditionnées par la limite des munitions et pètent toujours à la figure de Link dans les régions volcaniques. Dans une moindre mesure, je regrette aussi Cryonis, mais si on a assez de lance-glace en stock ça passe crème.

Je ne saurais départager Cinetis et Rétrospective, les deux pouvoirs de manipulation du temps. Ce serait comme comparer Ocarina of Time et Majora’s Mask (sur leur emploi de la mécanique temporelle) : deux approches différentes mais chacune est adaptée à ce que le jeu veut en faire et est bien exploitée, donc bon.

Par contre, Emprise est clairement Polaris mais en mieux, puisqu’on peut (presque) tout manipuler avec (pas seulement ce qui est en métal) et les coller ensemble. C’est la mécanique la plus amusante et le véritable point fort des nouveautés de TotK. Infiltration est aussi un très bon ajout, qui donne une toute nouvelle dimension (c’est le cas de le dire) à l’exploration.

Amalgame est l’autre grosse nouveauté que le joueur est amené à utiliser à haute fréquence. Pour la peine, la manière de concevoir son arsenal a été complètement repensée et les possibilités pour se forger des armes, boucliers ou flèches à effets divers sont infinies, ce qui est rafraichissant. Hélas, si le nouveau système de menu rapide est bienvenu, le problème majeur des armes cassables reste, et est encore plus mal équilibré qu’auparavant : ce n’est absolument pas rentable de briser tout son stock sur un ennemi qui à presque tous les coups ne droppera pas un loot suffisamment intéressant, ce qui donne encore moins envie d’engager le combat (certains matériaux ont vu leur taux de drop diminuer jusqu’à un niveau frustrant… les viscères de Lynel quoi !). D’ailleurs, je pourrais faire le tour de toutes les possibilités dont on dispose pour améliorer/fabriquer/stocker/réparer notre arsenal, mais j'en viendrais toujours à la même conclusion : ça demande de grinder/farmer quelque chose, et le processus et trop cher et/ou chronophage. Bref, cet aspect du jeu est tout sauf digeste.

Mais le pire, c’est Duplicata, aka le truc le plus inutile du monde. Je ne l’utilise que pour les quêtes qui le requièrent précisément (dont celle qui introduit le pouvoir). Après, j’aime bien mater des vidéos sur le Net de gens qui construisent les dispositifs les plus ubuesques pour faire du carpaccio de Griock en trente secondes, mais moi j’ai pas les cuillères pour ça.

Ah, puisqu’on parle des Griocks, les ajouts au bestiaire ?

BotW était quelque peu limité à ce titre. TotK est un net progrès même si on pourrait faire encore mieux. Les fameux Griocks étant les plus charismatiques (bien que je ne puisse m’empêcher de penser au Griockenspiel de Cadence of Hyrule). Sont également de retour les Gibdos (de toutes nouvelles variétés, basées sur les insectes et un des facteurs qui rendent le chapitre Gerudo supérieur aux autres) et les Like-Like (plus dégueulasses que jamais). Les Golems remplacent les Guardiens, et s’ils sont plus diversifiés et requièrent plus de stratégie, ils n’atteignent pas le niveau iconique de leurs modèles. Sinon, il y a désormais des Lithoroks utilisés comme forteresses ambulantes par de plus petits ennemis, des Désséliande psychopathes déguisés en arbres normaux (appelés Tronc-peur), une nouvelle sous-espèce de Blins qui squattent les grottes (les Trogloblins, dont on retiendra essentiellement que leur manière de souffrir consiste à se tenir le cul en poussant des gémissements simiesques), les Bokoblins ont des chefs (je suppose, vu leur gabarit, que pour en devenir un il faut manger les autres, ou bien des bébés, ça me fait penser au roi des Goblins dans Doctor Who) et les profondeurs abritent des Gigatraciens, des Dondongos en plus moche. Et les Kakudas. J’allais oublier les Kakudas.

Et ces trucs-là aussi. Alors qu'il s'agit du nouveau générateur de trauma de la franchise.

Les sanctuaires ?

Oh, ils ne sont plus de forme phallique, leur apparence évoque même l’opposé de cela… ah, leur contenu ?
Je les préfère à ceux de BotW. Déjà, parce qu’ils sont tous dispos sans DLC et qu’aucun ne m’a infligé le niveau de traumatisme de Rohita’Tigu (fichue Tetra-Lame Mort Subite qui me hante encore depuis 2017 !). Ensuite, si on retrouve beaucoup de Bénédictions et de répétitives épreuves pour ramener un cristal soneau (équivalent de l’orbe sheikah) jusqu’à son socle, là où il y a une véritable amélioration, c’est dans les sanctuaire de type « baston contre des ennemis robots ». Les Épreuves de Force lassaient tant elles se ressemblaient toutes, les Combats Désarmés sont tous uniques et demandent autant de stratégie que d’aptitude à la bagarre, le tout avec les moyens du bord puisqu’on les entame en mode Île Finalis avec un équipement très limité.

Pas de DLC, c’est bien ?

Outre le fait de ne pas avoir à casquer pour avoir le jeu complet, c’est frustrant de se dire que certains points de l’histoire flous voire absents ne trouveront jamais de résolution. Et j’aurais aimé avoir un sixième Sage, un Sheikah qui aurait pour élément l’Ombre (comme Impa dans OoT, quoi qu’on pourrait nous sortir dans un twist que c’est un Yiga qui devra se remettre en question et changer de camp dans un clin d'oeil à Traucmahr le Locomo renégat) ce qui se traduirait par un pouvoir lié à la discrétion, par exemple l’invisibilité (ce qui ferait un clin d’œil à la Cape, pas celle de l’autre Rosbif à lunettes, celle de A Link to the Past !).

Le meilleur aspect réside dans le fait de pouvoir trouver toutes les tenues du jeu, de nouvelles quêtes de Lambda (cet énigmatique chasseur de trésor) sont proposées et pour le coup elles offrent de meilleures énigmes ou défis. Évidemment, les Amphithéâtres (consistant à affronter une série d’ennemis du même type, infestés de Miasmes pour faire bonne mesure) ne sont pas une promenade de santé mais donnent le sentiment de vraiment mériter la pièce obtenue. En particulier celui des Lynels, qui récompense nos hauts faits par le très convoité (et limite game breaker) Masque de Majora, ce qui m’a permis de réaliser à quel point j’étais devenue dépendante de cet objet que je ne quittais quasi jamais dans BotW (où on le trouvait dans un simple coffre accessible dès le didacticiel terminé).

En plus du trésor de Lambda, tout ce qui s’obtenait via les amiibo est également à portée de tout joueur, ne laissant aux figurines que des bonus dispensables tels que des tissus pour la Paravoile (le plus classe étant celui du Miroir du Crépuscule, obtenable avec l’amiibo Link Loup, il brille dans le noir !)

Bon, et en ce qui concerne la chronologie, où se situe Tears of the Kingdom ?

Ben, juste après Breath of the Wild, pardi !

Oui, mais justement, on ne sait toujours pas pour ce jeu-là non plus !

Effectivement. Je pense qu’à ce stade, il faut se résigner : on ne le saura jamais. En plus, si BotW pouvait se situer à la fin de n’importe laquelle des trois timelines tant que ses évènements se déroulaient longtemps après, TotK raconte notamment la fondation du royaume d’Hyrule et la Guerre du Sceau d’une façon qui n’est pas cohérente avec la version de Skyward Sword. On retrouve également des contradictions vis-à-vis d’Ocarina of Time (alors que des personnages comme Ruto et Nabooru étaient cités dans BotW). Bref, plus rien ne colle, l’Amalgame ne prend pas.

En ce qui me concerne, mon parti pris est le suivant : nous sommes dans une réalité différente. Dans l’univers de BotW et TotK, tous les autres jeux sortis avant (et vraisemblablement Echoes of Wisdom) sont des fictions. Des légendes, des mythes, des fables, qui peut-être trouvent leurs racines dans des faits réels, mais avec le temps ces faits ont été déformés et réécrits pour devenir des récits plus romancés, moins réalistes, et qui existent en plusieurs versions incompatibles. Pensez aux mythologies de notre monde, par exemple la mythologie grecque : les mêmes évènements sont racontés de diverses manières, par divers auteurs, et ces versions se contredisent. Ça explique les trois timelines. Ça explique que Twilight Princess ou Wind Waker aient tous deux l’air de réécritures d’Ocarina of Time. Ça explique la toponymie de BotW et TotK qui fait référence à des éléments issus de contrées étrangères à Hyrule (Holodrum, Labrynna,…) voire à des mondes parallèles (Termina, Lorule, Cocolint,…). Observez la toponymie autour de vous et vous trouverez des allusions au féerique ou au merveilleux (près de chez moi, il y a un bled nommé d’après la légende de Saint-Georges et le Dragon, je pense pas qu’elle est fondée pourtant).

Quant aux jeux non-canoniques, eh bien, ce sont des fanfics. Genre, Cya dans Hyrule Warriors, c’est un avatar d’une certaine Jenna Silverblade. Et les jeux sur CDi sont l’œuvre de Revali un soir où il avait abusé de liqueur de pomme de pin et qu’il s’était dit : « Et si ce crétin de Link parlait, ça donnerait quoi ? » et hop fanfic bête et méchante ayant pour but de se moquer d’un mec qu’il n’aime pas.

Personnage préféré parmi les nouveaux ?

Mineru. Je kiffe les type Spectre !

Personnage détesté ?

Boulieh. Déjà, il s’appelle carrément « Boulet », sa coupe de cheveux est débile, et on se serait passés d’une quête longue et chiante de plus.

La direction artistique?

Je n'ai pas grand chose à en dire, ce jeu emboîte le pas à son prédécesseur et est donc somptueux à regarder et à écouter. J'aime un chouïa moins le thème principal que celui de BotW, tout en trouvant astucieux le côté saccadé comme si on passait la piste à l'envers, comme pour symboliser le retour dans le temps.

Le mot de la fin ?

Zelda aurait dû préparer un verre d’eau pour avaler sa pierre occulte, sérieux, elle aurait pu s’étouffer avec !


Ecrit par Campanita, à 09:47 dans la rubrique "Jeux Vidéo".
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Jeudi (11/07/24)
Les Nombrils : Top Model, sinon rien !
--> adaptation par Camille Gautier et Marie Caillet d'après Dubuc et Delaf

Par un jour de grâce presque caniculaire, j'ai pu enfin mettre la main sur ce roman qui a eu le bon goût de circuler dans la bibliothèque où je travaille. Ça tombait bien, mon service est en période de fermeture pour les vacances et j'ai un peu de temps pour bouquiner durant l'heure de table avant de reprendre mes séances de plastification de jaquettes de mangas (la série Berserk plus précisément, pas la même ambiance que Les Nombrils, j'avoue). Et en plus j'avais envie de lire (car il ne faut pas croire que parce qu'on fait ce métier on passe notre temps le nez fourré dans les pages d'un volume, en vrai, on voit tellement de livres défiler au quotidien que pour nos loisirs on préfère souvent d'autres activités à la lecture).

Il faut dire que j'adore cette bande dessinée, ce qui n'aura échappé à aucun de mes visiteurs, mais que dernièrement, les admirateurs de Karine, Vicky et Jenny n'ont pas eu grand chose à se mettre sous la dent depuis que la série est en hiatus. Alors, en attendant avec avidité le tome 9, je me rabats sur l'univers étendu, avec ce roman sorti en 2017 mais dont j'avais complètement zappé puis oublié l'existence (et qui n'est presque jamais trouvable dans les librairies que je fréquente). Voilà, l'affront est désormais réparé, je peux à nouveau me considérer comme une vraie fan.

Comme il fallait s'en douter, l'histoire racontée ici ne s'insère pas dans la continuité de la bande dessinée avec son fil rouge, pas de Mégane, pas d'Albinos etc. On a affaire à une péripétie sans réelle incidence qu'on verrait sans problème intégrée dans Les Vacheries des Nombrils, le spin-off reprenant la formule plus légère et l'univers des premiers tomes de la série-mère où le statu quo est plus ou moins préservé. Après une description minutieuse de la morning routine de nos héroïnes, on apprend que Vicky a repéré une annonce pour un casting pour tourner une publicité. Se voyant déjà la nouvelle star des podiums elle s'y inscrit, mais fomente pour tenir Jenny à l'écart de peur qu'elle la surpasse une fois de plus. Et bien entendu, elle entraîne Karine dans ses combines et cette dernière paie tous les pots cassés.

On a affaire à un roman à destination d'un public très jeune, encore d'avantage que celui de la bande dessinée, ça se dévore en à peine une heure. Globalement, on a l'impression de lire une fanfiction (ce qui n'est pas une insulte), en l’occurrence une bonne fanfiction qui respecte le caractère des personnages et ne fait aucune contradiction avec le canon. Les rebondissements à la fin ne m'ont nullement surprise (je les avais anticipés dès les premières pages !) mais je ne fais pas partie du public visé. Ce qui m'aura le plus étonnée est que la séquence de Jenny en baby-sitter n'est infernale que parce que les enfants qu'elle doit garder sont de vrais petits démons et non (comme je m'y attendais) parce qu'elle enchaîne les bourdes, elle qui est dépeinte dans l'introduction comme incapable de s'occuper correctement de son petit frère bébé et de tenir la maison en général. Il y a aussi le rôle de Dan, qui n'en est pas un, car si on peut saluer que le début d'intérêt mutuel entre lui et Karine soit davantage étoffé et naturel que dans la bédé, ce n'est même pas un Plot B car cela ne débouche sur rien. J'admire tout de même comment les autrices ont su retranscrire un minimum l'ambiance cruelle et le ton vitriolique de l’œuvre originale tout en l'adoucissant quelque peu, lectorat plus enfantin oblige. J'imagine aussi que c'est pour ça que Jenny fait ce boulot de baby-sitter pour s'offrir la robe de ses rêves, dans la bédé elle l'aurait volée, ce qui ne serait pas passé ici. Dans le même ordre d'idée on nous épargne les gags slapstick qui auraient détonné dans ce format exigeant plus de réalisme (Dan ne se retrouve pas ligotté et baîllonné dans les chiottes, pour l'empêcher de voir Karine, Vicky et Jenny lui font subir un harcèlement qui fait froid dans le dos quand on réalise que cela est proche de ce que l'on peut voir dans la vraie vie).

Par contre, les auteurs de la bédé sont Québecois mais ont toujours choisi minutieusement leur vocabulaire afin de ne pas localiser l'histoire et que tout lecteur francophone puisse croire que cela se passe chez lui. Ici, on a l'impression d'être Europe, plus particulièrement en France. Et puis, bon, Jenny pait sa robe en euros mais l'entreprise de Will gère des dollars ? Faudrait savoir !

Bref, ça a bien comblé mon temps de midi.
Ecrit par Campanita, à 08:46 dans la rubrique "Bouquins".
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Mardi (21/05/24)
New Who is over !
--> Bilan Doctor Who 2005-2022

En 2010, j’ai découvert Doctor Who, une série britannique de science-fiction (bien qu’il serait triste de la cloisonner à ce seul genre tant elle est susceptible de partir dans tous les sens). Véritable monument dans sa patrie d’origine depuis 1963, son succès commençait alors à véritablement rayonner à l’internationale, et c’est loin d’être fini. En ce qui me concerne, elle est vite devenue ma série préférée, ma religion, occupant désormais une place privilégiée dans ma vie. Je pense avoir significativement progressé dans la maîtrise de la langue de Shakespeare grâce à elle, en plus d’en avoir appris un peu plus autant sur la culture brittanique que sur les tropes liés aux genres qu’elle aborde, me constituant peu à peu une longue liste d’autres œuvres à explorer. Je n’ai certes pas encore vu tous les épisodes (sacrilège !) (il me reste une poignée de Classic perdus-reconstitués), et j’ai pas mal à rattraper dans l’univers étendu. Je ne suis pas la plus grande spécialiste, même si je peu me vanter d’avoir converti quelques personnes de mon entourage, y compris mon mari et certains de mes amis. Même ma fille (qui a à peine trois ans au moment où j’écris ces lignes) sait que « Maman aime Doooteurr Wouh ! ».

Lorsque j’ai démarré ce blog (je m’en souviens moins nettement, mais c’était à la grosse louche en 2012), j’avais parfaitement poncé ce qu’on appelle la « New Who » (comprenez la série revival qui prend son départ en 2005…oui, j’ai appris à faire la différence entre un « reboot » et un « revival » depuis !) ainsi que ses spin-off, et je découvrais lentement mais sûrement la « Classic Who » (ce qui vient avant, donc, du tout premier épisode de 1963 au téléfilm de 1996). J’avais commencé une série d’articles, et il s’agit sans doute de l’univers de fiction qui revient le plus souvent ce blog. Blog qui n’est pas à l’abandon, contrairement à ce qu’on pourrait croire. Si je ne publie rien pendant plusieurs années, c’est par pure fainéantise, pas par manque de passion (bon, la crise sanitaire et ma maternité n’ont pas aidé à trouver la motivation et le temps, il faut le dire).

Mais le temps passe et tout change, y compris Doctor Who, y compris moi.

Depuis quelques mois, on sait que le segment appelé « New Who » est désormais achevé avec l’épisode Power of the Doctor, qui a vu le départ de Jodie Wittaker, la première interprète féminine du personnage-titre. Épisode qui précède d’une année le soixantième anniversaire de la série, mais qui à mes yeux accomplit mieux l’aspect célébratif que le trio d’épisodes supposés remplir ce rôle.

Et donc, Doctor Who est désormais une série comportant trois « sous-séries » : Classic Who (1963-1989 + téléfilm de 1996), New Who (2005-2022) et…j’ignore encore comment va s’appeler la troisième partie (New New Who ? Modern Who ? Who+ ? Super Who ? Whoniverse ?) (La trilogie des 60 ans + 2024- ????).

Cela m’a donné à réfléchir à la façon dont j’abordais cette série sur ce blog, je songe à remanier les articles et surtout le sommaire (surtout si la troisième sous-série s’appelle au final Whoniverse…pour moi le Whoniverse, c’était l’ensemble des trois + spin-off et univers étendu !), mais je n’ai pas encore trouvé la meilleure manière de procéder.

En attendant, je vais revenir sur la New Who. De Rose à Power of the Doctor, il y a eu des hauts et des bas, mais je ne regrette pas une seule seconde de cette formidable aventure. Certes, je suis un public plutôt indulgent, quand quelque chose me déplait, j’ai le réflexe de penser que ce n’était pas fait pour moi ce coup-ci, mais que j’aurais plus de chance la prochaine fois. Même si j’adore râler et critiquer, pour le côté cathartique (en plus, je sais bien que vous aimez ça, quand il y a du sel !). Et puis, comme on dit : qui aime bien châtie bien, je suis sévère parce que j’aime cette série. Sinon, je tâche d’être comme le Docteur : optimiste, avec une approche anti-nihiliste de l’univers, la vie et tout le reste. Et pourtant, mon avis a bien évolué depuis 2010 en ce qui concerne certains personnages, épisodes, éléments divers…

Et quel meilleur moyen de faire un bilan de la New Who qu’à coup de tops et de tier-lists ? C’est à la mode ces choses-là, m’voyez.

Le Docteur

 

Je ne vais pas dire quel est le meilleur Docteur. Parce que ça ne se fait pas. Le Docteur, c’est le Docteur, point. Par contre, je peux dire lequel je préfère, car cela signifie que je ressens une plus grande résonance avec lui qu’avec les autres. Mais tous sont le Docteur pour moi, ils se valent tous, et les acteurs et actrices qui l’ont incarné ont tous fait un travail formidable, et ce malgré des éléments indépendants d’eux qui ont pu plomber leurs ères.

Voici mon classement :

7) Le Guerrier – John Hurt

Je n’ai rien à lui reprocher, mais il n’est là que pour un seul épisode et des rawettes, c’est normal qu’il ait moins à proposer. Son côté vieux baroudeur fatigué de la vie n’est pas non plus ce à quoi je vais m’identifier le plus facilement. Ce qui n’arrange rien, c’est de savoir que cette incarnation n’aurait pas dû exister et a été inventée à la va-vite quand le dernier espoir de voir Eccleston participer au cinquantenaire s’est envolé et qu’il a fallu trouver une solution de secours. Autant j’aimerais louer les mérites de Moffat et de feu-Hurt pour avoir respectivement écrit et interprété ce personnage imprévu avec efficacité malgré une si petite marge de manœuvre, autant il faut reconnaître que le résultat n’est pas sans poser quelques problèmes, notamment de cohérence.

6) La Fugitive – Jo Martin

Un peu comme pour Hurt mais dans une moindre mesure, il s’agit d’une incarnation « secondaire » qui apparaît peu. Et également en raison de contraintes techniques (ici la crise du Covid qui fait que la saison 13 s’est vue allégée de beaucoup d’éléments), on en ressort avec une impression de trop peu. Il n’empêche que Martin a une prestance et un charisme incroyables, volant sans problème la vedette à Whittaker dans chaque scène où elle apparaît. Oh, et l’idée qu’une incarnation antérieure à Hartnell soit une femme noire a fait bisquer plein de crétins, les imaginer s’étrangler de rage est une vision si douce…

5) Nine – Christopher Eccleston

Mon tout premier Docteur ! Comment ne pas l’aimer, lui qui fut mon point d’entrée dans la série ? Lui qui m’a convaincue de me lancer dans cette merveilleuse aventure, lui qui, le premier, m’a tendu la main pour m’inviter à le suivre dans le TARDIS… Une chose qui me frappe à chaque revisionnage de la saison 1, c’est à quel point ce Docteur est souriant. Bien qu’on devine que derrière ce visage lumineux se cache une profonde tristesse. Hélas, avec une seule saison, on reste sur sa faim. Savoir qu’il a décidé de quitter la série car cela ne s’est pas bien passé et qu’il n’en garde pas une bonne expérience me déchire le cœur, et recouvre mon souvenir si heureux d’un filtre doux-amer.
Meilleur épisode : Dalek, pire épisode : Aliens of London/World War Three

4) Thirteen – Jodie Whittaker

J’aurais aimé que la toute première incarnation féminine soit mieux placée, mais je dois bien admettre qu’elle n’est pas ma favorite. Pour des raisons bien indépendantes de la performance de son interprète, sur laquelle je n’ai rien à y redire. C’est plutôt un problème d’écriture (elle est souvent trop passive, et son trop grand nombre de compagnons a fait qu’il était impossible de donner un développement satisfaisant à chaque personnage sans que cela soit au détriment des autres). Et son côté bricoleuse à la McGiver pourtant si cool est totalement sous-exploité. Mais reste qu’elle est très attachante, et ses quelques moments de maladresse sociale de-ci de-là malgré son enthousiasme et son optimisme sont quelque chose avec lequel je peux aisément sympathiser. C’est la bonne copine avec qui on peut passer des heures à papoter en grignotant des biscuits tout en admirant la vue magnifique d’une nébuleuse.
Meilleur épisode : It Takes You Away, pire épisode : Legend of the Sea Devils

3) Ten – David Tennant

Ouais, j’ose ! J’ose ne pas le mettre premier ! D’accord, il est BG, mais sa BGitude est un peu trop banale, et puis ce n’est pas un critère pertinent ! (Mais si vous y tenez, je préfère les physiques atypiques et uncanny comme Matt Smith ou Tom Baker (quand il était jeune), sans oublier le gdilf ultime, Peter Capaldi ! Ouais, je trouve ces trois-là plus séduisants que Tennant, et alors, qu’est-ce tu vas faire ?) Reprenons. J’adore le dixième Docteur. C’est lors de son ère que ma fanatitude s’est cristallisée pour de bon, c’est une période dans laquelle j’aime me replonger avec une passion nostalgique infinie, malgré deux-trois trucs qui passeraient moins bien aujourd’hui. Il ne cesse de qualifier ses compagnons de « brillants » et les monstres les plus bizarres et terrifiants de « magnifiques ». C’est ce que j’apprécie le plus chez lui, cette capacité à déceler le bon et le beau en tout être et toute chose. Malgré tout, il y a un aspect plus sombre et glaçant, le fameux Seigneur du Temps Victorieux.
Meilleur épisode : Silence in the Library/Forest of the Dead, pire épisode : The Lazarus Experiment

2) Eleven – Matt Smith

AKA le mec qui a convaincu des milliers de geeks de porter des nœuds pap’ (voire des fez pour les plus déter) pendant au moins une décennie. J’en ai fait partie (et c’est plus contraignant que ça en a l’air !). Parfait équilibre entre Peter Pan et Merlin l’Enchanteur, on a affaire à un être incroyablement vieux doté d’un visage juvénile. Il a une garde-robe iconique, danse comme une girafe bourrée (c’est lui-même qui le dit !), mange du poisson pané à la sauce anglaise, et souffre de déficit de l’att…eh, là ! Un truc qui brille ! S’il y a une réplique de lui à retenir, c’est celle qu’il sort dans son premier épisode spécial A Christmas Carroll (je paraphrase) : « Pas importante ? Pas importante ! Ça alors, c’est une première, j’ai neuf cents ans, et pourtant je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui n’était pas important… » . Tout est dit.
Meilleur épisode : Vincent and the Doctor, pire épisode : A Town Called Mercy

1) Twelve – Peter Capaldi

Unpopular opinion ! En voilà un personnage difficile. Tout en lui, de ses expressions faciales à sa mentalité, en passant par les questions internes qui le tourmentent (« Suis-je un homme bon ? ») dessine un Docteur véritablement « alien », d’avantage que les autres. Pour cette raison, nombre de spectateurs ont été rebutés par cette incarnation, plus anguleuse et très socialement inapte. Néanmoins, beaucoup apprécient son originalité, son étrangeté, voire sa présentation morale plus frontalement grise, tandis que d’autres (comme moi) se retrouvent étonnement en lui. Se sentir comme un extraterrestre coincé sur Terre est un sentiment partagé par beaucoup de personnes neuroatypiques et pour cette raison, Twelve marche avec une partie du public, celle qui a l’impression de ne jamais « avoir les codes ». Même si en contrepartie, il y a un aspect un peu psychophobe dans le fait qu’un personnage montré comme acariâtre voire méchant évoque une neurodivergence (mais c’est plutôt un problème dans l’écriture de Moffat). C’est aussi celui dont l’ère est la plus contrastée (j’anticipe sur mon classement des épisodes, mais il se trouve que le pire comme le meilleur se côtoient avec ce Docteur).
Sinon, c’est un Dieu de la guitare !
Meilleur épisode : Heaven Sent, pire épisode : Kill the Moon

Les Showrunners

 

Voilà un sujet dont je ne mesurais clairement pas l’importance au début de mon aventure. Les showrunners donc. Il y en a eu trois. Que je ne vais pas départager, parce qu’honnêtement, j’en suis incapable. Ils ont tous trois apporté du bon et du moins bon, ont laissé parler leur créativité, tenté d’innover, d’imprimer leur patte, et en se voyant confier la responsabilité du monstre sacré qu’est Doctor Who ils en ont profité pour jouer avec, pour en accomplir leur vision rêvée. Aucun n’est évidemment sans reproche, et comme pour le personnage du Docteur, celui en cours se mange des critiques salées pendant que son prédécesseur se fait encenser. Malgré leur volonté de continuer d’inscrire la série dans le progressisme (oui, continuer, si vous pensiez que c’était nouveau vous vous fourvoyez méchamment), ils ont néanmoins fait preuve de maladresse en plus d’une occasion ou ont sacrifié la qualité de leur histoire pour suivre un agenda. Ça arrive. C’est pas rédhibitoire pour moi. Mais ça doit être relevé. Mettons-nous d’accord sur un point : là où ils échouent tous trois, c’est quand il s’agit de boucler leurs fils rouges. Juste qu’ils ne pêchent pas de la même façon : Russel T Davies balance de gros deus ex machina contrebalancés par une forte dose de tire-larme ; Steven Moffat tente vainement d’accrocher ensemble tous les éléments disséminés sur une ou deux saisons mais le résultat est rarement cohérent et tout est si tordu et si emberlificoté qu’environ 80% du public n’a rien compris ; et Chris Chibnall fait monter la sauce jusqu’au final en promettant des trucs énormes pour que ça retombe comme un soufflé made in Clara (qui n’est pas un personnage de son ère mais la comparaison marche quand même).

Russel T Davies – Les points notables :

- Il a ressuscité la série et on n’a pas fini de lui dire merci.
- Par contre, il a commis Torchwood et là je suis moins chaude pour les compliments
- Quand il veut toucher émotionnellement, il fait toujours mouche.
- Il parvient à faire passer des messages forts via des histoires pourtant simples.
- Pour ceux qui aiment ça : les effets spéciaux peut-être datés mais emprunts d’un charme rétro et une ambiance à la Buffy contre les vampires.
- On peut trouver quelque chose d’adorable même dans ses épisodes les plus grossiers.
- Zéro subtilité.
- À chaque fois que je veux faire découvrir à quelqu’un la série je redoute les haussements de sourcils en voyant Mickey mangé par une poubelle ou des aliens obèses pétomanes supposés représenter un gouvernement conservateur. Ou la tronche de Dalek Sec. Ou l’Absorbaloff. Ou le final de la saison 3.
- Des épisodes de Noël avec des sapins de Noëls tueurs qui lancent des boules explosives, des Pères Noëls tueurs armés de gros guns, des étoiles de Noël tueuses qui tirent des lasers, et des invasions aliens en tous genres.
- Meilleur épisode : Midnight, pire épisode : Tooth and Claw

Steven Moffat – Les points notables :

- Il se concentre d’avantage sur les mystères du Docteur que sur ses aventures.
- Une dimension cinématographique et grandiloquente.
- Ses intrigues sont tellement compliquées qu’elles provoquent des céphalées, peut-être que la Beeb a des actions dans le Doliprane, va savoir.
- Des épisodes de Noëls qui explorent la mythologie de cette fête et prennent une tournure de conte de fée défectueux mais qui finit quand même bien.
- Ses personnages (surtout féminins) sont souvent plus des énigmes sur pattes que de vraies personnes.
- Il est passé de : « J’ai casté Karen Gillan parce qu’elle est sexy mais ai rembarré une autre actrice parce qu’elle était trop ronde » à « Oui, Bill est lesbienne, et plutôt que de me féliciter vous devriez me reprocher de ne pas l’avoir fait plus tôt ! »
- Une fois, j’ai vu un fan art ou un médecin révélait à Moffat que son encéphale était en forme de labyrinthe, mais je n’arrive pas à le retrouver.
- Il n’a pas son pareil pour prendre un truc hyper banal (genre : cligner des yeux, écouter, respirer…) et en faire quelque chose de méga-flippant.
- Il crée des antagonistes de calibre légendaire.
- Mais il a tendance à les surexploiter et à leur faire perdre de leur impact (coucou les Anges !).
- Il aime explorer le thème du voyage dans le temps et ses mécaniques à un niveau très élevé même vis-à-vis des standards de la série.
- Meilleur épisode : Heaven Sent, pire épisode : The Caretaker

Chris Chibnall – Les points notables :

- Il aime prendre son temps. Il n’y a qu’à voir l’escalade des enjeux entre ses trois saisons, et la montée du dynamisme.
- Il redore le blason de personnages historiques obscures/oubliés.
- Il met beaucoup de personnages, du coup ils sont difficiles à gérer.
- Pas d’épisode de Noël. À la place, des épisodes de Nouvel An. Systématiquement avec des Daleks. Ce qui me fait penser qu’on ne les a jamais vu à Noël ceux-là. Peut-être que c’est à cause de l’album qu’ils ont enregistré.
- Il s’est courageusement décarcassé pour nous offrir une saison 13 potable malgré les circonstances, et en plus il a réussi au passage à rendre les Anges à nouveau effrayants.
- Meilleur épisode : Power of the Doctor, pire épisode : Legend of the Sea Devils

Les compagnons

 

Il est difficile de déterminer à partir de quoi un personnage secondaire peut-être considéré comme un compagnon. Personne n’est vraiment d’accord là-dessus et les listes ne reprennent pas tout le monde. Au point qu’on peut même distinguer des « compagnons principaux » et des « compagnons de compagnon ». Il y a ceux qui ne sont là que pour un épisode ou deux, ceux qui n’ont jamais mis les pieds dans le TARDIS, ceux qui s’en vont et qui reviennent… Pour être claire, voici ceux que j’ai décidé d’exclure du classement, indépendamment du degré de sympathie qu’ils m’inspirent, de la qualité de l’écriture autour d’eux ou de leur quantité de temps d’écran : Adam Mitchell, Jackie Tyler, K9, Jenny, Brian Williams, tout personnage de UNIT, le Pater Noster Gang, Danny Pink, tout mioche dont Clara a été la nounou/la prof, Grace O’Brien, Aaron Sinclair, les compagnons n’étant là que pour épisode spécial (Astrid Peth, Lady Christina…), Ashildr/Moi, Le TARDIS, Missy, les personnages de Flux. Et oui, j’ai vu des listes qui reprenaient ceux-là.

Les compagnons bof

Tout d’abord, il y a Mickey Smith, qui est traité comme un gros faire-valoir par tout le monde… et qui leur donne souvent raison. Du moins, au début. Au bout d’un moment, il s’aguerrit et devient plus affirmé, sortant de son statut de bouffon de service pour être carrément badass. Il en est presque attachant, et son parcours n’est pas déplaisant à suivre. Dans la catégorie des petits amis de la compagne principale, s’il fait pâle figure comparé à Rory, au moins ce n’est pas Danny Pink (qui était une bonne idée sur le papier mais mal exécutée et qui en ressort chiant comme la pluie). Il n’empêche que je n’aime pas le concept même du personnage qui n’est là (du moins à sa création) que pour que les autres se moquent de lui.

Ensuite, Ryan Sinclair. Oh, Ryan. Dire qu’au début, c’était mon préféré de l’ère Whittaker, en raison de sa dyspraxie (je suis autiste et mon mari est mal-entendant, autant dire que j’étais séduite par l’idée d’un compagnon handicapé). Hélas, cette dyspraxie fut vite oubliée et mise de côté pour ne ressortir que quand le scénario en avait besoin. Tu parles d’une déception ! Si au moins il y avait de quoi rattraper, mais non. Il passe sa première saison à bougonner sur ses daddy issues (ce qui sera réglé à la va-vite dans un épisode spécial avec un arc de rédemption trop rapide pour le papa en question à qui tout le monde pardonne parce qu’il a sauvé l’univers grâce à un micro-onde) et sa seconde à essayer de pécho la sœur de Yaz ou la nana random de l’épisode. Cela dit, j’aimerais lui accorder du crédit pour la scène où il rassure un alien parturient en lui disant que peu importe qu’il commette des erreurs auprès de son enfant, car au moins il sera présent pour lui. J’avoue que depuis que je suis moi-même maman cette phrase me donne du courage dans les moments de doute quant à mes compétences.

Les compagnons sympas

Wilfred Mott, l’adorable papy de Donna, n’est là que pour une poignée d’épisodes, mais qu’est-ce qu’il est attachant. J’ai hésité à le mettre dans la liste, c’est dire si le simple fait que je l’aies fait est parlant ! Je n’ai pas grand-chose à ajouter à part qu’on en veut tous un comme ça et que quand il pleure, je pleure aussi.
Et puis, il attaque des Daleks avec un pistolet de paint ball !

Sarah Jane Smith est aussi un cas sur lequel j’ai hésité, ici parce qu’elle est d’avantage une compagne de la série classique. Mais le spin-off qui lui est consacré (qui est indéniablement une série New Who) m’a convaincue qu’elle méritait d’être mentionnée ici. Je l’aime bien mais sans plus.
Et puis, elle a un rouge à lèvres sonique !

Comme tous les compagnons du treizième Docteur, Dan Lewis souffre d’être sous-exploité car faisant partie d’un trop grand groupe où personne ne peut être suffisamment développé (et en plus il apparaît dans la saison rabotée pour cause de raisons externes). Alors qu’on craignait un Graham bis, Dan est dans un tout autre registre, celui du comique de service, mais contrairement à Mickey on rit avec lui et non de lui. Son accoutrement de pirate kitsch sauverait presque un des pires épisodes.
Et puis, il assomme des Sontariens avec un wok !

Yazmin « Yaz » Khan était à ses débuts celle qui me branchait le moins parmi la mif de Thirtheen, je trouvais qu’elle était la deutéragoniste générique par excellence, ce qui n’était pas très palpitant (même si ça doit effectivement être sympa de boire du thé chez elle). À l’inverse de son compère Ryan, mon affection pour elle a crû avec le temps, sans doute en raison de la belle alchimie entre Mandip Gill et Jodie Whittaker et la progression subtile et douce de la relation de leurs personnages. Hélas, beaucoup de choses intéressantes sont effleurées sans être assez creusées : cette relation justement, qui aurait pu être plus, ou encore les soucis de santé mentale de Yaz, dont j’ai l’impression qu’on me les a bien teasés mais qui ne sont abordés que dans un seul épisode. N’empêche que j’ai fini par beaucoup l’aimer.
Et puis, son nom de famille me permet de faire des blagues en rapport avec Star Trek !

Graham O’Brien, de la même Team TARDIS, est celui qui s’en sort le mieux. Son arc de deuil de son épouse est le plus solide et le plus constant. Sa relation avec son petit-fils par alliance Ryan fait chaud au cœur et il est plus décontracté et snarkeur qu’aux premiers abords. Malheureusement, il souffre comme les autres d’être mis sur le côté trop souvent car faisant partie d’une équipe trop nombreuse.
Et puis, il s’est fait passé pour Steve Jobs !

Clara Oswald… oh my stars, Clara. J’ai eu le coup de foudre pour elle lors de son premier épisode, surtout avec son sort plus que tragique. La hype est ensuite retombée dès le suivant, où son côté trop parfait m’a fait décrocher. L’arc de la Fille Impossible, intéressant mais bâclé, a jeté le gros projecteur sur un des défauts d’écriture de Moffat : des compagnons qui sont d’avantage des dispositifs scénaristiques, des mystères ambulants que le Docteur veut à tout prix élucider, que de véritables individus tangibles et rattachables. Ce n’était pas une première, mais là c’était flagrant et chez moi ça a franchi un seuil de tolérance. Cela s’est grandement amélioré avec Twelve, avec qui Clara fonctionne mieux, même si elle m’agaçait par moments. Puis arriva l’épisode de sa mort, à la fois très stupide et très belle, et une conclusion au poil pour le personnage…ce qui fut gâché dans le final. Après, je ne nierai pas que Jenna Coleman a un magnétisme de dingue !
Et puis, elle a probablement galoché Jane Austen !

Et pour finir, il y a Rose Tyler, qui me fait le même effet que le Docteur de Christopher Eccleston : avoir été là lors de mon entrée dans la série lui assure mon affection par le prisme de la nostalgie. Je me souviens que je l’adorais au premier visionnage, mais avec le temps je ne peux m’empêcher de voir ses traits de caractère les moins reluisants, comme la manière peu charitable dont elle traite Mickey ou sa jalousie mal placée envers Sarah Jane ou Martha. Force est de constater que je ne suis plus aussi émue par la fin de la saison 2 et que sa romance avec Ten me fait moins frissonner qu’avant. Il reste qu’elle est pétillante et apporte de la fraîcheur par sa simple présence, comme si elle émettait un rayonnement qui rend heureux.
Et puis, elle a gagné dix livres en faisant dire à la reine Victoria « Nous ne sommes pas amusée ! »

Les compagnons géniaux

La pauvre Martha Jones est probablement la compagne la plus sous-cotée. Y compris par le Docteur qui la compare à Rose de manière vraiment injuste, et par les scénaristes pas fichus de lui offrir des intrigues à la hauteur de son potentiel. Je la trouvais sympa sans plus, mais n’arrivant pas à la cheville de sa prédécesseuse, et c’est encore une opinion sur laquelle je suis revenue au fur et à mesure de mes nombreux revisionnages. Elle est brillante, courageuse, et elle a eu le bon sens de guérir de son crush sur quelqu’un qui la calculait à peine et de se casser avant que cela ne la perde. Elle n’a jamais réussi à s’imposer dans la série (et curieusement, elle y parvient plus facilement dans Torchwood) et c’est bien dommage. Heureusement, alors qu’à une époque elle était détestée par une partie du fandom (surtout les shippers de Ten/Rose), aujourd’hui de plus en plus de gens essaient de redorer son blason et déplorent toutes ses occasions manquées. À la bonne heure !

Nardole, le seul non-humain de cette liste (d’ailleurs, qu’est-il au juste ? Il est en partie robot, puisqu’il lui arrive de perdre des boulons, mais au-delà de ça…) est un cas particulier. Il n’était pas prévu qu’il soit un personnage régulier et je n’attendais pas grand-chose de lui à sa première apparition (où on sent que son caractère n’est pas encore bien défini et où son accoutrement m’évoque Eric Cartman). Et voilà que dans la saison 10, il est non seulement récurrent et forme avec Bill et le Docteur un trio qui fonctionne, mais on découvre que son apparente bonhommie cache à la fois un dur à cuire qui a bien roulé sa bosse et a vécu mille aventures, et un bon plaisantin à la répartie cinglante qui n’hésite pas à user de ses meilleures punchlines sur l’autre Seigneur du Temps borné. Une scène avec Nardole est toujours une bonne scène !

Parlons du Capitaine Jack Harkness, l’un des deux compagnons « occasionnels », dont les participations sont étalées sur une dizaine de saisons. Comme Sarah Jane, il a eu droit à son propre spin-off, mais je l’y trouve moins sympathique (mais il est à noter que je ne kiffe pas grand-chose dans Torchwood). Dans la série mère, c’est un personnage plus détendu, taquin, et agréable à côtoyer, le Monsieur Muscles à la gâchette facile de toute Team TARDIS qu’il intègre (le fait qu’il soit littéralement increvable aide aussi), ainsi qu’un joyeux libertin pansexuel et exobiophile qui quand il dit « bonjour » est déjà en train de flirter. Contrairement à beaucoup, je ne suis pas en pâmoison devant ce bellâtre aux yeux bleus envoûtants (Et voilà, elle recommence ! Déjà qu’elle est insensible aux charmes du Tennant…) mais je trouve quand même que Jack, par sa simple présence, ajoute une plus-value à chaque épisode dans lequel il apparaît (et pourtant il y en a de très mauvais dans le lot). Avec les polémiques autour de son interprète, on ne risque pas de le revoir dans la nouvelle nouvelle série, du moins pas sous cette forme (non, mais par contre, j’aimerais savoir pourquoi il finit en tête géante télépathe dans un bocal, je veux des réponses !!!)

Amelia « Amy » Pond présente le classique problème des héroïnes moffatiennes d’être avant-tout un dispositif scénaristique, mais dans son cas, c’est un peu mieux dosé qu’avec Clara. Elle a plus d’aspérités (qu’on montre plutôt que de nous en informer au détour d’un dialogue) et donne l’impression d’être une vraie personne. Elle aussi m’irrite par moments, et je ne suis fan ni de son traitement de Rory, ni de la scène où elle tente de s’envoyer en l’air avec un Docteur qui comprend à peine où elle veut en venir et est encore moins consentant mais hihi, quand c’est une fille c’est pas du tout une agression mais une femme forte qui prend des initiatives, hihi (au moins, Moffat a avoué regretter avoir écrit cette scène rétrospectivement, bien à lui). Maintenant que j’ai évacué ce qui me chagrine avec Amy, passons à pourquoi je l’aime : parce qu’elle est rousse, Écossaise, effrontée, et parce qu’elle est une relecture astucieuse de Wendy Darling. Elle l’a tant attendu, son Peter Pan alien, attendu qu’il l’emmène après la seconde étoile à droite, mais après bien des aventures avec lui, elle a grandi et a compris que c’était avec un simple mortel qu’elle vivrait vraiment, pas avec le gamin millénaire qui ne vieillit pas. Néanmoins, ce dernier est quand même revenu pour sa fille…

Ah, tiens, justement, parlons-en, de River Song, ou Melody Pond (qui est une super-héroïne, alors que Melody Williams, c’est une prof de géographie !). Je ne vais pas me répéter quant aux problèmes d’écriture de Moffat pour les personnages féminins, qui m’embêtent autant ici qu’avec Amy et Clara. River a un très bon départ et une très belle sortie (je parle de l’ordre de diffusion des épisodes, pas de celui dans laquelle elle a vécu les évènements) : j’adore son entrée avec le sublime double-épisode de la Bibliothèque, ou d’emblée elle présente un concept intéressant et qui aura fait se creuser les méninges pendant plusieurs années : elle voyage dans le temps, mais pas dans le même ordre que les protagonistes, elle connaît le Docteur, mais dans le futur de celui-ci qui est son passé à elle, plus il apprend à la connaître, moins elle en sait sur lui, et vice versa. J’aime aussi son épisode final, qui même si en lui-même est assez cheesy et un plaisir coupable lui offre un beau chant du cygne. C’est tout ce qu’il y a entre les deux qui est gâté pour toutes les habituelles moffateries (mais là encore, je ne vais pas me mettre à radoter). River est aussi l’autre compagnon occasionnel (comme Jack), mystérieuse, entreprenante, à l’existence tragique, consciente de la chimère qu’est d’être amoureuse du Docteur mais néanmoins prête à tout pour lui. Et une preuve définitive que les archéologues de fiction n’ont pas leur pareil pour botter des culs.

Les compagnons goat

J’ai fait la mère et la fille, il me faut maintenant aborder le père de la famille Pond, Rory Williams, Rory le Romain, Roranicus Pondicus, le dernier centurion, etc. C’est lui le simple mortel pour qui bat le cœur d’Amy (même si elle a parfois une étrange manière de le montrer), et il a bien du mérite de rester si énamouré d’elle (pour ne pas dire qu’il est Amysexuel) malgré ce qu’elle lui fait endurer, malgré ce que le Docteur lui fait endurer, et malgré ce que l’univers tout entier lui fait endurer. Il était parti pour être une redite de Mickey, mais ne perd pas de temps à démontrer son intention de s’affirmer. Il est encore plus difficile à tuer que Jack, est prêt à tous les sacrifices, est d’une loyauté indéboulonnable et n’hésite pas à flanquer un direct dans la tronche du Docteur (ou de coller un pain à Hitler en personne avant de l’enfermer dans un placard). De manière générale, il est la voix de la raison, celui qui garde les pieds sur Terre (ou autre planète ou vaisseau ou station spatiale du moment), ce qui contrebalance le Docteur et Amy qui sont plus téméraires mais aussi déraisonnables pour ne pas dire inconscients. On pourrait craindre qu’un trio (voire quatuor quand River se joint à la partie) plutôt qu’un duo crée un déséquilibre (comme avec les Team TARDIS de Chibnall), mais Rory a toujours su prouver qu’il n’était pas en trop et trouver sa place entre son impétueuse dulcinée et leur…gendre.

Moffat y aura mis le temps, mais il a quand même fini par trouver la bonne formule avec Bill Potts. Rien que pour le sentiment de fraîcheur, on apprécie d’avoir enfin pour compagne une Madame Tout-le-Monde et non une super-woman aux origines alambiquées qui va intriguer le Docteur et le mener pour le bout du nez façon « girl boss ». Bill est ce qu’il y a de mieux en terme de personne ordinaire à qui il arrive des choses extraordinaires. Elle n’est pas la love interest du Docteur, et si elle devient progressivement sa meilleure amie, leur relation est avant tout celle d’un professeur et de son étudiante, sans ambiguïté, et sans la présenter comme inférieure à lui (à part qu’elle a des devoirs à lui rendre…). La décrire comme ordinaire ne signifie en rien qu’elle est dépourvue d’intérêt, car elle est attachante, vive d’esprit et n’a pas sa langue dans sa poche. Ce qui m’a plu d’emblée chez elle est sa capacité à faire des commentaires à la limite du méta et à poser des questions étonnamment pertinentes (comme de demander pourquoi « TARDIS » est un acrostiche conçu pour fonctionner dans une langue terrienne). Je déplore tout au plus que, quitte à avoir un personnage ouvertement gay et lui donner sa propre romance à part, la petite amie en question n’apparaît que dans deux épisodes et ne semble là que pour jouer ce rôle. En tous cas, la saison 10 est ma préférée de l’ère Capaldi et Bill en est la raison principale. Et je crois que le Docteur serait d’accord avec moi si j’affirme qu’elle lui a fait du bien après la perte de Clara et du souvenir de cette dernière.

On pourrait croire que j’ai un faible pour les compagnons qui ne sont pas là pour flirter avec le Docteur. En fait, je m’en fiche plutôt bien, mais je reconnais que l’absence des complications qu’amène ce genre de relation particulière évite qu’on ait des intrigues parasitées par des sentiments tortueux, et donc ça aide à avoir des personnages qu’on peut apprécier indépendamment d’un couple dont ils feraient partie. Donna Noble n’hésitera pas à rappeler qu’elle n’a aucun intérêt romantique envers le Docteur, et qu’elle est définitivement sa BFF. En vrai, si je devais relever un dénominateur commun entre Donna, Bill et Rory, c’est que ce sont à la base des individus lambda qu’on ne soupçonnerait pas un instant d’être capables de sauver l’univers, et qui nous estomaqueront d’autant plus le jour où ils le feront. Ce qui touche le plus à propos de Donna, c’est à quel point elle est la première à se dévaloriser. Elle ne croit pas en elle-même, a le sentiment de ne pas compter (bien qu’elle soit extrêmement fière d’être la dactylo la plus rapide de Chiswick). C’est une grande gueule, elle est sanguine, entière, elle remet le Docteur à sa place et balance de la répartie au vitriol comme personne. Mais elle n’a pas conscience de sa propre valeur et se voit comme peu de chose à l’échelle de l’univers. Le Docteur lui prouvera qu’elle a tort sur ce point. J’éviterai de revenir sur son retour dans la trilogie des soixante ans, car si on n’en tient pas compte, son sort est le plus tragique et le plus douloureux de toute la série.

Les arcs narratifs

 

Qui correspondent souvent mais pas systématiquement aux saisons, ce pourquoi je préfère les aborder ainsi. Pas de classement ici, juste un avis rapide.

Gallifrey

Probablement le plus long et le plus distillé de la New Who…et celui avec lequel les showrunners font ce qu’ils veulent quitte à se retconner les uns les autres. La prémisse de la Guerre du Temps est excellente pour poser un contexte avant la saison 1, mais depuis, on est bien trimballés dans tous les sens avec cette planète qui n’existe plus mais en fait si mais elle est gelée dans le temps et puis elle ne l’est plus et puis le Maître fait tout péter etc.

Le Grand Méchant Loup

L’idée est sympa et le fil rouge est plutôt bien dosé, mais pourquoi ce nom ? Puisque ça s’est auto-créé, d’où ça vient ? Ou alors c’est juste parce que ça sonne bien et puis basta.

Torchwood

J’ai dû aller voir sur un Wiki pour réaliser que c’était ça, l’arc de la saison 2. Et donc, le but était de préparer le terrain pour un spin-off. Meh.

Votez Saxon !

Autant la résolution finale est l’une des pires, autant ce fil rouge est bien amené, bien exploité, et une excellente façon de réintroduire un antagoniste culte.

La Cascade de Méduse

C’est brillant, notre attention est tellement accaparée par Rose ou par les commentaires en apparence anecdotiques de Donna à propos des abeilles qu’on ne remarque pas l’élément récurrent de la saison qui sont les planètes qui disparaissent.

« Il frappera quatre fois »

Comme si on n’allait pas deviner à qui cette prophétie fait référence…

Les failles temporelles

Plutôt malin d’y consacrer le tout premier épisode de la saison en nous faisant croire qu’il ne s’agit que de l’alien de la semaine avec une intrigue qui se suffit à elle-même, pour ensuite nous faire doucement réaliser qu’il y a plus. Un peu moins fan du manque de subtilité pour rappeler le motif d’un épisode à l’autre.

Le Silence tombera

Des créatures iconiques qui ont conservé leur aura même une décennie plus tard, un mystère haletant… mais les révélations à propos des tenants et des aboutissants gâchent tout. Et surtout, j’ai dit que River avait une bonne entrée et une bonne sortie, mais que le milieu n’était pas terrible…eh bien on est en plein dedans !

La fille impossible

Concept très intéressant mais trop vite expédié. L’obsession du Docteur pour Clara n’aide pas à me faire attacher au personnage au centre du mystère, qui devient à la fois une Miss Zéro Défaut trop lisse et une énigme ambulante.

La Terre Promise

Bon, l’identité de Missy est loin d’être une révélation ébouriffante, on l’avait vu venir. Mais entre la prestation grandiose de Michelle Gomez qui joue les Mary Poppins maléfiques et l’horreur absolue de la finalité de son plan, il n’y a pas grand-chose à déplorer. Ah si : que tout finisse par s’articuler autour de Danny Pink, le personnage chiant comme la pluie.

L’Hybride

Si on se concentre purement sur la nature de l’Hybride et la Prophétie des Seigneurs du Temps à son sujet, c’est franchement décevant et un peu brouillon, avec un goût de « tout ça pour ça ». Mais si on décide de voir le tout comme une métaphore de la relation co-dépendante et toxique entre le Docteur et Clara, c’est tout de suite plus intéressant et tragique.

Le Coffre

Encore une fois, on a un mystère dont la révélation n’est pas folichonne, et encore une fois, ça concerne Missy. Mais à ce stade, je ne crois pas que le but était de nous surprendre. L’idée d’une incarnation du Maître qui aspire à revenir dans le droit chemin et se bat contre ses démons est en revanche fichtrement intéressante. Sans oublier un final horrifique avec, encore une fois, des Cybermen. La partie avec les Moines, par contre, bleh !

Les Stenza

Je suppose que Tsim-Sha qui revient à la toute fin pour se venger, ça compte pour un arc ? J’ai plutôt l’impression que Chibnall voulait faire sa première saison sans fil rouge histoire de poser son ambiance avant de passer aux choses sérieuses. Ou alors, il y a le deuil provoqué par la mort de Grace, c’est sans doute mieux comme thème en filigrane.

L’Enfant Intemporelle


Sans doute le plus polarisant de toute la New Who. Pour ma part, je ne trouve pas que ça gâche quoi que ce soit à l’idée que je me fais de la série, au contraire, je vois la définition de celle-ci qui s’agrandit. La façon dont c’est traité par contre…

Le Flux

Une grosse surenchère au niveau des enjeux, ce qui est casse-gueule de base. La résolution n’est pas faramineuse, mais c’est pas pire que la façon dont le Maître est vaincu en fin de saison 3. En revanche, ce qui sonne vraiment mal, c’est le manque de conséquences de tout ça dans les épisodes suivants.

Les Spin-Off

 

Version courte : le pire c’est Torchwood, le meilleur c’est Sarah Jane Adventures, quant à Class, c’était prometteur mais comme ça a été annulé après une unique saison on ne le saura jamais.

Bon, version longue :

Il y a un truc de mal digéré à propos de ce qui fait une œuvre adulte, dans le sens « mature » j’entends. Certains semblent considérer que mettre des éléments non-adaptés à un public jeune (sexe, vulgarité, violence, gore…) rend une œuvre mature, et donc plus profonde. Alors que les œuvres destinées à la jeunesse seraient forcément trop lisses, édulcorées et moins intéressantes. C’est tellement faux. C’est faux à une puissance incommensurable.

Et pourtant, je me souviens d’une époque, il y a une dizaine d’années, où l’on était en pleine période Torchwood, et où j’avais assisté à des débats enflammés pour déterminer si cette série était meilleure que Doctor Who. Parce que ce spin-off est tellement dark et mature, et tout le monde baise, et tout le monde est bisexuel c’est trop avant-gardiste tu vois ? Alors que la série-mère, tout public, c’était forcément moins intense, et puis le Docteur il est chaste, c’est tout juste s’il fait des bisous à sa compagne, alors que Jack il ken tout ce qui bouge, et il est trop torturé. Et puis Doctor Who, c’est trop humoristique, et pas assez gore, et bla et bla, et blablabla… Je m'appelle Ebony Darkn'ss Dementia Raven Way

Disons-le tout de go : la maturité d’une œuvre ne tient pas aux sujets qu’elle aborde, mais à la manière dont elle les aborde. Et Torchwood, la majorité du temps, traite ses sujets de manière immature. Cette série qui se présente comme s’adressant aux adultes de la fanbase donne au final l’impression d’être faite pour les ados qui jouent aux adultes. C’est racoleur et dans la surenchère gratuite, et parfois d’un extrême mauvais goût. Et si, l’infidélité conjugale ou les relations sexuelles non consenties restent des attitudes débectantes même quand leur auteur n’est pas hétéro ! De plus, les personnages sont au mieux tolérables mais trop en retrait (Ianto et Tosh), au pire Owen qui est vraiment immonde. Jack est bien moins avenant que dans la série-mère et Gwen est juste exaspérante. Je préfère ne pas parler des persos secondaires. Il y a quelques bons épisodes et quelques arcs intéressant, telles des fleurs s'épanouissant sur un tas de fumier, mais c’est léger. Après, quand on voit à quoi ressemblaient les autres séries de l’époque, on peut dire que c’était dans l’air du temps. La meilleure saison (et la seule qui mériterait vraiment un revisionnage) est la troisième, en plus il y a Peter Capaldi ! Mais en ce qui me concerne, je passerai mon tour. Je n’aimais déjà pas voir des enfants souffrir avant mais depuis que j’en ai un à moi, j’ai constaté que je n’arrivais plus à encaisser ce genre de choses, et j’ai trop peur de faire un melt-down.

Sarah Jane Adventures, en revanche, est de bonne facture. C’est certes plus enfantin, mais ça ne prend pas son public pour des dégénérés à qui il ne faut rien dire/dire n'importe quoi. Les histoires sont efficaces et intelligentes, et certaines parviennent même à glacer le sang. L’écriture est beaucoup mieux maîtrisée que dans Torchwood. Si certains personnages sont un peu trop lisses, au moins ils sont attachants (à part une gamine pénible dans le pilote, mais elle ne reste pas longtemps), même les plus emmerdants ne le sont pas à l’excès. Malheureusement, avec la mort d’Elisabeth Sladen, la série a été clôturée après cinq saisons (dont la dernière a été raccourcie mais tient quand même la route). Ça mérite d’être vu, et il est dommage qu’il n’y ait jamais eu de VF (je me rappelle avoir signé une pétition qui circulait durant une convention de Moffat à la Japan Expo de Paris en 2011, mais il n’y a jamais eu de suite). Et ça donne envie de regarder les épisodes de Classic Who avec Sarah Jane.

Class, quant à elle, s’adressait plutôt aux adolescents et n’hésitait pas à toucher aux sujets délicats, et il y avait un peu de gore graphique, mais cela restait dosé de manière raisonnable, sans jamais tomber dans le racolage. Par faute d’audience, la série s’est vue annulée après sa première saison, qui n’était pas faramineuse mais qui semblait néanmoins être un bon point de départ. C’est bien dommage.

Tier Lists des épisodes

 

Ils sont tellement nombreux que j’ai décidé de diviser le tout en quatre parties, selon deux critères : le cœur et le cerveau. Le critère du cœur permet de séparer les épisodes que j’aime et ceux que je n’aime pas, indépendamment de leurs qualité. Je me posais des questions comme « Est-ce que je passe un bon moment ? », « Est-ce que j’ai envie de le revoir ? ». Le critère du cerveau consiste justement à faire le tri selon la qualité. Pas de manière objective, car cela m’est impossible. Je considère qu’un épisode est bon quand il cumule un certain nombre d’éléments qui (selon moi, avec toute la subjectivité que cela implique) devraient assurer la qualité. Ce qui ne veut pas dire que je vais aimer. Il y a des épisodes qui sur le papier ont tout pour me plaire mais devant lesquels je m’ennuie comme un rat mort. Et d’autres dont, à l’inverse, je sais qu’ils sont mauvais mais que je ne peux m’empêcher d’aimer (ce qu’on appelle des plaisirs coupables). Les combinaisons de ces deux critères résultent en quatre catégories.
Je ne vais pas donner un avis détaillé sur chaque épisode, cet article est déjà assez long.

Je me contenterais de faire quelques remarques :

-Si vous avez lu mes précédents articles sur Doctor Who, vous risquez d’être surpris en de nombreuses occasions, car mon opinion sur certains épisodes a diamétralement changé.
-Dans les épisodes que je considère bons, il y a qui ne le sont pas tant que ça (même selon mes critères personnels) mais qui gagnent des points grâce au contexte (exemple-type : Rose, qui a servi de tremplin à tout ce qui vient après et que je ne peux donc pas voir comme un mauvais épisode malgré toutes les avanies que je lui trouve). L’inverse est aussi possible.
- Vous vous rendrez vite compte que la qualité des effets spéciaux ne pèse pas lourd dans ma balance (en plus, il y a des fois où j’entends tout le monde dire que c’est moche et/ou mal fichu, mais moi je ne remarque rien, il doit me manquer des synapses ou un truc, je sais pas…). Sauf pour Lazarus, faut pas déconner non plus !

1) Les véritables bons épisodes

Fantastic!

Heaven Sent (Descente au Paradis)
Vincent and the Doctor (Vincent et le Docteur)
Silence in the Library/ Forest of the Dead (La Bibliothèque des Ombres 1&2)
Blink (Les Anges Pleureurs)
Midnight (Un Passager de Trop)
World Enough and Time/ The Doctor Falls (L’Éternité devant Soi/Le Docteur Tombe)
Turn Left (Le Choix de Donna)
The Eleventh Hour (Le Prisonnier Zéro)
Mummy of the Orient Express (La Momie de l’Orient Express)

Brilliant!

The Girl in the Fireplace (La Cheminée des Temps)
Dalek (Dalek)
The Pilot (Le Pilote)
Flatline (À Plat)
It Takes You Away (De l’Autre Côté)
Bad Wolf (Le Grand Méchant Loup)
A Christmas Caroll (Le Fantôme des Noëls Passés)
The Waters of Mars (La Conquête de Mars)
Face the Raven (Le Corbeau)
Power of the Doctor (Le Pouvoir du Docteur)
Kerblam! (Kerblam !)
The Rebel Flesh/ The Almost Poeple (La Chair Vivante 1&2)
Time Heist (Braquage Temporel)
Demons on the Punjab (Les Démons du Pendjab)
Fugitive of the Judoon (Le Contrat des Judoons)
Human Nature/ Family of Blood (La Famille de Sang/Smith, la Montre et le Docteur)
Dark Waters (La Nécrosphère)

Molto Bene!

The Empty Child/The Doctor Dances (Drôle de Mort/ Le Docteur Danse)
The End of the World (La Fin du Monde)
New Earth (Une Nouvelle Terre)
Gridlock (L’Embouteillage Sans Fin)
Planet of the Ood (Le Chant des Oods)
Utopia (Utopia)
Eve of the Daleks (Le Réveillon des Daleks)
The Doctor’s Wife (L’Âme du TARDIS)
The Haunting of Villa Diodati (Apparitions à la Villa Diodati)
The Name of the Doctor (Le Nom du Docteur)
Spyfall 1&2 (La Chute des Espions 1&2)
The Girl Who Waited (La Fille qui Attendait)

Come along, Pond!

The Impossible Planet (La Planète du Diable 1)
Smith and Jones (La Loi des Judoons)
School Reunion (L’École des Retrouvailles)
Sound of the Drums (Que Tapent les Tambours)
Amy’s Choice (Le Seigneur des Rêves)
The Woman Who Fell to Earth (La Femme qui Venait d’Ailleurs)
Twice Upon A Time (Il était deux Fois)
Nikola Tesla’s Night of Terror (La Nuit de Terreur de Nikola Tesla)
The Doctor’s Daughter (La Fille du Docteur)

A tea at Yaz

Thin Ice (La Foire des Glace)
Partners in Crime (Le Retour de Donna Noble)
Smile (Souriez)
Army of Ghosts/Doomsday (L’Armée des Ombres/Adieu Rose)
Rose (Rose)
Day of the Doctor (Le Jour du Docteur)
Extremis (Extremis)
Village of the Angels (Le Village des Anges)
The Snowmen (La Dame de Glace)
The Pandorica Opens (La Pandorica s’Ouvre 1)
Under the Lake/Before the Flood (Au Fond du Lac/Avant l’Innondation)
Rosa (Rosa)
Asylum of the Daleks(L’Asile des Daleks)
Hide (Le Fantôme de Caliburn)

2) Les plaisirs coupables

Bow ties are cool!

The Long Game (Un Jeu Interminable)
The Beast Below (La Bête des Bas-Fonds)
The Angels Take Manhattan (Les Anges Prennent Manhattan)
The Unicorn and the Wasp (Agatha Christie Mène l’Enquête)
The Runaway Bride (Le Mariage de Noël)
The Tsuranga Conundrum (Le Casse-Tête de Tsuranga)
The Husbands of River Song (Les Maris de River Song)
Love and Monsters (L.I.N.D.A.)
The Ghost Monument (Le Monument Fantôme)
The Crimson Horror (Le Cauchemar Écarlate)
The Parting of the Ways (À la Croisée des Chemins)
Father’s Day (Fêtes des Pères)
The Shakespear Code (Peines d’Amour Gagnées)
Knock Knock (Toc, Toc)
Can You Hear Me ? (Vous m’Entendez ?)
The Timeless Children (Les Enfants Intemporels)
The Girl Who Died/The Woman Who Lived (La Fin d’une Vie/Une Vie sans Fin)
The Halloween Appocalypse (L’Apocalypse d’Halloween)

Geronimoooo!

The Idiot’s Lanturn (L’Hystérique de l’Étrange Lucarne)
Journey to the Center of the TARDIS (Voyage au Centre du TARDIS)
Into the Dalek (Dans le Ventre du Dalek)
Voyage of the Damned (Une Croisière Autour de la Terre)
The Stolen Earth/Journey’s End (La Terre Volée/ La Fin du Voyage)
Let’s Kill Hitler (Allons Tuer Hitler)
Curse of the Black Spot (La Marque Noire)
Vampires of Venice (Les Vampires de Venise)
Death in Heaven (Mort au Paradis)
Hell Bent (Montée en Enfer)
Boom Town (L’Explosion de Cardiff)

Allons-y !

The Next Doctor (Cyber-Noël)
42 (Brûle Avec Moi)
Once, Upon Time (Il n’était pas une Fois)
Survivors of the Flux (Survivants du Flux)
The Vanquishers (Les Conquérants)
The Witchhunters (Les Chasseurs de Sorcières)
In the Forest of the Night (Promenons-nous dans les Bois…)
The Wedding of River Song (Le Mariage de River Song)
The Big Bang (La Pandorica s’Ouvre 2)

Soufflé made in Clara

Last of the Time Lords (Le Dernier Seigneur du Temps)
The Eaters of Light (Les Mange-Lumière)
Time of Angels (Le Labyrinthe des Anges 1)
The Rings of Akhaten (Les Anneaux d’Akhaten)

3) Les chefs-d’œuvres boudés

Je m’ennuie devant, et croyez-le, ça me fait complexer à mort !

What?

The God Complex (Le Complexe Divin)
Fires of Pompeii (La Chute de Pompéi)
The Satan Pit (La Planète du Diable 2)
Last Christmas (Douce Nuit)
The Magician’s Apprentice/ The Witch’s Familiar (Le Magicien et son Disciple/La Sorcière et son Pantin)
The Zygon Invasion/The Zygon Inversion (Vérité ou Conséquences 1&2)

Stop it.

Deep Breath (En Apnée)
The Hungry Earth/Cold Blood (La Révolte des Intraterrestres 1&2)
The Sontaran Experiment/ The Poison Sky (A.T.M.O.S. 1&2)
The Return of Doctor Mysterio (Le Retour du Docteur Mysterio)
Empress of Mars (L’Impératrice de Mars)

Oh, for God’s sake…

Rise of the Cybermen/The Age of Steel (Le Règne des Cybermen 1&2)
Dinosaurs on a Spaceship (Des Dinosaures dans l’Espace)
The Power of Three (L’Invasion des Cubes)
The Bells of Saint John (Enfermés dans la Toile)
Time of the Doctor (L’Heure du Docteur)
Robots of Sherwood (Robot des Bois)
Oxygen (Oxygène)
War of the Sontarans (La Guerre des Sontariens)

Shut up!

The Unquiet Dead (Des Morts Inassouvis)
The Impossible Astronaut/ Day of the Moon (L’Impossible Astronaute 1&2)
A Good Man Goes to War (La Retraite du Démon)
Ascension of the Cybermen (L’Ascension des Cybermen)

4) Les véritables mauvais épisodes

Quand mon cœur et mon cerveau sont d’accord pour dire que ça craint…

Please, stop that…

Night Terrors (Terreurs Nocturnes)
The Christmas Invasion (L’Invasion de Noël)
Nightmare in Silver (Le Cyberplanificateur)
Flesh and Stone (Le Labyrinthe des Anges 2)
Praxeus (Praxeus)
Resolution (Résolution)
Victory of the Daleks (La Victoire des Daleks)
Planet of the Dead (Planète Morte)

Beans are evil. Bad bad beans!

The End of Time 1 & 2 (La Prophétie de Noël 1&2)
Tooth and Claw (Un Loup-Garou Royal)
The Pyramid at the End of the World (La Pyramide de la Fin du Monde)
Daleks in Manhattan/ Evolution of the Daleks (L’Expérience Finale/ DGM : Dalek Génétiquement Modifié)
Aliens of London/World War Three (L’Humanité en Péril/Troisième Guerre Mondiale)

Run for your life!

Fear Her (Londres 2012)
The Doctor, the Widow and the Wardrobe (Le Docteur, la Veuve et la Forêt de Noël)
The Lies of the Land (La Terre des Mensonges)
Orphan 55 (Orphan 55)
Arachnids in UK (Arachnides aux Royaumes-Unis)
The Lodger (Le Colocataire)
Closing Time (Tournée d’Adieux)
Revolution of the Daleks (La Révolution des Daleks)
Cold War (Destruction Mutuelle Assurée)

Exterminate!

The Battle of Ranskoor Av Kolos (La Bataille de Ranskoor Av Kolos)
Listen (Jamais Seul)
The Caretaker (Le Gardien)
The Lazarus Experiment (L’Expérience Lazarus)
Legend of the Sea Devils (La Légende des Démons des Mers)
A Town Called Mercy (La Ville de la Miséricorde)
Sleep No More (Dans les Bras de Morphée)
Kill the Moon (La Première Femme sur la Lune)

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Sommaire Whoniverse

Ecrit par Campanita, à 15:30 dans la rubrique "Séries Télé".
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Lundi (13/05/24)
J’ai joué à Princess Peach Showtime
--> Stella Artois présente sa propre Pêcheresse pour contrer le crû cépage Syrah

J’ai joué à pas mal de jeux depuis mon dernier article dans cette catégorie. Oui, je vais en écrire un sur Tears of the Kingdom, même si c’est avec un an de retard, promis ! Par contre, c’est beaucoup trop tard pour que je parle des derniers Pokémon ou de Luigi’s Mansion 3, alors faites une croix dessus (mais je les ai grandement appréciés). Pourtant, le dernier cité à quelques points communs avec celui dont on va parler aujourd’hui, du moins dans sa construction.


Tout comme le troisième volet des aventures solos du lion peureux à casquette verte débutait par celui-ci recevant une invitation pour un séjour dans un hôtel de luxe qui se révèlera être un traquenard, nous voyons ici Peach se faire convier à un spectacle de théâtre avec entourloupe à la clef. La princesse du Royaume Champignon se trimballe également les mêmes bagages roses (cette fois heureusement, elle n’en a pas pris trouze mille qu’elle inflige de porter aux Toads…quoi que je m’en fiche, j’ai jamais pu saquer ces bolets à la voix irritante, qu’elle les fasse trimer !). Alors qu’elle avait à peine fait checker ses tickets, voilà qu’un grand fracas magique expédie ses laquais hors du bâtiment, et sa couronne avec. Les portes se scellent, l’enfermant à l’intérieur du théâtre désormais sous le contrôle de la sorcière Syrah qui veut transformer toutes les pièces en tragédies et a emprisonné leurs Étincellistes (les acteurs vedettes). La fée étincelle Stella qui ressemble à la fusion de Lisa Simpson et d’une déco de Noël arrive en pleurant et supplie Peach de les aider. La princesse n’hésite pas un seul instant et accepte avec joie.

Elle va pour cela devoir jouer le rôle principal dans chaque pièce et libérer les Étincellistes. Grâce aux pouvoirs de Stella qui remplace sa couronne perdue par un ruban magique (ce qui n’est pas sans rappeler Cappy de Super Mario Odyssey), elle peut désormais se transformer façon magical girl pour endosser divers costumes et développer les talents qui vont avec : maîtriser l’escrime ou le kung fu, élucider des mystères telle Sherlock Holmes, chanter comme une sirène… Pour enfin régler son compte à Syrah pourquoi j’ai envie d’écrire « Sia » ?


Trois choses me viennent à l’esprit en sortant de ce jeu :

1) Oui, c’est un jeu pour petites filles. Ce n’est ni très long ni très difficile (sauf si on veut faire du 100%, il y a deux-trois trucs qui peuvent donner du fil à retordre) et c’est très girly. Ça dégouline de rose, de petits cœurs et petites étoiles, les enjeux sont loin d’être de grande envergure, rien n’est effrayant et même la grande méchante ne peut pas être considérée comme véritablement maléfique au vu de ses ambitions (elle veut juste que toutes les pièces de théâtre soient des histoires qui finissent en eau-de-boudin, bouh la vilaine !). C’est un jeu feel good où l’on va surtout regarder Peach porter de jolies tenues et évoluer dans des décors sublimes pour venir en aide à des personnages mignons. Bref, un jeu pour petites filles (qui peut cependant plaire à toute autre démographie), mais surtout un bon jeu pour petites filles. Ça donne envie d’aller trouver ceux qui ont commis les Léa Passion et autres machins centrés sur Barbie ou les princesses Disney pour leur dire : voilà, c’est comme ça qu’il faut faire, c’est pas parce qu’on s’adresse à un public enfantin et/ou féminin que ça ne peut pas être qualitatif !

2) Décidément, ce que je préfère dans le Marioverse, ce sont les sous-séries centrées sur littéralement n’importe qui sauf Mario. Pas que j’aie quoi que ce soit contre le célèbre plombier, mais ses jeux ne sont pas ma came. J’ai déjà parlé de Luigi’s Mansion, j’ai aussi de bon souvenirs d’enfance liés aux jeux sur Wario et Donkey Kong, et si Super Princess Peach (le précédent et pour l’instant unique autre jeu consacré à la demoiselle) ne m’avait pas laissé une impression de chef-d’œuvre impérissable, je l’avais trouvé quand même bien sympa. Ce Princess Peach Showtime me conforte dans ma positition et pour sûr que je vais suivre un peu plus assidument ce qui va être produit autour de ce personnage. Par contre Mario, déso, mais il peut aller se faire cuire une poêlée de trompettes de la mort.

3) Pourquoi vous faites pas pareil pour Zelda ? Pourquoi, Big N, pourquoi ? Vous en êtes capables, vous avez suffisamment de cartes en main pour le faire, vous savez qu’il y a une demande pour ça… Vous avez bien fait des spin-off sur ce fichu Tingle, alors pourquoi pas pour Zelda, bon sang de bokoblin ?

Bon, reprenons.
Shigeru Myamoto avait un jour comparé un des jeux Super Mario à une pièce de théâtre dans laquelle chacun avait son rôle à jouer. Je ne me souviens plus de quel jeu il parlait, mais ce constat peut s’appliquer à tous les jeux de la franchise (spin-off compris). Ce qui permet d’expliquer, pour ceux qui éprouvent le besoin de tout rationaliser, les aspects les plus douteux ou absurdes, tels que pourquoi le scénario a l’air de se répéter de jeu en jeu, ou pourquoi les personnages sont de fichus stéréotypes (le héros capable de tout, le méchant très méchant qui se lave pas les dents, la demoiselle en détresse,…) qui ne semblent jamais rien apprendre et dont l’évolution stagne. Tout le contraire de ce qu’on trouve dans Legend of Zelda, dont le cadre est plus sérieux et où la répétition de l’histoire est justifiée par le lore (une malédiction en l’occurrence), avec des personnages qui ne sont pas les mêmes d’un opus à l’autre. J’insiste là-dessus, car pas mal de monde ne tient pas compte de ce fait en faisant entre les deux franchises des comparaisons du coup bien injustes, dans un sens comme dans l’autre.

À première vue, Peach n’est rien de plus que le cliché de la jouvencelle en détresse : faible, délicate, infichue de faire quoi que ce soit à part crier à l’aide et offrir un bisou sur la joue pour récompenser son valeureux sauveur. Bref, un trophée et une caricature de féminité fragile. Il faut dire que ce n’est pas très valorisant, ni pour le personnage, ni pour les femmes en général. Et le fait que, contrairement à Zelda qui dans chaque jeu est une personne différente, Peach est bel et bien le même individu implique qu’en plus elle n’a aucune évolution significative. Il y a bien de petits moments où elle fait montre de plus d’indépendance (comme dans Odyssey) mais ça reste léger. Surtout quand on voit dans Smash Bros ou dans les jeux où elle fait partie des persos jouables qu’elle peut balancer des tatanes sans problème et est donc capable de se défendre seule, on en vient à se demander pourquoi elle ne se sort pas un peu plus les doigts de son séant princier dès que Bowser la kidnappe pour la trente-sixième fois…

La réponse est simple : les jeux Mario sont des scénarii caricaturaux à dessein et Peach est une actrice très douée et très impliquée ! On attend qu’elle fasse la potiche en détresse et elle le fait avec la meilleure conscience professionnelle.

Je ne trouve donc pas anodin que ce deuxième jeu qui la met à l’honneur tourne justement autour du thème du théâtre. J’avais déjà évoqué dans mon article sur Super Mario Odyssey (oui, je reviens toujours sur celui-là, parce que je parle de ce que je connais) que j’avais apprécié la critique méta (voulue ou non) de la formule habituelle avec pour thème cette fois le mariage (de Bowser et Peach). C’était à la limite de l’auto-parodie. Ici, c’est pareil : Peach va littéralement utiliser le théâtre comme gameplay.

Ce jeu a aussi le mérite de jeter rétrospectivement un meilleur éclairage sur son prédécesseur. Présentons rapidement ce dernier : Super Princess Peach est de façon très directe une inversion d’un Mario de base : Bowser kidnappe Mario (et Luigi dont tout le monde se fiche et ça c’est pas bien !) et Peach doit le sauver (le tout aidée par un parapluie parlant nommé Perry qui est devenu un accessoire iconique mais dont l’histoire est laissée en suspend depuis 2006). C’est un plateformer, mais Peach dispose d’un pouvoir qui lui est propre, les émotions comme moyen offensif : la colère lui donne des pouvoirs de feu qui démolissent tout, la joie la fait décoller dans une bourrasque de de vent, la tristesse la fait pleurer tellement que ses larmes deviennent un double karsher. Un gameplay original et efficace mais qui avait attiré les commentaires goguenards et les vannes douteuses. C’est que voyez, un personnage féminin qui use de ses émotions, c’est un peu cliché, ah, les gonzesses, elles sont si sensibles, et puis, ces changements d’humeur, eh ben quoi, elle a les Anglais qui débarquent ? Super PMS Peach ! LOL ! bon...je l'ai fait aussi.... Sauf que Peach n’est pas victime de ses émotions, elle les contrôle parfaitement. Et quel est le métier qui recquiert ce genre de talent ? Ben oui : actrice ! On retrouve même un semblant de continuité dans Princess Peach Showtime avec les Théâtrins (le peuple du théâtre, des espèce de Wiggler humanoïdes) dont le gros nez change de couleur en fonction de leurs émotions. 

Pour parler du jeu plus en détails : le théâtre dans lequel on est enfermé fait office de hub. À chacun des quatre étages et du rez-de-chaussée il y a quatre portes menant vers une pièce de théâtre faisant office de niveau. Peach y interprète donc divers rôles (épéiste, cowgirl, pâtissière, détective…) qui lui confèrent des pouvoirs donnant lieu à un gameplay spécifique (parfois on déboîte les ennemis façon Link ou façon Chun Li, parfois on fait des mini-jeux, parfois on résout des énigmes,..). Chaque étage se conclut par un boss. Une fois validées deux pièces sur le même thème, on débloque un troisième acte au sous-sol dans lequel on libère l’Étincelliste. Et une fois qu’ils sont tous délivrés, on peut enfin affronter Syrah, avec Peach parée d’une nouvelle transformation la faisant méchamment ressembler à Harmonie.


J’ai adoré chacune des transformations, même si certaines plus que d’autres. J’aime beaucoup Peach Épéiste et Peach Kung Fu, bien que je les trouve un peu trop similaires en fin de compte, mais j’apprécie le côté Link que ça donne ( elle casse même des pots et crie : « Hyaa ! »), le look sexy et dandy de l’épéiste, et les niveaux de kung fu ont une ambiance appuyée par la musique qui donne une bonne vibe de film de série B décérébrant mais fun où t’as un mec qui déboîte plein d’autres mecs. Je ne m’attendais pas à aimer Peach Weastern (moi et les histoires de cowboy…), surtout qu’il y a des séquences à cheval (si vous me connaissez vous savez que je kiffe pas trop…), mais c’était étonnement sympathique, surtout à partir du moment où il y a des tchoutchous. Je suis moins fan de Peach Voleuse, mais c’est sans doute parce que je me suis révélée vraiment nulle avec, malgré la présence d’un grappin Le grappiiiiiiin, le grappin est notre maître, il choisit ceux qui s’en vont et ceux qui restent ! Je suis assez partagée sur Peach Patineuse, car même si elle est vraiment stylée et que les niveaux ont une énergie entraînante, il y a un peu trop de passages vicieux. Trois transformations proposent un gameplay assez particulier et un rythme plus lent : Peach Sirène, qui ne trouve grâce à mes yeux que par son ambiance agréable et le chant qui est un délice pour les oreilles ; Peach Détective, qui est sans doute le plus original, mais le niveau de difficulté des énigmes, disons-le tout de suite, c’est pas du Professeur Layton, ce n’est même pas du Détective Pikachu (D’ailleurs, « Peach » ça se prononce presque comme « Pichu » non ? Aaaah, ça explique !) ; et Peach Pâtissière (ah, Peach et sa passion pour les gâteaux…) probablement celle que j’ai le moins aimé, même si ça donne faim. Peach Super-Heroïne m’a laissée de marbre, sans doute parce que c’était encore un peu trop proche d’Épéiste et Kung Fu, mais en plus la vibe super-héros ça m’a toujours fait ni chaud ni froid. Ma préférée, ça doit être Peach Ninja, qui présente le plus de styles variés, avec des séquences d’infiltration (oui, ça peut être fun, la preuve !) et d’autres plus énergiques où l’on courre sur les toits façon Naruto. Je passe rapidement sur Peach Resplendissante, car c’est juste un super-mode, certes sympathique, mais limité au boss de fin.



Puisqu’on est sur les boss, parlons de ceux gardant chaque étage. Conceptuellement, je les ai trouvés assez originaux : ce sont tous des animaux mechas géants composés d’accessoires de scène liés à la lumière. Par contre, leurs noms… Discoplume, Reptoflash, Projomiaou et Lumilion… même dans Pokémon ce serait vraiment le fond du panier. À part Discoplume (le Marioverse a vraiment un problème avec les boss aviaires, pourquoi ont-ils toujours l’air profondément débile ?), leur design est réussi, mention spécial à Projomiaou et son côté « chat du Cheschire » qui fait probablement de lui l’élément qu’on pourrait le plus considérer comme effrayant dans ce jeu. Les combats contre eux étaient également assez amusants, surtout celui de Reptoflash, car même si c’est clairement le plus difficile et le plus rageant, c’est aussi le plus intéressant et le plus épique, avec cette énorme construction sur laquelle il faut grimper et cette mécanique de retour dans le temps à la Rétrospective de Tears of the Kingom (sauf que cette fois c’est l’ennemi qui l’utilise).


Sinon, que dire, le jeu est visuellement très beau. Bien entendu, il faut aimer les palettes colorées, mais même s’ils s’agit de décors de théâtre (donc en carton peint, avec des ficelles très visibles), c’est un vrai bonbon pour les yeux. Et c’est sans parler de s’extasier sur les transformations de Peach qui lui donnent l’air soit stylée, soit sexy, soit trop choupikawaii. Bon, quand je dis : « sexy », c’est toutes proportions gardées, on reste dans un jeu kid-friendly, mais rendez-vous sur Deviantart, en tous cas moi j’ai le crayon qui me démange d’avoir Zelda qui remet en question son orientation sexuelle.
Côté musique, même si je trouve que rien n’atteint le statut de banger, ça reste très agréable également (encore une fois, Peach Sirène…). Le thème du hub une fois tous les niveaux clear fait étrangement penser à la mélodie de Cruella Devil… on nous avait déjà fait le coup dans Breath of The Wild avec le thème des relais qui ressemble à Ce rêve bleu… Voilà, maintenant, grâce à moi vous n’entendrez plus que ça ! De rien.

Le jeu n’est bien entendu pas exempt de défauts. À commencer par le fait qu’il est impossible de revenir en arrière dans les niveaux pour vérifier qu’on n’a rien loupé, combiné avec l’absence de checkpoint dans lesdits niveaux, il est plus que frustrant et lassant de devoir tout recommencer depuis le début si on a le malheur de rater le moindre collectible. Ce détail mis à part, la collecte de gemmes d’étincelles est sûrement la partie la plus amusante du jeu, celui-ci étant comme je l’ai dit assez facile et court quand on ne cherche qu’à le terminer. Une fois cela fait, le post game donne accès à de nouvelles quêtes. Celle des ninjas cachés n’est en rien un défi un tant soit peu compliqué, mais il fournit une excuse pour revisiter chaque niveau. Les défis des boss sont tout de suite beaucoup plus ardus, puisqu’on y demande de les vaincre en accomplissant des tâches supplémentaires (prendre zéro dégât, n’utiliser que des orbes à rayures, éviter le petit bout de la queue du chat qui passait par là,…). Sans oublier les Répétitions, des niveaux bonus où il ne faut pas se faire toucher une seule fois ET remplir un objectif (comme atteindre un certain KO count) ET le faire dans un temps imparti.

Sinon, on débloque au fur et à mesure de nouveaux tissus pour la robe de base de Peach (ou des rubans pour Stella), et si certaines sont très jolies, d’autres sont un peu douteuses (sérieux, la robe Projomiaou, en mauve et jaune, c’est cheum on dirait Wario).

Bref. J’ai joué à Princess Peach Showtime. Et ce fut ma foi un bon moment, bien que pas le jeu du siècle. Ma petite pupuce était sur mes genoux (ou ceux de son papa qui jouait aussi) la plupart du temps. À trois ans, elle a enfin le droit d’être exposée aux écrans sans qu’on nous taxe de parents irresponsables, bien qu’en temps limité. Les niveaux de ce jeu étant très courts, cela permet des sessions à dosage raisonnable, c’est donc parfait pour elle. Peach est désormais sa nouvelle héroïne et j’espère qu’un second opus sortira d’ici trois-quatre ans, ainsi elle pourra y jouer elle-même (et sans doute redécouvrir celui-ci). Par contre, jouer avec elle qui backseat, faut pas rater la moindre gemme d’étincelle, sinon elle te fait remarquer que : « L’en manque une ! » dans sa meilleure imitation de Louis de Funès dans La folie des grandeurs.
Ecrit par Campanita, à 15:21 dans la rubrique "Jeux Vidéo".
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Samedi (11/05/24)
Doctor Who : Twonnant Era
--> What ? What ?! WHAT !!!


Ça y est, le Treizième Docteur s’est regénéré en Quatorzième à la fin de Power of the Doctor, et à la grande suprise générale y compris du premier concerné, ce nouveau visage est identique à celui du Dixième…
(Bon, techniquement, si on tient compte du Docteur de la Guerre, le Dixième est en fait le Onzième, et en ajoutant celui de la méta-crise, le Quatorzième est en réalité le Seizième…mais on va pas se compliquer la vie encore plus !).

Après les adieux à Jodie Whittaker, Chris Chibnall, Segun Akinola et au concept de New Who (nous avons désormais affaire à un troisième chapitre de la série, avec la numérotation des saisons qui repart à zéro) on entame une nouvelle ère, mais avec quasi la même équipe que celle qui avait réscucité la série en 2005 : Russel T Davies est à nouveau showrunner, David Tennant reprend le rôle principal, Murray Gold rempile pour composer la musique, et même Catherine Tate revient pour endosser Donna Noble.

Mais, fan service mis à part, il y a-t-il une explication in universe à pourquoi le Docteur se retrouve avec un ancien visage ? Pas que l’idée soit saugrenue : on sait que les Seigneurs du Temps peuvent choisir leur nouvelle apparence physique lors de la régénération (du moins si celle-ci est spontanée), prendre les traits d’une précédente incarnation ou ceux de quelqu’un d’autre (Romana l’avait fait en devenant un sosie de la princesse Astra ; l’épisode des cinquante ans suggérait sans le confirmer que ce vieux gardien de musée incarné par Tom Baker était le Docteur dans un lointain futur ; on a même eu droit à Thirteen qui devient le Maître il n’y a pas longtemps de ça même si c’était un chouia différent). Mais là, très clairement, Fourteen ne sait pas pourquoi il ressemble à Ten et est complètement largué.

C’est sur cette interrogation que s’était conclue la New Who, et bien qu’on sache que la prochaine étape dans les aventures de notre Seigneur du Temps préféré sera portée par Cnuti Gatwa, avant de confier à celui-ci les clefs du TARDIS, il faudra d’abord traverser l’arc enclavé concocté pour célébrer les soixante ans de la série. L’ère de Fourteen, l’incarnation la plus courte (je parle en terme de temps réel, pas de temps d’écran), n’ayant duré qu’une journée à tout casser (quel éphémère !). Et comme Tennant est dans le rôle pour une seconde fois, on appelle ça l’ère Twonnant (jeu de mot de qualité). Pour cela, on nous a mitonné un trio d’épisodes, ainsi qu’un minisode Children in Need. Évacuons directement mon plus gros grief avec ces célébrations, bien que ça soit loin d’être un élément susceptible de rendre cette trilogie mauvaise au final : c’est qu’on n’a pas du tout le sentiment de visionner un special d’anniversaire. Au contraire, on aurait bien vu ces épisodes intégrés dans une saison (et comme on aurait eu moins d’attentes, on aurait été sans doute plus cléments quant à leurs vrais défauts). Je l’ai déjà évoqué dans mon article sur l’ère Whittaker, mais je trouve que le dernier épisode de cette dernière (qui célébrait un anniversaire de la BBC mais pas de Doctor Who) fonctionnait mieux en tant que jubilaire (en tous cas, il réussissait mieux cet aspect-là). Au point que j’ai envie de considérer que c’est lui, l’épisode « lettre d’amour de la série à elle-même » pour les soixante ans, alors qu’il date d’un an trop tôt pour cela. L’ère Twonnant, en comparaison, me fait plutôt l’effet d’une mini-saison de transition entre deux blocs plus conséquents, en peu comme pour la saison 4bis entre les ères RTD1 et Moffat.

Cela étant posé, passons au détail de ces épisodes.

0) Destination : Skaro

Davros, scientifique à la masse, est en train de finaliser les créatures sur lesquelles il travaille pour assurer le futur de sa race, les Kaled. Il discutaille avec un subalterne nommé Castavillian (prononcez « cast a villain », jeu de mot de qualité) qui suggère de nommer cette nouvelle espèce par un annagramme du mot « Kaled ». Davros rejette chaque proposition et est interrompu par Nyder qui requiert sa présence. Comme dans un vaudeville, il suffit qu’il sorte de la pièce pour qu’entre en scène le Docteur, fraîchement régénéré, dans un TARDIS faisant moult fracas devant un Castavillian troublé. Émergeant de son vaisseau, le Seigneur du Temps réalise qu’il a percuté l’armure prototype prévue pour la créature et lui a cassé son bras mécanique. Il s’exclame : « Mais, c’est un Dalek ! », donnant sans le vouloir son véritable nom à l’abomination. Réalisant qu’il vient (encore) de créer un paradoxe temporel, il s’en va dans son TARDIS chercher un débouche-WC pour remplacer le bras endommagé, puis repart sans demander son reste. Davros revient, il voit le débouche-WC sur le Dalek et tombe amoureux de ce nouveau design.

Outre le fait qu’il est saisissant de voir le visage non grimmé de Julian Bleach (en même temps, un méchant en fauteuil roulant dans un Children in Need…), c’est trois minutes de comédie absurde mais qui ne mange pas de pain. Quoi que, avec tous les messages politiques distillés avec plus ou moins de subtilité, qui selon certains seraient trop lourdingues et ruineraient la série, ce pour quoi les épisodes suivants ont été vivement critiqués, y’a que moi qui pense que c’est ici l’ultime pied-de-nez que de faire que les Daleks (qui je le rappelle sont supposés symboliser des nazis, donc l’ultime cliché de droite) soient armés d’un truc qui sert à triffouiller dans les chiottes ?

1) The Star Beast (La Créature Stellaire)

Après cet interlude, le Docteur aimerait se poser un peu pour réfléchir à pourquoi son ancien visage est revenu, et peut-être, pourquoi pas, tenter de prendre ses marques avec cette nouvelle existence. Le TARDIS atterrit à Londres et, bim ! quel hasard, voilà qu’il tombe sur Donna Noble. Le Docteur et Donna avaient autrefois voyagé ensemble et vécu mille et une aventures, jusqu’à ce qu’ils durent se séparer après que Donna ait acquis le pouvoir d’un Seigneur du Temps durant le fameux épisode de la méta-crise, ce qui mettait sa vie en danger car les humains ne sont pas faits pour supporter cela. Afin d’éviter que la tête de son amie n’explose, le Docteur avait dû, la mort dans l’âme, lui effacer la mémoire pour que le pouvoir soit en sommeil. Donna était dès lors condamnée à ignorer les formidables voyages qu’elle avait partagés avec le Docteur, ainsi que le fait qu’elle avait tout bonnement sauvé l’univers, si elle se rappelait cela lui coûterait la vie.

Depuis, l’eau a coulé sous les ponts. Le Docteur s’est mis à porter des nœuds pap et des fez, puis il est devenu un Écossais acariâtre mais quand même attachant, puis une gentille blonde qui affichait sans arrêt un grand sourire pour mieux masquer les tourments qui la rongent et était donc incapable de lâcher prise (on y reviendra). Des millénaires se sont écoulés, durant lesquels le Docteur a voyagé, a rencontré des tas de gens sympas et vécu de passionnantes et excitantes aventures en explorant les merveilles du cosmos, mais aussi a été torturé·e, emprisonné·e, accusé·e d’être le plus gros problème de l’univers, a manqué de voir celui-ci détruit, a perdu des êtres chers, a servi de cobaye à des expérimentations cheloues, et a appris des choses troublantes à propos de ses origines. Et en plus, le Maître s’est mis à danser sur du Boney M (en vrai ça c’était fun !).

De son côté, Donna (pour qui seulement quinze ans se sont écoulés) s’est mariée avec Shaun Temple et a eu avec lui une adorable fille, Rose, qui confectionne des peluches très chouettes et qui joue (mal aux dires de sa mère) au théâtre, mais curieusement tout tournera autour du fait qu’elle est transgenre (alors que son interprète, Yasmin Finney, avait pourtant bien souligné en interview l’importance d’avoir des personnages trans qui ne sont pas définis que par ça). Donna, malgré son amnésie, ne peut s’empêcher de se comporter comme le Docteur, vestige qu’elle a gardé de la méta-crise dans son subconscient. Ainsi elle a donné toute la fortune gagnée grâce au billet de loterie à des œuvres de charité alors que la famille ne roule pas sur l’or. Par contre, sa mère Sylvia fait de gros efforts pour ne plus être la vieille odieuse qui nous cassait les gonades en saison 4 et ça ça fait plaisir. Quant à Papy Wilfred, il est toujours là mais vit dans une seigneurie (on ne le verra cependant pas beaucoup, le regretté Bernard Cribbins n’ayant eu le temps de tourner qu’une seule scène avant de nous quitter).

Et donc, le Docteur et Donna se retrouvent alors que celui-ci voulait juste aider une passante dont il ne voyait pas le visage derrière sa pile de cartons. Donna interpelle sa fille et le Docteur a à peine le temps de réaliser qu’il ne s’agit pas de Rose Tyler (qui aux dernières nouvelles coule des jours heureux dans un monde parallèle avec son double humain), qu’un vaisseau se crashe non loin de là. Le Docteur se retrouve dans le taxi piloté par Shaun pour se rendre sur les lieux de l’accident, tout en discutant de cette bonne vieille Nerys.

Pendant ce temps, Donna et Rose rentrent chez elles, cette dernière se fait deadnamer par une poignée de crétins à qui Donna se retient de filer une rouste. Elles sont accueillies par Sylvia qui est soulagée que Donna n’ait pas vu le vaisseau spatial, mais celle-ci parle des étranges rêves qu’elle fait dernièrement… Rose va sortir les poubelles et tombe sur un pote du voisinage venu la prévenir qu’il a vu une capsule se faire éjecter du vaisseau. Ils s’en vont checker ça mais trouvent la capsule vide. Quelque chose s’en est échappé et s’est faufilé entre les poubelles près de la maison des Noble-Temple. Rose découvre donc Beep le Meep, une sorte de mogwai albinos à yeux jaunes. Qui dit être pourchassé par de méchants aliens qui veulent lui faire du mal et se retrouve avec une papatte blessée. L’adolescente sympathise de suite avec la boule de poils avec qui elle se sent en connivence dans le fait qu’elle aussi ne sent toujours pas à sa place car différente.

On lui donnerait le bon Dieu sans confession...

De son côté, le Docteur poursuit son inspection du vaisseau avec son nouveau tournevis sonique qui projette des images, et tombe sur UNIT, notamment sur Shirley Anne Bingham, la nouvelle conseillère scientifique (un poste que le Docteur a été le premier à occuper). En fauteuil roulant, elle ne peut accéder au vaisseau qui n’a pas de rampe (même pas aux normes, ces vilains aliens !), mais c’est plutôt une bonne chose, vu que les soldats envoyés à l’intérieur en ressortent mentalement contrôlés par une onde psychique déclenchée en ouvrant la porte…

Chez les Noble, Rose planque le Meep dans la cabane (de couleur bleu TARDIS !) où elle stocke son commerce online de peluches (dont certaines ressemblent étrangement à des créatures vues dans la série : Dalek, Ood, Lupari,…), mais Donna entend du bruit et remarque qu’une des créations de sa fille a l’air vraiment très réaliste, décide de lui mettre le doigt dans l’œil pour vérifier et découvre que c’est un être vivant. Difficile de lui cacher la vérité. Tout s’enchaîne, le Docteur débarque et tout le monde marche sur des œufs pour que la mémoire de Donna ne se réveille pas, tout en tentant de régler le problème du Meep. Le Meep apprend à la maisonnée que le Meep n’utilise pas de pronoms particuliers, que le Meep est juste « le Meep », que le Meep a deux cœurs comme les Seigneurs du Temps, et que les méchants qui poursuivent le Meep (des humanoïdes avec de gros yeux de mouche) ont quasi éteint son espèce à force de l’exploiter pour sa fourrure. C’est alors que les soldats UNIT possédés attaquent à l’avant de la maison, puis les méchants à yeux de mouches par l’arrière, ça tire de tous les côtés et le Docteur parvient à sauver tout le monde grâce à son tournevis sonique décidément de plus en plus polyvalent et à faire évacuer la famille… En examinant un soldat s’étant fait tirer dessus, il constate que celui-ci n’est pas mort mais simplement stunt, il y a quelque chose de pas net dans cette histoire…

Bon, autant, le dire, cet épisode est adapté d’un comic que je n’ai pas lu, je ne peux pas juger du degré de fidélité. Mais je peux dire que même si je n’étais pas au courant du twist qui va suivre, je l’ai plus ou moins senti venir.

Tout le monde se retrouve dans un parking, le Docteur met une perruque de juge (vue dans l’épisode classique Stone of Blood), convoque deux des « méchants » (Zogroth et Zreeg) et entame le procès du Meep. Qui est en réalité une petite saloperie. Un criminel leader d’une espèce qui massacre (et apparement mange) les autres au travers des galaxies. Le prévenu plaide coupable, révèle dans une grimace cassant sa mignonitude ses horribles dents pointues, tire sur Zogroth et Zreeg (en réalité des gentils) et se met à insulter Donna et Rose. Le Docteur essaie comme à son habitude de jouer les médiateurs, mais se fait assomer par derrière par un soldat UNIT toujours sous le contrôle du Meep.

jakuz

La petite bande maintenant captive de l’abominable greemlin de l’espace arrive au vaisseau, remarquant qu'encore plus de personnes sont sous le contrôle mental et travaillent pour remettre la navette en marche tout en chantant les louanges du Meep qui ricane de façon machiavélique. Et en plus, Londres va exploser en tas de fumée et de cendres au décollage à cause du système de lancement du vaisseau… Heureusement, Shirley arrive pour les libérer grâce à des armes dont son fauteuil roulant est équipé (ils ont les moyens chez UNIT). Le Docteur convainc la famille Noble de filer se mettre en sûreté pendant qu’il va jouer les héros, Donna accepte mais repart avec lui à la dernière seconde, réalisant qu’elle doit l’aider et l’appelle « Docteur »… mince, elle se souvient !

Alors que le Docteur fait de son mieux pour stopper l’apocalypse imminente en essayant d’arrêter les machines à mains nues, le sas du vaisseau est scellé... Le Docteur et Donna sont désormais séparés par une paroi de verre. Tiens, tiens, seems familiar. Des fissures commencent à se propager dans tout Londres, avec des incendies se déclenchant de bas en haut. La seule solution est de ramener les souvenirs de Donna d'il y a toutes ces années. Alors que le Docteur crie avec colère à quel point le destin est injuste, Donna le urge de continuer. Avec les mots clés prononcés il y a quinze ans tels que « binaire binaire binaire », le Docteur-Donna est de retour, souvenirs compris. Et que fait-elle ? Eh bien, d’abord, elle engueule le Docteur un bon coup à propos de l’argent donné à la charité, puis les deux collaborent pour sauver le monde. Les failles qui zébraient Londres se réparent comme si on avait fait un Ctrl Z cosmique (comme le dit Pauline de Pepperpot, on se croirait dans Miraculous Ladybug… J’ai jamais regardé Miraculous Ladybug mais je veux bien croire qu’on y voit ce genre de résolution facile).

Hélas, Donna a été exposée trop longtemps au pouvoir d’un Seigneur du Temps, et apparemment meurt dans les bras du Docteur. Docteur qui devient suicidaire et demande à l’un des soldats au cerveau lavé de lui tirer une balle dans chaque cœur. Le soldat est stoppé et libéré du joug mental par nulle autre que Rose. Rose qui a hérité d’une partie de la conscience du Docteur-Donna (j’imagine que c’est un peu le même genre de délire que River qui peut se régénérer et vivre très longtemps tout ça parce qu’Amy et Rory ont fait crac-crac dans le TARDIS). Donna n’est pas morte, car le fait d’avoir transmis à sa fille et donc de partager ce pouvoir avec elle lui permet d’y survivre. Maman et Fifille décident de lâcher prise sur ce pouvoir afin de pouvoir rester elles-mêmes, sans rien oublier. Et expliquent au Docteur que c’est un truc qu’il ne peut pas faire car seulement les meufs le peuvent, et que Thirteen aurait compris, elle !

Quant au Meep, ce satané mogwai est renvoyé par le Docteur vers les étoiles mais promet dans un nouveau rictus de revenir se venger et avertit notre héros qu’il aura bientôt affaire au Boss. Quel Boss ? Celui de la fin du niveau, ou celui de la Team Rocket ? J’anticipe, mais il semblerait qu’il ne s’agisse pas du Fabricant de Jouets. Quoi qu’il en soit, Beep le Meep décolle vers d’autres cieux.

Eh bien, des deus ex machina et des messages progressistes assenés avec la subtilité d’un Sontarien ? Pas de doute, RTD est de retour ! Je ne vais pas râler à ce propos. Je me doutais bien qu’on ne ferait pas revenir Donna pour ne pas trouver une solution à son problème, je m’attendais à ce qu’elle retrouve la mémoire mais ne soit pas tuée. Et je m’attendais à ce que cette solution ait l’air sortie du fondement, on ne balaie pas un dénouement tragique vieux de quinze ans sans que cela sonne un peu artificiel. Quant à Londres qui se répare tout seul… c’est pas pire que le Maître vaincu par la foi de tous les humains envers le Docteur qui rajeunit et lévite comme un sayian. Je ne suis pas dérangée le moins du monde par le message progressiste non plus, parce que n’en déplaise à ceux qui chouinent que « Doctor Who c’est devenu woke » (ou SJW ou je-ne-sais quel terme on va encore inventer pour cracher là-dessus), cette série ne l’est pas devenue, elle l’a toujours été, et son intention d’inclusivité, de diversité, de tolérance et d’acception de soi est l’un des ingrédients qui font qu’elle est en si bonne résonance avec une partie de son public depuis soixante ans. Mais il faut reconnaître que l’exécution est parfois maladroite et c’est le cas ici. C’est un peu trop martelé avec un gros burin, et ça plombe ce qui sans ça n’aurait été qu’un sympathique épisode selon la formule « monstre de la semaine ». Pas au point de le gâcher, cela dit, on passe tout de même un bon moment. Là où je suis franchement dubitative, c’est l’idée comme quoi il faut être une femme pour lâcher prise (c’est essentialiste), et que le Treizième Docteur (qui était encore d’actualité quelques heures auparavant) aurait mieux compris que celui qui lui a succédé. Parce que franchement, quand on regarde l’ère de Jodie Whittaker, on a un peu beaucoup l’impression que lâcher prise est quelque chose avec lequel elle a du mal et qu’elle ne parvient à faire qu’à la toute fin quand elle surmonte enfin son problème. Demandez à Yaz que cette attitude a bien soûlée durant trois saisons. C’était gentil de ta part, Russel, de vouloir faire de la féminité une force, mais ça tombe un peu à plat quand on a mal étudié ses leçons !

Si cet épisode est clairement le maillon faible du jubilaire pour moi, je le trouve loin d’être mauvais pour autant. Sans oublier que l’humour est très plaisant et qu’on retrouve les répliques vitaminées qui fusent de toutes parts à la RTD.

Mais voilà qu’alors que Donna découvre le nouvel intérieur du TARDIS, tout spacieux, blanc et aseptisé (normal, un hôpital pour un Docteur) avec de grands escaliers, qu’elle renverse du café sur la console, entraînant des complications qui mèneront à…

2) Wild Blue Yonder (Aux Confins de l’Univers)

1666. Isaac Newton chill avec un bon bouquin sous un pommier. On sent que la fameuse scène va avoir lieu. En effet, une pomme lui tombe sur la tête… Puis le TARDIS s'écrase violemment sur l'arbre au-dessus de lui. Le Docteur et Donna en émergent et, réalisant qui il est, quitte à se retrouver impliqués malgré eux dans l’Histoire, en profitent pour faire la blague obligatoire : demander au futur Sir s'il comprend la « gravité » de la situation, et s'en vont rapidement, parce que le TARDIS est toujours en panique à cause du café que Donna a renversé. Newton, relativement peu secoué par ce à quoi il vient d’assister, essaye de se souvenir de ce délicieux mot qu'ils ont utilisé. « Savité « ? « Havité » ? Ah, oui : « Mavité » ! Depuis, il y a un nouveau running gag dans la série (qui était du moins toujours d’actualité dans le special de Noël suivant) consistant à remplacer « gravité » par « mavité » dans toutes les phrases quelque soit le contexte. Ah, quels gaffeurs irresponsables, ces voyageurs temporels !

Après cette intro aussi inutile que drôle, le TARDIS s’arrête on-ne-sait-où et on-ne-sait-quand dans un vaisseau spatial abandonné. Étant donné qu’il est encore en pleine explosion (et se met à jouer Wild Blue Yonder pour une raison obscure), le Docteur configure le vaisseau pour qu'il commence à s’auto-réparer. Alors qu’il s’affaire, Donna raconte que lorsqu’elle était enfant, sa cheffe de chorale Miss Bean leur avait fait chanter Wild Blue Yonder dont elle aimait l’air pimpant et enjoué. Papy Wilf n’était pas vraiment d’accord, en revanche, de voir du positif dans un chant militaire. Le Docteur laisse son tournevis dans la serrure du TARDIS et propose à sa compagne de partir explorer comme au bon vieux temps en attendant que la réparation soit complète. Les voilà dans le très très long couloir du vaisseau. Ils n’ont guère le temps de s’aventurer bien loin avant que le TARDIS ne se dématérialise sous leurs yeux. Et ça c’est pas bon.
Donna flippe comme de juste, et le Docteur tente de l’apaiser, mais comme d’habitude quand il se met à expliquer rationnellement un truc il réalise trop tard que c’était pas la chose à dire à quelqu’un qui panique : le TARDIS est équipé d’un système supposé le téléporter en sûreté s’il est en terrain hostile quand il se soigne, système que son impétueux pilote avait désactivé depuis belle lurette car sinon on loupe les meilleures aventures, mais avec le coup du café, il s’est réactivé. Ce qui signifie que le Docteur et Donna sont dans une situation de danger si extrême que cela a effrayé le vaisseau qui a préféré se barrer (avec le tournevis toujours dans sa serrure, pour couronner le tout). Pour que le TARDIS revienne, il va falloir supprimer le danger avec des moyens limités. Oui, on peut paniquer. Mais c’est quand même un peu excitant, non ?

De retour dans le long long couloir, le duo remarque que celui-ci semble bouger et changer autour d'eux, chronométré avec un haut-parleur prononçant ponctuellement d’étranges vocables impossibles à décrypter en l’absence du TARDIS et de sa matrice de traduction. Ils tombent plus loin sur un vieux robot rouillé qui marche très très lentement dans le très très long couloir, au rythme des mots zarbis semble-t-il. Arrivés sur le pont, ils comprennent que ce vaisseau est tombé dans un trou de ver aux confins de l'univers. Aucune lumière stellaire ne l’atteint et un voyage vers la Terre prendrait plus d’un milliard d’années. Plus inquiétant encore, le navire n'enregistre aucun signe de vie, la dernière activité connue remonte à l'ouverture et à la fermeture de la porte du sas il y a trois ans, et il y a un étrange claquement dont ils n’identifient pas la source…

Le Docteur et Donna se séparent pour réparer des composants individuels du navire. De là débute une succession de scènes au fil desquelles le spectateur comprend lentement que quelque chose cloche. Le Docteur et Donna sont supposés travailler chacun de leur côté, mais on réalise que chaque personnage rejoint l’autre dans sa pièce et entame la conversation. Donna note que la température baisse alors qu’il y a un filtre bleu devant la caméra. Ils parlent de sa famille : Donna se demande combien de temps Rose et les autres les attendront dans la ruelle et quand exactement ils baisseront les bras, mais note que Wilf n’abandonnera jamais. Le Docteur répond qu'il a hâte de le revoir, avant de déclarer énigmatiquement que ses bras sont trop longs. En même temps, le Docteur travaille de son côté et est rejoint par Donna qui vient papoter, il y a un filtre orange et l’air se refroidit. Ils discutent de Gallifrey. Le Docteur aimerait lui expliquer la situation de sa planète, mais reconnaît que le sujet est vaste et compliqué. Il demande à Donna si elle a fini son travail dans l'autre pièce et cette dernière se contente de répondre que ses bras sont trop longs. Et effectivement son bras gauche donne l’impression d’une image générée par une IA.

Le Docteur appelle Donna, réalisant que l’être devant lui est un imposteur. Donna qui à son tour prend conscience que c’est un faux Docteur avec qui elle parlait, surtout quand celui-ci révèle des bras également surdimensionnés. Elle se précipite à la recherche du vrai Docteur. Tous deux sont acculés par ces doubles menaçants, des êtres venus d’au-delà la raison et cherchant à les copier. Quelles sont leurs motivations ? Mystère. Et c’est évidement la partie la plus flippante du truc.

La ressemblance avec Midnight, un des (si ce n’est le) meilleurs épisodes écrits par RTD, n’aura échappé à personne. On retrouve la même ambiance oppressante (bien que moins claustrophobique grâce au fait que le vaisseau être très très spacieux), la relative unité de lieu et de temps, et le concept de créature indéfinie qui copie pour apprendre afin de remplacer l’original et dont on ne révèlera ni la nature exacte, ni les objectifs, pour une perspective qui n’en est que plus glaçante. Ils disent bien qu'ils ont été attirés et façonnés par la haine, la colère et la guerre émanant de l'univers « normal » (et qu’ils prévoient d’y faire eux-même la guerre), mais tout cela reste bien nébuleux.

Cette fois, pourtant, le Docteur n’est pas seul et Donna l’accompagne, mais tous deux choisissent de fuir les abominations qui se montrent très vite hostiles. La scène où ils sont coursés dans le long long couloir par Pas-le-Docteur et Pas-Donna qui deviennent progressivement des humanoïdes géants et déformés courrant à quatre pattes m’a fait penser à L’Attaque des Titans, que ce soit voulu ou non.

torawareta kutsujoku wa hangeki no koushi da...

S’en suit un enchaînement de séquences où nos véritables Docteur et Donna sont séparés puis se retrouvent mais doutent de la nature de l’autre. Toutefois, le coup de : « Dis-moi un truc que seul le vrai Machin dirait » n’est pas aussi efficace que ça l’est d’habitude dans ce genre de scénario, car les créatures apprennent très vite, et pour les en empêcher il faut éviter l’action même de penser. On dirait presque une histoire à la Moffat, sauf que se retenir de respirer ou de cligner des yeux reste relativement aisé comparé à tenter de ne penser à rien. Surtout que, la raison pour laquelle ces imposteurs ont décidé de se montrer plutôt que de les observer en scred, c’était pour les terroriser et les amener à réfléchir d’autant plus. Pour ne rien arranger et ajouter de la confusion, on apprend que la méta-crise aurais permis à Donna de se mettre à jour sur les infos personnelles du Docteur sous forme de flashs de leur mémoire partagée, elle sait notamment que le Docteur n’est pas originaire de Gallifrey, découverte pourtant récente pour ce dernier. Enfin, si toutefois la Donna qui déclare cela est la vraie…

On en profite aussi pour au passage lâcher quelques infos à propos de l’Enfant Intemporelle et du Flux, et c’est une excellente nouvelle : ça veut dire que cette ère RTD2 va s’inscrire dans la continuité de celle de Chibnall, et si les showrunners m’ont toujours donné l’impression d’être respectueux du travail les uns des autres, le doute persistait tout de même ici car nombreux sont ceux qui auraient voulu qu’on retconne le Flux et l’Enfant Intemporelle, deux concepts introduits par Chibnall qui sont loin de faire l’unanimité. Et pour ce que j’en sais à l’heure où j’écris ces lignes, RTD semble même parti pour traiter le sujet mieux que son prédécesseur (je n’ai jamais eu de problème avec ces arcs narratifs-là, mais l’absence de conséquences directes chez Thirteen était assez boiteuse). Pour parfaire le tout, la musique est ici discrète et atmosphérique, comme si Murray Gold voulait rappeler les compositions de Segun Akinola.

À un moment, le Docteur décide de verser du sel entre lui et Donna et leurs copieurs (il a toujours une salière sur lui, ça vous surprend ?). Selon une superstition, les démons et les monstres ne peuvent pas franchir une ligne de sel sans en compter chaque grain. Après un moment de tension, Pas-Donna commence à compter le sel. C’est donc un peu vrai…

En ouvrant le toit du vaisseau, ils trouvent la capitaine du navire (une sorte de reptile bipède). Ou plutôt son cadavre pris dans le champ de mavité. Il s’avère qu’elle est responsable de l’ouverture du sas il y a trois ans, après s’être jetée dans le vide. Un comportement que les créatures ne parviennent pas à déchiffrer. Le Docteur commence à comprendre le mystère : si les imposteurs ne peuvent pas décrypter le geste de la capitaine, cela doit signifier qu'ils n'avaient pas encore fini de la copier, qu'ils savaient qu'elle avait un plan pour les arrêter dont ils n’avaient pas connaissance. La seule chose qu’ils ne pouvaient comprendre était la lenteur, alors elle a programmé une destruction lente. Les mots bizarres, le robot rouillé et le vaisseau en lui-même se sont lentement mais sûrement transformés en une bombe très très lente. Le Docteur avait vu juste, c'était un compte à rebours, et le robot n'est qu'à quelques chiffres d’un gros kaboum ! Brillant ! Le Docteur s’empresse de modifier ce compte à rebours pour l’accélérer, avant que le duo ne se lance à la poursuite des imposteurs pour qu’ils n’interfèrent pas avec le robot. Donna se castagne avec Pas-Donna, et le Docteur rattrape presque son double mais se fait distancer. Le compte à rebours atteint zéro (ou plutôt « tacsladia »), avant que Pas-le-Docteur n’arrête le robot, ce qui signifie qu’officiellement le danger est écarté, et donc, le TARDIS tout requinqué réapparaît !

Le Docteur saute à son bord, mais problème : laquelle des deux Donnas est la bonne ? Il leur pose une question en rapport avec Miss Bean, et choisit selon leur réponse. Et il se goure ! C’est peut-être le seul point de l’épisode (que par ailleurs je considère comme très clairement le meilleur de la trilogie) que je n’ai pas compris : pourquoi montrer le Docteur faire une grossière erreur pareille ? Non, parce qu’il ne réalise s’être planté que quand Pas-Donna pointe un truc du doigt sur le scanner et qu’il remarque que son poignet est trop large ou un truc dans le genre, et fait un rapide swap de Donnas de dernière minute, sinon la vraie était bonne pour finir en tartines grillées et plus personne pour les tremper dans le café !

Mais bon, finalement ils parviennent à s’échapper juste à temps, et reviennent sains et saufs sur Terre en 2023… Mais le Docteur s'inquiète du fait que son invocation d'une superstition (le sel versé) aux confins de l'univers ait pu avoir des effets désastreux…

La glorieuse image que beaucoup de téléspectateurs garderont de cet épisode.

De retour dans l'allée un jour ou deux après leur départ (le Docteur est toujours aussi précis), ils sont ravis de trouver Wilf qui les attend et qui s'exclame qu'il avait toujours su qu'ils reviendraient, et ça tombe bien car la Terre a à nouveau besoin d’être sauvée. Hein ? Comment ça ? Le monde devient fou, explique Wilf. Alors qu'un avion s'écrase au-dessus d'eux, un rire diabolique résonne en bruit de fond.

3) The Giggle (Le Fabriquant de Jouets)

L’épisode s’ouvre sur une scène de 1923 à Soho dans un magasin de jouets où le vendeur (joué par Neil Patrick Harris avec un accent teuton au couteau) reçoit un client, Charles Banerjee. Celui-ci travaille pour l'inventeur John Logie Baird et est intéressé par un pantin de ventriloque nommé Stooky Bill. Le vendeur est à moitié chaud, car Banerjee ne veut que Stooky Bill et pas le reste de la famille qui va avec, or il faut pas les séparer parce que sinon c’est trop triste ! Plus tard, on voit Banerjee et Baird tester un prototype de système de télévision en direct. Baird fait tomber la tête de Stooky Bill, la fixe à un engin d'apparence rudimentaire et commence le test. L’expérience est réussie et Stooky Bill devient la première image télévisée au monde. Maintenant, passons aux images animées ! Regardant avec admiration la tête du mannequin en train de fondre (la camera produit tellement de chaleur vers le sujet qu’elle filme, d’où la nécessité de tester sur un non-vivant), Baird et son assistant entendent au loin un rire maniaque.

Retour sur le Docteur et Donna dans le Londres actuel où les choses sont considérablement en train de partir en sucette. Les Londoniens se sont soudainement et inexplicablement retournés les uns contre les autres, se bagarrant avec des inconnus, se plaçant devant des voitures en pleine course et incendiant les kiosques à journaux et les devantures de magasins. Il semblerait que tout le monde croit avoir toujours raison alors qu’ils ont tort (sauf moi, moi je sais bien que je ne me trompe pas et c’est dur d’être, seule de mon espèce, à savoir la vérité !). Alors que le Docteur tente de dissuader un piéton particulièrement con borné de rester planté au milieu de la chaussée (il paie ses taxes donc il a le droit, hein !), l’énigmatique vendeur du début apparaît derrière lui, arborant désormais un costume noir élégant et un haut-de-forme, à l’insu du Docteur.

Les soldats de UNIT arrivent et emmènent nos héros à travers la ville jusqu'à leur quartier général où ils retrouvent Shirley, ainsi que Kate Stewart et un vieille connaissance : Mel Bush. Cette dernière avait été entraperçue lors de la réunion des Compagnons Non Anonymes à la fin de Power of the Doctor, et ici on nous donne une explication à pourquoi elle est là. Enfin, plus ou moins. Pour rappel, la dernière fois qu’on l’avait vue dans la série classique, elle partait de son côté après les aventures de Dragonfire avec ce bon vieux Sabalom Glitz ( qui depuis est mort à 101 ans en trébuchant sur une bouteille de whiskey, faut le faire). Mel est ensuite rentrée sur Terre grâce à un zingo (cherchez pas). Et maintenant, elle fait partie de UNIT. J’ai jamais été sa plus grande fan, mais j’apprécie toujours de revoir les compagnons classiques, c’était agréable de voir enfin quelques unes de ses compétences en informatique (elle est supposée être programmatrice, ce qui n’avait jamais été concrètement montré dans la série classique), elle n’est pas là pour jouer les damoiselles en détresse, et *énorme soupire de soulagement* elle n’a pas hurlé une seule fois à en faire écailler la peinture des murs. Comme beaucoup, je sens qu’on risque de la revoir durant l’ère Gatwa et que cet épisode permettait de la réintroduire en amont.
Kate fait un rapide briefing de la situation : chaque personne sur la planète croit soudainement qu’elle a raison, et toute tentative de convaincre du contraire se heurte à la violence (un tacle très subtile aux gens qui s’écharpent sur les réseaux sociaux et à la cancel culture). Rien de nouveau, j’ai envie de dire, les humains ont toujours été ainsi, quand ça a l’air d’être pire, c’est souvent juste parce que l’une ou l’autre technologie permet au phénomène d’avoir une plus large caisse de résonance. Tout le monde à UNIT porte un brassard en métal appelé Zeedex pour les empêcher également de devenir dingos. Cela a été créé par le Vlinx, un nouveau robot dont on fait comme s’il avait toujours été là (et que j’ai très vite oublié). Un flash télévisé montre la présentatrice Trinity Wells (qu’on voyait régulièrement sous RTD1 et dans Torchwood et Sarah Jane Adventures) faire part de son rejet du Zeedex selon une théorie du complot (un tacle très subtile aux antivax). Personne ne sait exactement ce qui se passe, mais on soupçonne qu’un signal (déclenché quelques jours avant la crise collective) est à l’origine du chaos. Ils ont identifié un satellite spécifique comme étant un maillon de la chaîne, mais le Docteur soupçonne quelque chose de plus profond. Finalement, le Seigneur du Temps découvre que le signal qui enflamme le monde est en fait un enregistrement caché de Stooky Bill en train de rire façon message subliminal. Shirley retrace l'enregistrement jusqu'au 2 octobre 1925. Donna et le Docteur filent à bord du TARDIS pour s'y rendre. Ils trouvent rapidement le vendeur dans son magasin, que le Docteur finit par identifier comme un très vieil ennemi : le Fabriquant de Jouets.

Comme pour le Meep qui a pour origine un comic, le Fabriquant de Jouets est issu d’un épisode classique : The Celestial Toymaker, de l’ère Hartnell. Comme il s’agit d’un épisode à moitié perdu dont il ne subsiste que la bande son et une série de photos de tournage, il fait partie de ceux que je n’ai toujours pas vus malgré le fait que j’ai juré de le faire un jour. Je n’ai pas grande idée de ce qu’il s’y passe, à part que Mad Dog l’avait un jour décrit comme « Fort Boyard dans le noir ». Encore une fois, je ne suis pas bien placée pour déterminer à quel point le personnage est fidèle. Toutefois, d’après des témoignages de connaisseurs entendus de-ci de-là, cette nouvelle version du Fabriquant de Jouets serait quelque peu trop déjantée, alors qu’il serait supposé être plus froid et calculateur. Pour ma part, j’ai grandement apprécié ce méchant déluré pouvant tordre la réalité, qui part du principe qu’au-delà de l’ordre et du chaos il y a le jeu, et la prestation de Neil Patrick Harris était grandiose.

Le Docteur est loin d’être ravi. Si le Fabriquant de Jouets est là, c’est sans doute par sa faute, parce qu’il a versé du sel aux confins de l’univers, permettant à cet adversaire vaincu il y a longtemps de s’évader jusqu’à nous. Il dit à Donna de retourner au TARDIS. Elle proteste, remarquant qu’il ne lui demande jamais ça d’ordinaire, et réalise qu’il a peur du Fabricant de Jouets. L’heure est grave ! Mais avant de pouvoir agir, ils se retrouvent piégés dans un labyrinthe creepy digne de Moffat. Donna et le Docteur sont séparés, la première étant obligée de combattre une bande de poupées parlantes (la famille de Stooky Bill, dont elle fracassera la veuve éplorée en effrayant ses petits orphelins au passage) tandis que le second rencontre ce qui reste de Banerjee transformé en marionnette dont les fils sont manipulés par le Fabriquant de Jouets depuis le plafond. Une fois que nos héros ont surmonté leurs épreuves respectives, ils se retrouvent et ont droit à une petite pièce de théâtre ayant pour but d’informer Donna sur ce que le Docteur a fait depuis qu’ils se sont quittés en 2009. Ou plus particulièrement, de ce qu’il a bousillé à cause de son hubris : les vies bouleversées d’Amy Pond, Clara Oswald et Bill Potts, et le Flux qui a manqué de détruire l’univers. Le tout en musique, s’il vous plait !

Las de se faire mettre le nez dans la merde, le Docteur défie le Fabricant de Jouets à un jeu de cartes. Il perd et s’enfuit avec Donna alors que le magasin se transforme en petite boîte à musique.

De retour dans le présent, UNIT utilise un rayon galvanique pour cibler et détruire le satellite qui amplifie le signal de Stooky Bill. Le Docteur et Donna retournent au quartier général pour faire leur rapport, quand tout à coup retentissent les voix des Spice Girls quelques instants avant que le Fabricant de Jouets n'apparaisse, se mette à danser et à faire du play back sur leur tube Spice Up Your Life en se jouant de ses adversaires. Il enchaîne tangos avec Kate ou Mel avant de les envoyer violement valdinguer à terre ou dans le mur, convertit les tirs qu’on lui envoie en pétales de rose et transforme les soldats UNIT en boules translucides où l’on voit leur visage hurler à l’agonie (ils sont morts, précise le Docteur plus désolé que jamais, dardant sur Kate ses yeux de cocker pris à escamoter une tranche de jambon dans l’assiette). Enfin, le Fabriquant de Jouets tire sa révérence par une trappe imaginaire sur les dernières notes suivies d’un « pouet » de klaxon.

Colors of the world! (Spice up your Life!) Every boy and every girl! (Spice up your life!) Poeple of the world! (Aaaaaaaah!)

J’en connais un qui a trouvé de l’inspiration en voyant le Maître se déhancher sur Raspoutine ! On a presque envie de voir les deux antagonistes se défier sur le dance floor à présent. Sauf que c’est probablement déjà arrivé (enfin, ce n’était peut-être pas un duel de danse), car avant de s’en prendre au Docteur, le Fabriquant de Jouets s’est attaqué à d’autres (y compris des Éternels), notamment au Maître, qui a perdu et en guise de pénalité s’est vu emprisonné dans la rutilante dent en or du Fabriquant.

Tout le monde sort du bâtiment pour voir l’ignoble méchant réapparaître avec le rayon galvanique. Le Docteur tente le tout pour le tout : il a disputé deux parties contre le Fabriquant de Jouets, chacun en a gagné une, ils sont donc à exæquo, un troisième jeu les départagera… Le flamboyant torseur de réalité accepte de jouer l’avenir de la Terre ainsi, mais comme il a affronté One lors de la première partie et Fourteen lors de la deuxième, la troisième devra se dérouler face à une autre incarnation. Le Docteur reçoit un tir de rayon galvanique et tombe à genoux. Dans un miroir inversé à la régénération de Ten, il se dit prêt à partir cette fois, d’autant plus qu’il ne sera pas seul : Mel et Donna se précipitent à ses côtés pour accompagner les derniers instants de cette brève incarnation.

Mais la fin n’arrive pas. Au lieu de cela, le Docteur, arborant toujours le visage de Tennant, fait une demande pour le moins étrange à ses compagnes : lui tirer chacune un bras. Elles s’exécutent et… comment décrire ce qu’il se passe ? Cnuti Gatwa émerge du corps de son prédécesseur ! 

Voilà donc Fourteen et Fifteen en train de coexister devant nos yeux ébahis. Un phénomène curieux jusque là considéré comme un mythe appelé « bi-génération ». On y reviendra, car pour l’instant, on a pas le temps de s’attarder sur la bizarrerie de la chose, ni même sur le sourire de Fifteen qui semble vouloir nous contaminer avec sa bonne humeur, ou sur le fait que les Docteurs partagent un même set de vêtements, notamment, Cnuti Gatwa est en caleçon (et probablement que David Tennant n’en porte pas sous son pantalon)…ouais, faut pas oublier l’autre zinzin avec son rayon de la muerte !

Le seul coup bas que le Fabriquant de Jouets ne fera pas, c’est de tricher lors d’un jeu. Il est même extrêmement vexé qu’on l’en soupçonne. La bi-génération n’enfreint aucune règle, alors voilà Fourteen et Fifteen en tandem pour le mettre à mal dans le plus vieux jeu de l’univers : la baballe ! Une baballe rouge et blanche, désolée, mais moi je vois une pokéball ! Le Docteurx2 parvient enfin à battre le Fabriquant de Jouets à son propre jeu et le bannir de l'existence. La Terre est sauvée, youpie tralalala !

À cela près qu’un détail aura échappé à tous : la dent en or du Fabriquant n’est pas repartie avec lui mais est tombée par terre. Cette prothèse qui contient le Maître. À l’insu de nos héros, une main à la manucure soignée vient ramasser la dent alors que retentit un quadruple rire : Antony Ainley, John Simm, Michelle Gomez et Sacha Dahwan. Et oui, c’est comme à la fin de la saison 3 de la New Who, et oui, RTD a avoué qu’il a mis ça comme ça mais qu’il n’a pas encore décidé ce qu’il allait faire de ça…

Pour l’heure, le monde a retrouvé la paix (enfin, façon de parler, comme le Docteur l’avait fait remarquer, les humains n’ont jamais eu besoin d’aide pour se comporter comme des gros débiles). Donna et Fifteen convainquent Fourteen de prendre une retraite bien méritée, et après avoir utilisé le marteau jouet laissé par leur ennemi pour faire sortir un autre TARDIS du TARDIS, le nouveau Docteur s'en va (rencontrer Ruby).

L’épisode se termine sur une note touchante : Fourteen passe un après-midi tranquille avec Donna et sa famille. Il est désormais un membre honoraire de celle-ci et peut prendre le temps de se poser et de panser ses blessures mentales auprès d’être chers. Il n’utilise plus son TARDIS à tout va pour partir à l’aventure avec une Rose… quoi que…

Nous voici au point polémique culminant de cette trilogie anniversaire. La bi-génération. Faut qu’on cause. Alors, moi, je n’ai rien contre. C’est loin d’être la première fois qu’on nous fait un coup pareil dans Doctor Who : introduire un nouveau concept à première vue complètement schtarbé qui saute le requin et qui chamboule la définition qu’on avait de la série. Mais c’est chaque fois pareil : sur le moment, on est choqué, on a le cerveau qui bugue, « Error 404 file not found ». Mais passé un certain temps, on a digéré et finalement ce n’est pas si difficile d’intégrer ça au canon. Par contre, on peut chicaner sur des détails. Car souvent, là où le bât blesse, ce n’est pas dans l’idée en elle-même mais dans son exécution. En l’occurrence, je trouve que la bi-génération manque d’une explication simple et claire. C’est tellement brouillon qu’il m’a fallu plusieurs visionnages et lire des analyses d’autres fans pour commencer à avoir un début de compréhension. Si j’ai bien saisi (et, sincèrement, je n’en suis pas sûre !), Fourteen va poursuivre son existence avec la famille Noble (et peut-être même leur survivre) et quand il « mourra » après avoir achevé sa thérapie, il va se régénérer et là son corps va disparaître, sa conscience va remonter sa propre ligne temporelle et devenir le Fifteen qui a émergé de son corps ? J’ai bon ? D'autres ont également rappelé le cas du Watcher dans la série classique, où la régénération de Four à Five serait en quelque sorte une bi-génération inversée... Y’a aussi le coup du TARDIS qui se dédouble aussi grâce à un accessoire bien pratique qui justement est resté là, ce ne serait pas un peu trop dans le TGCM ? (En faire pousser un avec un morceau de corail aurait été mieux, et puis comme ça Fourteen y serait allé un peu plus mollo sur les voyages intersidéraux.)

Mon autre grief, c’est que, bah, ça y est, David Tennant a trouvé la combine pour être le Docteur pour toujours. Tant mieux pour lui, d’un côté. Le mec aura vraiment eu la carrière de ses rêves et il le mérite, je suis pas du genre à pester contre les gens qui ont de la chance, je préfère me réjouir pour eux. Mais d’autre part, je trouve ça un peu insultant, à la fois pour les Docteurs précédents (qu’on a souvent accusés à tort d’être responsables de la chute de popularité de la série, en particulier Jodie Whittaker, et heureusement que Tennant le Messie revient pour sauver l’affaire, alors que les vrais coupables seraient plutôt des faiblesses d'écriture et une comm désastreuse) et pour Cnuti Gatwa qui ne peut même pas faire ses débuts sans un chaperon et qui est presque désavoué en tant que « vrai » Docteur. Je me doute bien que ça n’a jamais été l’intention de RTD, mais c’est quand même un sentiment que je ne peux occulter.

Par contre, je ne peux nier que l’idée que la bi-génération soit un moyen de soigner son mental me plait beaucoup. Voir Fifteen étreindre son prédécesseur en le remerciant d’avoir si bien pris soin de lui et que c’est pour ça qu’il peut être heureux malgré les traumas millénaires que le personnage se trimballe, c’est une pensée qui fait chaud au cœur, d’autant plus que je sais ce que c’est que d’être profondément mal sur le plan psychique. Et la vision de Fourteen partageant un repas avec sa famille d’adoption met vraiment de bonne humeur. Donna était déjà sa BFF, maintenant, c’est sa sœur de cœur. Aaw !

Et c’est sur ce sentiment que l’ère Twonnant s’achève. Le plus gros défaut reste qu’on n’a pas eu le sentiment de regarder une célébration, en plus de quelques autres bémols de-ci de-là. Il n’empêche que j’ai passé un excellent moment et que je ressors avec beaucoup d’espoir quant à l’avenir de la série.

Bon, je triche un peu, à l’heure actuelle, j’ai vu le special de Noël qui n’augure que du positif pour l’ère Gatwa. À bientôt pour plus de comédie musicale parlant de manger des bébés !

À ce soir!
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Ecrit par Campanita, à 15:02 dans la rubrique "Séries Télé".
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Dimanche (27/10/19)
Les vacheries des Nombrils, tome 2 : Une fille en or

Yep, je parle encore des Nombrils, mais que voulez-vous, après l’excellent tome 8 de la série principale, la série dérivée nous offre elle aussi un nouvel album.

Avant toute chose, je recommande de lire mon article consacré au tome 1, où j’explique le pourquoi du comment, où je présente le concept quoi.

C’est bon, vous l’avez lu ? Bien. Et donc, où en sommes-nous maintenant, avec ce Une fille en or et sa couverture clinquante et scintillante à en servir de stim toy visuel ? Je vais devoir expliquer autre chose que le concept, du coup...mais que dire ? Ah, ça y est, je sais.

On présente souvent Les Vacheries comme une préquelle aux Nombrils, mais j’avais déjà soupçonné, à ma lecture de Vachement copines, que les événements de ce spin-off se dérouleraient non pas avant mais en parallèle à ceux du tome 1 de la série-mère Pour qui tu te prends ? J’en ai maintenant la confirmation. Outre ce que j’avais déjà relevé la dernière fois (certains gags reprennent des planches rejetées qu’on pouvait trouver au stade de crayonné sur le Net, l’avancement du flirt entre Karine et Dan...), il y a carrément un gag de Une fille en or (p.21) qui n’est ni plus ni moins qu’une nouvelle facette d’une planche de Pour qui tu te prends ? (p.19) adoptant le point de vue d’un autre personnage.

Ce qui n’est pas une critique négative. Déjà parce que j’ai adoré le twist apporté par le gag revisité en question, mais aussi parce que, de manière plus générale, Pour qui tu te prends ? est un album assez confus en terme de temporalité et rempli de « trous » scénaristiques. Rien d’anormal là-dedans, c’était le tout premier des auteurs, à l’époque ils en étaient encore au stade primitif de la construction de leur univers et de leurs personnages, et ne devaient pas se douter d’à quel point ils allaient s’investir pour complexifier tout ça. Ce n’était vraisemblablement qu’une série à gags répétitifs comme beaucoup d’autres, les personnages n’étaient pas censés évoluer ou vieillir, et étaient condamnés à jouer dans le registre que leur impose leur caractérisation de base. Encore une fois, rien de mal dans tout ça, beaucoup de bédés utilisent cette formule qui fonctionne très bien et a généré des séries cultes et de qualité. Mais Les Nombrils étaient destinés à devenir autre chose. Rien que le fait de briser le statu quo en permettant à Karine et Dan de devenir enfin un couple en fin d’album était un signe avant-coureur, tout comme le rebondissement avec l’accident de John-John (même si là on revenait quand même à la normale à la fin, on sait que deux tomes plus tard John-John n’aura pas oublié la gentillesse de Karine à son égard et que ça aura des conséquences). 

Pour qui tu te prends ? a beau avoir un fil rouge (Dan et Karine cherchant à se mettre ensemble... oui, c’est un fil rouge, ténu, mais c’en est un), la temporalité est assez nébuleuse. C’est logique, à ce stade, les auteurs n’avaient pas prévu qu’il en faudrait une. Tout en plus, on peut y aller par déductions logiques :

[MODE ALBIN] Une des premières planches (où les trois héroïnes semblent découvrir l’existence de Dan, ou du moins elles ont besoin de temps pour situer qui il est) se déroule à la Saint-Valentin, qui, si je ne me trompe pas, a lieu le 14 février. Ensuite, plus d’indications claires, mais en observant les décors en extérieur et comment les personnages s’habillent en fonction de la météo, on peut constater que les saisons défilent. Notamment, le fameux gag où Vicky tente de noyer quelqu’un (hum...quelque chose me dit qu’elle se prendra un retour de karma tôt ou tard...) se passe dans une piscine extérieure dans une ambiance estivale. Les dernières planches de l’album ont pour décors des arbres aux feuilles rousses, les personnages portent manteaux, écharpes et bonnets, et ont de la buée qui sort de la bouche quand ils parlent, ce qui suppose environ le mois d’octobre. [/MODE ALBIN] 

Pour qui tu te prends ? dure donc environ huit mois, là où les albums suivants tiennent dans un mouchoir de poche temporel (en moyenne un mois et demi). Je suis désolée pour les shippers de Karine/Dan, mais en vrai, ces deux-là auront en fin de compte passé six fois plus de temps à tenter de se courtiser qu’à être ensemble, avant que Dan se lasse d’elle et aille se jeter dans les bras de Mélanie. Autant pour « la plus tro belle histoire damuuur ». Allez, j’admets que j’ai menti : je ne suis pas du tout désolée.

Résultat : Pour qui tu te prends ? laisse un immense champ libre pour rajouter des épisodes intermédiaires, et cela Les Vacheries l’accomplissent avec brio. Je m’étais déjà fait la réflexion que Vachement copines était « un tome 1 meilleur que le tome 1 » (car beaucoup plus maîtrisé à tous les niveaux), et Une fille en or est dans la parfaite continuité. Lire Les Vacheries n’est toujours pas nécessaire pour comprendre la série principale, mais je recommanderais néanmoins de le faire (après Pour qui tu te prends ? et avant Sale temps pour les moches donc), car c’est assez complémentaire. 

Je parlais justement de Dan. On nous avait annoncé que ce tome 2 s’attarderait un peu plus sur lui, ainsi que sur John-John. Ben...pas vraiment en fait (ça sera pour le tome 3 je suppose ?). En tous cas, rien de neuf n’est apporté. Pareil pour les situations familiales de Jenny et Vicky (le seul apport concret par rapport à Pour qui tu te prends ?) : on appuie ce qu’on savait déjà, mais ça reste efficace cela dit. De manière générale, on voit plus de nuances chez les trois protagonistes (notamment, Karine a des moments où elle est plus peste que ce à quoi on est habitués). En vrai, le focus sera mis sur Gabrielle, un personnage présent depuis les débuts, mais qui n’avait jusqu’ici même pas droit à un prénom. C’est maintenant chose faite, et en apprend également sur son passé, lié à celui de Vicky, et sur pourquoi elle les déteste autant, elle et Jenny. Aussi, les deux bimbos nous racontent comment elles se sont rencontrées (chacune avec leur biais, évidemment).

Gabrielle dans Pour qui tu te prends ?

Ah, tiens, j’allais oublier de mentionner les caméos de personnages appartenant au futur de la série. Il y en a de nombreux, mais celui qui mérite le plus une mention spéciale est Mégane, avec des cheveux bleus (et, il me semble, en couple avec un mec !). Le meilleur étant qu’elle et Vicky se tiennent à même pas deux mètres l’une de l’autre et qu’elles ne se calculent même pas !

Ecrit par Campanita, à 11:14 dans la rubrique "9ième art".
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J'ai joué à Link's Awakening sur Switch
--> pas vraiment un test, plus un racontage de vie

C’est en 2011 que j’ai découvert la franchise Legend of Zelda (oui, c’était sur le tard). Enfin, je savais que ça existait, c’est juste que je ne m’y intéressais pas (ni aux jeux vidéo en général). Mais notez quand même que je savais que le protagoniste s’appelait Link et non Zelda, parce que c’était clairement un garçon alors que Zelda est un prénom féminin (c’est une des deux tantes de Sabrina Spellman !). Jamais compris la confusion...

Mon tout premier jeu Zelda était Link’s Awakening, sorti sur Game Boy en 1993 (puis remasterisé sur Game Boy Color en 1998). C’est donc lui qui m’a servi de point d’entrée dans cet univers, qui m’a refilé le virus et m’a progressivement convertie en fan obsédée. Pour cela il aura a jamais une place de choix dans mon cœur, bien que ce ne soit pas mon préféré (je dirais comme ça au pif qu’il est quatrième ou un truc dans le genre).

Pourtant, c’est sans conteste un des plus bizarres de la franchise.

Déjà, c’est un des quelques jeux où la princesse titulaire n’apparaît pas. Elle est juste mentionnée très brièvement au début quand notre héros, encore dans le coaltar, confond Marine penchée à son chevet avec elle. Ce qui m’a longtemps induite dans l’erreur qu’elles devaient être des sosies (j’avais même fait un fan art de Marine avec des oreilles pointues et je me suis bien fait reprendre par quelqu’un sur DA). Hey, la sprite de Zelda dans les Oracles (également sur GBC) n’est ni plus ni moins que celle de Marine avec une couronne en plus ! Alors qu’en vrai, elles n’ont ni la même forme d’oreilles, ni les mêmes couleurs de cheveux et de yeux, ni le même style vestimentaire. Mais bon, Link n’est pas très bien réveillé, c’est dans le titre... Fais-toi un Earl Grey, Link, ça ira mieux après.

À propos du titre, il y a cette vidéo très intéressante (pour les linguistes du moins) qui explique pourquoi le titre occidental n’est pas à la hauteur du titre japonais. Moi, je peux vous faire un exposé sur pourquoi Spirit Tracks est super polysémique, si vous voulez...ah, vous voulez pas. D’accord.

Donc, Link’s Awakening, c’est celui où Link fait un naufrage en bateau, se retrouve sur une île étrange, Cocolint, avec un gros œuf à pois roses au-dessus de la montagne dominant le tout, des animaux qui parlent, des références à Mario parce que pourquoi pas ; et en fait, on finit par découvrir que c’est un rêve ! Quoi, spoiler ? Tout le monde le sait ! Hey ! Hey ! Listen : dans Ocarina of Time, Sheik c’est Zelda déguisée en garçon en fait !

L’opus précédent, A Link to the Past, bien qu’acclamé par la critique comme ayant un scénario digne d’un film, reste à mon goût assez classique et ne relève pas vraiment de la fantasy la plus élaborée. Pour un jeu vidéo d’une époque où les intrigues étaient incroyablement simplistes, je conçois que ça soit une révolution cela dit. Mais Link’s Awakening... a réellement dû surprendre. Alors, je n’ai jamais vu Twin Peaks, ni quoi que ce soit signé par David Lynch (je devrais m’y mettre d’ailleurs), mais j’ai régulièrement entendu dire que ça y ressemblait méchamment, donc je veux bien croire que ça soit là une des sources d’inspiration. C’est vraiment un scénario très particulier. Et poignant. Et avec une fin douce-amère.

Une fin douce-amère qu’ils ont quand même tenté de corriger, non pas dans le jeu lui-même, mais en changeant sa place dans la chronologie. Mais si, vous savez, la fameuse chronologie Zelda hyper-compliquée et tellement génératrice de maux de tête qu’on se demande si Nintendo n’a pas des actions chez Bayer... Enfin, moi, je la trouve pas si difficile à comprendre que ça, mais je suis une whovian donc habituée à pire tordue. N’empêche qu’ils ont quand même modifié cette chronologie en permutant Link’s Awakening et le diptyque Oracles (dont la fin suggérait pourtant un enchaînement super-logique avec L’s A, puisqu’on voit Link partir en bateau), comme ça, on sait qu’il est revenu à Hyrule après son aventure onirique, au lieu de crever comme un bâtard de faim/soif/froid/insolation au milieu de l’océan après avoir été planté là par le Poisson-Rêve...

Enfin, quand j’ai appris que mon tout premier Zelda allait avoir droit à un portage sur Switch, j’ai hurlé d’hystérie comme une groupie devant un boys band exprimé un vif enthousiasme. Y’en a, parmi les éternels râleurs, qui étaient déçus que ça ne soit pas Wind Princess ou Twilight Waker ou Skyward of Time ect. Pff. Alors, je comprends qu’on n’aime pas la Wii U, mais j’ai apprécié que pour une fois le premier jeu auquel on ait pensé pour un portage sur la toute nouvelle console soit un titre portable et non un opus de salon qui se taillait déjà la part du lion question mise en valeur. Les Zelda sur console portable (et en 2D) sont des bijoux qui n’ont rien à envier aux autres jeux, mais ils sont beaucoup moins populaires, voire carrément ignorés ou relégués au statut de « petits Zelda », comme de simples entremets entre deux plats de résistance. J’apprécie au plus haut point qu’on accorde enfin plus d’amour à ces oubliés du fandom, et j’espère qu’après Link’s Awakening suivront Oracle of Ages/Seasons et Minish Cap (et même, soyons fous et imaginons des portages des jeux DS, même s’il faudra revoir les commandes...bah de toutes façons, personne n’aime le microphone !).

Mais qu’en est-il donc de ce remake sur Switch ?

Commençons par les points qui m’ont déplu. Il y en a deux. Et encore, ce sont des demi-points. D’abord, c’est terriblement court (à peine une dizaine d’heures), mais le jeu original l’était également. Ensuite, parlons des mini-jeux : je n’ai jamais aimé ça, dans un aucun Zelda, les meilleurs d’entre eux sont pour moi au niveau « mouais, ça passe, ça me dérange pas trop ». J’appréciais que L’s A en possède peu, et qu’ils soient rapides et faciles. Cela a changé : la Pêche, le Jeu de la Pince et la Descente en Radeau ont été revisités pour leur donner une durée de vie prolongée, ce qui part d’une bonne intention mais du coup je les trouve relous à faire (surtout le troisième). À part ça, je n’ai rien à déplorer.

Ah oui, il y a aussi des flacons à fées maintenant.

C’est terriblement joli, ils sont parvenus à trouver un style graphique encore plus choupi-kawaii que celui à la « Link Cartoon », et les textures à effet plastifié (dont je ne suis pas fan dans les jeux se voulant matures avec un design plus réaliste comme TP) donnent ici un aspect de monde de jouets qui souligne très bien le propos de l’histoire : Cocolint est un monde factice, né d’un rêve, rien n’est réel. Preuve en est que les scènes de début et de fin, se déroulant dans la réalité, sont animées dans un style différent (qu’on verrait bien dans un manga d’Akira Himekawa).

La musique a également bénéficié d’un coup de jeune, et c’est un plaisir de redécouvrir les thèmes iconiques avec une nouvelle orchestration. Par ailleurs, les personnages ont maintenant leur voice grunting et on peut enfin entendre Marine chanter. J’ai été étonnée du fait qu’elle avait une voix de personne de 16 ans (ce qui est probablement son âge en fait), tant j’étais habituée à l’entendre couiner comme une gamine de maternelle dans Hyrule Warriors. Sachez aussi que la Ballade du Poisson-Rêve a maintenant une version officielle avec des paroles, en japonais et en anglais.

Question gameplay, rien de bien nouveau, si ce n’est que tout est plus ergonomique (l’épée et le bouclier ont leur bouton attitré plutôt que de faire partie de l’inventaire changeable, le bracelet de force est automatique,...) ; on a rajouté des fragments de cœurs et des coquillages mystérieux pour rallonger (un peu) la durée de vie. Le plus gros changement est la quête secondaire facultative. Inexistante dans le jeu original, simple collection de photos dans la version DX (qu’on pouvait faire imprimer grâce au Game Boy Printer à l’époque...ai-je besoin d’expliquer en quoi c’est d’un intérêt limité aujourd’hui ?), nous avons maintenant Igor (personnage de fossoyeur bossu apparaissant dans quelques autres jeux de la franchise) qui propose de créer des donjons à partir de pièces de « vrais » donjons déjà visités, et de s’y promener. Dit comme ça, ça fait un peu Mario Maker, mais dans une version très light quand même (et impossible de partager ces donjons en ligne, tout au plus on peut les charger sur un amiibo pour les refiler à un pote). Sympa mais sans plus.

Igor le BG

Bref... Link’s Awakening n’est pas le seul jeu que j’attendais cette année, ni celui qui demandera la plus grande analyse (d’où le fait que cet article tient plus du billet d’humeur que du test en bonne et due forme), mais celui qui m’a le plus hypée, franchise préférée oblige. Il ne m’aura pas non plus occupée longtemps, mais je suis loin d’être déçue, ce retour aux sources était un réel plaisir !

Par contre mon agenda m’indique qu’il va bientôt falloir aller chasser les fantômes avec ce bon vieux Luigi, et ensuite devenir maître Pokémon dans une contrée aux vibes so british. À bientôt pour de nouvelles aventures, donc !

Ecrit par Campanita, à 10:59 dans la rubrique "Jeux Vidéo".
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Soif
--> l'évangile apocryphe selon Sainte-Nothomb

Je me rappelle, que dans Stupeur et tremblements, Amélie avait dit :

« Récapitulons, petite je voulais devenir Dieu. Très vite, je compris que c’était trop demander et je mis un peu d’eau bénite dans mon vin de messe : je serais Jésus. J’eus rapidement conscience de mon excès d’ambition et acceptai de faire martyre quand je serais grande. Adulte, je me résolus à être moins mégalomane... »

Une de mes citations préférées au passage.

Eh, bien, je ne sais pas si elle est parvenue à être Jésus, mais en tous cas elle lui a permis de s’exprimer à travers sa plume. Ce n’est ni plus ni moins que la Passion du Christ (depuis le procès jusqu’à la résurrection) qui est narrée dans Soif, du point de vue du principal concerné. Y’a pas à dire, elle frappe fort cette année ! J’en vois d’ici certains crier au blasphème, surtout qu’elle n’hésite pas à commettre quelques « hérésies » du style :

- canoniser la relation Jésus/Marie-Madeleine (non mais qu’elle shippeuse en fait !), même qu’il lui mettait régulièrement le cierge dans le calice (je dis ça juste pour faire des analogies douteuses mais rigolotes, venez pas imaginer qu’il y a du cul à toutes les pages non plus)

- remettre en question la pertinence de certains épisodes via l’autocritique du narrateur (ce pauvre figuier qui n’avait rien fait de mal...enfin bon moi j’aime pas les figues, je trouve ça dégueu)

- adresser de petites piques aux évangélistes (« Jean, franchement, je t’aime bien, mais j’ai jamais dit tel truc, hein ! », évidemment, elle l’exprime plus finement que moi)

Mais ça, c’est en surface. En vrai, tout cela est un prétexte pour se lancer dans une longue réflexion sur ce que signifie avoir un corps. Le titre, Soif, fait référence, vous l’aurez peut-être deviné, au passage de l’éponge imbibée d’eau vinaigrée qu’on tend à Jésus sur la croix pour qu’il puisse se désaltérer. Même si, bien entendu, on va au-delà de cet épisode. Avoir soif, c’est lié à la condition charnelle : il faut être incarné pour la ressentir.

Je ne peux bien sûr pas ne pas rappeler que la soif, la faim, l’envie, l’avidité,..., le rapport au corps, sont un thème récurrent dans les écrits d’Amélie. Biographie de la faim, Métaphysique des tubes, ‘to crave’... Une fois de plus je vous impose une interview pour compléter ma review, dans laquelle on apprend qu’elle aime Depeche Mode ce qui est une preuve de bon goût que le Fils de Dieu représente pour elle le plus incarné des hommes. Sa description de la Passion est bouleversante tant elle fait ressentir avec justesse l’humanité de cet homme, et surtout la douleur extrême qui est infligée à son corps.

En conclusion, le défi était osé mais a été relevé brillamment.

Sinon, pourquoi je n’ai que 32 ans cette année ? Ça m’aura fait une super idée de dédicace si j’en avais eu 33 !

Ecrit par Campanita, à 10:45 dans la rubrique "Bouquins".
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Jeudi (09/05/19)
Doctor Who : Jodie Wittaker Era
--> "It will be fine !"

Twelve n’étant pas parti discrètement, sa successeuse n’a même pas le temps de compter ses nouveaux organes et d’en critiquer la couleur que la voilà projetée hors du TARDIS pour une chute vertigineuse. Pas de panique, c’est solide un Seigneur du Temps (enfin, Seigneuresse), surtout quand la régénération est récente, et quand en plus il y a un train en-dessous pour la réceptionner.

Littéralement tombée du ciel, le Docteur n’a pas un instant de répit alors qu’elle rencontre dans la foulée ses futurs compagnons ainsi que la menace du jour. Commence alors une course effrénée pour régler ce problème, ce qui ne manquera pas de souder cette nouvelle équipe qui partagera bientôt de nombreuses aventures dans le temps et l’espace.


Bon alors, on ne va pas ignorer plus longtemps l’éléphant au milieu du couloir : oui, le Docteur est une femme. Je n’ai aucune envie de polémiquer sur le sujet, surtout que d’autres l’ont déjà fait de manière pertinente. En ce qui me concerne, je n’ai jamais été ni pour ni contre, quand on me l’a annoncé, ma réaction a été « pourquoi pas ? ». Un chose cependant : il faut vraiment être teubé très mal connaître la série pour penser qu’elle s’est mise subitement à suivre un agenda "politically correct" en 2018.

Tant qu’on me propose quelqu’un de compétent dans le rôle, je suis satisfaite. Et Jodie Wittaker est une bonne actrice et une bonne interprète pour le Docteur. Je suis en réalité beaucoup plus mitigée par le nouveau showrunner, Chris Chibnall (dans mes articles précédents, j’ai toujours évité de parler des showrunners, réalisateurs, scénaristes,... pour me concentrer sur le résultat à l’écran, mais il est bon de préciser que chaque période à son style avec points forts et points faibles) dont les scenarii manquent d’épique, de rythme, et dont les antagonistes sont dans l’ensemble peu inspirés. Du moins pour la saison 11, mais quand je revois la première des Docteurs précédents, c’est loin d’être la meilleure non plus, ni celle qui déploie le mieux le potentiel du Docteur en question. Certains diront que je suis un public trop tolérant, tant pis.

Le seul élément de personnalité de Thirteen que l’ont pourrait éventuellement rattacher à sa nouvelle féminité, c’est ceci : elle est trop gentille, trop empathique, elle manque parfois d’assurance et s’excuse plus souvent qu’à son tour (pour les "I’m sorry", Ten a trouvé son maître...enfin maîtresse). Certes, chaque nouveau Docteur se construit en opposition à son prédécesseur, et Twelve n’était pas vraiment du genre humble, ni très compréhensif des sentiments d’autrui. Et certes, il est assez rafraîchissant d’avoir un Docteur qui écoute et qui reconnaît ses torts plutôt que de partir en live porté par son hubris. Mais dans un univers où on éduque les garçons à s’affirmer et à imposer leurs opinons, pendant que les filles sont incitées à s’écraser et à rester discrètes, c’est difficile de ne pas y voir un lien de cause à effet (conscient ou non de la part de l’actrice et/ou des scénaristes). Alors que les Docteurs précédents avaient besoin de compagnons pour les stopper quand ils allaient trop loin et leur servir de garde-fou, celle-ci a besoin de sa Team TARDIS pour la rassurer sur ses compétences (qui n’ont pourtant pas diminué avec la régénération).

Thirteen a souvent été comparée à Ten. Il est vrai qu’on retrouve un peu de celui-ci : les expressions faciales exagérées, le côté moulin à paroles (en une seule saison elle a explosé le record d’anecdotes racontées à propos d’un truc qu’il lui est arrivé et par forcément à l’écran), l’énergie débordante façon lapin Duracell survolté, et bien entendu le concert de "I’m sorry". Pour ma part, je lui trouve également des ressemblances avec Eleven, pour le déficit de l’attent...oh, un OVNI ! et avec Five (je jure que ça n’a rien avoir avec leur blondeur) dans l’aspect doux, gentil et amical qui cache pourtant une histoire tragique et un nombre de morts qui s’accumule malgré son pacifisme. Comme lui, c’est aussi un sacrée bricoleuse à la McGyver.


Thirteen, c’est la bonne copine qu’on rêve tous d’avoir. D’ailleurs, si elle le pouvait elle serait amie avec l’univers tout entier. Elle s’émerveille de tout et toi, t’as juste envie de partir à l’aventure avec elle, en espérant qu’elle accepte de partager ses biscuits (spoiler : non seulement elle accepte, mais en plus elle te propose un thé avec). Par contre, il ne faut pas la mettre en colère (même s’il en faut beaucoup pour y arriver) : c’est le Docteur, poussée à bout elle est redoutable, t’as pas envie de la voir furax. Elle est un peu comme Seven (sans le côté manipulateur...enfin pour l’instant) : son comportement jovial voire un peu bêbête cache une intelligence affutée dont il vaut mieux se méfier. En l’état des choses, l’aspect typiquement doctoresque que l’on a peu vu (enfin entraperçu), c’est le côté sombre du personnage. Tout au plus on réalise par instants qu’elle impose aux humains des règles qu’elle avoue considérer comme « flexibles » dans certaines circonstances (son véto sur les armes par exemple), mais encore une fois, une seule saison ne suffit pas à se faire un avis définitif.


Mais peu importe la noirceur de la situation, on peut lui faire confiance, tout se passera bien, "It will be fine" comme elle aime à le répéter.

Mon avis sur ce Docteur :

Je compte m’acheter son galaxy ear cuff alors que ça coûte 135 livres, ça répond à la question ? C’est juste la troisième fois que Doctor Who influe sur mon look, après les Converse et les nœuds pap’. Blague à part, je remarque qu’il y a deux choses dans l’appréciation qu’on peut avoir d’un Docteur : le fait de s’identifier à ellui, et l’envie d’être son compagnon. En ce qui me concerne, ce sera la seconde proposition. J’ai beau être une femme, je me reconnais plus dans l’interprétation de Peter Capaldi en raison de ses...difficultés sociales. Avec Jodie Wittaker, je ne plaisante pas quand je dis que je veux partir à l’aventure avec elle, et manger des biscuits et faire des tatouages au henné.

Mon avis sur les compagnons la mif :

Introduire trois compagnons en plus d’un nouveau Docteur est risqué (quand on se retrouvait avec une Team TARDIS si grande dans la série classique au moins tout le monde n’arrivait pas en même temps : Four est seul avec Romana et K9, arrive Adric, puis Romana et K9 s’en vont, Nyssa arrive, puis Tegan, puis Four se régénère en Five, Adric meurt, Turlough arrive...). D’un côté, cela a énormément desservi la saison 11, car sur le quatuor il y en a toujours au moins un de laissé sur le côté par épisode (même la Doc donne parfois l’impression d’avoir juste son minimum syndical à faire parce que c’est le personnage principal). Mais d’autre part, la force de cette équipe est qu’elle est soudée à la manière d’une vraie famille et que les relations entre les quatre sont très proches et très développées, et ce sans qu’un des compagnons soit un mystère sur pattes qui fascine le Docteur.

J’ai aussi trouvé légèrement forcé que les trois soient liés (grand-père/petit-fils, anciens camarades de classe) mais au moins ça permet de ne pas trop perdre de temps à les présenter les uns aux autres pour aller droit au but.

Yazmin Khan (Mandip Gill), musulmane et aspirante policière (comme ça le TARDIS a enfin à son bord quelqu’un dont le job correspond à son apparence de cabine de police) qui en a marre de s’occuper des querelles de parking et de sa famille d’un ennui accablant. Sans doute celle dont les motivations sont le plus bateau et celle qui a le moins de développement. Ce qui explique mon relatif désintérêt pour elle, alors qu’elle m’est pourtant des plus sympathiques. Tout au plus on peut dire que si le Docteur était Batman, elle serait Robin.

Ryan Sinclair (Tossin Cole), un apprenti mécanicien qui en attendant fait un boulot ingrat. Atteint de dyspraxie, ce qui fait de lui le premier compagnon régulier non-valide, il est vite devenu mon coup de cœur. Mais c’est aussi parce qu’il est réellement attachant avec ses manières "adorkable". J’ai un peu plus de mal avec ses "daddy issues" par contre.


Graham O’Brien (Bradley Walsh), conducteur de bus à la retraite et survivant du cancer, il a épousé son infirmière Grace. Quand celle-ci lui est enlevée par le méchant de la saison, il passe son temps à surmonter le deuil et trouve une échappatoire dans ses aventures avec le Docteur (qu’il surnomme « Doc », ce qui me fait penser que c’est la première fois en 55 ans de série). Graham a beau être le mec-cis blanc hétéro et valide dans cette équipe de Token Minorities, le fait qu’il soit âgé le rend malgré tout fort atypique. D’habitude, le vieux de la série est le Docteur lui-même, avec pour compagne une jeune femme avec qui il a une relation père-fille ou professeur-élève. Graham dément vite le statut de Papy Grincheux sceptique au sujet des aliens qu’on lui voyait initialement, et malgré un côté lion peureux, c’est même par moments plutôt Papy la Déconne. Il faut également se méfier de l’eau qui dort, car le seul trait de caractère que Thirteen n’a pas pris de Ten, c’est Graham qui l’a eu (demandez à Tim Shaw, il est d’accord avec moi).

Grace O’Brien (Sharon D Clarck), grand-mère de Ryan et dont Graham est l’époux en secondes noces, est un de ces personnages qui n’apparaît que dans un épisode mais qu’on considère quand même comme un compagnon. Déjà parce qu’on aurait tous adoré la voir en passagère régulière du TARDIS (dommage que son amour quasi Claraesque du danger l’en ait empêchée avant même que la Doc ait l’occasion de le lui proposer), mais aussi parce que son héritage spirituel revêt une importance capitale dans les motivations de Graham et Ryan, c’est comme si elle était quand même présente. Et puis, quand un univers conscient décide de lui emprunter sa voix et sa passion des grenouilles, on comprend que c’est pas n’importe qui !



Edit saison 12 :

HOLY F*CKING SH*T CHIBNALL!

Si vous suivez mon blog (ou du moins mes articles consacrés à Doctor Who), vous avez dû remarquer que d’habitude, mes mises à jour après une nouvelle saison sont assez discrètes : j’ajoute quelques épisodes de cette nouvelle saison qui m’ont particulièrement branchée et les modifications des autres paragraphes sont peu perceptibles (voire je ne change rien).

Cette fois il m’est impossible de procéder ainsi.

La raison en est : HOLY F*CKING SH*T CHIBNALL!

Davies et Moffat montraient plus clairement la direction qu’ils comptaient prendre dès la première saison de leurs Docteurs. Même si cette saison était plus timide et qu’on voyait que ça se cherchait un peu, ça prévisualisait déjà bien la suite. Quant aux Docteurs Classic, leurs ères étant achevées bien avant ma naissance (ou alors, j’avais 2 ans quand c’est arrivé à Sylvester), j’avais d’emblée une vue d’ensemble.

Ici, ce n’est pas le cas, la saison 11 n’est pas une amorce timide pour les suivantes qui en perfectionneront la formule une fois que la nouvelle équipe aura trouvé ses marques, elle est un chapitre dans un délire tout différent. Au point que j’ai au final l’impression que Chibnall a fait exprès de nous offrir une saison 11 un peu molle, un peu légère (mais volontairement molle et légère, pas par manque d’assurance) pour mieux nous balancer une collection pétards en saison 12, où les choses sérieuses commencent.

Alors, le Docteur est trop gentille, trop passive, pas assez alien, pas assez « Dark Doctor » ? La voilà remise en question de tous côtés, les nerfs à vifs, à bouder dans son TARDIS comme emo-Ten post-Rose que même sa mif ne sait plus comment s’y prendre avec elle. Lentement mais surement elle craque sa façade de bonne copine trop sympa parce que, en fait, elle est pas humaine, faudrait pas l’oublier, sa relation avec ses compagnons n’est pas tout à fait horizontale mais plus une montagne avec elle au sommet parfois obligée de prendre les décisions les plus dures.

Les compagnons sont trop effacés, surtout Yaz qui sert à rien ? Bah, vous savez pourquoi elle est si effacée et semble être juste là pour donner la réplique au Docteur ? Parce qu’elle a subi du harcèlement scolaire, parce qu’on lui a répété qu’elle ne servait à rien, et qu’elle en ressort discrète et taiseuse, avec cette tendance à s’effacer. C’est presqu’ironique, la façon dont elle est traitée in universe est similaire à l’opinion qu’a la fanbase d’elle.

Les antagonistes sont nazes ? Où qu’ils sont nos méchants cultes qui fonctionnent à coup sûr ? Bam! Le Maître ! Bam les Cybermen !

Ça manque de souffle épique ? On parle pas assez de la mythologie de la série ? Oh, dear Lord, ce point-là, je ne sais même pas par où commencer pour l’expliquer. Le mieux c’est de vous laisser voir par vous-mêmes.

Cette saison 12 donne tout bonnement l’impression qu’avant, on était dans une toute petite pièce et que maintenant, on peut explorer ce qu’il y autour. Les frontières de ce qu’on savait de la série ont été repoussées, sa définition est agrandie !

Bien sûr, comme d’hab’ avec ce genre de bouleversement, ça passe ou ça casse. Avec moi, ça passe, je suis ravie.

Ce qui ne signifie pas que tout est bon, loin s’en faut. Il y a toujours des épisodes pas terribles, des aspects gérés avec l’arrière-train, les pétards dont je parlais plus haut étaient parfois mouillés... Et si la saison 11 a le mérite d’être nécessaire à la réussite de la suivante, elle n’en devient pas meilleure pour autant. La 12 n’aurait pas si bien fonctionné si on ne nous avait pas préparé le terrain en nous présentant les personnages sous leurs meilleurs jours pour ensuite les plonger en plein chaos... oui, mais du coup, elle a l’air d’un long épisode d’intro en 10 parties (11 en comptant le spécial Nouvel An qui était tout sauf terrible).

Bref, HOLY F*CKING SH*T CHIBNALL, mea culpa, je suis désolée, je t’avais sous-estimé. Maintenant, tu vas générer autant de débats sur ta trollerie que Moffat.

Mes épisodes préférés avec la treizième Docteur :

À noter que Chibnall a lui aussi décidé de changer la structure des saisons, puisqu'il n'y a plus que 10 épisodes au lieu de 13, mais qu'ils sont désormais plus longs (environ 1h).

Petit rappel : épisode que je préfère personnellement ≠ épisode de qualité

The Woman Who Fell to Earth (s11 ép01)


J’aime les épisodes de post-régénération (comme j’ai dû le dire déjà au moins treize fois), je trouve toujours intéressant de faire la connaissance d’un nouveau Docteur et de nouveaux compagnons. Au point que je ferme les yeux sans problème si le scénario n’est pas terrible et/ou que le monstre de la semaine est peu inspiré (ce qui est souvent le cas).

Quelques originalités, comme le fait que le TARDIS soit absent ou la conception en direct du nouveau tournev...couteau suisse sans couteau sonique. Bon point aussi pour ne pas en avoir fait des caisses sur la féminité toute neuve du Docteur, sans pour autant complètement éluder le sujet (le « Est-ce que ça me va ? » comme si elle venait juste de se couper les cheveux parce qu’elle aurait eu envie de changer de tête). Un épisode plus sombre qu’on l’aurait cru, et très rythmé (je n’ai pas vu l’heure passer). Un retour au côté léger des aventures du voyageur (enfin voyageuse) du temps et de l’espace plus que bienvenu, j’ai l’impression de retrouver les sensations que j’avais éprouvées quand j’ai découvert la série. Voilà donc une nouvelle saison qui démarre bien pour moi.


Et quand à la fin Ryan annonce que la femme merveilleuse tombée du ciel n’est pas le Docteur mais sa Mamie...aaaww !

En revanche, Tim Shaw est un méchant peu charismatique, qui hélas se révélera l’antagoniste de la saison et nuira beaucoup à celle-ci, quand bien le thème qu’il permet d’aborder (celui du deuil de Grace) est intéressant.

The Ghost Monument (s11 ép02)

Le distributeur de biscuits !

 

Un plaisir coupable, celui-là. Il y a plein de bonnes idées, mais un sacré manque de rythme. L’aspect SF est plus que correct, et les péripéties ont un côté jeu vidéo qui n’est pas pour me déplaire. Pour ainsi dire, c’est même ça qui au revisionnage m’a décidée à l’inclure dans la liste. Et je ne parle même pas de la référence à Call of (un lampshade hanging bien inutile, même si j’ai aimé le gag avec la réaction de Ryan, eh non, ça marche pas pareil IRL !). Non, déjà, on a deux joueurs qui acceptent de sauver les personnages principaux comme si c’était une escort mission afin d’avoir un supplément de points (ils les nomment même « bonus »), puis la succession de maps différentes, avec un niveau de réparation de machine, un niveau d’infiltration, la sieste réparatrice, un donjon avec des phases d’action, d’énigmes et d’errance dans les couloirs, et même un boss de fin ! Et tous ça dans le but de mettre la main sur une relique. À part ça, on ne sent pas la tension monter et tout est leeeeent. Et pourquoi avoir fait tout ce pataquès avec l’eau carnivore si c’est pour résoudre ça de façon si bateau (dans les deux sens du terme) ?



Rosa (s11 ép03)

rosa rosam rosae…

Ahem…blague obligée.


Un épisode centré sur un personnage historique, et pour le coup dans la veine de celui sur Van Gogh en saison 5 : superbe du point de vue de l’émotion, qui amène à s’intéresser au sujet du jour qui est vraiment prenant, et les situations auxquelles les personnages sont confrontés, même les moins bien amenées, font se tordre les tripes. Le Docteur est en retrait à part quelques moments de badassitude, mais c’est tant mieux, un épisode pareil était fait pour les humains. Les trois compagnons s’en tirent avec les honneurs (même si Yaz n’a pas grand-chose). Diantre, Graham à la fin, quand il comprend qu’il va devoir laisser faire sans rien dire...je crois qu’il a été un porte-parole fidèle de l’émotion du spectateur. Quant à Rosa, dont je ne connaissais l’histoire que très vaguement (je pense avoir entendu parler d’elle dans un dessin animé obscur vu durant mon enfance), c’est également un personnage très touchant.

Et pan !

 

Mais le méchant est encore une fois assez nul : un raciste bête et méchant à l’objectif mal défini et dont le thème musical, ce « dun dun dun », me donne envie de rigoler tant c’est cheesy : « Attention, individu louche qui rôde sournoisement ». Je pense aussi que l’épisode aurait gagné à être placé plus tard dans la saison, il aurait été plus impactant si les liens entre la Team TARDIS étaient plus avancés.

The Tsuranga Conundrum (s11 ép05)

L’épisode commandé par le département marketing

 

Au moins, ça aura le mérite de m’avoir fait chercher la définition de "conundrum".

Entre le machin qui sert de menace et le comique de situation de Ryan et Graham devant aider un homme à accoucher, on retrouve le côté délirant de Doctor Who, la série ou tout et n’importe quoi peut arriver, et parfois en même temps.


Kerblam! (s11 ép07)


Anecdote : il y avait une grève de la poste juste monstrueuse chez moi. Ça faisait des semaines que j’attendais certaines livraisons. Pour blaguer, j’avais lâché que : « Le Docteur aurait le temps de se régénérer deux ou trois fois avant que ça n’arrive ! » et là bim ! cet épisode. Thirteen reçoit un fez, dont on devine qu’il a été commandé par Eleven (sans doute peu après l’histoire avec la Pandorica selon mes estimations). Depuis j’ai l’image mentale de Matt Smith en train bougonner à propos des facteurs.


Sinon, bon épisode. Je me suis fait la réflexion en voyant Judy que les femmes d’affaire avaient vraiment toutes la même tête dans cette série, vous savez : les lunettes, les cheveux blonds coupés courts et le rouge lèvres vif et impeccablement dessiné. Au moins, avec celle-ci on est pris à contrepied puisqu’elle se révèle sincèrement gentille et concernée par ses employés.

The Witchfinders (s11 ép08)


Autre épisode historique, mais cette fois l’aspect éducatif semble moins forcé au détriment du divertissement. La féminité du Docteur a pour la première fois un véritable poids dans l’intrigue, et cela était couru : on voyage dans le passé, à une époque où il ne fait vraiment pas bon d’être une femme. Le Docteur est donc face à une difficulté nouvelle (et qui l’a peut-être fait réfléchir à ce que ses anciennes compagnes ont dû parfois endurer sans avoir suffisamment de soutien de sa part). Et pour le coup, on n’est pas dans la demi-mesure : finir accusée de sorcellerie parce qu’elle parle trop, c’est rude (mais tristement réaliste). Mais on n’en veut pas trop au King James qui s’oppose à elle, car le personnage est succulent et excellemment joué.


It Takes You Away (s11 ép09)

Cet épisode, c’est vraiment l’inverse de tous les autres de la saison : il se révèle bien meilleur que ce que les premières minutes laissaient entrevoir.


Il change de genre plusieurs fois en cours de route : on commence en film d’horreur avec une créature terrifiante qu’on ne voit jamais, on passe par de la bonne vieille SF avec un miroir qui n’est pas un miroir, des mites carnivores et une dimension parallèle, pour finir dans le WTF ? whoesque comme je l’aime avec une touche de conte de fée. Et c’est aussi là que les thème du deuil éclate pour Graham, tenté par une fausse Grace.


Bon, j’ai un peu du mal avec la grenouille (avec son lip sync que j’ai trouvé perturbant en fait) et l’antizone a l’air sacrément plus courte au retour qu’à aller.

Spyfall (s12 ep01 et 02)


Et maintenant vous avez la chanson d’Adele en tête.

Il fallait s’en douter, un jour Doctor Who ferait référence à l’autre personnage brit dont l’acteur change sans arrêt... Bon, moi, James Bond, j’ai jamais vraiment accroché, mais pour ce qui est du pastiche gentillet qui en est fait ici, je suis preneuse. D’autant plus que ce n’est pas tout ce que double épisode a à proposer, notamment les Moments HOLY F*CKING SH*T CHIBNALL#1 et #2, ainsi qu’Ada fraking Lovelace, la mamie de l’informatique, (qui est hélas un peu sous-exploitée) et Noor Inayat Khan, que je ne connaissais pas, mais c’est une découverte intéressante. Cette série avait originellement pour but d’instruire, donc, retour aux sources.

"Oh, I hope it’s not a liver.I hate being inside livers. People always get so offended."What are you doing in my liver again?" Je veux un épisode qui explique comment la Doc a pu se retrouver dans un foie (un estomac à la rigueur, je vois comment ça peut arriver, même que ça a failli être le sort d’Eleven et Amy, mais un foie ?)

 

N’empêche, avec la manie qu’on a de surnommer les Docteurs par leur numéro de régénération en anglais, y compris un 8,5 et un 10bis, on aurait pu se demander à quand un Docteur 0....ben finalement on a eu un Maître 0 à la place !

Nikola Tesla’s Night of Terrors (s12 ep04)


Et dans la catégorie des épisodes historiques qui font dans l’éducatif, celui-là est à noter. Quelques remarques :

- on commence à voir une motivation qui se dessine dans le choix des personnages historiques : il s’agit de personnes exceptionnelles qui, pour une raison X, ont été méconnues de leur temps (ou du moins étaient dans l’ombre de quelqu’un d’autre, ici Edison), bref, des gens pas appréciés à leur juste valeur

- la bobine de Tesla est aussi un instrument de musique, d’ailleurs, devinez avec quelle mélodie j’ai découvert son existence ?

- avouez, vous aussi ça vous a évoqué Bruce de la chaîne YT e-penser !

Fugitive of the Judoon (s12 ép05)

Un épisode qui au début ne paie pas de mine : on s’attend à une V2.0 de Smith and Jones, dont la structure est suivie avec minutie, et puis BIM ! On réalise que les Judoons, c’est comme Hitler dans Let’s Kill Hitler, l’arbre qui cachait la forêt et qu’on oubliera au fond d’un placard parce que ce n’était qu’un prétexte pour quelque chose de plus énorme encore. Déjà, il y a le retour de Captain Jack Pansexuel de l’Espace Harkness (qui roule un patin à Graham^^), mais on est à peine remis de son passage éclair qu’on nous sert le Moment HOLY F*CKING SH*T CHIBNALL#3.


Ce moment où Chrichri a pwned tous ceux qui réfutaient la possibilité que le Docteur soit noir/une femme. En plus qu’est-ce qu’elle est classe Jo Martin, Wittaker (que j’adore pourtant) a l’air d’une fillette à côté d’elle.

Can You Hear Me? (s12 ép07)


J’ai un léger soucis avec cet épisode. C’est que j’aime beaucoup ses deux ingrédients principaux, mais que je trouve qu’ils ne se mélangent pas harmonieusement. J’aurais préféré qu’ils soient dans des épisodes séparés. Sinon, j’apprécie l’intrigue de la semaine avec les deux dieux (même si la résolution est bof), et puis ce passage animé. Mais je suis encore plus touchée par les rêves de la mif, surtout que le passé de Yaz est enfin exploré et qu’en conséquence, elle est montée dans mon estime.

The Haunting of Villa Viodatti/Ascension of the Cybermen/The Timeless Children (s12 ép08, 09 et 10)


Après, Noor, Ada et Tesla, que diriez d’un peu de Mary Shelley et d’une ambiance horrifique pour le premier acte ?

On y également voit enfin le Dark Doctor repointer le bout de son nez... surtout la référence à Bill, ça rigole pas.

Et pour la suite....gosh...c’est Moments HOLY F*CKING SH*T CHIBNALL#4 à #42 (j’ai pas vraiment compté, mais comme tous les geeks, j’aime bien dire 42 pour me donner l’air cultivée). C’est sûr que la série ne sera plus comme avant après ça.

Que demander de plus ?

Terminer sur un cliffhanger !


Flux (saison 13)

Un peu comme Trial of a Time Lord dans la série classique, nous avons ici une saison formant un long arc narratif et portant un titre général en plus de ceux de chaque épisode. Rétrospectivement, il y a quelque chose d'ironique à ce que Thirteen et Six aient ce point commun quand on sait qu'ils sont considérés comme les vilains petits canards de respectivement la New et la Classic Who. En ce qui me concerne, j'ai plutôt bien aimé dans l'ensemble, même si d'un épisode à l'autre la qualité est inégale. Il est également à noter que cette saison a pâti d'avoir été tournée durant la crise sanitaire du Covid-19, elle est plus courte que prévu et ça se ressent.

Après le départ de Ryan et Graham, le Docteur et Yaz continuent leurs aventures qui les mènent vers Karvanista, un membre de l'espèce Lupari (des chiens bipèdes dont chaque individu est lié à la vie à la mort à un humain de la Terre et se doit de le protéger à tout prix... je ne sais dire si ce concept et débilement génial ou génialement débile, mais en tous cas c'est pour ce genre de délires que j'aime autant cette série!). Alors qu'elles se dépêtraient de leur dernière confrontation avec ce dernier (qui semble bien remonté contre le Docteur sans que celle-ci ne sache pourquoi), elles sont interrompues par un flash télépathique avertissant le Docteur qu'un redoutable criminel intergalactic est parvenu à s'évader et mijote de sombres desseins, tandis que les Sontariens ont décidé que c'était le meilleur moment pour tenter une nouvelle invasion de la Terre. Le duo s'en va enquêter, et après une brève altercation avec l'énigmatique Claire (qui semble avoir un don de précognition et être poursuivie par des Anges Pleureurs), elles font la connaissance de Dan Lewis, l'humain de Karvanista et nouveau compagnon. Au bout d'un moment, l'univers est menacé par Swarm et Azur qui veulent tout détruire grâce au Flux (l'ultime arme de destruction massive), et puis le Temps c'est une planète, et puis Vinder et Bel et le Grand Serpent, et puis y'a UNIT, et puis le Docteur a des flash de son passé, et puis Mary Seacole, et Tecteun, et... et ça se voit que c'est le giga-bordel cette histoire ? Un Lupari n'y retrouverait pas ses jeunes !

Bon, je pense qu'il est inutile de tenter de résumer. Flux, ça s'expérimente soi-même, que voulez-vous que je vous dise ? Il y a de nombreuses sous-intrigues qui s'entrecroisent. La plus faible étant celle du Grand Serpent, un « sous-méchant » ni très subtil ni très mémorable (lors de mon second visionnage, j'ai constaté que je l'avais oublié). En revanche, Swarm et Azur sont aussi charismatiques que réussis, et leur chara-design est vraiment original et beau. Les autres nouveaux personnages sont tous fort sympathiques mais à part Karvanista et Dan, on les oubliera vite eux aussi. S'il était agréable d'avoir des nouvelles de UNIT (qui d'après un épisode précédent avait manqué de disparaître à cause du Brexit), au final ils ne servent pas à grand chose.

Pour un détail des épisodes:

The Halloween Apocalypse fait ce qu'il peut pour introduire trente-six mille informations et se laisse regarder.

War of the Sontarans, l'épisode historique, est celui durant lequel je n'arrive pas à rester concentrée. Déso.

Once, Upon Time est aussi intrigant que brouillon, mais est sauvé par la perfomance des acteurs qui se retrouvent à incarner d'autres rôles.

Village of the Angels est très clairement le meilleur de cette saison, en plus, Chibnall parvient à rendre les Anges à nouveau effrayants après que Moffat ait épuisé leur potentiel horrifique à force de les surexploiter.

Survivors of the Flux et The Vanquishers font ce qu'ils peuvent pour apporter une conclusion qui tient à peu près la route.

Hélas, on en ressort avec un sentiment de « tout ça pour ça », surtout que la moitié de l'univers est détruite et que ça n'aura que peu d'impact sur la suite de la série.


Chocolate? Chocolate! Chocolaaaaaate!!!

Eve of the Daleks (épisode spécial Nouvel An)

Chibnall a décidé que les épisodes de Noël c'était fini, et les a remplacés par des spéciaux du Nouvel An. Les deux premiers ne m'avaient guère convaincue, mais celui-ci est un petit bijou. Une boucle temporelle à la Un jour sans fin mais avec une menace funeste à la Majora's Mask? Je dis: « oui » !

Power of the Doctor (épisode spécial 100 ans de la BBC)

C'est triste à dire, mais le meilleur épisode de Chibnall (j'entends par là écrit par lui, pas faisant partie de son ère en tant que showrunner) est le tout dernier.

Partout dans le monde, des peintures célèbres sont mystérieusement dégradées pour afficher le visage de Raspoutine. Des sismologues disparaissent et d'étranges activités se produisent dans les volcans. De l'autre côté de l'univers, un train à grande vitesse est poursuivi par des Cyber-Maîtres. Le Docteur , Yaz (et Dan, mais il ne reste pas longtemps) enquêtent pour trouver le dénominateur commun. Il y a des Daleks, il y a des Cybermen, il y a le Maître (toujours à la recherche d'un plan encore plus barré que le précédent, et pour le coup il ne déçoit pas), il y a le retour de Ace et Tegan Jovanka...

Cet épisode a beau avoir été diffusé en 2022, soit un an avant l'anniversaire des soixante ans de la série, il sonne davantage comme une célébration que ce qui a été réellement proposé pour l'occasion l'année suivante. Il s'agit même d'un multi-Docteurs, même si les Docteurs en question sont exclusivement issus de la période classique: on retrouve David Bradley qui reprend le rôle de One, ainsi que Peter Davison, Collin Baker, Sylvester MacCoy et Paul MacGann. C'est plutôt une bonne chose après que l'épisode du cinquantenaire soit concentré sur des Docteurs New Who (même si je n'aurais pas dit non à Eccleston et/ou Capaldi, mais c'était hors de question pour ces deux-là, quoi que pour des raisons différentes). En plus de Ace et Tegan, quelques compagnons classiques apparaissent également à la fin (notamment Mel...), on revoit également Graham (qui aurait un ticket avec Ace...), Vinder (il fallait bien un personnage de Flux pour boucler l'ère Chibnall-Whittaker) et le Docteur Fugitive.



L'épisode se conclut évidemment sur une régénération, et je dois dire que la séquence d'adieux de Thirteen doit être la plus belle, douce et sereine que j'aie vue.

Tout ça pour qu'elle se transforme en David Tennant le retour de la vengeance qui tue, qui nous sort son fameux : « Quoi ? Quoi ? QUOI ? » avant de nous laisser sur un cliffanger en guise de point d'orgue à la désormais terminée New Who (les épisodes suivants appartiennent à une toute nouvelle sous-série, but I'll explain later).

Et moi, comment vais-je conclure cet article ? Ah oui, je sais : comme ça !

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Sommaire Whoniverse

Ecrit par Campanita, à 21:14 dans la rubrique "Séries Télé".
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Jeudi (29/11/18)
Les Nombrils, tome 8 : Ex, drague et rock'n'roll
--> par Dubuc & Delaf



 

Rien ne va plus à Nombrilopolis (nom de la ville où se situe l’action donné par moi, copyright Campanita, pas touche...je plaisante). La fin du tome précédent, en particulier le Sweet Sixteen de Vicky, fut une vraie boucherie sentimentale, où nombre des couples établis ont éclaté, ou du moins été mis en difficulté, des amitiés furent compromises et une famille s’est désagrégée. Personne ne fut épargné, certainement pas les lecteurs qui refermèrent l’album tous tourneboulés pour aller errer dans de sombres et brumeuses forêts, l’air hagard et le regard éteint. Ou c’était juste moi ? Ah.

Si ce nouveau tome se conclut sur des notes plus positives (et par « positives », il faut comprendre « douces-amères », ce qui est toujours mieux que le massacre susnommé), ne tombez pas dans le piège de croire que les émotions fortes vous seront épargnées.

Will et Kate (sic !) les parents de Vicky, se séparent suite à la découverte de l’infidélité de monsieur. Sa fille cadette et lui s’installent avec sa nouvelle go, qui en réalité est aussi une ancienne maîtresse puisqu’il s’agit ni plus ni moins que de Jennifer, la mère de Jenny. Les deux adolescentes, jadis meilleures amies désormais pires ennemies, se voient obligées de vivre sous le même toit et même de partager leur chambre. Considérant chacune que l’autre a ruiné sa vie, la guerre est déclarée entre les deux bimbos. Et croyez-moi, ça va être velu....enfin euh...

Le puissant Will ruiné par le père de Mégane (la punkette pour qui Vicky éprouve toujours un amour qu’elle n’assume pas), la petite smala recomposée ne roule pas sur l’or et notre jolie métisse s’accoutume mal à sa nouvelle existence de pauvre quelle horreur. Si Vicky n’est pas prête de sortir du placard, Jenny est de son côté loin d’avouer en public qu’elle aime Hugo, le gentil garçon en surpoids qui l’aime en retour (et pour autre chose que son physique), car cela nuirait à sa popularité de Miss Univers locale d’être vue avec lui. Hugo, malgré ses sentiments, refuse d’être le bouche-trou d’une fille superficielle (et on le comprend, te laisse pas faire, Hugo !).

Et ce n’est pas à l’école que les deux bombasses trouveront du réconfort, car Karine, l’ancienne victime qui leur servait de serpillère à merde paillasson au début de la série, a renversé la vapeur à son avantage. Devenue célèbre grâce au groupe d’Albin (que Mégane a rejoint entretemps en tant que bassiste), celle dont tous se moquaient est maintenant une star adulée, son nom étant sur toutes les lèvres. Ce qui a bien entendu le don d’agacer ses amies et anciennes tortionnaires, surtout Vicky qui développe une véritable jalousie à son encontre.

Après avoir léché le sol, Jean-Brian fut hospitalisé en urgence. On ne sut jamais quelle saloperie il avait avalée, mais on ne le vit plus jamais dans Les Nombrils. Une rumeur raconte qu’il ferait des caméos dans d’autres séries publiées dans le journal Spirou, telle Les femmes en blanc (ou Pierre Tombal).

Il ne faut pas croire pour autant que tout est rose pour la grande asperge. Les Albinos ont le vent en poupe et s’apprêtent à enregistrer leur premier album, qu’ils mettront en compétition pour le prestigieux Prix Révélation. Mais en plus de subir la pression de leur maître esclavagiste producteur (qui ressemble toujours à un farfadet maléfique avec une cravate hideuse), ils devront composer avec la concurrence des Underdogs, un autre groupe montant, rivaux des Albinos jusque dans leur chara-design. Surtout Xander, leur leader, dont le charme (inexistant à mes yeux mais mon avis est loin d’être partagé par les jeunes lectrices) ne laisse pas Karine indifférente... Sans oublier que l'ombre de Vinko, l'ex-bassiste tueur en série, plane toujours au-dessus de la carrière de ses anciens amis qui lui doivent en partie leur succès grâce au buzz médiatique. Question sentiments, si on a la joie de constater que la miss semble avoir ENFIN tourné la page Barbichu, elle est toujours confuse quant à ce qu’elle ressent pour Albin. Celui-ci a beau dire sincèrement l’aimer, elle ne peut cependant pas lui pardonner les manipulations dont elle a fait les frais par le passé. D’autant plus qu’ils sont en désaccord sur leurs ambitions professionnelles : Albin veut utiliser la musique comme une arme contre les intimidateurs et faire passer un message fort ; Karine, même si elle refuse de l’avouer, veut d’avantage profiter de sa gloire naissante. Reste à voir ce qu’elle est prête à accomplir pour avoir tous les projecteurs braqués sur elle. En tous cas, ce n’est pas elle qui va fomenter un coup retors digne d’Albin ou de Vicky...n’est-ce pas ?

 

 

Par la Kawasaki Ninja de John-John !

Que cela est bon de les retrouver, ces chipies nombrilistes, surtout après trois ans d’attente (quoi les Vacheries ? Mais c’est pas tout a fait pareil !)

Dans ma critique du tome 7, j’exposais quelques griefs (qui ne voulaient en aucun cas dire que je ne l’avais pas apprécié du tout). J’espérais donc que ce Ex, drague et rock’n’roll rectifierait le tir, mais qu’en est-il ? Eh bien, couci couça. Commençons d’ailleurs par là, histoire d’évacuer les points négatifs :

J’avais trouvé que le format « gags d’une planche » était de moins en moins en adéquation avec la complexité de l’histoire racontée, bien que je puisse comprendre l’intérêt qu’on puisse y trouver (mais le spin-off Les Vacheries des Nombrils était parfait pour l’exploiter). Ce tome est dans la continuité de son prédécesseur, cependant ce problème m’y a beaucoup moins gênée, notamment durant les épisodes centrés sur les Albinos qui, j’ai l’impression cherchent moins le gag à tout prix et basent leur force autre part que dans la chute. Il y a néanmoins toujours quelques passages forcés (genre celui où Vicky promène Jenny comme un chien it makes sense in context). Cela n’empêche pas l’humour d’être présent, et il est extrêmement efficace, mais encore une fois, ce n’est pas à la conclusion des planches que je ris le plus.

J’avais aussi quelques soucis en ce qui concerne Albin. D’abord, sa dépression, dont la guérison tagueulecestmagiquesque m’avait laissée pantoise. Vu que le sujet n’est pas même évoqué une seule fois durant ce tome 8, j’en déduis que je ne dois plus rien espérer de ce côté là (mais bon, j’attends toujours que Karine découvre que ce sont ses amies qui ont tenté d’empoisonner Mélanie dans le tome 4, quand bien même je sais cette attente vaine), que je n’ai plus qu’à combler les trous avec mon imagination: on va dire qu’Albin a guéri tout seul dans son coin, que cette guérison a été compliquée, et qu’il a menti avec le coup des anti-dépresseurs pour éviter à ses proches de s’inquiéter pour lui. Ce qui correspond pas mal avec son côté « Je porte toute la misère du monde sur les épaules » en fait. Et Karine et les autres n’y ont vu que du feu car ils n’ont jamais été dépressifs enfin, Karine l’a probablement été dans le tome 4 mais chut !

Ensuite, il y a cette arèdjî d’Anna, qui n’est pas mentionnée non plus, malgré le beau bordel qu’elle avait amené avec elle. Je suis loin d’être fan du personnage (à vrai dire, j’ai bien envie de la balancer au milieu du ring de Bruxelles à l’heure de pointe), mais elle avait le potentiel d’être la Yandere-Chan des Nombrils et il y a moyen de faire de la bonne littérature avec son cas. D’autant plus que je me demande toujours ce qu’il s’est passé après que Karine ait quitté l’appartement (et espère de tout coeur qu’Albin est parvenu à la repousser. On oublie facilement que ce genre de choses n’arrivent pas qu’aux filles...).

Et enfin, je trouvais que les terribles révélations sur le passé du cher guitariste albinos, en plus de rendre ledit passé surchargé (surtout que depuis, il a été révélé lors d’une tribune qu’il était encore plus jeune que je le pensais), donnaient à penser qu’on cherchait à noircir le personnage le plus possible afin de le présenter comme un salaud intégral dont Karine était la pauvre petite victime sans reproche. Ici je suis plutôt satisfaite : si Albin n’a pas accompli l’acte de rédemption que j’espérais, au moins il est montré comme gris, avec ses mauvais aspects certes, mais aussi avec les bons. Et d’autre part, Karine n’est plus cette sainte à qui il arrive malheur uniquement parce que tous les autres sont des vilains méchants, mais quelqu’un de bien moins pur qu’on le croyait. J’avoue que cela m’a fait un bien fou !

Oh, et puis, où qu’elle est passée Lizon ?

Bon, j’arrête de râler, parce que ce nouvel album est juste une tuerie. Enfin, non, c’est plutôt un gâteau, avec tous les ingrédients qu’on aime dedans et dont on se resservirait volontiers une part une fois la lecture achevée, mais c’est fini, naplus ! Il y a du suspens, de l’humour, de l’émotion, des coups de théâtre, des coups tordus et des personnages qui évoluent, se révèlent complexes et nous surprennent à chaque fois. Tout ce beau monde a des profondeurs cachées...mais elles ne sont pas toujours très reluisantes, ces profondeurs. On répond à certaines questions, on en laisse d’autres dans le vague, et la fin est encore une fois une succession de scènes inattendues qui redistribueront les cartes entre les différents protagonistes et produira du fuel à fanfics et à théories pour les acharnés de la fanbase. Aussi, au risque de me répéter de review en review mais ça reste important de le signaler, le dessin de Delaf devient de plus en plus beau avec le temps (pas que je trouvais ça moche au départ, hein !).

Mais si chacun et chacune a sa petite histoire et trouve sa place sur l’échiquier d’une intrigue aux petits oignons, celle qui se démarque et étonnera le plus le lecteur est Jenny. Si les deux co-vedettes de la bédé que sont Karine et Vicky ont leur lots de fans avides de les voir progresser et se débattre dans leurs aventures mouvementées et leurs sentiments confus, Jenny était un peu la laissée pour contre, la clown de service ; sa stupidité crasse et l’innocente cruauté qui en découle étant un des principaux piliers de l’humour nombrilesque. Elle a beau être le personnage le plus iconique (c’est par exemple elle qui est choisie par un autre dessinateur pour représenter la série dans le numéro spécial Spirou Vs Fluide Glacial), elle reste celle dont on attend surtout de détendre l’atmosphère par ses nombreuses bourdes et sa mécompréhension d’à peu près tout ce qu’on lui dit (mais toujours de la façon la plus hilarante). Ce qu’elle accomplit avec brio, au passage. Mais à part ses conditions de vie désastreuses avec une mère alcoolique et un cadre précaire (et encore, ce problème est désormais réglé depuis le tome précédent), Jenny n’offrait pas grand chose pour inciter à la prendre en pitié et lui souhaiter un meilleur destin. Même son love interest Hugo a l’air aussi chiant que Dan sur le papier (mais contrairement à ce dernier, je ne peux m’empêcher de le trouver adorable).

Documentaire sur les escargots. En tous cas, niveau bave, le compte y est.

Si la couverture semble indiquer que Karine se taillera la part du lion, ne vous y fiez pas : c’est bel et bien Jenny qui est sous la lumière des projos, cet album est le sien. Elle y connaîtra la période sans doute la plus dure et déprimante de son existence mais c’est à cette occasion qu’elle pourra progresser, pour finir par être celle dont le triomphe sera total dans la conclusion (là où ce sera une victoire en demi-teinte pour Karine et un fiasco total pour Vicky). Le parcours de Jenny est lui aussi très inattendu, que ça soit le début de sa descente aux enfers (où ce qui dans Le donjon de Naheulbeuk n’est qu’un gag sur la nunucherie de l’Elfe est ici présenté comme l’équivalent d’une mise à mort et de façon tout à fait crédible), ou le remède (là où ses deux copines ont besoin d’un(e) Manic Pixie Dream Boy/Girl pour retrouver confiance en elles, la rouquine puisera sa force ailleurs).

Une chose est certaine, après votre lecture, vous ne verrez plus Jenny comme la coconne juste bonne à vous divertir par sa bêtise!

Avec Vicky, en revanche, l’effet est inverse. Elle nous avait émus dans les tomes précédents, nous faisant réaliser quel passé douloureux se cachait derrière sa personnalité de pétasse manipulatrice en puissance. Le fait qu’elle possédait la famille la plus odieuse de l’univers et le climat homophobe dans lequel elle évoluait rajoutaient également du tragique à sa situation. Mais expliquer n’est pas excuser. Vicky reste un des personnages les plus difficiles à aimer, elle est coupable de tant d’ignominies et parfois ses actes sont encore plus moralement (voire légalement) discutables que ceux de Mélanie ou d’Albin, des personnages pourtant beaucoup plus pointés du doigt qu’elle comme étant mauvais. Et dans cet Ex, drague et rock’n’roll, ceux qui avaient éprouvé de la compassion pour elle se rappelleront pourquoi ils la détestaient au départ. Moi-même, qui la considère comme un de mes personnages préférés, j’avoue avoir eu bien du mal à éprouver de l’empathie pour elle. Pourtant, jamais on ne tombera dans la haine absolue, simplement, on trépigne d’impatience de la voir se prendre un retour de bâton, et quand elle se le prend, on jubile tant elle l’a mérité, pour quand même avoir le cœur serré pour elle dans les dernières pages. En bonus, Vicky arbore dans ce tome un des sourires dessinés les plus flippants qu’ils m’ait été donné de voir sur une planche de bédé. La première impression qu’il m’a fait était de me faire penser à L’attaque des Titans, c’est dire.

Finalement, Vicky reste fidèle à elle-même : c'est une garce qu’on aime détester mais aussi qu’on aime tout court.

Quant à Karine, ce fut un vrai bonheur de la voir sombrer lentement mais sûrement dans le Côté Obscur. Ce personnage avait commencé à légèrement m’agacer, car elle était si gentille et si immaculée que tous les déboires et injustices qui lui tombaient dessus n’étaient jamais de son fait. Forcément, son seul défaut étant cette grande naïveté qui la poussait à faire confiance aux mauvaises personnes, le coupable était toujours quelqu’un d’autre. Résultat, celle dont l’évolution était annoncée dès Duel de belles stagnait depuis quatre tomes dans cet état où elle n’avait jamais à se remettre en question puisque ce qui lui arrivait n’était jamais de sa faute mais celle de l’un ou autre vil manipulateur. Elle était l’œuvre de Vicky, l’œuvre d’Albin...Cette fois, elle sera l’œuvre de Karine. L’ancienne victime s’affirme, mais au point d’oublier que c’était justement ce statut de victime qui l’avait amenée à faire de la musique pour combattre les injustices. Elle prend la grosse tête, savoure sa nouvelle célébrité, se délecte de la jalousie qu’elle inspire à ses amies qu’elle est enfin parvenue à surpasser, crache sur le message qu’Albin veut faire passer au profit de la gloire...ayant compris que l’industrie musicale était une compétition, elle franchira un point de non-retour pour se débarrasser de la concurrence. Sans trop en dévoiler, même Albin n’était jamais allé aussi loin. Ce que Karine a fait se rapprocherait plutôt de Mélanie ou Vicky... 

Bref, Dark Karine est dans la place, et ça la rend fichtrement intéressante !

Selon ce qui se passera dans les tomes suivants, il se pourrait bien qu’elle et Albin deviennent véritablement un duo infernal ! (1)


Pour parler un peu des nouveaux personnages, la livrée de ce volet est plutôt attrayante. Je les ai trouvés au moins divertissants, et une promesse de rebondissements futurs. À part peut-être pour Steven.

 

Non, pas ce Steven-là. Hélas.


Voilà, cest lui de dos, je nai pas de meilleure image. De toutes façons, pour ce quil est...

Il s’agit d’un beau gosse générique sans saveur (et comme tous les sportifs dans une comédie lycéenne, il porte en permanence le blouson de son équipe) dont Vicky se sert pour faire croire à tout le monde qu’elle est hétéro. Il passe crème pour le rôle qu’il a, mais dans le même style, Jean-Franky était plus truculent.

Ensuite, il y a cette intrigante jeune-fille dont le nom n’est pas donné, mais qui semble bien partie pour être la rivale de Jenny pour le cœur d’Hugo....  J’ai cru comprendre qu’on en apprendrait d’avantage sur elle dans les Vacheries.


Aïe ! Aïe ! Aïe !

Ensuite, il y a Xander.

 

Non, pas ce Xander-là. Hélas.


Xander et ses sous-fifres, les Underdogs, le groupe concurent des Albinos, leur pendant maléfique, tels les Siths pour les Jedis. Si ces derniers sont en blanc, les premiers sont en noir, comme pour souligner leur antagonisme. Ce n’est pas toujours évident de déterminer quelle genre de musique ferait un groupe fictif dans une œuvre non-audio, mais dans leur cas, j’imagine les Underdogs dans la veine de One Direction ou Tokio Hotel. Leur tube, Mordu de toi, laisse également entrevoir un univers à la Twilight. Dès leur première confrontation avec les Albinos, ils tenteront de les clasher avec une rhétorique digne de ton rival dans Pokémon. À propos de Xander en lui-même (car ses sbires ne sont que des figurants) : je crois que ce personnage a été créé dans le but de réconcilier les fans d’Albin avec ceux de Dan, en proposant pour Karine une troisième option romantique faisant passer les deux autres pour des mecs décents. Cet espèce de Don Juan emo fait sans doute craquer toutes les midinettes, mais après avoir fait sa connaissance, on a juste envie de l’émasculer avec une cuillère à melon.
 

Et enfin, il y a Lara.


Non, pas cette Lara-là. Hélas.

Matez-moi ce regard de grognasse. « J’suis trop une princesse, et quand je pète, ça fait des paillettes ! »

 

Celle-ci, c’est à Mélanie qu’elle ferait de l’ombre, dans la catégorie « roulure arriviste ». Puisque Vicky ne peut plus voir Jenny en peinture, elle a besoin d’une nouvelle besta avec qui jouer les reines de la ruche à l’école et conspuer la rouquine. Son dévolu se porte sur Lara. Autant dire qu’elle va amèrement le regretter.

 

Ce tome est sûrement l’un de mes préférés de la série. Il conclut un cycle, à l’instar du quatrième, avec lequel j’ai noté quelques ressemblances structurelles et thématiques : un personnage change de look, s’assume et gagne en maturité ; l’intrigue de Karine se cloture sur une histoire d’innocent piégé par la justice (seulement, cette fois, elle n’est pas la victime qui se venge mais la coupable qui s’en sort). Pour Vicky, ça se termine plutôt en un mix entre les fins des tomes 2 et 3. Et enfin, une petite réminiscence du 5 quand Albin, micro à la main dans un café, invite quelqu’un à s’exprimer publiquement à propos de ses sentiments ; ce qui est par ailleurs pour lui l’occasion de lui dire merci pour ce qu’il s’est passé fin tome 6 dans un moment aussi chaleureux qu’innattendu de sa part.

À bientôt pour le tome 9 !

(1) Par duo, je n’entends pas spécifiquement un couple. Même si à choisir je suis d’avantage Team Albin que Team Dan (et encore moins Team Xander), je préferais que Karine finisse célibataire (parce qu’il n’est pas nécessaire de trouver chaussure à son pied pour être quelqu’un d’accompli, qu'on évacue ses tourments sentimentaux pour se concentrer sur sa carrière musicale par exemple, ne serait pas plus mal). Mais j’aimerais quand même qu’Albin reste un personnage présent, car en plus d’être très intéressant, son rôle ne se limite pas à celui d’un love interest et je me suis vraiment attachée à lui.

Ecrit par Campanita, à 11:31 dans la rubrique "9ième art".
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