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Hello, je suis Campanita. Juste un petit blog pour partager mes petites créations ainsi que mes impressions sur le monde...

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Dimanche (27/10/19)
Les vacheries des Nombrils, tome 2 : Une fille en or

Yep, je parle encore des Nombrils, mais que voulez-vous, après l’excellent tome 8 de la série principale, la série dérivée nous offre elle aussi un nouvel album.

Avant toute chose, je recommande de lire mon article consacré au tome 1, où j’explique le pourquoi du comment, où je présente le concept quoi.

C’est bon, vous l’avez lu ? Bien. Et donc, où en sommes-nous maintenant, avec ce Une fille en or et sa couverture clinquante et scintillante à en servir de stim toy visuel ? Je vais devoir expliquer autre chose que le concept, du coup...mais que dire ? Ah, ça y est, je sais.

On présente souvent Les Vacheries comme une préquelle aux Nombrils, mais j’avais déjà soupçonné, à ma lecture de Vachement copines, que les événements de ce spin-off se dérouleraient non pas avant mais en parallèle à ceux du tome 1 de la série-mère Pour qui tu te prends ? J’en ai maintenant la confirmation. Outre ce que j’avais déjà relevé la dernière fois (certains gags reprennent des planches rejetées qu’on pouvait trouver au stade de crayonné sur le Net, l’avancement du flirt entre Karine et Dan...), il y a carrément un gag de Une fille en or (p.21) qui n’est ni plus ni moins qu’une nouvelle facette d’une planche de Pour qui tu te prends ? (p.19) adoptant le point de vue d’un autre personnage.

Ce qui n’est pas une critique négative. Déjà parce que j’ai adoré le twist apporté par le gag revisité en question, mais aussi parce que, de manière plus générale, Pour qui tu te prends ? est un album assez confus en terme de temporalité et rempli de « trous » scénaristiques. Rien d’anormal là-dedans, c’était le tout premier des auteurs, à l’époque ils en étaient encore au stade primitif de la construction de leur univers et de leurs personnages, et ne devaient pas se douter d’à quel point ils allaient s’investir pour complexifier tout ça. Ce n’était vraisemblablement qu’une série à gags répétitifs comme beaucoup d’autres, les personnages n’étaient pas censés évoluer ou vieillir, et étaient condamnés à jouer dans le registre que leur impose leur caractérisation de base. Encore une fois, rien de mal dans tout ça, beaucoup de bédés utilisent cette formule qui fonctionne très bien et a généré des séries cultes et de qualité. Mais Les Nombrils étaient destinés à devenir autre chose. Rien que le fait de briser le statu quo en permettant à Karine et Dan de devenir enfin un couple en fin d’album était un signe avant-coureur, tout comme le rebondissement avec l’accident de John-John (même si là on revenait quand même à la normale à la fin, on sait que deux tomes plus tard John-John n’aura pas oublié la gentillesse de Karine à son égard et que ça aura des conséquences). 

Pour qui tu te prends ? a beau avoir un fil rouge (Dan et Karine cherchant à se mettre ensemble... oui, c’est un fil rouge, ténu, mais c’en est un), la temporalité est assez nébuleuse. C’est logique, à ce stade, les auteurs n’avaient pas prévu qu’il en faudrait une. Tout en plus, on peut y aller par déductions logiques :

[MODE ALBIN] Une des premières planches (où les trois héroïnes semblent découvrir l’existence de Dan, ou du moins elles ont besoin de temps pour situer qui il est) se déroule à la Saint-Valentin, qui, si je ne me trompe pas, a lieu le 14 février. Ensuite, plus d’indications claires, mais en observant les décors en extérieur et comment les personnages s’habillent en fonction de la météo, on peut constater que les saisons défilent. Notamment, le fameux gag où Vicky tente de noyer quelqu’un (hum...quelque chose me dit qu’elle se prendra un retour de karma tôt ou tard...) se passe dans une piscine extérieure dans une ambiance estivale. Les dernières planches de l’album ont pour décors des arbres aux feuilles rousses, les personnages portent manteaux, écharpes et bonnets, et ont de la buée qui sort de la bouche quand ils parlent, ce qui suppose environ le mois d’octobre. [/MODE ALBIN] 

Pour qui tu te prends ? dure donc environ huit mois, là où les albums suivants tiennent dans un mouchoir de poche temporel (en moyenne un mois et demi). Je suis désolée pour les shippers de Karine/Dan, mais en vrai, ces deux-là auront en fin de compte passé six fois plus de temps à tenter de se courtiser qu’à être ensemble, avant que Dan se lasse d’elle et aille se jeter dans les bras de Mélanie. Autant pour « la plus tro belle histoire damuuur ». Allez, j’admets que j’ai menti : je ne suis pas du tout désolée.

Résultat : Pour qui tu te prends ? laisse un immense champ libre pour rajouter des épisodes intermédiaires, et cela Les Vacheries l’accomplissent avec brio. Je m’étais déjà fait la réflexion que Vachement copines était « un tome 1 meilleur que le tome 1 » (car beaucoup plus maîtrisé à tous les niveaux), et Une fille en or est dans la parfaite continuité. Lire Les Vacheries n’est toujours pas nécessaire pour comprendre la série principale, mais je recommanderais néanmoins de le faire (après Pour qui tu te prends ? et avant Sale temps pour les moches donc), car c’est assez complémentaire. 

Je parlais justement de Dan. On nous avait annoncé que ce tome 2 s’attarderait un peu plus sur lui, ainsi que sur John-John. Ben...pas vraiment en fait (ça sera pour le tome 3 je suppose ?). En tous cas, rien de neuf n’est apporté. Pareil pour les situations familiales de Jenny et Vicky (le seul apport concret par rapport à Pour qui tu te prends ?) : on appuie ce qu’on savait déjà, mais ça reste efficace cela dit. De manière générale, on voit plus de nuances chez les trois protagonistes (notamment, Karine a des moments où elle est plus peste que ce à quoi on est habitués). En vrai, le focus sera mis sur Gabrielle, un personnage présent depuis les débuts, mais qui n’avait jusqu’ici même pas droit à un prénom. C’est maintenant chose faite, et en apprend également sur son passé, lié à celui de Vicky, et sur pourquoi elle les déteste autant, elle et Jenny. Aussi, les deux bimbos nous racontent comment elles se sont rencontrées (chacune avec leur biais, évidemment).

Gabrielle dans Pour qui tu te prends ?

Ah, tiens, j’allais oublier de mentionner les caméos de personnages appartenant au futur de la série. Il y en a de nombreux, mais celui qui mérite le plus une mention spéciale est Mégane, avec des cheveux bleus (et, il me semble, en couple avec un mec !). Le meilleur étant qu’elle et Vicky se tiennent à même pas deux mètres l’une de l’autre et qu’elles ne se calculent même pas !

Ecrit par Campanita, à 11:14 dans la rubrique "9ième art".
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J'ai joué à Link's Awakening sur Switch
--> pas vraiment un test, plus un racontage de vie

C’est en 2011 que j’ai découvert la franchise Legend of Zelda (oui, c’était sur le tard). Enfin, je savais que ça existait, c’est juste que je ne m’y intéressais pas (ni aux jeux vidéo en général). Mais notez quand même que je savais que le protagoniste s’appelait Link et non Zelda, parce que c’était clairement un garçon alors que Zelda est un prénom féminin (c’est une des deux tantes de Sabrina Spellman !). Jamais compris la confusion...

Mon tout premier jeu Zelda était Link’s Awakening, sorti sur Game Boy en 1993 (puis remasterisé sur Game Boy Color en 1998). C’est donc lui qui m’a servi de point d’entrée dans cet univers, qui m’a refilé le virus et m’a progressivement convertie en fan obsédée. Pour cela il aura a jamais une place de choix dans mon cœur, bien que ce ne soit pas mon préféré (je dirais comme ça au pif qu’il est quatrième ou un truc dans le genre).

Pourtant, c’est sans conteste un des plus bizarres de la franchise.

Déjà, c’est un des quelques jeux où la princesse titulaire n’apparaît pas. Elle est juste mentionnée très brièvement au début quand notre héros, encore dans le coaltar, confond Marine penchée à son chevet avec elle. Ce qui m’a longtemps induite dans l’erreur qu’elles devaient être des sosies (j’avais même fait un fan art de Marine avec des oreilles pointues et je me suis bien fait reprendre par quelqu’un sur DA). Hey, la sprite de Zelda dans les Oracles (également sur GBC) n’est ni plus ni moins que celle de Marine avec une couronne en plus ! Alors qu’en vrai, elles n’ont ni la même forme d’oreilles, ni les mêmes couleurs de cheveux et de yeux, ni le même style vestimentaire. Mais bon, Link n’est pas très bien réveillé, c’est dans le titre... Fais-toi un Earl Grey, Link, ça ira mieux après.

À propos du titre, il y a cette vidéo très intéressante (pour les linguistes du moins) qui explique pourquoi le titre occidental n’est pas à la hauteur du titre japonais. Moi, je peux vous faire un exposé sur pourquoi Spirit Tracks est super polysémique, si vous voulez...ah, vous voulez pas. D’accord.

Donc, Link’s Awakening, c’est celui où Link fait un naufrage en bateau, se retrouve sur une île étrange, Cocolint, avec un gros œuf à pois roses au-dessus de la montagne dominant le tout, des animaux qui parlent, des références à Mario parce que pourquoi pas ; et en fait, on finit par découvrir que c’est un rêve ! Quoi, spoiler ? Tout le monde le sait ! Hey ! Hey ! Listen : dans Ocarina of Time, Sheik c’est Zelda déguisée en garçon en fait !

L’opus précédent, A Link to the Past, bien qu’acclamé par la critique comme ayant un scénario digne d’un film, reste à mon goût assez classique et ne relève pas vraiment de la fantasy la plus élaborée. Pour un jeu vidéo d’une époque où les intrigues étaient incroyablement simplistes, je conçois que ça soit une révolution cela dit. Mais Link’s Awakening... a réellement dû surprendre. Alors, je n’ai jamais vu Twin Peaks, ni quoi que ce soit signé par David Lynch (je devrais m’y mettre d’ailleurs), mais j’ai régulièrement entendu dire que ça y ressemblait méchamment, donc je veux bien croire que ça soit là une des sources d’inspiration. C’est vraiment un scénario très particulier. Et poignant. Et avec une fin douce-amère.

Une fin douce-amère qu’ils ont quand même tenté de corriger, non pas dans le jeu lui-même, mais en changeant sa place dans la chronologie. Mais si, vous savez, la fameuse chronologie Zelda hyper-compliquée et tellement génératrice de maux de tête qu’on se demande si Nintendo n’a pas des actions chez Bayer... Enfin, moi, je la trouve pas si difficile à comprendre que ça, mais je suis une whovian donc habituée à pire tordue. N’empêche qu’ils ont quand même modifié cette chronologie en permutant Link’s Awakening et le diptyque Oracles (dont la fin suggérait pourtant un enchaînement super-logique avec L’s A, puisqu’on voit Link partir en bateau), comme ça, on sait qu’il est revenu à Hyrule après son aventure onirique, au lieu de crever comme un bâtard de faim/soif/froid/insolation au milieu de l’océan après avoir été planté là par le Poisson-Rêve...

Enfin, quand j’ai appris que mon tout premier Zelda allait avoir droit à un portage sur Switch, j’ai hurlé d’hystérie comme une groupie devant un boys band exprimé un vif enthousiasme. Y’en a, parmi les éternels râleurs, qui étaient déçus que ça ne soit pas Wind Princess ou Twilight Waker ou Skyward of Time ect. Pff. Alors, je comprends qu’on n’aime pas la Wii U, mais j’ai apprécié que pour une fois le premier jeu auquel on ait pensé pour un portage sur la toute nouvelle console soit un titre portable et non un opus de salon qui se taillait déjà la part du lion question mise en valeur. Les Zelda sur console portable (et en 2D) sont des bijoux qui n’ont rien à envier aux autres jeux, mais ils sont beaucoup moins populaires, voire carrément ignorés ou relégués au statut de « petits Zelda », comme de simples entremets entre deux plats de résistance. J’apprécie au plus haut point qu’on accorde enfin plus d’amour à ces oubliés du fandom, et j’espère qu’après Link’s Awakening suivront Oracle of Ages/Seasons et Minish Cap (et même, soyons fous et imaginons des portages des jeux DS, même s’il faudra revoir les commandes...bah de toutes façons, personne n’aime le microphone !).

Mais qu’en est-il donc de ce remake sur Switch ?

Commençons par les points qui m’ont déplu. Il y en a deux. Et encore, ce sont des demi-points. D’abord, c’est terriblement court (à peine une dizaine d’heures), mais le jeu original l’était également. Ensuite, parlons des mini-jeux : je n’ai jamais aimé ça, dans un aucun Zelda, les meilleurs d’entre eux sont pour moi au niveau « mouais, ça passe, ça me dérange pas trop ». J’appréciais que L’s A en possède peu, et qu’ils soient rapides et faciles. Cela a changé : la Pêche, le Jeu de la Pince et la Descente en Radeau ont été revisités pour leur donner une durée de vie prolongée, ce qui part d’une bonne intention mais du coup je les trouve relous à faire (surtout le troisième). À part ça, je n’ai rien à déplorer.

Ah oui, il y a aussi des flacons à fées maintenant.

C’est terriblement joli, ils sont parvenus à trouver un style graphique encore plus choupi-kawaii que celui à la « Link Cartoon », et les textures à effet plastifié (dont je ne suis pas fan dans les jeux se voulant matures avec un design plus réaliste comme TP) donnent ici un aspect de monde de jouets qui souligne très bien le propos de l’histoire : Cocolint est un monde factice, né d’un rêve, rien n’est réel. Preuve en est que les scènes de début et de fin, se déroulant dans la réalité, sont animées dans un style différent (qu’on verrait bien dans un manga d’Akira Himekawa).

La musique a également bénéficié d’un coup de jeune, et c’est un plaisir de redécouvrir les thèmes iconiques avec une nouvelle orchestration. Par ailleurs, les personnages ont maintenant leur voice grunting et on peut enfin entendre Marine chanter. J’ai été étonnée du fait qu’elle avait une voix de personne de 16 ans (ce qui est probablement son âge en fait), tant j’étais habituée à l’entendre couiner comme une gamine de maternelle dans Hyrule Warriors. Sachez aussi que la Ballade du Poisson-Rêve a maintenant une version officielle avec des paroles, en japonais et en anglais.

Question gameplay, rien de bien nouveau, si ce n’est que tout est plus ergonomique (l’épée et le bouclier ont leur bouton attitré plutôt que de faire partie de l’inventaire changeable, le bracelet de force est automatique,...) ; on a rajouté des fragments de cœurs et des coquillages mystérieux pour rallonger (un peu) la durée de vie. Le plus gros changement est la quête secondaire facultative. Inexistante dans le jeu original, simple collection de photos dans la version DX (qu’on pouvait faire imprimer grâce au Game Boy Printer à l’époque...ai-je besoin d’expliquer en quoi c’est d’un intérêt limité aujourd’hui ?), nous avons maintenant Igor (personnage de fossoyeur bossu apparaissant dans quelques autres jeux de la franchise) qui propose de créer des donjons à partir de pièces de « vrais » donjons déjà visités, et de s’y promener. Dit comme ça, ça fait un peu Mario Maker, mais dans une version très light quand même (et impossible de partager ces donjons en ligne, tout au plus on peut les charger sur un amiibo pour les refiler à un pote). Sympa mais sans plus.

Igor le BG

Bref... Link’s Awakening n’est pas le seul jeu que j’attendais cette année, ni celui qui demandera la plus grande analyse (d’où le fait que cet article tient plus du billet d’humeur que du test en bonne et due forme), mais celui qui m’a le plus hypée, franchise préférée oblige. Il ne m’aura pas non plus occupée longtemps, mais je suis loin d’être déçue, ce retour aux sources était un réel plaisir !

Par contre mon agenda m’indique qu’il va bientôt falloir aller chasser les fantômes avec ce bon vieux Luigi, et ensuite devenir maître Pokémon dans une contrée aux vibes so british. À bientôt pour de nouvelles aventures, donc !

Ecrit par Campanita, à 10:59 dans la rubrique "Jeux Vidéo".
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Soif
--> l'évangile apocryphe selon Sainte-Nothomb

Je me rappelle, que dans Stupeur et tremblements, Amélie avait dit :

« Récapitulons, petite je voulais devenir Dieu. Très vite, je compris que c’était trop demander et je mis un peu d’eau bénite dans mon vin de messe : je serais Jésus. J’eus rapidement conscience de mon excès d’ambition et acceptai de faire martyre quand je serais grande. Adulte, je me résolus à être moins mégalomane... »

Une de mes citations préférées au passage.

Eh, bien, je ne sais pas si elle est parvenue à être Jésus, mais en tous cas elle lui a permis de s’exprimer à travers sa plume. Ce n’est ni plus ni moins que la Passion du Christ (depuis le procès jusqu’à la résurrection) qui est narrée dans Soif, du point de vue du principal concerné. Y’a pas à dire, elle frappe fort cette année ! J’en vois d’ici certains crier au blasphème, surtout qu’elle n’hésite pas à commettre quelques « hérésies » du style :

- canoniser la relation Jésus/Marie-Madeleine (non mais qu’elle shippeuse en fait !), même qu’il lui mettait régulièrement le cierge dans le calice (je dis ça juste pour faire des analogies douteuses mais rigolotes, venez pas imaginer qu’il y a du cul à toutes les pages non plus)

- remettre en question la pertinence de certains épisodes via l’autocritique du narrateur (ce pauvre figuier qui n’avait rien fait de mal...enfin bon moi j’aime pas les figues, je trouve ça dégueu)

- adresser de petites piques aux évangélistes (« Jean, franchement, je t’aime bien, mais j’ai jamais dit tel truc, hein ! », évidemment, elle l’exprime plus finement que moi)

Mais ça, c’est en surface. En vrai, tout cela est un prétexte pour se lancer dans une longue réflexion sur ce que signifie avoir un corps. Le titre, Soif, fait référence, vous l’aurez peut-être deviné, au passage de l’éponge imbibée d’eau vinaigrée qu’on tend à Jésus sur la croix pour qu’il puisse se désaltérer. Même si, bien entendu, on va au-delà de cet épisode. Avoir soif, c’est lié à la condition charnelle : il faut être incarné pour la ressentir.

Je ne peux bien sûr pas ne pas rappeler que la soif, la faim, l’envie, l’avidité,..., le rapport au corps, sont un thème récurrent dans les écrits d’Amélie. Biographie de la faim, Métaphysique des tubes, ‘to crave’... Une fois de plus je vous impose une interview pour compléter ma review, dans laquelle on apprend qu’elle aime Depeche Mode ce qui est une preuve de bon goût que le Fils de Dieu représente pour elle le plus incarné des hommes. Sa description de la Passion est bouleversante tant elle fait ressentir avec justesse l’humanité de cet homme, et surtout la douleur extrême qui est infligée à son corps.

En conclusion, le défi était osé mais a été relevé brillamment.

Sinon, pourquoi je n’ai que 32 ans cette année ? Ça m’aura fait une super idée de dédicace si j’en avais eu 33 !

Ecrit par Campanita, à 10:45 dans la rubrique "Bouquins".
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Jeudi (09/05/19)
Doctor Who : Jodie Wittaker Era
--> "It will be fine !"

Twelve n’étant pas parti discrètement, sa successeuse n’a même pas le temps de compter ses nouveaux organes et d’en critiquer la couleur que la voilà projetée hors du TARDIS pour une chute vertigineuse. Pas de panique, c’est solide un Seigneur du Temps (enfin, Seigneuresse), surtout quand la régénération est récente, et quand en plus il y a un train en-dessous pour la réceptionner.

Littéralement tombée du ciel, le Docteur n’a pas un instant de répit alors qu’elle rencontre dans la foulée ses futurs compagnons ainsi que la menace du jour. Commence alors une course effrénée pour régler ce problème, ce qui ne manquera pas de souder cette nouvelle équipe qui partagera bientôt de nombreuses aventures dans le temps et l’espace.


Bon alors, on ne va pas ignorer plus longtemps l’éléphant au milieu du couloir : oui, le Docteur est une femme. Je n’ai aucune envie de polémiquer sur le sujet, surtout que d’autres l’ont déjà fait de manière pertinente. En ce qui me concerne, je n’ai jamais été ni pour ni contre, quand on me l’a annoncé, ma réaction a été « pourquoi pas ? ». Un chose cependant : il faut vraiment être teubé très mal connaître la série pour penser qu’elle s’est mise subitement à suivre un agenda "politically correct" en 2018.

Tant qu’on me propose quelqu’un de compétent dans le rôle, je suis satisfaite. Et Jodie Wittaker est une bonne actrice et une bonne interprète pour le Docteur. Je suis en réalité beaucoup plus mitigée par le nouveau showrunner, Chris Chibnall (dans mes articles précédents, j’ai toujours évité de parler des showrunners, réalisateurs, scénaristes,... pour me concentrer sur le résultat à l’écran, mais il est bon de préciser que chaque période à son style avec points forts et points faibles) dont les scenarii manquent d’épique, de rythme, et dont les antagonistes sont dans l’ensemble peu inspirés. Du moins pour la saison 11, mais quand je revois la première des Docteurs précédents, c’est loin d’être la meilleure non plus, ni celle qui déploie le mieux le potentiel du Docteur en question. Certains diront que je suis un public trop tolérant, tant pis.

Le seul élément de personnalité de Thirteen que l’ont pourrait éventuellement rattacher à sa nouvelle féminité, c’est ceci : elle est trop gentille, trop empathique, elle manque parfois d’assurance et s’excuse plus souvent qu’à son tour (pour les "I’m sorry", Ten a trouvé son maître...enfin maîtresse). Certes, chaque nouveau Docteur se construit en opposition à son prédécesseur, et Twelve n’était pas vraiment du genre humble, ni très compréhensif des sentiments d’autrui. Et certes, il est assez rafraîchissant d’avoir un Docteur qui écoute et qui reconnaît ses torts plutôt que de partir en live porté par son hubris. Mais dans un univers où on éduque les garçons à s’affirmer et à imposer leurs opinons, pendant que les filles sont incitées à s’écraser et à rester discrètes, c’est difficile de ne pas y voir un lien de cause à effet (conscient ou non de la part de l’actrice et/ou des scénaristes). Alors que les Docteurs précédents avaient besoin de compagnons pour les stopper quand ils allaient trop loin et leur servir de garde-fou, celle-ci a besoin de sa Team TARDIS pour la rassurer sur ses compétences (qui n’ont pourtant pas diminué avec la régénération).

Thirteen a souvent été comparée à Ten. Il est vrai qu’on retrouve un peu de celui-ci : les expressions faciales exagérées, le côté moulin à paroles (en une seule saison elle a explosé le record d’anecdotes racontées à propos d’un truc qu’il lui est arrivé et par forcément à l’écran), l’énergie débordante façon lapin Duracell survolté, et bien entendu le concert de "I’m sorry". Pour ma part, je lui trouve également des ressemblances avec Eleven, pour le déficit de l’attent...oh, un OVNI ! et avec Five (je jure que ça n’a rien avoir avec leur blondeur) dans l’aspect doux, gentil et amical qui cache pourtant une histoire tragique et un nombre de morts qui s’accumule malgré son pacifisme. Comme lui, c’est aussi un sacrée bricoleuse à la McGyver.


Thirteen, c’est la bonne copine qu’on rêve tous d’avoir. D’ailleurs, si elle le pouvait elle serait amie avec l’univers tout entier. Elle s’émerveille de tout et toi, t’as juste envie de partir à l’aventure avec elle, en espérant qu’elle accepte de partager ses biscuits (spoiler : non seulement elle accepte, mais en plus elle te propose un thé avec). Par contre, il ne faut pas la mettre en colère (même s’il en faut beaucoup pour y arriver) : c’est le Docteur, poussée à bout elle est redoutable, t’as pas envie de la voir furax. Elle est un peu comme Seven (sans le côté manipulateur...enfin pour l’instant) : son comportement jovial voire un peu bêbête cache une intelligence affutée dont il vaut mieux se méfier. En l’état des choses, l’aspect typiquement doctoresque que l’on a peu vu (enfin entraperçu), c’est le côté sombre du personnage. Tout au plus on réalise par instants qu’elle impose aux humains des règles qu’elle avoue considérer comme « flexibles » dans certaines circonstances (son véto sur les armes par exemple), mais encore une fois, une seule saison ne suffit pas à se faire un avis définitif.


Mais peu importe la noirceur de la situation, on peut lui faire confiance, tout se passera bien, "It will be fine" comme elle aime à le répéter.

Mon avis sur ce Docteur :

Je compte m’acheter son galaxy ear cuff alors que ça coûte 135 livres, ça répond à la question ? C’est juste la troisième fois que Doctor Who influe sur mon look, après les Converse et les nœuds pap’. Blague à part, je remarque qu’il y a deux choses dans l’appréciation qu’on peut avoir d’un Docteur : le fait de s’identifier à ellui, et l’envie d’être son compagnon. En ce qui me concerne, ce sera la seconde proposition. J’ai beau être une femme, je me reconnais plus dans l’interprétation de Peter Capaldi en raison de ses...difficultés sociales. Avec Jodie Wittaker, je ne plaisante pas quand je dis que je veux partir à l’aventure avec elle, et manger des biscuits et faire des tatouages au henné.

Mon avis sur les compagnons la mif :

Introduire trois compagnons en plus d’un nouveau Docteur est risqué (quand on se retrouvait avec une Team TARDIS si grande dans la série classique au moins tout le monde n’arrivait pas en même temps : Four est seul avec Romana et K9, arrive Adric, puis Romana et K9 s’en vont, Nyssa arrive, puis Tegan, puis Four se régénère en Five, Adric meurt, Turlough arrive...). D’un côté, cela a énormément desservi la saison 11, car sur le quatuor il y en a toujours au moins un de laissé sur le côté par épisode (même la Doc donne parfois l’impression d’avoir juste son minimum syndical à faire parce que c’est le personnage principal). Mais d’autre part, la force de cette équipe est qu’elle est soudée à la manière d’une vraie famille et que les relations entre les quatre sont très proches et très développées, et ce sans qu’un des compagnons soit un mystère sur pattes qui fascine le Docteur.

J’ai aussi trouvé légèrement forcé que les trois soient liés (grand-père/petit-fils, anciens camarades de classe) mais au moins ça permet de ne pas trop perdre de temps à les présenter les uns aux autres pour aller droit au but.

Yazmin Khan (Mandip Gill), musulmane et aspirante policière (comme ça le TARDIS a enfin à son bord quelqu’un dont le job correspond à son apparence de cabine de police) qui en a marre de s’occuper des querelles de parking et de sa famille d’un ennui accablant. Sans doute celle dont les motivations sont le plus bateau et celle qui a le moins de développement. Ce qui explique mon relatif désintérêt pour elle, alors qu’elle m’est pourtant des plus sympathiques. Tout au plus on peut dire que si le Docteur était Batman, elle serait Robin.

Ryan Sinclair (Tossin Cole), un apprenti mécanicien qui en attendant fait un boulot ingrat. Atteint de dyspraxie, ce qui fait de lui le premier compagnon régulier non-valide, il est vite devenu mon coup de cœur. Mais c’est aussi parce qu’il est réellement attachant avec ses manières "adorkable". J’ai un peu plus de mal avec ses "daddy issues" par contre.


Graham O’Brien (Bradley Walsh), conducteur de bus à la retraite et survivant du cancer, il a épousé son infirmière Grace. Quand celle-ci lui est enlevée par le méchant de la saison, il passe son temps à surmonter le deuil et trouve une échappatoire dans ses aventures avec le Docteur (qu’il surnomme « Doc », ce qui me fait penser que c’est la première fois en 55 ans de série). Graham a beau être le mec-cis blanc hétéro et valide dans cette équipe de Token Minorities, le fait qu’il soit âgé le rend malgré tout fort atypique. D’habitude, le vieux de la série est le Docteur lui-même, avec pour compagne une jeune femme avec qui il a une relation père-fille ou professeur-élève. Graham dément vite le statut de Papy Grincheux sceptique au sujet des aliens qu’on lui voyait initialement, et malgré un côté lion peureux, c’est même par moments plutôt Papy la Déconne. Il faut également se méfier de l’eau qui dort, car le seul trait de caractère que Thirteen n’a pas pris de Ten, c’est Graham qui l’a eu (demandez à Tim Shaw, il est d’accord avec moi).

Grace O’Brien (Sharon D Clarck), grand-mère de Ryan et dont Graham est l’époux en secondes noces, est un de ces personnages qui n’apparaît que dans un épisode mais qu’on considère quand même comme un compagnon. Déjà parce qu’on aurait tous adoré la voir en passagère régulière du TARDIS (dommage que son amour quasi Claraesque du danger l’en ait empêchée avant même que la Doc ait l’occasion de le lui proposer), mais aussi parce que son héritage spirituel revêt une importance capitale dans les motivations de Graham et Ryan, c’est comme si elle était quand même présente. Et puis, quand un univers conscient décide de lui emprunter sa voix et sa passion des grenouilles, on comprend que c’est pas n’importe qui !



Edit saison 12 :

HOLY F*CKING SH*T CHIBNALL!

Si vous suivez mon blog (ou du moins mes articles consacrés à Doctor Who), vous avez dû remarquer que d’habitude, mes mises à jour après une nouvelle saison sont assez discrètes : j’ajoute quelques épisodes de cette nouvelle saison qui m’ont particulièrement branchée et les modifications des autres paragraphes sont peu perceptibles (voire je ne change rien).

Cette fois il m’est impossible de procéder ainsi.

La raison en est : HOLY F*CKING SH*T CHIBNALL!

Davies et Moffat montraient plus clairement la direction qu’ils comptaient prendre dès la première saison de leurs Docteurs. Même si cette saison était plus timide et qu’on voyait que ça se cherchait un peu, ça prévisualisait déjà bien la suite. Quant aux Docteurs Classic, leurs ères étant achevées bien avant ma naissance (ou alors, j’avais 2 ans quand c’est arrivé à Sylvester), j’avais d’emblée une vue d’ensemble.

Ici, ce n’est pas le cas, la saison 11 n’est pas une amorce timide pour les suivantes qui en perfectionneront la formule une fois que la nouvelle équipe aura trouvé ses marques, elle est un chapitre dans un délire tout différent. Au point que j’ai au final l’impression que Chibnall a fait exprès de nous offrir une saison 11 un peu molle, un peu légère (mais volontairement molle et légère, pas par manque d’assurance) pour mieux nous balancer une collection pétards en saison 12, où les choses sérieuses commencent.

Alors, le Docteur est trop gentille, trop passive, pas assez alien, pas assez « Dark Doctor » ? La voilà remise en question de tous côtés, les nerfs à vifs, à bouder dans son TARDIS comme emo-Ten post-Rose que même sa mif ne sait plus comment s’y prendre avec elle. Lentement mais surement elle craque sa façade de bonne copine trop sympa parce que, en fait, elle est pas humaine, faudrait pas l’oublier, sa relation avec ses compagnons n’est pas tout à fait horizontale mais plus une montagne avec elle au sommet parfois obligée de prendre les décisions les plus dures.

Les compagnons sont trop effacés, surtout Yaz qui sert à rien ? Bah, vous savez pourquoi elle est si effacée et semble être juste là pour donner la réplique au Docteur ? Parce qu’elle a subi du harcèlement scolaire, parce qu’on lui a répété qu’elle ne servait à rien, et qu’elle en ressort discrète et taiseuse, avec cette tendance à s’effacer. C’est presqu’ironique, la façon dont elle est traitée in universe est similaire à l’opinion qu’a la fanbase d’elle.

Les antagonistes sont nazes ? Où qu’ils sont nos méchants cultes qui fonctionnent à coup sûr ? Bam! Le Maître ! Bam les Cybermen !

Ça manque de souffle épique ? On parle pas assez de la mythologie de la série ? Oh, dear Lord, ce point-là, je ne sais même pas par où commencer pour l’expliquer. Le mieux c’est de vous laisser voir par vous-mêmes.

Cette saison 12 donne tout bonnement l’impression qu’avant, on était dans une toute petite pièce et que maintenant, on peut explorer ce qu’il y autour. Les frontières de ce qu’on savait de la série ont été repoussées, sa définition est agrandie !

Bien sûr, comme d’hab’ avec ce genre de bouleversement, ça passe ou ça casse. Avec moi, ça passe, je suis ravie.

Ce qui ne signifie pas que tout est bon, loin s’en faut. Il y a toujours des épisodes pas terribles, des aspects gérés avec l’arrière-train, les pétards dont je parlais plus haut étaient parfois mouillés... Et si la saison 11 a le mérite d’être nécessaire à la réussite de la suivante, elle n’en devient pas meilleure pour autant. La 12 n’aurait pas si bien fonctionné si on ne nous avait pas préparé le terrain en nous présentant les personnages sous leurs meilleurs jours pour ensuite les plonger en plein chaos... oui, mais du coup, elle a l’air d’un long épisode d’intro en 10 parties (11 en comptant le spécial Nouvel An qui était tout sauf terrible).

Bref, HOLY F*CKING SH*T CHIBNALL, mea culpa, je suis désolée, je t’avais sous-estimé. Maintenant, tu vas générer autant de débats sur ta trollerie que Moffat.

Mes épisodes préférés avec la treizième Docteur :

À noter que Chibnall a lui aussi décidé de changer la structure des saisons, puisqu'il n'y a plus que 10 épisodes au lieu de 13, mais qu'ils sont désormais plus longs (environ 1h).

Petit rappel : épisode que je préfère personnellement ≠ épisode de qualité

The Woman Who Fell to Earth (s11 ép01)


J’aime les épisodes de post-régénération (comme j’ai dû le dire déjà au moins treize fois), je trouve toujours intéressant de faire la connaissance d’un nouveau Docteur et de nouveaux compagnons. Au point que je ferme les yeux sans problème si le scénario n’est pas terrible et/ou que le monstre de la semaine est peu inspiré (ce qui est souvent le cas).

Quelques originalités, comme le fait que le TARDIS soit absent ou la conception en direct du nouveau tournev...couteau suisse sans couteau sonique. Bon point aussi pour ne pas en avoir fait des caisses sur la féminité toute neuve du Docteur, sans pour autant complètement éluder le sujet (le « Est-ce que ça me va ? » comme si elle venait juste de se couper les cheveux parce qu’elle aurait eu envie de changer de tête). Un épisode plus sombre qu’on l’aurait cru, et très rythmé (je n’ai pas vu l’heure passer). Un retour au côté léger des aventures du voyageur (enfin voyageuse) du temps et de l’espace plus que bienvenu, j’ai l’impression de retrouver les sensations que j’avais éprouvées quand j’ai découvert la série. Voilà donc une nouvelle saison qui démarre bien pour moi.


Et quand à la fin Ryan annonce que la femme merveilleuse tombée du ciel n’est pas le Docteur mais sa Mamie...aaaww !

En revanche, Tim Shaw est un méchant peu charismatique, qui hélas se révélera l’antagoniste de la saison et nuira beaucoup à celle-ci, quand bien le thème qu’il permet d’aborder (celui du deuil de Grace) est intéressant.

The Ghost Monument (s11 ép02)

Le distributeur de biscuits !

Un plaisir coupable, celui-là. Il y a plein de bonnes idées, mais un sacré manque de rythme. L’aspect SF est plus que correct, et les péripéties ont un côté jeu vidéo qui n’est pas pour me déplaire. Pour ainsi dire, c’est même ça qui au revisionnage m’a décidée à l’inclure dans la liste. Et je ne parle même pas de la référence à Call of (un lampshade hanging bien inutile, même si j’ai aimé le gag avec la réaction de Ryan, eh non, ça marche pas pareil IRL !). Non, déjà, on a deux joueurs qui acceptent de sauver les personnages principaux comme si c’était une escort mission afin d’avoir un supplément de points (ils les nomment même « bonus »), puis la succession de maps différentes, avec un niveau de réparation de machine, un niveau d’infiltration, la sieste réparatrice, un donjon avec des phases d’action, d’énigmes et d’errance dans les couloirs, et même un boss de fin ! Et tous ça dans le but de mettre la main sur une relique. À part ça, on ne sent pas la tension monter et tout est leeeeent. Et pourquoi avoir fait tout ce pataquès avec l’eau carnivore si c’est pour résoudre ça de façon si bateau (dans les deux sens du terme) ?



Rosa (s11 ép03)

rosa rosam rosae…

Ahem…blague obligée.


Un épisode centré sur un personnage historique, et pour le coup dans la veine de celui sur Van Gogh en saison 5 : superbe du point de vue de l’émotion, qui amène à s’intéresser au sujet du jour qui est vraiment prenant, et les situations auxquelles les personnages sont confrontés, même les moins bien amenées, font se tordre les tripes. Le Docteur est en retrait à part quelques moments de badassitude, mais c’est tant mieux, un épisode pareil était fait pour les humains. Les trois compagnons s’en tirent avec les honneurs (même si Yaz n’a pas grand-chose). Diantre, Graham à la fin, quand il comprend qu’il va devoir laisser faire sans rien dire...je crois qu’il a été un porte-parole fidèle de l’émotion du spectateur. Quant à Rosa, dont je ne connaissais l’histoire que très vaguement (je pense avoir entendu parler d’elle dans un dessin animé obscur vu durant mon enfance), c’est également un personnage très touchant.

Et pan !

Mais le méchant est encore une fois assez nul : un raciste bête et méchant à l’objectif mal défini et dont le thème musical, ce « dun dun dun », me donne envie de rigoler tant c’est cheesy : « Attention, individu louche qui rôde sournoisement ». Je pense aussi que l’épisode aurait gagné à être placé plus tard dans la saison, il aurait été plus impactant si les liens entre la Team TARDIS étaient plus avancés.

The Tsuranga Conundrum (s11 ép05)

L’épisode commandé par le département marketing

Au moins, ça aura le mérite de m’avoir fait chercher la définition de "conundrum".

Entre le machin qui sert de menace et le comique de situation de Ryan et Graham devant aider un homme à accoucher, on retrouve le côté délirant de Doctor Who, la série ou tout et n’importe quoi peut arriver, et parfois en même temps.


Kerblam! (s11 ép07)


Anecdote : il y avait une grève de la poste juste monstrueuse chez moi. Ça faisait des semaines que j’attendais certaines livraisons. Pour blaguer, j’avais lâché que : « Le Docteur aurait le temps de se régénérer deux ou trois fois avant que ça n’arrive ! » et là bim ! cet épisode. Thirteen reçoit un fez, dont on devine qu’il a été commandé par Eleven (sans doute peu après l’histoire avec la Pandorica selon mes estimations). Depuis j’ai l’image mentale de Matt Smith en train bougonner à propos des facteurs.


Sinon, bon épisode. Je me suis fait la réflexion en voyant Judy que les femmes d’affaire avaient vraiment toutes la même tête dans cette série, vous savez : les lunettes, les cheveux blonds coupés courts et le rouge lèvres vif et impeccablement dessiné. Au moins, avec celle-ci on est pris à contrepied puisqu’elle se révèle sincèrement gentille et concernée par ses employés.

The Witchfinders (s11 ép08)


Autre épisode historique, mais cette fois l’aspect éducatif semble moins forcé au détriment du divertissement. La féminité du Docteur a pour la première fois un véritable poids dans l’intrigue, et cela était couru : on voyage dans le passé, à une époque où il ne fait vraiment pas bon d’être une femme. Le Docteur est donc face à une difficulté nouvelle (et qui l’a peut-être fait réfléchir à ce que ses anciennes compagnes ont dû parfois endurer sans avoir suffisamment de soutien de sa part). Et pour le coup, on n’est pas dans la demi-mesure : finir accusée de sorcellerie parce qu’elle parle trop, c’est rude (mais tristement réaliste). Mais on n’en veut pas trop au King James qui s’oppose à elle, car le personnage est succulent et excellemment joué.


It Takes You Away (s11 ép09)

Cet épisode, c’est vraiment l’inverse de tous les autres de la saison : il se révèle bien meilleur que ce que les premières minutes laissaient entrevoir.


Il change de genre plusieurs fois en cours de route : on commence en film d’horreur avec une créature terrifiante qu’on ne voit jamais, on passe par de la bonne vieille SF avec un miroir qui n’est pas un miroir, des mites carnivores et une dimension parallèle, pour finir dans le WTF ? whoesque comme je l’aime avec une touche de conte de fée. Et c’est aussi là que les thème du deuil éclate pour Graham, tenté par une fausse Grace.


Bon, j’ai un peu du mal avec la grenouille (avec son lip sync que j’ai trouvé perturbant en fait) et l’antizone a l’air sacrément plus courte au retour qu’à aller.

Spyfall (s12 ep01 et 02)


Et maintenant vous avez la chanson d’Adele en tête.

Il fallait s’en douter, un jour Doctor Who ferait référence à l’autre personnage brit dont l’acteur change sans arrêt... Bon, moi, James Bond, j’ai jamais vraiment accroché, mais pour ce qui est du pastiche gentillet qui en est fait ici, je suis preneuse. D’autant plus que ce n’est pas tout ce que double épisode a à proposer, notamment les Moments HOLY F*CKING SH*T CHIBNALL#1 et #2, ainsi qu’Ada fraking Lovelace, la mamie de l’informatique, (qui est hélas un peu sous-exploitée) et Noor Inayat Khan, que je ne connaissais pas, mais c’est une découverte intéressante. Cette série avait originellement pour but d’instruire, donc, retour aux sources.

"Oh, I hope it’s not a liver.I hate being inside livers. People always get so offended."What are you doing in my liver again?" Je veux un épisode qui explique comment la Doc a pu se retrouver dans un foie (un estomac à la rigueur, je vois comment ça peut arriver, même que ça a failli être le sort d’Eleven et Amy, mais un foie ?)

N’empêche, avec la manie qu’on a de surnommer les Docteurs par leur numéro de régénération en anglais, y compris un 8,5 et un 10bis, on aurait pu se demander à quand un Docteur 0....ben finalement on a eu un Maître 0 à la place !

Nikola Tesla’s Night of Terrors (s12 ep04)


Et dans la catégorie des épisodes historiques qui font dans l’éducatif, celui-là est à noter. Quelques remarques :

- on commence à voir une motivation qui se dessine dans le choix des personnages historiques : il s’agit de personnes exceptionnelles qui, pour une raison X, ont été méconnues de leur temps (ou du moins étaient dans l’ombre de quelqu’un d’autre, ici Edison), bref, des gens pas appréciés à leur juste valeur

- la bobine de Tesla est aussi un instrument de musique, d’ailleurs, devinez avec quelle mélodie j’ai découvert son existence ?

- avouez, vous aussi ça vous a évoqué Bruce de la chaîne YT e-penser !

Fugitive of the Judoon (s12 ép05)

Un épisode qui au début ne paie pas de mine : on s’attend à une V2.0 de Smith and Jones, dont la structure est suivie avec minutie, et puis BIM ! On réalise que les Judoons, c’est comme Hitler dans Let’s Kill Hitler, l’arbre qui cachait la forêt et qu’on oubliera au fond d’un placard parce que ce n’était qu’un prétexte pour quelque chose de plus énorme encore. Déjà, il y a le retour de Captain Jack Pansexuel de l’Espace Harkness (qui roule un patin à Graham^^), mais on est à peine remis de son passage éclair qu’on nous sert le Moment HOLY F*CKING SH*T CHIBNALL#3.


Ce moment où Chrichri a pwned tous ceux qui réfutaient la possibilité que le Docteur soit noir/une femme. En plus qu’est-ce qu’elle est classe Jo Martin, Wittaker (que j’adore pourtant) a l’air d’une fillette à côté d’elle.

Can You Hear Me? (s12 ép07)


J’ai un léger soucis avec cet épisode. C’est que j’aime beaucoup ses deux ingrédients principaux, mais que je trouve qu’ils ne se mélangent pas harmonieusement. J’aurais préféré qu’ils soient dans des épisodes séparés. Sinon, j’apprécie l’intrigue de la semaine avec les deux dieux (même si la résolution est bof), et puis ce passage animé. Mais je suis encore plus touchée par les rêves de la mif, surtout que le passé de Yaz est enfin exploré et qu’en conséquence, elle est montée dans mon estime.

The Haunting of Villa Viodatti/Ascension of the Cybermen/The Timeless Children (s12 ép08, 09 et 10)


Après, Noor, Ada et Tesla, que diriez d’un peu de Mary Shelley et d’une ambiance horrifique pour le premier acte ?

On y également voit enfin le Dark Doctor repointer le bout de son nez... surtout la référence à Bill, ça rigole pas.

Et pour la suite....gosh...c’est Moments HOLY F*CKING SH*T CHIBNALL#4 à #42 (j’ai pas vraiment compté, mais comme tous les geeks, j’aime bien dire 42 pour me donner l’air cultivée). C’est sûr que la série ne sera plus comme avant après ça.

Que demander de plus ?

Terminer sur un cliffhanger !


Flux (saison 13)

Un peu comme Trial of a Time Lord dans la série classique, nous avons ici une saison formant un long arc narratif et portant un titre général en plus de ceux de chaque épisode. Rétrospectivement, il y a quelque chose d'ironique à ce que Thirteen et Six aient ce point commun quand on sait qu'ils sont considérés comme les vilains petits canards de respectivement la New et la Classic Who. En ce qui me concerne, j'ai plutôt bien aimé dans l'ensemble, même si d'un épisode à l'autre la qualité est inégale. Il est également à noter que cette saison a pâti d'avoir été tournée durant la crise sanitaire du Covid-19, elle est plus courte que prévu et ça se ressent.

Après le départ de Ryan et Graham, le Docteur et Yaz continuent leurs aventures qui les mènent vers Karvanista, un membre de l'espèce Lupari (des chiens bipèdes dont chaque individu est lié à la vie à la mort à un humain de la Terre et se doit de le protéger à tout prix... je ne sais dire si ce concept et débilement génial ou génialement débile, mais en tous cas c'est pour ce genre de délires que j'aime autant cette série!). Alors qu'elles se dépêtraient de leur dernière confrontation avec ce dernier (qui semble bien remonté contre le Docteur sans que celle-ci ne sache pourquoi), elles sont interrompues par un flash télépathique avertissant le Docteur qu'un redoutable criminel intergalactic est parvenu à s'évader et mijote de sombres desseins, tandis que les Sontariens ont décidé que c'était le meilleur moment pour tenter une nouvelle invasion de la Terre. Le duo s'en va enquêter, et après une brève altercation avec l'énigmatique Claire (qui semble avoir un don de précognition et être pour poursuivie par des Anges Pleureurs), elles font la connaissance de Dan Lewis, l'humain de Karvanista et nouveau compagnon. Au bout d'un moment, l'univers est menacé par Swarm et Azur qui veulent tout détruire grâce au Flux (l'ultime arme de destruction massive), et puis le Temps c'est une planète, et puis Vinder et Bel et le Grand Serpent, et puis y'a UNIT, et puis le Docteur a des flash de son passé, et puis Mary Seacole, et Tecteun, et... et ça se voit que c'est le giga-bordel cette histoire ? Un Lupari n'y retrouverait pas ses jeunes !

Bon, je pense qu'il est inutile de tenter de résumer. Flux, ça s'expérimente soi-même, que voulez-vous que je vous dise ? Il y a de nombreuses sous-intrigues qui s'entrecroisent. La plus faible étant celle du Grand Serpent, un « sous-méchant » ni très subtil ni très mémorable (lors de mon second visionnage, j'ai constaté que je l'avais oublié). En revanche, Swarm et Azur sont aussi charismatiques que réussis, et leur chara-design est vraiment original et beau. Les autres nouveaux personnages sont tous fort sympathiques mais à part Karvanista et Dan, on les oubliera vite eux aussi. S'il était agréable d'avoir des nouvelles de UNIT (qui d'après un épisode précédent avait manqué de disparaître à cause du Brexit), au final ils ne servent pas à grand chose.

Pour un détail des épisodes:

The Halloween Apocalypse fait ce qu'il peut pour introduire trente-six mille informations et se laisse regarder.

War of the Sontarans, l'épisode historique, est celui durant lequel je n'arrive pas à rester concentrée. Déso.

Once, Upon Time est aussi intrigant que brouillon, mais est sauvé par la perfomance des acteurs qui se retrouvent à incarner d'autres rôles.

Village of the Angels est très clairement le meilleur de cette saison, en plus, Chibnall parvient à rendre les Anges à nouveau effrayants après que Moffat ait épuisé leur potentiel horrifique à force de les surexploiter.

Survivors of the Flux et The Vanquishers font ce qu'ils peuvent pour apporter une conclusion qui tient à peu près la route.

Hélas, on en ressort avec un sentiment de « tout ça pour ça », surtout que la moitié de l'univers est détruite et que ça n'aura que peu d'impact sur la suite de la série.

Eve of the Daleks (épisode spécial Nouvel An)

Chibnall a décidé que les épisodes de Noël c'était fini, et les a remplacés par des spéciaux du Nouvel An. Les deux premiers ne m'avaient guère convaincue, mais celui-ci est un petit bijou. Une boucle temporelle à la Un jour sans fin mais avec une menace funeste à la Majora's Mask? Je dis: « oui » !

Power of the Doctor (épisode spécial 100 ans de la BBC)

C'est triste à dire, mais le meilleur épisode de Chibnall (j'entends par là écrit par lui, pas faisant partie de son ère en tant que showrunner) est le tout dernier.

Partout dans le monde, des peintures célèbres sont mystérieusement dégradées pour afficher le visage de Raspoutine. Des sismologues disparaissent et d'étranges activités se produisent dans les volcans. De l'autre côté de l'univers, un train à grande vitesse est poursuivi par des Cyber-Maîtres. Le Docteur , Yaz (et Dan, mais il ne reste pas longtemps) enquêtent pour trouver le dénominateur commun. Il y a des Daleks, il y a des Cybermen, il y a le Maître (toujours à la recherche d'un plan encore plus barré que le précédent, et pour le coup il ne déçoit pas), il y a le retour de Ace et Tegan Jovanka...

Cet épisode a beau avoir été diffusé en 2022, soit un an avant l'anniversaire des soixante ans de la série, il sonne davantage comme une célébration que ce qui a été réellement proposé pour l'occasion l'année suivante. Il s'agit même d'un multi-Docteurs, même si les Docteurs en question sont exclusivement issus de la période classique: on retrouve David Bradley qui reprend le rôle de One, ainsi que Peter Davison, Collin Baker, Sylvester MacCoy et Paul MacGann. C'est plutôt une bonne chose après que l'épisode du cinquantenaire soit concentré sur des Docteurs New Who (même si je n'aurais pas dit non à Eccleston et/ou Capaldi, mais c'était hors de question pour ces deux-là, quoi que pour des raisons différentes). En plus de Ace et Tegan, quelques compagnons classiques apparaîssent également à la fin (notamment Mel...), on revoit également Graham (qui aurait un ticket avec Ace...), Vinder (il fallait bien un personnage de Flux pour boucler l'ère Chibnall-Whittaker) et le Docteur Fugitive.

L'épisode se conclut évidemment sur une régénération, et je dois dire que la séquence d'adieux de Thirteen doit être la plus belle, douce et sereine que j'aie vue.

Tout ça pour qu'elle se transforme en David Tennant le retour de la vengeance qui tue, qui nous sort son fameux : « Quoi ? Quoi ? QUOI ? » avant de nous laisser sur un cliffanger en guise de point d'orgue à la désormais terminée New Who (les épisodes suivants appartiennent à une toute nouvelle sous-série, but I'll explain later).

Et moi, comment vais-je conclure cet article ? Ah oui, je sais : comme ça !

Article précédent sur Doctor Who

Sommaire Whoniverse
Ecrit par Campanita, à 21:14 dans la rubrique "Séries Télé".
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Jeudi (29/11/18)
Les Nombrils, tome 8 : Ex, drague et rock'n'roll
--> par Dubuc & Delaf



 

Rien ne va plus à Nombrilopolis (nom de la ville où se situe l’action donné par moi, copyright Campanita, pas touche...je plaisante). La fin du tome précédent, en particulier le Sweet Sixteen de Vicky, fut une vraie boucherie sentimentale, où nombre des couples établis ont éclaté, ou du moins été mis en difficulté, des amitiés furent compromises et une famille s’est désagrégée. Personne ne fut épargné, certainement pas les lecteurs qui refermèrent l’album tous tourneboulés pour aller errer dans de sombres et brumeuses forêts, l’air hagard et le regard éteint. Ou c’était juste moi ? Ah.

Si ce nouveau tome se conclut sur des notes plus positives (et par « positives », il faut comprendre « douces-amères », ce qui est toujours mieux que le massacre susnommé), ne tombez pas dans le piège de croire que les émotions fortes vous seront épargnées.

Will et Kate (sic !) les parents de Vicky, se séparent suite à la découverte de l’infidélité de monsieur. Sa fille cadette et lui s’installent avec sa nouvelle go, qui en réalité est aussi une ancienne maîtresse puisqu’il s’agit ni plus ni moins que de Jennifer, la mère de Jenny. Les deux adolescentes, jadis meilleures amies désormais pires ennemies, se voient obligées de vivre sous le même toit et même de partager leur chambre. Considérant chacune que l’autre a ruiné sa vie, la guerre est déclarée entre les deux bimbos. Et croyez-moi, ça va être velu....enfin euh...

Le puissant Will ruiné par le père de Mégane (la punkette pour qui Vicky éprouve toujours un amour qu’elle n’assume pas), la petite smala recomposée ne roule pas sur l’or et notre jolie métisse s’accoutume mal à sa nouvelle existence de pauvre quelle horreur. Si Vicky n’est pas prête de sortir du placard, Jenny est de son côté loin d’avouer en public qu’elle aime Hugo, le gentil garçon en surpoids qui l’aime en retour (et pour autre chose que son physique), car cela nuirait à sa popularité de Miss Univers locale d’être vue avec lui. Hugo, malgré ses sentiments, refuse d’être le bouche-trou d’une fille superficielle (et on le comprend, te laisse pas faire, Hugo !).

Et ce n’est pas à l’école que les deux bombasses trouveront du réconfort, car Karine, l’ancienne victime qui leur servait de serpillère à merde paillasson au début de la série, a renversé la vapeur à son avantage. Devenue célèbre grâce au groupe d’Albin (que Mégane a rejoint entretemps en tant que bassiste), celle dont tous se moquaient est maintenant une star adulée, son nom étant sur toutes les lèvres. Ce qui a bien entendu le don d’agacer ses amies et anciennes tortionnaires, surtout Vicky qui développe une véritable jalousie à son encontre.

Après avoir léché le sol, Jean-Brian fut hospitalisé en urgence. On ne sut jamais quelle saloperie il avait avalée, mais on ne le vit plus jamais dans Les Nombrils. Une rumeur raconte qu’il ferait des caméos dans d’autres séries publiées dans le journal Spirou, telle Les femmes en blanc (ou Pierre Tombal).

Il ne faut pas croire pour autant que tout est rose pour la grande asperge. Les Albinos ont le vent en poupe et s’apprêtent à enregistrer leur premier album, qu’ils mettront en compétition pour le prestigieux Prix Révélation. Mais en plus de subir la pression de leur maître esclavagiste producteur (qui ressemble toujours à un farfadet maléfique avec une cravate hideuse), ils devront composer avec la concurrence des Underdogs, un autre groupe montant, rivaux des Albinos jusque dans leur chara-design. Surtout Xander, leur leader, dont le charme (inexistant à mes yeux mais mon avis est loin d’être partagé par les jeunes lectrices) ne laisse pas Karine indifférente... Sans oublier que l'ombre de Vinko, l'ex-bassiste tueur en série, plane toujours au-dessus de la carrière de ses anciens amis qui lui doivent en partie leur succès grâce au buzz médiatique. Question sentiments, si on a la joie de constater que la miss semble avoir ENFIN tourné la page Barbichu, elle est toujours confuse quant à ce qu’elle ressent pour Albin. Celui-ci a beau dire sincèrement l’aimer, elle ne peut cependant pas lui pardonner les manipulations dont elle a fait les frais par le passé. D’autant plus qu’ils sont en désaccord sur leurs ambitions professionnelles : Albin veut utiliser la musique comme une arme contre les intimidateurs et faire passer un message fort ; Karine, même si elle refuse de l’avouer, veut d’avantage profiter de sa gloire naissante. Reste à voir ce qu’elle est prête à accomplir pour avoir tous les projecteurs braqués sur elle. En tous cas, ce n’est pas elle qui va fomenter un coup retors digne d’Albin ou de Vicky...n’est-ce pas ?

 

 

Par la Kawasaki Ninja de John-John !

Que cela est bon de les retrouver, ces chipies nombrilistes, surtout après trois ans d’attente (quoi les Vacheries ? Mais c’est pas tout a fait pareil !)

Dans ma critique du tome 7, j’exposais quelques griefs (qui ne voulaient en aucun cas dire que je ne l’avais pas apprécié du tout). J’espérais donc que ce Ex, drague et rock’n’roll rectifierait le tir, mais qu’en est-il ? Eh bien, couci couça. Commençons d’ailleurs par là, histoire d’évacuer les points négatifs :

J’avais trouvé que le format « gags d’une planche » était de moins en moins en adéquation avec la complexité de l’histoire racontée, bien que je puisse comprendre l’intérêt qu’on puisse y trouver (mais le spin-off Les Vacheries des Nombrils était parfait pour l’exploiter). Ce tome est dans la continuité de son prédécesseur, cependant ce problème m’y a beaucoup moins gênée, notamment durant les épisodes centrés sur les Albinos qui, j’ai l’impression cherchent moins le gag à tout prix et basent leur force autre part que dans la chute. Il y a néanmoins toujours quelques passages forcés (genre celui où Vicky promène Jenny comme un chien it makes sense in context). Cela n’empêche pas l’humour d’être présent, et il est extrêmement efficace, mais encore une fois, ce n’est pas à la conclusion des planches que je ris le plus.

J’avais aussi quelques soucis en ce qui concerne Albin. D’abord, sa dépression, dont la guérison tagueulecestmagiquesque m’avait laissée pantoise. Vu que le sujet n’est pas même évoqué une seule fois durant ce tome 8, j’en déduis que je ne dois plus rien espérer de ce côté là (mais bon, j’attends toujours que Karine découvre que ce sont ses amies qui ont tenté d’empoisonner Mélanie dans le tome 4, quand bien même je sais cette attente vaine), que je n’ai plus qu’à combler les trous avec mon imagination: on va dire qu’Albin a guéri tout seul dans son coin, que cette guérison a été compliquée, et qu’il a menti avec le coup des anti-dépresseurs pour éviter à ses proches de s’inquiéter pour lui. Ce qui correspond pas mal avec son côté « Je porte toute la misère du monde sur les épaules » en fait. Et Karine et les autres n’y ont vu que du feu car ils n’ont jamais été dépressifs enfin, Karine l’a probablement été dans le tome 4 mais chut !

Ensuite, il y a cette arèdjî d’Anna, qui n’est pas mentionnée non plus, malgré le beau bordel qu’elle avait amené avec elle. Je suis loin d’être fan du personnage (à vrai dire, j’ai bien envie de la balancer au milieu du ring de Bruxelles à l’heure de pointe), mais elle avait le potentiel d’être la Yandere-Chan des Nombrils et il y a moyen de faire de la bonne littérature avec son cas. D’autant plus que je me demande toujours ce qu’il s’est passé après que Karine ait quitté l’appartement (et espère de tout coeur qu’Albin est parvenu à la repousser. On oublie facilement que ce genre de choses n’arrivent pas qu’aux filles...).

Et enfin, je trouvais que les terribles révélations sur le passé du cher guitariste albinos, en plus de rendre ledit passé surchargé (surtout que depuis, il a été révélé lors d’une tribune qu’il était encore plus jeune que je le pensais), donnaient à penser qu’on cherchait à noircir le personnage le plus possible afin de le présenter comme un salaud intégral dont Karine était la pauvre petite victime sans reproche. Ici je suis plutôt satisfaite : si Albin n’a pas accompli l’acte de rédemption que j’espérais, au moins il est montré comme gris, avec ses mauvais aspects certes, mais aussi avec les bons. Et d’autre part, Karine n’est plus cette sainte à qui il arrive malheur uniquement parce que tous les autres sont des vilains méchants, mais quelqu’un de bien moins pur qu’on le croyait. J’avoue que cela m’a fait un bien fou !

Oh, et puis, où qu’elle est passée Lizon ?

Bon, j’arrête de râler, parce que ce nouvel album est juste une tuerie. Enfin, non, c’est plutôt un gâteau, avec tous les ingrédients qu’on aime dedans et dont on se resservirait volontiers une part une fois la lecture achevée, mais c’est fini, naplus ! Il y a du suspens, de l’humour, de l’émotion, des coups de théâtre, des coups tordus et des personnages qui évoluent, se révèlent complexes et nous surprennent à chaque fois. Tout ce beau monde a des profondeurs cachées...mais elles ne sont pas toujours très reluisantes, ces profondeurs. On répond à certaines questions, on en laisse d’autres dans le vague, et la fin est encore une fois une succession de scènes inattendues qui redistribueront les cartes entre les différents protagonistes et produira du fuel à fanfics et à théories pour les acharnés de la fanbase. Aussi, au risque de me répéter de review en review mais ça reste important de le signaler, le dessin de Delaf devient de plus en plus beau avec le temps (pas que je trouvais ça moche au départ, hein !).

Mais si chacun et chacune a sa petite histoire et trouve sa place sur l’échiquier d’une intrigue aux petits oignons, celle qui se démarque et étonnera le plus le lecteur est Jenny. Si les deux co-vedettes de la bédé que sont Karine et Vicky ont leur lots de fans avides de les voir progresser et se débattre dans leurs aventures mouvementées et leurs sentiments confus, Jenny était un peu la laissée pour contre, la clown de service ; sa stupidité crasse et l’innocente cruauté qui en découle étant un des principaux piliers de l’humour nombrilesque. Elle a beau être le personnage le plus iconique (c’est par exemple elle qui est choisie par un autre dessinateur pour représenter la série dans le numéro spécial Spirou Vs Fluide Glacial), elle reste celle dont on attend surtout de détendre l’atmosphère par ses nombreuses bourdes et sa mécompréhension d’à peu près tout ce qu’on lui dit (mais toujours de la façon la plus hilarante). Ce qu’elle accomplit avec brio, au passage. Mais à part ses conditions de vie désastreuses avec une mère alcoolique et un cadre précaire (et encore, ce problème est désormais réglé depuis le tome précédent), Jenny n’offrait pas grand chose pour inciter à la prendre en pitié et lui souhaiter un meilleur destin. Même son love interest Hugo a l’air aussi chiant que Dan sur le papier (mais contrairement à ce dernier, je ne peux m’empêcher de le trouver adorable).

Documentaire sur les escargots. En tous cas, niveau bave, le compte y est.

Si la couverture semble indiquer que Karine se taillera la part du lion, ne vous y fiez pas : c’est bel et bien Jenny qui est sous la lumière des projos, cet album est le sien. Elle y connaîtra la période sans doute la plus dure et déprimante de son existence mais c’est à cette occasion qu’elle pourra progresser, pour finir par être celle dont le triomphe sera total dans la conclusion (là où ce sera une victoire en demi-teinte pour Karine et un fiasco total pour Vicky). Le parcours de Jenny est lui aussi très inattendu, que ça soit le début de sa descente aux enfers (où ce qui dans Le donjon de Naheulbeuk n’est qu’un gag sur la nunucherie de l’Elfe est ici présenté comme l’équivalent d’une mise à mort et de façon tout à fait crédible), ou le remède (là où ses deux copines ont besoin d’un(e) Manic Pixie Dream Boy/Girl pour retrouver confiance en elles, la rouquine puisera sa force ailleurs).

Une chose est certaine, après votre lecture, vous ne verrez plus Jenny comme la coconne juste bonne à vous divertir par sa bêtise!

Avec Vicky, en revanche, l’effet est inverse. Elle nous avait émus dans les tomes précédents, nous faisant réaliser quel passé douloureux se cachait derrière sa personnalité de pétasse manipulatrice en puissance. Le fait qu’elle possédait la famille la plus odieuse de l’univers et le climat homophobe dans lequel elle évoluait rajoutaient également du tragique à sa situation. Mais expliquer n’est pas excuser. Vicky reste un des personnages les plus difficiles à aimer, elle est coupable de tant d’ignominies et parfois ses actes sont encore plus moralement (voire légalement) discutables que ceux de Mélanie ou d’Albin, des personnages pourtant beaucoup plus pointés du doigt qu’elle comme étant mauvais. Et dans cet Ex, drague et rock’n’roll, ceux qui avaient éprouvé de la compassion pour elle se rappelleront pourquoi ils la détestaient au départ. Moi-même, qui la considère comme un de mes personnages préférés, j’avoue avoir eu bien du mal à éprouver de l’empathie pour elle. Pourtant, jamais on ne tombera dans la haine absolue, simplement, on trépigne d’impatience de la voir se prendre un retour de bâton, et quand elle se le prend, on jubile tant elle l’a mérité, pour quand même avoir le cœur serré pour elle dans les dernières pages. En bonus, Vicky arbore dans ce tome un des sourires dessinés les plus flippants qu’ils m’ait été donné de voir sur une planche de bédé. La première impression qu’il m’a fait était de me faire penser à L’attaque des Titans, c’est dire.

Finalement, Vicky reste fidèle à elle-même : c'est une garce qu’on aime détester mais aussi qu’on aime tout court.

Quant à Karine, ce fut un vrai bonheur de la voir sombrer lentement mais sûrement dans le Côté Obscur. Ce personnage avait commencé à légèrement m’agacer, car elle était si gentille et si immaculée que tous les déboires et injustices qui lui tombaient dessus n’étaient jamais de son fait. Forcément, son seul défaut étant cette grande naïveté qui la poussait à faire confiance aux mauvaises personnes, le coupable était toujours quelqu’un d’autre. Résultat, celle dont l’évolution était annoncée dès Duel de belles stagnait depuis quatre tomes dans cet état où elle n’avait jamais à se remettre en question puisque ce qui lui arrivait n’était jamais de sa faute mais celle de l’un ou autre vil manipulateur. Elle était l’œuvre de Vicky, l’œuvre d’Albin...Cette fois, elle sera l’œuvre de Karine. L’ancienne victime s’affirme, mais au point d’oublier que c’était justement ce statut de victime qui l’avait amenée à faire de la musique pour combattre les injustices. Elle prend la grosse tête, savoure sa nouvelle célébrité, se délecte de la jalousie qu’elle inspire à ses amies qu’elle est enfin parvenue à surpasser, crache sur le message qu’Albin veut faire passer au profit de la gloire...ayant compris que l’industrie musicale était une compétition, elle franchira un point de non-retour pour se débarrasser de la concurrence. Sans trop en dévoiler, même Albin n’était jamais allé aussi loin. Ce que Karine a fait se rapprocherait plutôt de Mélanie ou Vicky... 

Bref, Dark Karine est dans la place, et ça la rend fichtrement intéressante !

Selon ce qui se passera dans les tomes suivants, il se pourrait bien qu’elle et Albin deviennent véritablement un duo infernal ! (1)


Pour parler un peu des nouveaux personnages, la livrée de ce volet est plutôt attrayante. Je les ai trouvés au moins divertissants, et une promesse de rebondissements futurs. À part peut-être pour Steven.

 

Non, pas ce Steven-là. Hélas.


Voilà, cest lui de dos, je nai pas de meilleure image. De toutes façons, pour ce quil est...

Il s’agit d’un beau gosse générique sans saveur (et comme tous les sportifs dans une comédie lycéenne, il porte en permanence le blouson de son équipe) dont Vicky se sert pour faire croire à tout le monde qu’elle est hétéro. Il passe crème pour le rôle qu’il a, mais dans le même style, Jean-Franky était plus truculent.

Ensuite, il y a cette intrigante jeune-fille dont le nom n’est pas donné, mais qui semble bien partie pour être la rivale de Jenny pour le cœur d’Hugo....  J’ai cru comprendre qu’on en apprendrait d’avantage sur elle dans les Vacheries.


Aïe ! Aïe ! Aïe !

Ensuite, il y a Xander.

 

Non, pas ce Xander-là. Hélas.


Xander et ses sous-fifres, les Underdogs, le groupe concurent des Albinos, leur pendant maléfique, tels les Siths pour les Jedis. Si ces derniers sont en blanc, les premiers sont en noir, comme pour souligner leur antagonisme. Ce n’est pas toujours évident de déterminer quelle genre de musique ferait un groupe fictif dans une œuvre non-audio, mais dans leur cas, j’imagine les Underdogs dans la veine de One Direction ou Tokio Hotel. Leur tube, Mordu de toi, laisse également entrevoir un univers à la Twilight. Dès leur première confrontation avec les Albinos, ils tenteront de les clasher avec une rhétorique digne de ton rival dans Pokémon. À propos de Xander en lui-même (car ses sbires ne sont que des figurants) : je crois que ce personnage a été créé dans le but de réconcilier les fans d’Albin avec ceux de Dan, en proposant pour Karine une troisième option romantique faisant passer les deux autres pour des mecs décents. Cet espèce de Don Juan emo fait sans doute craquer toutes les midinettes, mais après avoir fait sa connaissance, on a juste envie de l’émasculer avec une cuillère à melon.
 

Et enfin, il y a Lara.


Non, pas cette Lara-là. Hélas.

Matez-moi ce regard de grognasse. « J’suis trop une princesse, et quand je pète, ça fait des paillettes ! »

 

Celle-ci, c’est à Mélanie qu’elle ferait de l’ombre, dans la catégorie « roulure arriviste ». Puisque Vicky ne peut plus voir Jenny en peinture, elle a besoin d’une nouvelle besta avec qui jouer les reines de la ruche à l’école et conspuer la rouquine. Son dévolu se porte sur Lara. Autant dire qu’elle va amèrement le regretter.

 

Ce tome est sûrement l’un de mes préférés de la série. Il conclut un cycle, à l’instar du quatrième, avec lequel j’ai noté quelques ressemblances structurelles et thématiques : un personnage change de look, s’assume et gagne en maturité ; l’intrigue de Karine se cloture sur une histoire d’innocent piégé par la justice (seulement, cette fois, elle n’est pas la victime qui se venge mais la coupable qui s’en sort). Pour Vicky, ça se termine plutôt en un mix entre les fins des tomes 2 et 3. Et enfin, une petite réminiscence du 5 quand Albin, micro à la main dans un café, invite quelqu’un à s’exprimer publiquement à propos de ses sentiments ; ce qui est par ailleurs pour lui l’occasion de lui dire merci pour ce qu’il s’est passé fin tome 6 dans un moment aussi chaleureux qu’innattendu de sa part.

À bientôt pour le tome 9 !

(1) Par duo, je n’entends pas spécifiquement un couple. Même si à choisir je suis d’avantage Team Albin que Team Dan (et encore moins Team Xander), je préferais que Karine finisse célibataire (parce qu’il n’est pas nécessaire de trouver chaussure à son pied pour être quelqu’un d’accompli, qu'on évacue ses tourments sentimentaux pour se concentrer sur sa carrière musicale par exemple, ne serait pas plus mal). Mais j’aimerais quand même qu’Albin reste un personnage présent, car en plus d’être très intéressant, son rôle ne se limite pas à celui d’un love interest et je me suis vraiment attachée à lui.

Ecrit par Campanita, à 11:31 dans la rubrique "9ième art".
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Lundi (12/11/18)
Les prénoms épicènes
--> Ameri-Sama!


Chaque année, Amélie Nothomb sort un nouveau roman à la rentrée littéraire, et chaque année Campanita affiche un retard affligeant pour ce qui est de sortir l’article qui en fait la critique. Il est des choses qui ne changent pas. Admirez ma belle régularité dans l’art de traîner.

Alors, sur le thème la dualité dans la bibliographie d’Amélie, on avait déjà Mercure qui avait deux fins, ici, nous avons Les prénoms épicènes qui forme un dyptique avec Frappe-toi le cœur !, le cru de l’année dernière. Les deux ont un thème commun : les relations parent-fille, avec le parent qui se révèle toxique pour la fille, la différence étant que si l’an dernier on épinglait les mamans, ici on s’attaque aux papas. Et croyez-moi, celui dont il est question donne une nouvelle dimension au mot « obsession ».

Mais d’abord, penchons-nous sur le titre, ce qui nous amène à la question : « Mais c’est quoi un prénom épicène ? » On le sait, Amélie Nothomb est une spécialiste des prénoms alambiqués : Prétextat, Plectrude, Déodat, Palamède, et bien d’autres... Bref, quand on connaît l’animal, on n’est même pas étonnés : elle nomme toujours ses personnages avec un grand soin. Eh bien, un prénom épicène, c’est tout simplement le terme correct pour parler d’un prénom « unisexe ». Les protagonistes s’appellent Claude (homme), Dominique (femme) et leur fille...Épicène. Logique. On ne peut plus logique.

Après une scène de rupture en guise de prologue, le roman débute sur les prémices de la romance relation entre Claude et Dominique pour continuer sur leur vie de couple, mariage, naissance d’Épicène, parcours scolaire de cette dernière, et tentative d’ascension sociale de Claude... Très vite, on ressent qu’il y a quelque chose qui cloche dans cette famille, et ce depuis le début, on devine que Claude n’est pas sincère, mais ce qui intrigue, c’est à quel point et dans quel but. Et comment Dominique et Épicène vont se dépêtrer d’un des pires époux et pères que ce monde ait vus. 

J’avais beau avoir plus ou moins deviné le dénouement, l’avoir attendu et espéré avec force, il n’empêche que je l’ai savouré même sans l’effet de surprise. Ce n’est certes pas la première fois que la romancière met en scène un salaud, mais celui-ci m’a tout particulièrement débectée. Sans trop entrer dans les détails : Claude n’a jamais eu d’amour sincère pour femme et enfant, elles ne sont pour lui que les outils d’une vengeance qu’il rumine et met en place depuis des années... Je ne parviens pas bien en identifier la raison, mais il me dégoûte plus que la ribambelle de psychopathes auxquels je suis habituée de la part de cette écrivaine. Peut-être parce qu’eux se contentaient de prendre des vies, parfois par amour. Alors que Claude en crée une par vengeance et par haine.

Néanmois, là où dans Frappe-toi le coeur ! toute mon attention se portait sur son héroïne Diane, aux prises avec des mères toxiques (la biologique comme celle de substitution), le père restant effacé ; je trouve que Les prénoms épicènes fait se partager le devant de la scène entre Épicène et Dominique, unies contre un ennemi commun, et j’ai même eu d’avantage d’empathie envers la mère et épouse flouée. 

Reste qu’Épicène est une héroïne traditionnelle nothombienne. Alors que sa mère se voile la face sur la situation malsaine, allant même jusqu’à sacrifier ses envies personnelles, Épicène, enfant surdouée, comprend rapidement que son père ne l’aime pas, qu’il est nocif, lui retourne sa haine et tente autant que possible de se préserver de lui. D’abord en ayant recours à la métaphore animalière : le cœlacanthe, un poisson qui peut s’éteindre pendant des années si son milieu devient trop hostile, se laissant alors gagner par une mort temporaire en attendant de pouvoir « résuciter » quand les conditions se seront améliorées. Et pour sa résurection, Épicène s’inspire du mythe d’Orphée qui la fascine depuis un épisode de son enfance, quand suite à un déménagement (encore un coup égoïste de son père), elle rêvait de rejoindre sa meilleure amie restée sur l’autre rive de la Seine, fleuve qui joue ici le rôle du Styx. Et enfin, la jeune fille devenue adulte sortira de ce silence, de cette mise entre parenthèses, se lancera dans l’étude de la langue anglaise et consacrera sa thèse au verbe ‘to crave’, terme polysémique faisant référence à la faim sous toutes ses formes, un écho évident à Biographie de la faim.

Comme d’habitude, l’écriture est fluide et percutante, chaque phrase calculée, chaque image puissante. L’histoire semble calme, banale même, mais cache une violence et une cruauté inouïes.

C’est une lecture qui en tous cas ne peut laisser indifférent et dont la conclusion apporte un bien-être carthartique.

Ecrit par Campanita, à 15:14 dans la rubrique "Bouquins".
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Dimanche (17/06/18)
La Passe-Miroir, tome 3: La mémoire de Babel
--> par Christelle Dabos


Depuis que j’ai commencé à m’intéresser à cette saga, j’entends dire de toutes parts qu’il s’agit du nouveau Harry Potter mais en français. Bon, il faut reconnaître que dans ce tome 3, Ophélie intègre une école avec une ambiance magique dans laquelle les élèves sont poussés à la compétition et où l’art qui y est enseigné n’est pas à la portée de tout le monde. D’accord, ça rappelle quelque chose. À cela près que, au lieu d’étudier la sorcellerie, on y apprend à devenir Rita Skeeter, que les Cracmols peuvent se révéler être les éléments les plus brillants, que Rogue a une bonne hygiène capillaire et un fils gentil, et que la Divination est un sujet à prendre au sérieux (et surtout que ceux qui la pratiquent sont plus tordus que les Mangemorts).

Allez, j’arrête de faire l’andouille (je ne suis pas un chat perché sur un Renard!). Deux ans et demi après son mariage avec Thorn (et leur combat contre Dieu, rien que ça), Ophélie s’ennuie sur Anima où elle a été forcée de retourner. Pas de nouvelle de son époux qu’elle apprécie de plus en plus (tout comme nous), et pas de réponse de la part des Doyennes de l’arche non plus. Décidée à ne pas rester les mains cousues dans les poches et contre l’avis général de son entourage, elle ne peut enquêter sur les mystères qui la rongent qu’en rassemblant une maigre documentation. Jusqu’à ce que la providence la réunisse avec Archibald, Gaëlle et Renard et lui offre l’occasion de s’évader sur une autre arche. Mais alors que l’ex-ambassadeur (qui depuis qu’il a été viré de son hive mind familial s’est découvert un nouveau pouvoir latent) s’acharne à localiser la mystérieuse et intriguante Arc-en-Terre, Ophélie préfère une autre destination: Babel, arche cosmopolite où elle espère trouver des réponses (et éventuellement Thorn). Elle y trouvera surtout une nouvelle aventure qui ne sera pas de tout repos...

Je suis toujours autant sous le charme de cette série, et je pense que c’est en partie du au fait que c’est le genre de livres qui me donnent le sentiment que j’aurais pu les écrire moi-même (si j’en avais le talent). Il faut dire que Christelle Dabos est au départ une bibliothécaire, et qu’elle habite en Belgique, et vraiment, cela se voit. J’avais déjà évoqué le patois du grand-oncle qui n’est autre que du wallon, mais Ophélie passe également le début de ce tome à vendre des gaufres (dans le suivant, on nous annoncera qu’Artémis a inventé les boulets à la liégeoise et que son Livre révèle ce qu’on met vraiment dans les fricadelles^^). Pour ce qui est de l’aspect bibliothéconimique, eh bien déjà, ce mot apparaît, ensuite, on est loin du cliché de Mme Pince. Ça parle à tout va de catalographie, de fiches à trous, de traitement de l’information, et ça aborde même le sujet de la censure, notamment dans les ouvrages destinés à la jeunesse. En tous cas, c’est bien le genre d’une bibliothécaire de pondre un scénario dont la clef réside dans un bouquin pour enfants dont tout le monde se fout.

Question personnages, je continue à apprécier de plus en plus le couple principal, au point que ça ne me dérange même plus de les shipper (alors que, je le répète, cette tendance à la romance obligatoire dans les œuvres adressées aux jeunes femmes m’agace à plus d’un niveau). Il faut dire qu’à partir du moment où je les aime tous les deux pris séparément, c’était déjà un grand point de gagné. Et au final, je trouve qu’ils vont plutôt bien ensemble, notamment par leur côté « inadaptés » mais néanmoins décidés à triompher d’un monde qui leur est hostile. Les nouveaux personnages sont, une fois de plus, très réussis, même si cette fois je ne peux pas prétendre que tous sont parvenus à s’attirer ma sympathie. Argh, Mediana (à qui j’ai bien envie de dire: « Tu mi rompi le palle ! ») et ses cousins (qui n’ont aucune personnalité propre et semblent reliés par une conscience collective, encore un cas de hive mind, ça fait redondant par rapport aux sœurs d’Archibald). En revanche, j’ai beaucoup d’affection pour Blasius, le « porte-malheur », et pour Elisabeth, dont l’humour pince-sans-rire apportait une dose de légèreté bienvenue. Hélène est également assez fascinante, parmi les esprits de famille rencontrés jusqu’ici, elle sort clairement du lot.

Ce qui est un peu le problème principal, c’est ceci : alors qu’on s’attendait à repartir vers Arc-en-Terre avec l’ex-ambassadeur and co, voilà qu’à la place on s’en va vers un nouvel environnement à peine mentionné auparavant, avec des nouveaux personnages qui, s’ils ne sont pas déplaisants (dans l’ensemble) nous font quand même ressentir à quel point les anciens nous manquent. Ajoutons à cela que l’intrigue est une fois de plus très lente, et que bien qu’Ophélie finisse par atteindre ses objectifs (retrouver Thorn et en apprendre un peu plus sur cette histoire de Dieu et de l’autre), ça aura bien pris son temps et on en ressort avec l’impression d’avoir lu un énorme épisode filler. Un filler qui était loin d’être désagréable et qui explore bien profondément l’univers, mais un filler tout de même. Heureusement, à linstar des bribes du tome 2, le récit est entrecoupé de chapitres adoptant le point de vue de Victoire, la fille de Berenilde âgée de deux ans. Incapable de parler et dotée de ce qui semble être une nouvelle déclinaison du pouvoir familial du Pôle, c’est au travers de ses yeux denfant que lon découvre un nouveau pan de lhistoire, avec des retournements de situation ma foi assez glaçants.

Bien entendu, la fin à son lot de scènes et révélations palpitantes, et pour une réponse glanée il y a dix nouvelles questions. On reste sur sa faim, on attend la suite. Et en parlant de la suite, j’ai une crainte à exprimer: nous avons eu l’occasion de découvrir trois arches (et un aperçu d’une quatrième) sur un total de vingt durant ces trois premiers tomes. Le quatrième (qui est prévu d’être le dernier, à moins que Christelle Dabos nous la joue G.R.R. Martin) va avoir fort à faire s’il veut aborder de manière satisfaisante ce qui reste. Bien que je sois convaincue que les meilleures œuvres sont celles qui ne répondent pas à toutes les questions, qui donnent l’impression d’être « plus grandes » que ce qu’elles nous laissent entrevoir et laissent suffisamment de place aux lecteurs pour combler avec leur imagination, je trouve quand même que là il y a beaucoup trop. Enfin, nous verrons. Je suis pour ma part assez intriguée par la fameuse arche neutre.

Eh bien, il n’y a plus qu’à attendre...

Tome 1 : Les fiancés de l'hiver

Tome 2 : Les disparus du Clairdelune


Ecrit par Campanita, à 15:24 dans la rubrique "Bouquins".
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Mercredi (30/05/18)
La Passe-Miroir, tome 2: Les disparus du Clairdelune
--> par Christelle Dabos

Le clan des Dragons est presqu’entièrement décimé, et Ophélie, récemment promue vice-conteuse à la cour de Farouk, doit monter sur scène pour divertir le terrifiant esprit de famille. Tout en étant aux premières loges pour observer les haines et les complots qui se cachent sous les illusions pétillantes et dorées de la Citacielle. Des personnalités influentes du Pôle se mettent à disparaître mystérieusement et notre héroïne se voit chargée de l’enquête. La situation s'intensifie quand elle reçoit des lettres de menace s'adressant à elle au nom de Dieu (ni plus ni moins !). Dans ces conditions dangereuses, peut-elle seulement compter sur Thorn, son fiancé toujours aussi énigmatique et acariâtre ? Et puis, il y a toujours le Livre de Farouk, dont l’union des talents de liseur et de chroniqueur devrait révéler les secrets.

Ça y est, vous pouvez me compter parmi les fans de cette saga. La preuve : j’ai déjà terminé le tome suivant (la rédaction de cette critique passait après mon avidité à lire la suite) et j’ai fait un tour sur DA pour trouver des fan arts (j’en ai même vu un avec Thorn et Archibald qui se font des bisous…sacrées fangirls !). Sinon, j’ai récemment visité un atelier de restauration de documents anciens, et je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la tante Roseline.

Plus concrètement, j’ai trouvé la première partie, intitulée « La conteuse » assez lente et détachée du reste, au point que je me suis longtemps demandé pourquoi ça ne faisait pas partie du tome 1 (sans doute parce que ça aurait mieux respecté l’unité de lieu). Pourtant, un élément qui y intervient sera réutilisé à la fin et pour le coup, j’ai entendu le coup de feu tiré par le Fusil de Tchekov (euh non, il ne s'agit pas du rédacteur en chef du Niebelungen). Il n’empêche que j’ai cependant eu du mal à entrer dans cet arc de la conteuse. Comme bien souvent, il m’a fallu le Poudlard Septentrion Express pour pouvoir embrasser la magie du récit. Y’a rien à faire, tout est toujours mieux quand il y a un train.

Côté personnages, mon sentiment est dans la continuité de celui que j’avais exprimé pour le tome précédent, que ça concerne les nouveaux comme les anciens : au-delà de tout stéréotype, aucun n’est mono-dimensionnel ou complètement détestable. J’aurais peut-être une micro-réserve pour les cousins maternels de Thorn mais ils apparaissent peu et ne seront plus mentionnés (peut-être dans le tome 4 ?), je ne saurais donc vraiment me prononcer. Pour ce qui est de Thorn lui-même, j’avoue de plus en plus m’attacher à lui. Il a toujours un caractère d’ours mal léché et fera douter de la qualité de ses intentions plus d’une fois, mais il ressort à la fin de ce deuxième tome qu’il est foncièrement bon mais juste complètement handicapé sur le plan social. En fait, avec sa rigueur, son amour de l’ordre, sa méthodicité et sa manie de ne jamais s’embarrasser de fioritures, il me fait penser à Sheldon Cooper si celui-ci était dans une série où les gens différents sont traités comme des humains et non comme des sujets de fascination pour les gens normaux. Chaque fois qu’Ophélie l’enguirlande (pour des raisons légitimes), loin de se fâcher, Thorn l’écoute et intellectualise le problème, le tout en affichant un visage impassible. Leur couple me laissait sceptique à l’issue du tome 1 (ce qui n’aurait pas été un mal), après celui-ci il m’apparaît comme évident qu’ils tiennent énormément l’un à l’autre et sont prêts à se défoncer pour lui. Simplement, ils n’en oublient pas les priorités, les mises au point, et ne se surnommeront jamais « mon canard en sucre ! ».

En dehors des chapitres classiques empruntant le point de vue d’Ophélie, l’auteur nous gratifie de « bribes », des interludes se déroulant avant la Déchirure et mettant en scène les futurs esprits de famille, dont un certain Odin, pourtant inconnu au bataillon (bien que ça ne soit pas très difficile de deviner de qui il s’agit). Cette histoire en filigrane débouchant sur le véritable secret au cœur de l’univers de La Passe-Miroir, avec un deus ex machina incroyablement littéral, un nouvel ennemi redoutable, et toujours plus d’interrogations.

Tome 1 : Les fiancés de l'hiver


Tome 3 : La mémoire de Babel

Ecrit par Campanita, à 12:00 dans la rubrique "Bouquins".
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Vendredi (11/05/18)
La Passe-Miroir, tome 1: Les fiancés de l'hiver
--> par Christelle Dabos

Derrière son écharpe usée et ses lunettes, Ophélie cache des pouvoirs uniques : c’est une liseuse (elle peut lire le passé des objets en les touchant) et une passe-miroir (les miroirs lui permettent de voyager en passant au travers).

Vivant tranquillement sur l'arche d’Anima (une des nombreuses îles flottantes où s’est réfugiée l’Humanité après un évènement apocalyptique appelé la « Déchirure »), son existence se voit chamboulée quand les Doyennes lui arrange un mariage avec Thorn, originaire de l’arche du Pôle. Arrachée à sa famille, Ophélie découvrira vite que le caractère glacial et revêche de son fiancé est le moindre de ses soucis : plongée dans un nouvel environnement ou tout n’est qu’illusion (ou presque) et où personne n’est digne de confiance, elle devient l’objet d’un complot politique, subit des intrigues de cour, et se retrouve entre les feux croisés d’une guerre des clans entre personnages aux pouvoirs terrifiants.

Que ça fait du bien de constater qu’on peut encore trouver des auteurs à l’imaginaire débordant, qui s’adonnent au fantastique, à la fantasy ou la SF, et qui écrivent en français. Non, vraiment, j’ai l’impression qu’ils ne sont pas nombreux, ou du moins qu’ils ne sont pas assez mis en valeur. Christelle Dabos est Française (bien qu’elle ait habité en Belgique d’après ce que j’ai appris, ce qui explique le fameux patois du grand-oncle d’Ophélie : c’est du wallon !)

Les fiancés de l’hiver est le premier tome d’une quadrilogie (trois sortis à ce jour, et le second est déjà en ma possession) et contient tout ce qui me plait : un univers riche, une ambiance étrange, des personnages complexes et des interrogations en suspend (Qu’est-ce que la Déchirure ? D’où viennent les esprits de famille ? Où se situe Arc-en-Terre ?...). Si je devais faire un reproche, ce serait le manque d’action et de dynamisme (alors qu’à partir d’un certain point, les mésaventures d’Ophélie s’enchaînent à une vitesse qui ne lui laisse pas le temps de souffler). Mais c’est un premier tome, ça pose les bases, et ça ne nous laisse qu’entrevoir  des possibilités alléchantes. En particulier concernant les différents clans et leurs pouvoirs (moi, ce sont les Nihilistes qui m’intéressent…et aussi les Arcadiens…leur pouvoir, c’est un peu de jouer sur les dimensions façon TARDIS, non ?). Car il y a un potentiel certain, l’auteur ayant construit un univers fourmillant et conséquent. L’écriture est fluide et aide à rester happé dans le récit même dans les passages les plus mous. Et l’univers décrit…je ne saurais dire s’il me ravit par son inventivité ou s’il me donne envie de vomir. Je parle ici de l’aménagement des illusions dans la Citacielle (centre névralgique du Pôle) : tout est calculé pour émerveiller mais tout est faux, et tout va dans l’excès et la décadence. C’est Alice au Pays des Cauchemars, ce truc.

Un mot sur les personnages. Commençons par l’héroïne, qui de l’avis de certains est un peu trop cruche et banale. Certes, le coup de la fille maladroite mais gentille qui subit un entourage superficiel n’a rien de révolutionnaire. Mais il y a cependant quelque chose chez Ophélie qui m’a interpellée, et qui au fil de la lecture l’a faite passée à mes yeux pour atypique, mais dans une manière elle-même atypique. Dans n’importe qu’elle autre roman du même genre, elle se serait métamorphosée pour devenir une badass qui finit par maîtriser le nid de serpents dans le quel elle est tombée. Mais non, elle reste humble et dépassée par les évènements, sans pour autant resté passive. Elle tire son épingle du jeu, mais dans des proportions réalistes. Elle n’est pas moche, mais elle est considérée comme telle (ou du moins inélégante) parce qu’elle ne ressent pas le besoin de se conformer aux standards, toujours elle privilégie son confort aux apparences (cette écharpe !). Elle a une éthique qu’elle ne transgresse jamais (la déontologie des liseurs qui leur impose de demander le consentement au propriétaire de l’objet). Elle n’est pas stupide, mais tout le monde la méprise et la traite comme une moins que rien. Ce que je peux tellement comprendre, j’ai de suite eu beaucoup d’empathie pour elle, qu’on a déracinée puis plongée dans un monde sans pitié où personne ne raisonne comme elle, où on ne lui explique aucune règle mais où on la punit sévèrement à la moindre incartade.

Thorn est aussi un être fascinant, tout comme sa tante Berenilde. On ne sait jamais si on doit les considérer comme gentils ou méchants, s’ils sont oui ou non dignes de confiance. Il y a quelque chose d’incroyable dans le fait que je pouvais les détester profondément lors d’un passage pour ensuite éprouver une vive compassion pour eux dans le suivant. Je suis en tous cas heureuse qu’on ne nous fasse pas le coup de la romance sulfureuse et interdite entre Thorn et Ophélie. Pas que j’aie forcément de répulsion face aux romances, mais parce que je suis lasse de ce schéma de « L’amour commence par une dispute, qui aime bien châtie bien » (et accessoirement par l’idée implantée dans la conscience collective comme quoi si une histoire est écrite par une femme et/ou que le protagoniste est féminin et/ou que le public l’est aussi, la romance sirupeuse est obligatoire). En tous cas, Ophélie n’a toujours pas confiance en Thorn à l’issue de ce premier tome, et ce fait la bloque totalement. Je ne peux pas prédire qu’ils ne finiront pas ensemble d’ici trois tomes, mais en tous cas, cette relation sera à des années-lumière de Twilight ou de la collection Harlequin.

À côté de cela, on retrouve une foultitude de personnage certes hauts en couleur, mais assez éloignés des stéréotypes attendus. Je peux dire qu’il est très difficile pour moi de les détester, tant ils parviennent à devenir attachants à leur manière. Sauf peut-être le chevalier, un gamin tout juste flippant qui a des « mommy issues » (et encore…). Il y aussi Farouk, l’esprit de famille du Pôle (l’ancêtre de tout les habitants de celui-ci et dieu parmi les hommes), un grand enfant capricieux à la mémoire défaillante, la très droite tante Roseline, le grand-oncle farfelu parlant wallon (qui s’occupe d’Archives, donc point bonus pour lui), le pétillant et bourru Renard, l’intriguant ambassadeur Archibald, la non-moins intriguante Mère Hildegarde…

Le défaut majeur est, comme je l’ai évoqué plus tôt, qu’on a l’impression qu’il ne se passe rien (ce qui est pourtant faux…), mais pour moi, toutes les prémices d’une grande saga sont là.

Tome 2 : Les disparus du Clairdelune

Tome 3 : La mémoire de Babel

Ecrit par Campanita, à 10:42 dans la rubrique "Bouquins".
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Samedi (07/04/18)
J'ai joué à Super Mario Odyssey
--> Trois siècles après tout le monde


Non non, il ne s’agit pas d’un test complet comme je le ferais pour un Zelda. Pas que je n’ai pas aimé, simplement je n’en ai ni la motivation ni l’envie (et puis, on va être honnête, les mauvaises expériences sont tout aussi voire plus divertissantes à disséquer en long et en large que les bonnes, les critiquer méchamment a même des vertus cathartiques). À la place, je vais discuter librement de toute structure.

Donc, nous (mon fiancé et moi) avions acheté la Switch pour Breath of the Wild. Jeu qui à lui seul justifie l’achat d’une nouvelle console à nos yeux (et il n’avait même pas besoin d’être bon pour ça, être un Zelda étant suffisant). Mais dans les faits, nous nous sentions quand même un peu coupables, d’où la nécessité de nous procurer un/des autre(s) jeu(x) disponibles dans le catalogue de la console. Notre dévolu s’est porté sur l’autre « monstre » de l’année 2017, issu de la franchise la plus emblématique de Nintendo (oui, cela est d'une originalité ébouriffante).

Les aventures du plombier moustachu occupent la troisième position dans mes préférences vidéoludiques, après Legend of Zelda (sans déc ?) et Pokémon. Et encore, dans le Marioverse, Mario n’est même pas mon chouchou : déjà, il y a ce lion peureux de Luigi, bien plus attachant que son frangin (d’ailleurs, si la rumeur d’un Luigi’s Mansion 3 sur Switch s’avère vraie, tu parles que je vais l’acheter !) et puis il y a Wario, l’anti-héros moche, crado et tellement jouissif à incarner (Wario Land 2 sur Game Boy est THE jeu de mon enfance).

Mon fiancé a testé Super Mario Odyssey dès sa livraison chez nous, mais moi j’ai attendu. Parce que le dernier DLC de BotW était disponible qu’il fallait absolument que j’entame une troisième partie, et puis j’étais aussi sur Pokémon Lune, et puis et puis...puis j’ai une vie à côté aussi, je me suis fiancée, j’ai adopté un adorable chaton, j’ai joué dans une pièce de théâtre, et puis le Docteur est devenu une femme ! Le truc, c’est que ça devait faire environ 20 ans que je n’avais plus joué à un Mario, puisque la dernière fois c’était en 2D et en noir et blanc sur mon Game Boy...et sérieusement, m’y remettre me fit un effet des plus bizarres.

Mais elle va parler du jeu en lui-même au lieu de raconter sa vie ?

Minute papillon ! J’y viens. Mais j’avais prévenu que ce serait assez décousu.

Si j’ai toujours préféré Zelda à Mario, ça ne sort pas de nulle part. Il y a d’une part le type de jeu (mais j’en parlerais plus bas), mais aussi l’univers. Pas que je le trouve trop perché à mon goût (j’aurais même tendance à apprécier cet aspect). Ce qui me gêne est avant-tout une question de scénario et de personnages. En gros : tous les clichés stupides et blagues moisies qu’on fait sur Zelda, qui sont on ne peut plus faux, sont vérifiés quand on les applique à Mario : c’est en effet toujours la même histoire qui se répète ad nauseam avec les mêmes protagonistes, à savoir un ménage à trois où le héros doit sauver pour la quarante-douzième fois une princesse infichue de se tirer les doigts du séant et capturée par une caricature de macho n’ayant pour ambition que de se la farcir avec ou sans son consentement. Parce que dans Zelda c’est une toute autre chanson, on a des scénarii qui, sous des apparences parfois similaires, sont beaucoup plus variés, avec des personnages qui ne sont pas les mêmes d’un jeu à l’autre et avec une personnalité moins simpliste, notamment des antagonistes dont les motivations sont plus complexes que de juste vouloir serrer une meuf (sauf dans Four Swords, que j’hésite toujours à considérer comme un jeu à part entière ou comme une extension de A Link to the Past à l’intérêt limité), laquelle meuf sait se défendre et représente plus qu’un trophée pour le héros (même si Spirit Tracks met en place ces tropes de façon ironique au début pour mieux les prendre à contre-pied pendant tout le reste du jeu). Alors, oui, je sais que Mario, ça fait exprès d’être léger, que ça ne cherche pas à être sérieux ou à construire une mythologie solide avec chronologie alambiquée, que le simple fait d’y chercher du sens et de tout analyser sous un angle sociologique ou que-sais-je est futile et que c’est normal si Peach n’est rien de plus qu’un personnage-McGuffin. Mais ce n’est pas ce que j’aime. Rien qu’une question de goût en somme. Évidemment, je n’ai pas joué à tous les jeux Mario et ne prétend pas en avoir une connaissance encyclopédique, mais d’après ce que j’ai pu observer....Et puis parce que j’aime me prendre la tête avec des futilités. Puis j'exagère un peu quand j'insinue que tous les jeux ont un scénario copié-collé.

Et Super Mario Odyssey m’a agréablement surprise sur le sujet, alors même que la scène d’intro m’avait fait soupirer d’agacement, parce que "Here we go again!". Bowser kidnappe Peach parce qu’il veut l’épouser (contre son gré). Et le mariage non consenti, quand on y réfléchit, c’est juste la version « tout public » du viol. Eh oui, la pauvre Peach est victime de misogynie à plus d’un titre, et encore c’est pas fini. La scène se déroule devant les yeux impuissants de Mario, que le Koopa King ne se prive pas d’admonester: « T’es jaloux, hein ? ». Peach la Timballe, que deux mâles se disputent comme des hommes préhistoriques ! Bowser en profite aussi pour piétiner et réduire en lambeaux la casquette iconique de son rival, avant de l’envoyer valdinguer à l’autre bout du monde. Le seul truc qui manque pour parfaire le tableau, ç’aurait été qu’il fasse un commentaire désobligeant sur la taille de sa virilité.

Mario se réveille là où il a atterri, à savoir dans un film de Tim Burton au Pays des Chapeaux, dont les habitants sont des chapeaux polymorphes. L’un d’eux, Cappy, dont la petite sœur Tiara a également été enlevée par l’autre abruti pour qu’elle serve de voile de mariée à Peach (bref, on a deux damoiselles en détresse pour le prix d’une), propose à Mario de s’allier à lui pour sauver leur deux jouvencelles. Cappy se pose sur la tête de son nouvel ami et prend donc la place de la casquette perdue (un peu comme Exelo qui devient le bonnet de Link dans Minish Cap), devenant aussi une arme de jet façon boomerang et un moyen de se transformer en n’importe quel ennemi en prenant le contrôle de celui-ci (ça s’appelle la « chapimorphose »). Et voici nos deux compagnons lancés à l’aventure dans la poursuite du gros vilain pas beau dans un vaisseau volant en forme de chapeau à voiles, l’Odyssée (voilà, c’est pour ça le titre).

Je ne l’avais pas réalisé de prime abord, mais cette entrée en matière est un pur moment d’auto-caricature. Et J’ADORE! J’adore quand Nintendo se moque de lui-même de façon un peu méta. Oui, Bowser qui kidnappe Peach parce qu’il a un crush sur elle, c’est le cliché de base d’un jeu Mario, et cette fois, ils ont décidé de jouer là-dessus à fond. Le mariage est tellement central dans ce titre qu’on ne peut douter que ça soit fait exprès : les contrées que Mario et Cappy visiteront au cours de leur périple ont été ravagées par Bowser parce que celui-ci y faisait ses courses de mariage (la robe, la bague, la pièce-montée...et le champagne, évidemement!). À ce stade, c’est juste trop énorme.

 

Une métaphore évidente !

Il y a aussi les Broodals, une entreprise familiale de lapins dont tous les membres sont affrontés à un moment ou un autre en tant que boss. Bowser les a engagés pour deux choses : ralentir Mario et organiser le mariage. Leur nom est même un jeu de mots avec le terme anglais « bridal ». Quant au combat final, il a pour contexte la cérémonie en elle-même (dans une église sur la Lune…euh…j’hésite à dire : « Ta gueule, c’est magique ! », mais « Ta gueule, c’est Nintendo ! » est plus approprié.). Bref, ça se voit un chouïa que le jeu se focalise sur le thème du mariage.

Mais tout cela aurait été vain s’il n’y avait pas la scène finale, après le combat (et un passage épique où Mario prend le contrôle de Bowser pour s’échapper de l’intérieur magmatique de la Lune sur une chanson de Kate Higgins….Ta gueule, c’est Nintendo !) : voilà Peach sauvée, et que fait Mario ? Il lui fait sa demande à son tour ! Comme si effectivement elle n’était qu’un trophée pour lui, et que maintenant qu’il l’a sauvée, elle avait le devoir d’accepter ses avances. Sur ce, Bowser, qui a recouvré un peu ses esprits, s’interpose pour tenter de la séduire à son tour, les deux rivaux se mettent alors à se bousculer et à jouer des coudes tout en brandissant chacun une fleur contre le visage de la malheureuse princesse (ne pas essayer d’y voir un sous-entendu graveleux, ne pas essayer d’y voir un sous-entendu graveleux….). Et là…elle leur fout un vent royal (enfin, princier) avant de se diriger nonchalamment vers l’Odyssée.

Oui, vous avez bien lu : elle les rejette tous les deux !

Pourquoi c’est génial ? Eh bien, parce que, contrairement à certains qui vont sauter sur l’occasion pour faire la même blague pas drôle pour la centième fois (« Rhôôoo la salope ! Comment elle l’a friendzoné ! Comment elle peut le traiter comme ça après avoir été sauvée, quelle pute ingrate ! »), moi j’y vois plutôt que Peach en a ENFIN marre de son statut de demoiselle en détresse et d’être objectifiée par ces deux-là et qu’elle décide ENFIN de les envoyer péter. C’est tout juste si je ne l’ai pas entendue dire : « Fuck ! Y’en a marre de ces conneries, je me casse ! ». Bravo, Peach, je m’en veux d’avoir dit tant de méchancetés sur ton compte, t’es toujours pas au niveau de Zelda, mais tu t’es bien rattrapée !

Bon, oui, pauvre Mario qui si ça se trouve ne pensait pas à mal et était peut-être sincère dans ses sentiments. Mais bon, mon petit père, là elle vient de subir une expérience limite traumatisante, tu pourrais lui laisser un peu de temps, non ? Faut-il rappeler que l’amour n’est pas quelque chose de dû, sauvetage ou pas. Et qu’un héros, un vrai, n’agit pas dans l’espoir d’une récompense mais parce qu’il fait ce qui est juste. Sinon, ce n’est pas un héros, mais un connard.

Dans la partie post-game, c’est la panique au Royaume Champignon : Peach a encore disparu, ce qui met les Toads en émoi (pour mon plus grand bonheur…parce que je hais ces machins-là, ils ont une voix insupportable, crient tout le temps, et en plus ils considèrent Luigi comme un lâche alors qu’ironiquement ils sont bien plus couillons que lui ! Les voir souffrir me procure un plaisir sadique). Mais en fait, cette fois, Peach n’a pas été enlevée…non, elle a juste décidé de voyager à travers le monde avec sa nouvelle amie Tiara ! Ça ne pouvait pas être une meilleure conclusion.


« Ma che per che ? Tou pars en vacances sans moi ? Tou me brise il cuore !
— Javais besoin despace ! Et maintenant, tu me laisses me dorer la pilule tranquilou ?»
 

Sinon, pour parler de l’aspect du jeu qui consiste à…jouer, je me suis bien amusée mais sans plus. Il faut dire que je ne suis pas très fan des plateformers (quand il y a une séquence de plateformes dans Zelda, je tolère mais c’est loin d’être mon moment préféré). Et comme Mario c’est un peu la référence en la matière, on en bouffe à la pelle, et certains passages ont un niveau de difficulté qui me dépasse… Allez-y, pensez que je suis nulle ! C’est pas comme si je n’assumais pas mon statut de casu. Et encore, c’était je pense la première fois que je jouais à un plateformer en 3D. Et croyez-moi, si les Mario de mon enfance en 2D ne me posaient aucun problème, Odyssey fut pour moi l’occasion de découvrir que j’avais un véritable souci quand il y a une dimension en plus. Ce qu’il y a, c’est que j’ai des difficultés avec : l’orientation, la psychomotricité et la situation dans l’espace (probablement lié à mon autisme même si je n’en suis pas sûre). Je suis d’une maladresse supérieure à la moyenne et n’ai pas assez de compétences pour ce genre de jeu. De plus, s’acharner sur un passage plus délicat est chez moi synonyme, non pas d’énervement et d’envie de ragequit, mais de fatigue intense voire de violents maux de tête…je n’ai donc pas complété ce jeu à 100% (et ai renoncé rapidement à ne fut-ce qu’essayer), histoire de ne pas vider mon stock d’analgésiques. Bref…le premier qui me sort que : « Mario c’est trop un jeu d’autiste parce que c’est bizarre lol ptdr ! », je lui réplique que du coup, en fait, c’est plutôt un jeu pour neurotypiques ! Ce que j’ai plus apprécié, en revanche, c’est le côté exploration pour trouver des lunes de puissance (qui sont en quelque sorte le carburant de l’Odyssée), ainsi que les quelques énigmes (en gros…les aspects les plus zeldaesques…on ne se refait pas).

Quant à la direction artistique, elle est vraiment très créative. J’enfonce ici une porte ouverte, mais le mélange de styles, aussi bien visuels que musicaux, allant du très réaliste au très cartoonesque et du jazz à la pop en passant par du classique et du rock, est un véritable plus. Cela a pour résultat un univers très riche et très varié, chaque pays visité à son identité et son charme propre, et quand les habitants de ces contrées se rencontrent post-game, cela donne naissance à des tableaux plutôt bigarrés.

 

La véritable définition de la diversité ethnique, le village d’Euzéro de BotW peut aller se rhabiller^^

La présence de Pauline (la première princesse que Mario a sauvée dans sa carrière, alors qu’il était encore charpentier et non plombier) en maire de New Donk City faisait aussi chaud au cœur, alors que je n’ai jamais joué au jeu concerné. Ce passage est d’ailleurs juste grandiose. Non. Légendaire. Ah, et oui, bien sûr, les passages en 2D et en 8bit...

 

Enfin, j’ai dit que chaque pays avait son charme, mais il y en a quand même un sur lequel j’aimerais revenir…

Le Pays de la Cuisine. Sans doute le plus coloré et mignon, ses habitants sont des fourchettes parlantes (Ta gueule, c’est Nintendo !) trop choupies, leurs habitats sont des monticules de nourriture : les rochers à démolir sont du fromage, on peut escalader des collines de fruits et légumes…et cette musique qui évoque la France (parce que la gastronomie française…). Même qu’avec la taille que fait Mario par rapport à toute cette boustifaille, on a un peu l’impression d’être Rémi le rat de Ratatouille. Le tout flotte sur une mer rose bonbon qui semble être soit de la sauce bouillante soit de la confiture de framboise. Cela agit comme de la lave et on en déduit que c’est parce que c’est très chaud.

Jusqu’au combat contre le boss de ce niveau…Déjà, admirez son design pas du tout kitsch…

 

On découvre, lors de la bataille, que cette bouillie rose provient en réalité de l’estomac de cette chose…Ce qui signifie que cette substance dans laquelle Mario nage quand il prend la forme d’une flamme, c’est du vomi ! Avec des morceaux. Et extrêmement acide, ce qui explique son caractère létal. C’est tout de suite moins choupikawaii.

 

YEURK !

 

Eh ben, finalement, j’aurais quand même couvert un peu près tout ce qu’il y avait à dire sur ce jeu. Mais on va conclure par ma dernière déception :

Luigi apparaît grâce au DLC (ce qui devrait me réjouir), et il fait une grosse référence à un personnage de Zelda (idem).

Sauf que…

 

Tingle Tingle kooloo Limpah !

Noooooooooooooooon ! Pourquooooooooiiii ?

Ecrit par Campanita, à 13:06 dans la rubrique "Jeux Vidéo".
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